Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2179
2180
CESAIRE D’ARLES


gine de la mort, retint les huit qui suivaient, et remplaça les neul’autres par dix-sept sentences, tirées du Liber sententiarum de Prosper. C’est ce document, appelé par Césaire Capitula ab apostolica nobis sede transmissa, qu’en 529 il fit signer par ses su ffra gants, par le préfet des Gaules, Libère, et par sept clarissimes. La réunion avait lieu à Orange, pour la dédicace d’une église construite par Libère. Au document romain, Césaire avait ajouté un préambule historique et une longue finale dogmatique. Dans la finale reparaît la formule déjà signalée : Nullis prxcedenlibus bonis meritis. Voir Orange (Concile d’).

C’est un trait du caractère de Césaire de ne rien perdre de ce qu’il a une fois rédigé. Le protocole du concile ayant été confirmé par le pape Boniface II, décrétale Per filium nostrum, P. L., t. lxv, col. 31, il réunit le tout, mit en télé la lettre du pape, la fit suivie des actes et enfin y ajouta les Capitula sancti Auguslini in urbe Roma transmissa. Mais alors il ne put se tenir de les revoir et de les compléter. Il y ajouta sept articles empruntés au De ccclesiasticis dogmatibus, c. xiv-xx, P. L., t. i.vni, col. 984 sq. Ce traité, qui est de Gennadius, passait alors pour l’œuvre de saint Augustin. Enfin, deux autres articles étaient extraits de YEnricliidion, c. xevi et ci. De dix-neuf, les capitida passaient au chiffre de vingt-neuf ; le vingt-neuvième parait être la suite du vingt-huitième (n. 19 dans la première rédaction) : ni l’un ni l’autre n’ont la forme de canons, et cet article 29e est tiré de Gennadius, c. cxxvii, P. L., t. lviii, col. 998, comme les autres additions. On peut se demander s’ils n’appartiennent pas tous deux à la seconde rédaction. Le texte des vingt-neuf capitula a été retrouvé dans un manuscrit de Namur et mal publié par Pitra, Analecla sacra, t. v, p. 161 sq.

Césaire n’en est pas resté là. Les textes groupés en faveur du concile d’Orange provenaient de Prosper ou d’Augustin, l’attribution à Gennadius n’étant pas connue. Il importait de l’appuyer sur des auteurs plus anciens, étrangers aux controverses gallicanes. C’est ce que fit l’évêque d’Arles dans une nouvelle collection de Capitula sanctorum Palrum au nombre de dix-sept. Ils sont tirés du pape Innocent I er, de saint Ambroise et de saint Jérôme. Mais les textes d’Innocent et d’Ambroise sont tout simplement pris dans l’ouvrage de saint Augustin. Contra duas epistulas pelagianorum. On reconnaît la méthode de Césaire qui revient sans cesse pour remanier, compléter, préciser, tout en gardant ses premiers essais. Il n’a pas procédé autrement pour la grâce que pour le symbole.

La dernière collection de Capitula fut ajoutée à la fin du recueil des actes d’Orange. Elle est annoncée dans une note initiale, conservée par la collection de Saint-Maur (I>. N., lat. 1451), et publiée par Maassen, Concilia œvi merovingici, dans Monumenta Germanise, Legum, sect. iii, t. r, p. 15-40. Il faut lire la dernière phrase : Continentur eliam in hoc codice sanctorum antiquorum dus. : sacramenti quorum) palrum (ms. : utrum) sententise.

Toute cette histoire a été refaite par dom Morin, qui a publié les derniers capitula, d’après l’écriture supérieure du mis. 10 de Vienne (vin c -ix f siècle), dans la Revue bénédictine, t. xxi (1904), p. 220 sq. Nous pouvons mieux apprécier le rôle de Césaire, qui a été surtout régulateur, administratif, législatif, Tandis que le pape simplifie sou schéma, il trouve le moyen de le réintroduire dans le dossier et même de le refondre et d ajouter. Dans une appréciation des résultats, ce n’est plus Césaire qu’il faudra appeler l’homme « les compromis, un éclectique et un esprit de juste milieu. Ces qualifications conviendront beaucoup mieux au pape.

8° L". grâce sanctifiante et les péchés actuels. — Par le baptême, le chrétien est devenu le temple du Saint-Esprit ; par le péché, il détruit II temple de Dieu et fait

une insulte à celui qui habite en lui. Serm., xlv, 3, col. 1835.

Césaire distingue deux espèces de péchés : les péchés capitaux, capitalia, et les péchés menus, minuta. Les péchés capitaux sont les suivants : Sacrilegium, homiciilium, adulterium, falsum testimonium, furtum, rapina, superbia, invidia, avarilia ; et, si longo tempore teneatur, iracundia ; et ebrietas, si assidua sit. Serm., civ, 2, col. 1946 ; cl. ccxciv, 6, col. 2305 ; ccxcv, 4, col. 2308. Une autre liste ajoute : odium in corde réservantes, malum pro malo reddentes, spectacula vel cruentæt furiosa vel turpia diligentes. Serm., clxxxiii, col. 1876 ; cf. mi, 5, col. 1767.

Nous avons deux listes de peccata minuta dans les sermons. Les voici :

I. Quae autem sint minuta peccata, liect omnibus nota sint, tamen, quia longum est ut omnia replicentur, opus est ut ex eis vel aliqua nominemus. Quoties aliquis aut in cibo aut in potu plus accipit quam necesse sit, ad minuta peccata noverit pertinere ; quoties plus loquitur quam oportet aut plus tacot quam expedit ; quoties pauperem importune petentem exaspérât ; quoties, cum corpore sit sanus, aliis jejunantibus prandere voluerit ; aut somno deditus tardius ad ecclesiam surgit (il s’agit de la vigile, par exemple pendant le carême ; cf. Serm., x, 5, col. 1760 ; cxli, 5, col. 2022 ;  ; quoties excepto desiderio filiorum uxorem suam cognoverit ; quoties in carcere clausos et in vinculis positos tardius requisierit ; quoties infirmos tardius visitaverit. Si discordes ad concordiam revocare neglexerit ; si plus aut proximum aut uxorem aut filium aut servum exasperaverit quam oportet ; si ampli us fuerit blanditus quam expedit ; si cuicumque majori persome aut ex voluntate aut ex necessitale adulari voluerit ; si pauperibus esurientibus cibum non dederit ; aut nimium deliciosa aut sumptuosa sibi convivio præparaverit ; si se in ecclesia aut extra ecclesiam fabulis otiosis, de quibus in die judicii ratio reddenda est, occupaverit ; si dum incaute juramus et cum lioc per aliquam necessitatem implere non poterimus utique perjuramus. Et cum omni facilitate vel temeritate maledicimus ; … et cum aliquid suspicamur temere, quod tamen plerumque non ita, ut credimus, comprobatur, sine ulla dubitatione delinquimus. Serin., civ, 3, col. 1946.

II. Cogitemus ex quo sapere cœpimus quid pro juramentis, quid pro perjuriis, quid pro maledictis, quid pro detractiunibus, quid pro otiosis sermonibus, quid pro odio, quid pro ira, quid pro invidia, quid pro conscientia mala, quid pro gula, quid pro somnolentia, quid pro sordidis cogitationibus, quid pro concupiscentia oculorum, quid pro voluptuosa delectatione aurium, quid pro exasperatione pauperum, quid pro eo quod aut tarde aut difficile Christum in carcere visitavimus, quod peregrinos negligenter exceptmus. quodsecundum promissionem nostram in baptismohospitibus pedes lavare noyleximus, quod infirmos tardius quam oportuit visitavimus, quod discoïdes ail oaicordiam non toto et integro anime revocavimus, quod Ecclesia jejunante prandere voluimus ; quod in ipsa ecclesia stantes, dum sanctæ lectiones legerentur, otiosis fabulis occupati fuimus ; quod aut psallendo aut orando aliquoties aliud quam oportuit cogita vimus ; quod in conviviisnon semper qmu sancta, sed aliquoîus qiKe sunt luxuriosa locuti sumus. Serm., cclvii, 2, col. 2220.

On pourrait douter que cette seconde liste soit une liste de peccata minuta ; mais elle est précédée et suivie de phrases qui ne laissent aucun doute. Césaire admettait donc des degrés dans les premiers péchés énumérés, haine, colère, envie. On remarquera qu’il ne mentionne, comme pouvant comporter des atténuations, ni le vol, ni l’orgueil, ni l’avarice.

Les péchés « menus » sont ceux que tous les chrétiens contractent, car personne ne peut s’y soustraire, ni saint Jean l’Évangéliste, ni le saint homme.lob. ni aucun saint. Serm., LU, 1, col. 1844 ; xv, 4, col. 1771 ; civ, 3, col. 1947.

Une question particulière, qui paraît difficile à résoudre, esf de savoir si, d’après Césaire, l’accumulation des

péchés menus équivaut a un péché Capital, Il considère

cette accumulation comme dangereuse pour la persévérance. L’habitude du péché léger conduit au péché prave, suit par l’endurcissement, soit par le désespoir. Serm., XXII, 2. col. 1787 ; CCI vu. 2. col. 2220 ; CCI IZ, 1, col. 2224. Plusieurs textes cependant semblent aller plus loin ;