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CALLY — CALOMNIE

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la doctrine de Descartes sur la transsubstantiation, qu’il ramenait à une transformation, et il j déclarai ! < [ u < I sdmissioD d’accidents absolus était opposée à la doctrine de l'Église et conforme ans erreurs de Luther Bur l’eucharistie. Il adressa cel écril i Basnage, alors retiré en Hollande, et chargea un imprimeur de Cæn d’en imprimer 60 exemplaires, qu’il se proposai ! d’envoyer < des hommes éclairés pour leur demander lenr avis. L’imprimeur tira 800 exemplaires qu’il mit en vente. L’ouvrage excita des réclamations. M. de Nesmoml, évéque de Bayeux, après avoir consulté Hossuet, dont on connaît la réponse, datée du 9 février 1701, dans Œuvres complètes, Tins, 1828, t. xi.v, p. 230-232, publia, le 30 mars 1701, une instruction pastorale et une ordonnance qui condamnaient 17 propositions extraites de l’ouvrage. Callj adhéra à ce jugement et, le 21 avril suivant, il rétracta son livre. Il lut lui-même au prône l’instruction de son évoque, quoiqu’il en eût été dispense, et il déclara hautement à ses paroissiens qu’il était l’auteur du livre condamné. Il supprima, autant qu’il put, les exemplaires qui en restaient. Il a publié encore des Discours en forme d’homélies sur les mystères, sur les miracles et sur les paroles de N.-S. J.-C. qui sont dans l’Evangile, 2 in-8°, Cæn, 1703.

Feller, Biographie universelle, Paris, -1848, t. il, p. 341-342 ; Picot, Mémoires pour servir ù l’histoire ecclésiastique pendant le xviiie siècle, 8e édit., Paris, 1858, t. i. p. 229-230, 407 ; F. Bouillier, Histoire de la philosophie cartésienne, Paris, 1854, t. i, p. 518-521, 582 ; Werner, Der h. Thomas von Aquin, t. iii, p. 555 ; Hurter, Xomenclutor, t. ii, col. 041.

E. Mangenot.


CALOGNOMON Gérasime, Cretois, évéque de Cherronysos, vécut au XVIIIe siècle. On a de lui un volume écrit en 1788 et publié en 1793 : B ; 6Xtov xaXoûuevov Osiopia opÔôSûÇo ; ŒoLofixr, , 3nr, pr É ii, évov el ; u.ipr, SJo>, 5v xb uiv Tipôitov irspcé'/Ei).ôyo - j ; tôv àpiôaôv xê' - tô 6k Se’jTepov, érspou ; Tivà ; >.ô"you ; ÔTip.r, Yopixov ; Te y.<x iraVTTfllpixo-j ;, xcci teva « rtixoupyotà èy/stpioia, Venise, 1793. L’auteur y revient plusieurs fois sur la question du Filioque.

Vrétos, NtofLLr.v.xi-, ç, >../L-, —, i « , Athènes, 1854, t. i, p. 110-204 ; Sathas, Nioi’L'Lr.v'.icr, oiXoXoyîoi, Athènes, 1868, p. 614 ; Démétracopoulo, 'OptoS » Ee< 'ELL'/ ;, Leipzig, 1872, p. 187.

A. Palmieri.


CALOMNIE.-
I. Définition.
II. Moralité.
III. Obligations qui en résultent.
IV. Répression individuelle et sociale.

I. Définition. —

Le mot calomnie, calumrtia, de caho ou calvor, synonyme de decipere, frustare, « tromper, o signifie étymologiquement toute ruse ou fraude employé pour tromper autrui, surtout dans les accusations juridiques, procès ou jugements. Cependant, dans un sens plus spécial, il désigne seulement le délit de celui qui accuse méchamment un innocent. Cf. Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, de harem lieret Saglio, art. Calumnia, t. i, p. 853-851. Au sens théologique strict, il désigne l’attaque de la réputation d’un absent. par des imputations que l’on sait fausses ou mensongères.

1° Tandis que l’outrage atteint, d’une manière privi e ou publique, l’honneur d’une personne présente, s. Thomas. Sum, llicol., II" 11 1, q. i.xxiii, a. 1, la calomnie, comme toute détraction, attaque la réputation d’un absent.

2° La réputation est la bonne estime dont quelqu’un jouit dans l’appréciation ou le jugement de ses concitoyens, appréciation, privée ou publique, susceptible de divers degrés Suivant la position et le mérite de chacun et suivant les Ductuations iln jugement particulier ou commun. Que la réputation soit pour l’homme un bien soei.il de première nécessité, i s en avons pour garant la parole de l'Écriture, l’rov., xxii, 1 ; Eccli., vu. -i. xi. i, 15, l’appréciation commune de tous les hommes el la nature même de la société humaine, basée sur la confiance et par conséquent sur l’estime mutuelle. S. Thomas, Sum. thcr.i., IIa-IIæ. q. Lxxrn, a. 2. I réputation aire an point de vue social, -e p, ni par tout ce qui détruit, dans l’esprit (I autrui.)>- : rable jugement primitivement rendu, qu’il faits réels imprudemment portés à la connaît autres, ou qu’il soit exclusivement question d imputations connues commi I coupablement invent soutenues ou propagées. Le premier pi nom générique de détrælwn, entendue dans le de manifestation injuste de débuts vrais du prochain. Voir Médisance. Au second procédé appartient en pi le nom théologique de calomnie, entraînant toujours simultanément une violation de la justice par la coupable attaque de la réputation du prochain, et une violation de la véracité par la fausseté consciente des imputations lancées contre lui.

3° Pour que la calomnie existe réellement, les im] tions doivent être en même temps fausses objectivement et nuisibles au prochain. Le calomniateur n’est subjectivement coupable que dans la mesure où il connait la fausseté de ses allégations et où il veut délibén ne nt > avoir recours, malgré cette connaissance, ou même en vertu de cette connaissance. Donc dans l’hypothèse dune complète incon-ci nce de la fausseté des faits OU manquements reprochés. l’allégation, tout en manquant de vérité objective, n'étant point voulue comme telle par son auteur ou propagateur, ne serait point une calomnie formellement coupable. Le fait peut D point rare, surtout en certains litiges religieux, politiques ou sociaux, où les jugements individuels sont fréquemment déterminés d’une manière presque exclusive par d'étroits et tics tenaces pi dans la première éducation familiale ou collégiale, développés par la constante influence d’un milieu entièrement fermé> et ainsi devenus linalement comme la mentalité habituelle de l’individu. L’on devra cependant tenir compte du caractère moral des propos mis en circulation ainsi que de situations 1res divergentes d’intelligence ou de milieu et des diverses facilités de connaître la vérité'. Autre est le rôle de meneur principal, autre celui d’instrument subalterne ou de docile auditeur soumis exclusivement à une ambiance hostile. Observons aussi que l’erreur ou ignorance invincible et l’irresponsabilité morale qui en résulte, ont des limites et des conditions assez précises en dehors desquelles on ne peut les admettre au point de vue moral. Voir Bonne Foi, col. 1011-1012.

4° Au péché formel de calomnie doit encore se rapporter l’acte de coopération consciente et délibérée à sa propagation et à son succès, coopération positive par la presse et le discours public ou par quelque encouragement ou aide efficace, coopération négative par un silence voulu et concerté quand l’on sérail tenu de parler et de défendre. Innombrables sont dans toute Société de telles Coopérations à la calomnie ; les luttes

électorales et politiques, les rivalités commerciales ou industrielles, les ambitions de tout genre, parfois même les dissensions religieuses, en sont les plus fréquentes occasions. Ici encore peut se présenter la question d’accidentelle inconscience du caractère calomnieux des imputations pl. L’on en jugera d’après les

principes précédemment énon II. Moralité spécifique et gravité.

1° Moralité

spécifique. — Le péché île calomnie, étant une violation formelle des deux vertus de véracité et de justice, renferme une double malice spécifique, caræl deux objets formellement divers au point de vue moral ; une transgression du devoir Strie ! de ne point établir de contradiction entre sa parole ei sa pensée et une violation du droit individuel de chacun au respect de sa propre réputation. D’où résultent deux péchés spécifiquement distincts, mensonge pernicii ux et injuste atteinte a la réputation.