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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/347

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CATHOLICITÉ


faite de toute comparaison avec les sectes : la catholicité relative signifie une diffusion supérieure à celle de ces sectes. Or, on peut prendre comme terme de comparaison soit l’ensemble des sectes tant infidèles que chrétiennes, soit seulement les sectes chrétiennes prises soit collectivement, soit individuellement. » Cette distinction réclame visiblement un correctif. La question de catholicité relative ne peut se poser qu’en comparant l'Église à telle ou telle secte prise isolément, car un ensemble quelconque de sectes manque nécessairement d’unité et par suite de catholicité. A moins que l’on ne veuille parler de catholicité purement matérielle, ou, comme cela a lieu d’ordinaire, que l’on compare simplement le nombre d’adhérents de part et d’autre, mais alors il ne s’agit plus de catholicité proprement dite.

II. La catholicité de fait, propriété et note de la véritable Église. — L’enseignement commun des théologiens, fondé sur celui de l'Écriture et des Pères, peut se résumer comme il suit : 1° Dieu a expressément voulu que l'Église se répandit dans le monde entier et qu’elle y restât répandue jusqu'à la fin des temps ; 2° cette catholicité de tait de l'Église s’entend au sens moral : elle est simultanée et non pas successive ; 3° elle constitue une note de la véritable Église ; 4° cette note ne se rencontre que dans l'Église dite catholique romaine.

1° La diffusion de l'Église dans tout l’univers est un fait expressément voulu par Dieu et doit subsister i’t'à la fin des temps. — 1. D’après cet énoncé : a) affirmer que l’Eglise est catholique uniquement parce qu’elle est telle de droit, autrement dit à raison de sa mission universelle et de son aptitude à produire partout des fruits, ce n’est pas donner une idée complète de la catholicité de l'Église ; 6) la prédication des apôtres et de leurs disciples ou successeurs étant le moyen choisi par Dieu pour réaliser la diffusion de l'Église, il a dû nécessairement s'écouler un certain temps avant que l'Église, catholique de droit dès sa naissance, devint également catholique de fait ; e) néanmoins, du moment qu’elle a été expressément voulue par Dieu, la catholicité de fait est une propriété nécessaire de l'Église. On peut même dire en un sens très véritable qu’elle est comprise dans l’institution de l'Église, à la façon dont les dimensions futures d’une plante préexistent dans son germe. Luc, xiv, 19.

i. Saint Optât de Milève est le premier Père de l'Église qui ait fondé sur l'Écriture la catholicité de l'Église. Pour réduire au silence les donatistes qui attribuaient à leur secte une origine apostolique, il rassembla les oracles des prophètes qui avaient promis au Messie l’empire du monde : Ps. ii, 8 ; LXXI, 8 ; xlix, I ; xcv, 1-3. De mate donalistarum, t. II, n. 1, P. L., t. xi, col. 941B46. Il conclut de ces textes que la véritable Église devait être répandue dans le monde entier et qu’elle avait pour signalement l’universalité.

Dana son livre : De unitale Ecclesix, vi-xvii, P. L., t. xi. iii, cil. 398-423, saint Augustin démontre longuement aux donatistes que l'Église devait être catholique <le fait. Il s’appuie tour à tour sur l’Ancien Testament et nommément sur la Loi, les Prophètes et les Psaumes ; puis il invoque le Nouveau Testament, l'Évanipostoliques ; enfui, il montre la catholicité de fait commençant à s'établir du temps des apôtres. Rangés dans cel ordre, les principaux textes établissant que la catholicité de l’ait est une propriété de l’Eglise sont les suivants :

o) In temine '" « benedicentur omnes gen tes, disait

à Abraham, Gen., xii, 3 ; xxii, IS. et cette pro Gen., xxvi, 4, et à Jacob. Gen.,

xxviii, li. Or. d’après saint Paul, Gal., iii, 18, le des Cendanl d’Abraham désigné par Ips mots in temine tuo,

le Christ en qui toutes les nations seront bénies

qu’il comptera partout des fidèles héritiers de la

foi d’Abraham, c’est-à-dire parce que son Église possédera la catholicité de fait. Voir 1. 1, col. 110. Aussi saint Augustin, opposant aux donatistes le défaut de catholicité de leur secte, leur montre que cette propriété, déjà acquise par l'Église de son temps, était la réalisation nécessaire de la promesse faite aux patriarches : Date mihi hanc Ecclesiam, si apud vos est : oslendite vos comniunicare omnibus gentibus quas jam videmus in hoc semine benedici. Op. cit., c. vi, col. 400.

b) En de nombreux endroits, cf. S. Augustin, op. cit., c. vii, col. 400 sq., Isaïe prédit une Église qui recevra dans son sein tous les peuples du monde. Telle est la prophétie du c. ii, 2 : Erit in novissimis diebus nions Domini, et domus Dei in verlice montium et elevabitur super colles et venient ad eum omnes gantes. Cf. Mich., iv, 2. Or, disent les Pères, cette montagne, c’est l'Église. In monte sancto qui est Ecclesia, quæ per omnem orbem Romanum caput tulit sub loto cœlo. Optât de Milève, De schism. donat., t. III, n. 2, P. L., t. xi, col. 996 sq. Domus Dei, in montium cacuminibus sita Ecclesia. S. Basile, In ls., n. G0, jP. G., t. xxxi, col. 231. Saint Augustin ajoute : Sunt montes in una parte terrarum positi… Ille autem mqps non sic, quia implevit universam faciem terrée et de illo dicitur : paratus in cacumine omnium montium. In Epist. Joa., tr. I, n. 13, P. L., t. xxxv, col. 1988. Daniel, ii, 35 sq., interprétant le songe de Nabuchodonosor, fait la même prophétie : Lapis qui percusserat statuant factus est nions magnus et implevit omnem terram. Hoc est somnium ; inlerprelationem quoque ejus dicenuis coram te, rex… In diebus regnorum illorum suscitabit Deus cœli regnum… comminuet autem et cons.umet universa régna hme et ipsum stahit in setemum. Saint Augustin fait remarquer que cette pierre a été détachée du royaume des Juifs, lequel n’avait qu’une étendue limitée, tandis que regnum Christi universum orbem terrarum cernimus occupare. In Joa., tr. IX, n. 15, P. L., t. xxxv, col. 1165. Enfin Dieu par son prophète Malachie, i, 11, annonce que : Ab orlu solis usque ad occasum magnum est nomen meum in gentibus et in omni loco sacrificatur et ofjertur nomini meo oblalio munda, quia magnum est nomen meum m gentibus. Il est visible que la catholicité prédite dans ces différentes prophéties est la catholicité de fait et non pas seulement celle de droit.

c) Parmi les Psaumes, il faut citer avec saint Augustin, op. cit., c. viii, col. 405, Ps. il, 8, les paroles de Dieu au Messie : Filius meus es tu, ego hodie genui te. Postula a me et dabo libi génies hæreditatem tuam et possessionem tuam lerminos terræ. Quis christianus, dit saint Augustin, unquam dubïtavit hoc de Christo esse prædietum, aut hanc hæreditatem aliam quam Ecclesiam esse intellexit "? Ps. xxi, 28 : Reminiscentur et convertentur ad Dnminum universi fines terne. Quoniam Domini est regnum et ipse dominabitur genlium. Enfin Ps. LXXI, 8 : Et dominabitur a mari usque ad mare… Et adorabunt eum omnes reges : omnes génies scrrient ci… Et benedicentur in ipso omnes tribus terrée, omnes génies magnificabunt-eum. Ibi eliam dicuntur hœc, écrit saint Augustin, vbi agnoscatur Ecclesia toto orbe di/Jusa omnibus etiam regibus subjecta.

d) D’autre part, dans le Nouveau Testament on lit cette prophétie de Jésus-Chris) : Mulia ab Oriente et accidenté venient et recumbent… m régna cxlorumi, Malth., vin, 11. Et en effet dans l’Apocalypse, vii, il, saint Jean vit la multitude des élus venus de tous les points de l’univers : Vidi turbam magnam f/uum dinumerare nemopoterat ex omnibus gentibus et iribulus et populis et linguis. C’est que les apôtres, après avoir reçu leur mission, avaient été prêcher partout et Jésus-Christ avait

ré à leur prédication : Dit autem profecti prædicaveruntubique, l un i una coopérante, sequenlibus signis.