Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/349

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CATHOLICITÉ


dans les derniers temps du monde. Prxdicabitur hoc evangelium in universo orbe, in testimonium omnibus genlibus et tune veniet consummatio. Matth., xxiv, 14. C’est seulement quand les nations auront pu entrer dans l'Église que les Juifs se convertiront, dit saint Paul, Rom., xi, 25 : Cascitas ex parte conligit in Israël donec plenitudo gentium intraret ; mais, d’après Osée, iii, 4, 5, ce retour des Juifs n’aura lieu que tout à la fin du monde : Revertentur filii Israël et quxrent Donnnum Deum suunii.. in novissimo dierum. — b) D’ailleurs, à toute époque, la parole évangélique rencontrera des réfractaires. Non omnes obediunt Evangelio. Rom., xi, 16. Jésus-Christ avait dit lui-même : Qui non crediderit, condemnabitur. Marc, xvi, 16. Il y aura même de tout temps et partout des hommes qui persécuteront la vérité dans la personne de ses prédicateurs. Tradent vos in tribulationem et occident vos et erilis odio omnibus genlibus propter nomen meuni. Matth., xxiv, 9. La dernière persécution sera la plus terrible : Eril… tune tribulatio magna qualis non fuit ah initio mundi usque modo, neque fiet. Matth., xxiv, 21. — e) Enfin, il y aura des défections parmi les fidèles, oportet hæreses esse, II Tim., iv, 3, et cela, jusqu'à la fin du monde : Spiritus manifeste dicit quia in novissimis diebus discedent quidam a fide. II Tim., iv, 1. Il s’agit ici de la discessio contemporaine de l’Antéchrist. II Thess., il, 3. — d) Plusieurs de ces textes ont été interprétés par saint Augustin dans une de ses lettres, Epist., xcix, de fin. ssec, P. L., t. xxxiii, col. 923, où après avoir cité Rom., x, 14, 15, il continue ainsi : In quibus ergo genlibus nondum est Ecclesia, oportet ut omnes, i/ui ibi fuerint credant : omnes enim gentes promissae ount, non omnes homines omnium gentium : in céleris )mn crédit et credentes odit. Quomodo enim et illud implebitur : Eritis odio omnibus propter nomen meum. nisi in omnibus genlibus sint et qui oderint et quos oderint.

2. La catholicité de l'Église signifie donc une universalité seulement morale, largement entendue. Ainsi elle n’embrasse point les régions où l’Evangile n’aurait pas encore pénétré, régions encore inconnues ou momentanément inaccessibles ou obstinément fermées à l'Église par la malice des peuples. Là même où l'Évangile a pénétré, la catholicité de fait n’exige point que l'Église n’ait plus personne à convertir, ni même qu’elle y soit dominante, ni entin, si quelque part elle a acquis cette prépondérance, qu’elle la conserve à jamais. Pour que l'Église possède la catholicité morale, il faut et il suflit que de son centre de propagation, c’est-à-dire de Jérusalem et de la Palestine, l'Évangile se soit répandu ement dans les différentes directions du le, et qu'à sa suite il se soit fondé des Églises particulières toutes unies entre elles par leur soumission à la même autorité de magistère et de gouvernement. Ici on verra des Églises à l'état naissant, ailleurs elles seront florissantes, plus loin elles auront été décimées par l’hérésie ou par la persécution ; il y aura même des us d’où elles auront disparu et d’autres où elles n’auront pu encore se fonder ; néanmoins, leur diffusion aura une tille ampleur que son universalité sera manifeste et que l’on pourra dire que de ses mailles plus ou moins serrées, suivant les temps et suivant les le filet du pêcheur couvre tout l’univers.

La grande majorité dis théologiens s’accorde à rejeter l’hypothèse émise par Bellarmin d’une catholicité purement successive et soutient que, d’après l'Écriture et le* Pères, pour élre catholique, l'Église doit être simultanément présente dans tout l’univers au sens mord lar|e explique ci-dessus. Lu efli l :

a) Les prophéties de l'Écrilure ne peuvent s’entendre que d’une catholicité' simultanée. L’héritage promis au Christ : Dabo tibi gentes hærrditalem luam et)><>ssessioucni luam terminos terne, Va. ii, 8, embrasse néces sairement à la fois l’univers entier. La petite pierre qui deviendra une grande montagne et remplira le monde entier jusqu'à la fin des ternis est dans Daniel la figure de l'Église ; donc celle-ci sera présente sans discontinuité, et en même temps partout. Entin, si l’on observe que dans Malachie le sacerdoce catholique est opposé au sacerdoce lévitique, qui était limité à une nation, le texte : Ab or tu solis usque ad occasum… in omni loco sacrificatur oblatio munda, prend nécessairement la signification d’une catholicité simultanée. — 6) Il en est de même dans les Pères. Le nom de catholicité est pour eux synonyme de la diffusion visiblement universelle de l'Église à l'époque où ils écrivent. Dans leurs ouvrages contre les hérétiques, ils reprochent constamment à ceux-ci d'être une secte locale en rupture de l’unité de foi visible dans l'Église partout répandue ; parfois même pour montrer qu’elle est réellement ubique diffusa. S. Optât de Milève, Cont. Parmen., . II, P. L., t. xi, col. 912 sq. Enfin, ils déclarent expressément que l'Église ne peut jamais être amoindrie au point de n’occuper qu’un coin du monde. Ainsi, saint Augustin, après avoir annoncé dans son livre, De unitate Ecclesix, que son but est de rechercher où est l'Église : Inter nos et donalistas quæstio est : ubi sit Ecclesia, c. ii, démontre qu’elle doit être à la fois partout répandue et conclut, c. xix, en invitant les donatisles à prouver qu’elle pourrait être réduite à ne se trouver qu’en Afrique. Taie aliquid proferle vel union quo aperlissime Africa declaretur, vel in rcliquis sola derelicla, vel ad principium renovandi et implendi orbis sola servata. — c) Les raisons apportées par Bellarmin sont d’ailleurs insuffisantes. Il n’est pas nécessaire, dit-il, que l'Église, pour être catholique, existe en tous lieux du monde. Sans doute, mais cela ne contredit pas la nécessité d’une diffusion moralement et simultanément universelle. Le même théologien ajoute que, même réduite à une seule province, l’Eglise ne cesserait pas d'être catholique, pourvu que cette province eût manifestement gardé la foi de l'Église catholique des temps antérieurs ; mais cette affirmation n’est pas exacte. La province en question serait en réalité toute l'Église catholique, et cela ne peut être, puisque la catholicité propre à l'Église consiste dans une diffusion universelle et perpétuelle de l'Église dans le monde.

3° La catholicité morale et simultanée est une note de la véritable Eglise. — 1. Parmi les propriétés qui appartiennent exclusivement à la véritable Eglise, plusieurs sont naturellement visibles et fournissent dès lors une sorte de signalement qui permet de reconnaître cette Église partout où elle existe : c’est pourquoi on a donné à ces propriétés le nom de notes de l'Église. La catholicité est une de ces notes. En effet, le fait de l’ample diffusion d’une société religieuse dans le monde entier est de soi facile à constater : d’autre pari, ce même fait est une propriété exclusive de l'Église fondée par Jésus-Christ. Ce dernier point seul est à établir. — a) Les textes souvent cités de l’Ecriture expriment clairement que l’héritage universel de Jésus-Christ, que la montagne qui doit couvrir toute la terre sont uniques dans leur genre et qu’aucun culte universel ne s'établira à côté de celui qui, de l’aurore au couchant, remplacera la religion particulariste d’Israël. C’est pourquoi saint Augustin, In Epist. Jou., tr. III, n. 7, /'. L., t. xxxv, col. 2001, partant de ce principe qu’il n’y a pas deux héritages du Christ, disait aux donatisles : Tenemui Chrjsti hæreditatem : illi eam non teneni : non communicant orbi terrarum : non communicant universitati redemptæ sanguine Domini. — h) La catholicité signifie la diffusion dans tout l’univers de l'Église une et indivisible fondée par Jésus-Christ, et non pas la dispersion de différentes Églises à travers le monde, Donc sans l’unité' de i"i et il' 1 gouvernement établie par Jésus-Christ, point de vraie catholicité. Mais cette fui