Saint-Drleuc, el ensuite de Meam Beaucoup refusèrent d’admettre que Charlemagne fût l’auleur de ce llw » les uns les attribuèrent au réformait ur Carlatadt, d’autrea à un ou à plusieurs hérétiques du temps de Charlemagne, dont Charlemagne aurait envoyé l’œuvre au pape Adrien I", afin d’en obtenir la réfutation. Cf. Surins, P. L., col. 966 ; Baroniua, an. 794, n. 30, édit. Theiner, Bar-le-Duc, 1868, t. un, p. 204. et P. L., col. 950-951 ; Bellarmin, De Ecclesia triumphante, I. II, c..w, Contran., Paris, 1620, t. ii, col. 796 ; Suarez, />. incarnat., disp. LTV, sect. iii, Lon, Kilt, p. 803 (cf. Mansi, P. L., col. 968) ; Vasquez, In Ill m S, un. theol., disp, CVI, c. v, Lyon, 1619, p. 096. Cette opinion n’était pas admissible ; elle s’évanouit peu à peu. Petau, op. cit., n. 7-8, p. 242, estima que les livres carolins avaient été écrits au nom de Charlemagne ; Thomassin, Dogm. theol., De Verbi Dei incarnat., t. XII, c. xii, n. 16-17, y it l’écho des idées de L’Église franque au temps de Charlemagne. D’autres n’hésitèrent point à regarder Charlemagne comme leur auteur, par exemple Sirmond, dans Mansi, Concilia, Florence, 1767, t. xiii, col. 905 (cf. Bossuet, Def. decl. cleri gallicani, part. III, t. VII, c. iii, édit. Lâchât, Paris, 1879, t. xxii, p. 79-80) ; Maimbourg, Histoire de l’hérésie des iconoclastes, 2e édit., Paris, 1675, t. ii, p. 32 ; Noël Alexandre, Hist. eccles., Venise, 1778, t. vi, p. 110-111, et P. L., col. 975-979 ; Witasse, De incarnat., q. xi, a. 5, sect. v, Paris, 1719, t. ii, p. 556-558. L’authenticité des livres carolins s’imposa de plus en plus aux critiques. Il y a eu, cependant, une dernière tentative pour la rendre douteuse. Floss, De suspecta librorum carolinorum a Joanne Tilio edilorum fide, Donn, 1860, essaya de démontrer que J. du Tillet n’avait pas eu dans les mains un vieux codex, mais seulement un manuscrit du xvie siècle ; il en conclut, non sans habileté, que le texte de J. du Tillet était suspect. A quoi Reifferscheid répondit, Xarratio de Vaticano librorum carolinorum codice, programma, Brestau, 1873 ; cf. Bévue des sciences ecclésiastiques, Amiens, 1876, t. xxxiv, p. 370-371, que la bibliothèque Vaticane possède, n. 7202, un manuscrit des livres carolins du commencement du Xe siècle, identique au manuscrit édité par J. du Tillet. Ce dernier n’a pas été retrouvé, pas plus qu’un autre manuscrit dont Augustin Steuchi, préfet de la Vaticane, avait publié tout un chapitre (t. I, c. vi), dans son De falsa donalione Constantini, t. II, n. 60, Leipzig, 1545, en disant que c’était liber vetuslissimus Utteris longobardiris scriptus, P. L., col. 1000 ; mais la bibliothèque de l’Arsenal, à Paris, renferme, n. 663, un autre manuscrit des livres carolins, qui remonte « du IXe au Xe siècle » . H. Martin, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal, Paris, 1885, t. i, p. 499-5C0. « Maintenant, dit Ilefele, Conciliengeschichte, Fribourgen-Rrisgau, 1877, t. iii, p. 698, l’authenticité des livres carolins ne donne plus lieu à hésitation. »
Du reste, elle n’est pas établie uniquement par le témoignage des manuscrits actuels et de ceux de Steuchi et de.1. du Tillet. Ilincmar de Reims, Opuscul. LV capitul. adret-sus Hincmarum Laudun., c. xx, P. L., t. cxxvi, col. 300-361, dit du VIP concile œcuménique, IIe de Nicée (787), et de sa condamnation [destructa] par le concile de Francfort 17911 : De eu jus destructione non modirum volumen, </ » <></ in palatio adolescentulus legi, ab eodem imperatore (Charlemagne) Romam est per quotdam epitcopoi missutn ; et du I. IV du non modicum volumen il cite un chapitre, le xxviii", que nous lisons dans les livres carolins. P. L., col. 12461217. Le synode de Paris (824), qui condamna, à son tour, le culte des images, dit, dans sa lettre aux empereurs Louis et Lothaire, P. L., col. 1300 : Eamdetn porro synodum (le IP concile de Nicée) cum sancta memorim genitor rester (Charlemagne) corani te smsque perlegi fecisset, et multit in lotit, ut dignum erat,
reprehenditiet et qutedam capitula, qux reprehen* iioni patebant, prtenotattet, caque per Angilbertum abbatem eidem Adriano papm direxisset, ut illiut fudicio et auctoritate tur, ipte (le pape
Adrien) rursus per êingula capitula… rrspondere qute voluit, non tamen qute de* uit, i onalut est. Enfin, nous avons la lettre d Adrien., Charlemagne, si duremt ni jugée par le synode de Paris, Jauï-Wattenbach, I pont, roni., Leipzig, 1W-5. n. 2483, P. L., col. 19 1292 ; le pape raconte, col. 1249, qu’il a reçu Angilbert, envoyé par Charlemagne, et qu’Angilbert edidu nobit capitulare advertum synodum qux pro sacramm imaginant en clione tu Nicœa acta est, et il ajoute : l’iule provestra melli/tua regali dilectione per unumquodque capitulant retpontum reddidimut. Le pape use de ménagements envers l’empereur, .semblant ne voir dans l’écrit qu’on lui a présenté qu’une rédaction due il ne sait à quels écrivains et souin ; ge apostolique ;
mais il n’est pas difficile de lire entre ses lignes, et ce qui finit de rendre sa pensée claire, c’est le passage où, se trouvant en présence d’un capilulum digne de louange et, par là, différent de ceux qui précèdent, il en attribue l’honneur à Charlemagne, col. 1260 : Hoc sacrum et venerandum capilulum multum distat a totissupradictis capitulis, et ideirco eum agnovimus vêtira a Deo serratae orthodoxxque regalts excelleutias esse proprium.
Si tout le monde reconnaît aujourd’hui que les livres carolins sont authentiques, nul ne prétend que Charlemagne les ait rédigés lui-même d’un bout à l’autre, et même on juge impossible qu’il l’ait fait, car il n’avait pas la science que ces livres attestent. Tout ce qu’on vend dire, c’est que les livres carolins furent composés à sa demande, en son nom. « Nous ne nous attarderons pas, dit Ilefele, op. cit., p. 697 ; trad. Delarc, Paris, 1870, t. v, col. 121, à examiner quel est celui des savants de la cour de Charlemagne qui a pu composer ces libri carolini ; bien des indices porteraient à croire que ce fut Alcuin, surtout si l’on réfléchit aux rapports existant entre Alcuin et Charlemagne. On est, en outre, frappé de l’analogie qui existe entre un passage du commentaire d’Alcuin sur S. Jean, IV, 5 sq., et un textlivres carolins. t. IV, c. vi. l’ne très ancienne tradition s’est aussi conservée en Angleterre, portant qu’Alcuin avait écrit contre le IP concile de Nicée. » Cf. Realcucyklopâdie, 3e édit., Leipzig, 1901, t. x. p. 90. Toutefois ces indices sont fragiles. Cf. l’éditeur d’Alcuin, Fr. Prsefatio gêner., c. XII, P. L., t. c. col. 13 ; Prmfalio in opéra su]tposita, t. ci, col. 1170-1172 ; H. Il Nomenclator, 3e édit., Inspruck, 1903, t. I, col. 708, note.
2° Les lirres carolins et les capitula envoyés à Home. — Charlemagne a-t-il envoyé à Rome les livres carolins dans la forme où nous les possédons actuellement.’Pu général la réponse à cette question i affirmative. Ilefele, op. cit., p. 713-715 ; trad., p. 140, a démontré qu’ils ont été présentés au pipe Adrien dans une forme différente de celle qu’ils ont aujourd’hui. Les capitula envoyés à Rome n’étaient pas dans le même ordre que les livres carolins actuels ; ils indiquaient la session du concile de Nicée où se trouvait la proposition qu’ils blâmaient, ce que le texte actuel ne fait pas ; ils étaient au nombre de quatre-vingt-cinq ! tandis que les libri carolini actuels en comptent cent vingt (ou cent vingt-un, si l’on admet l’authenticité de t. IV, c. xix. laquelle est douteuse), et. parmi quatre-vingt-cinq capitula, il y en avait deux qui ne figurent pas dans nos livres actuels ; le texte tula cité par le pape est presque partout identiqui titre des chapitres des livres carolins actuels, en telle sorte qu’il semble qu’Adrien n’a eu sous les yeux qu’un texte non pis tout a fait semblable, niais en -rande partie semblable aux titres actuels des Inres carolins. |