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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/44

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CALVINISME

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née, piltoresque, qui donnent tant de de aui écrite du réformateur allemand.

Ainsi que l’a 1res bi< n mi ntré Mœhler, au début de sa Symboliqut. l’erreur fondamentale i i commune d( systèmes protestants i la confusion qu’ils font entre l’ordre de la nature i ' l’ordre de la grâce à l originedu genre humain, dam l'état primitif de l’homme. Suivant ces systèmes, ; >ns accordés à l’homme innocent faisaient partie des ssence et lui étaient dus par

le créateur. La > octifiante était l’apanage né cessaire et naturel de l’humanité avant la chute primitif e.

Cette confusii les deux ordres, Calvin la fait. « Dieu donque.1 garny l'âme d’intelligence, par laquelle elle peut dise rnei h bien du mal, ce qui est juste d’avec ce qui est injuste, et voir ce qu’elle doit suyvre ou fuir, estant conduite par la clarté de raison. Parquoy ceste partie qui adresse a été nommée par les philosophes gouvernante comme en supériorité. Il luy a quant et quant adjousté la volonté, laquelle a avec soy l'élection : ce sont les facultez dont la première condition de l’homme a esté ornée et anoblie ; c’est qu’il eust engin, prudence, jugement et discrétion non seulement pour le régime de la vie terrestre, mais pour parvenir jusques à Dieu, et à parfaite félicité : et puisqu’il y eust élection conjointe, laquelle guidait les appetis, modérant aussi tous les mouvements organiques qu’on appelle : et ainsi que la volonté fust conforme du tout à la reigle et attrempence de raison. En ceste intégrité' l’homme avoit franc arbitre, par lequel s’il eust voulu, il eust obtenu vie éternelle. > Inst. chrét., I. I, c. xv, n. 8, p. 89. De cette confusion première résulte inévitablement la théorie du péché originel et de ses suites. La chute du premier homme n’a pas seulement blesse, mutilé la nature humaine ; elle l’a substantiellement changée, et il n’est plus resté en elle que misère et corruption. « Ce qui est le plus noble et le plus à priser en nos âmes, écrit Calvin, Inst. chrét., t. II, c. 1, n. 9, non seulement est navré et blessé, mais du tout corrompu, quelque dignité qui y reluise, en sorte qu’il n’a pas seulement mestier de gairison, mais faut qu’il veste une nature nouvelle… Tout l’homme est accablé comme d’un déluge depuis la teste jusques aux pieds, en sorte qu’il n’y a nulle partie de luy exempte dépêché, et par ainsi que tout ce qui en procède est à bon droit condamné et imputé à péché. » « En sorte, dit l’art. 9 de la Confession de foi des Églises de France, que sa nature est du tout corrompue ; et, étant aveugle en son esprit et dépravé' en son cœur, a perdu toute intégrité sans en avoir rien de résidu. »

D’où ces diverses conséquences : 1. que l’homme n’est plus libre, mais qu’il obéit nécessairement soit à la délectation de la grâce, soit à la délectation de la concupiscence ; 2. que toutes les œuvres de l’homme, en dehors de la foi chrétienne, sont des péchés, même les meilleures ; 3. que les u’uvres même du juste sont intrinsèquement des péchés, seulement des péchés que couvre et que dissimule la grâce de JéSUS-Christ.

On sait avec quelle verve intarissable, quel luxe de comparaisons, quelles saillies bouffonnes, Luther s’attaque au libre ai luire et fait de la négation radicale de la liberté' humaine un des principes fondamentaux de sa théologie. Calvin n’a rien de cette joyeuseté tudesque ; mais s’il est moins piquant et moins sarcastique, il n’est pas moins formel que l’ancb n religieux augustin sur cette grande question métaphysique et morale.

Pour lui comme pour Luther, le franc arbitre est un vain mol dont les pélagiens de notre temps, c’est-àdire les sophistes de Sorhonne », Inst. chrét., 1. II. c. 111. n. 13, abusent pour déprécier les droits de Dieu. Depuis le péché originel, il n' a plus de liberté ; et si un instant Calvin, comme Luther, recule effrayé devant cette conséquence exti ême d’un faux principe, ce ne sera que pour

éluder la difficulté à l’aide d’une distinction déjà formulée par Luther et que devaient reproduire plus tard liaius et Jansénius, à savoir qu il suffira, pour donner lieu à la responsabilité, c’est-à-dire au m< rite et iu d. m 1 c’est-à-dire encore à la sanction de la loi moralet religieuse, que l’homme ne soit pas contraint bien qu’il ité, et ainsi il pourra pécher volontaires* c’est-à-dire mériter justement une punition, quoique d’ailleurs il ait été nécessité à pécher.

1 on lui objecte que, dance cas, c’est une dérision et une moquerie de la part de Dieu que d’avoir commandé aux hommes le bien, la justice, la vertu, il répondra hardiment, comme Luther, qu’on ne peut rien ai. îles commandements faits par Dieu à l’homme, l’intention de Dieu avant été justement de 1 commander à l’homme ce qui était par-dessus sa vertu pour le bien convaincre de son impuissance ». Inst. chrét., 1. II. 1 n. 'i-(i, p. 146.

De ces assertions voici la preuve : Inst. chrét., I. II, c. Il : Que l’homme est maintenant dé), ouille de franc arbitre et misérablement assujetti ù tout mal. Les philosophes ont bien essavé d'établir le libre arbitre et les philosophes païens l’ont glorifié. Les Pères se laissé à tort influencer par eux : « Quant est, dit Calvin, ibid., n. 3, des docteurs de l’Eglise ebrestienne, combien qu’il n’y en ait eu nul d’entre eux qui n’ait recognu la raison estre fort abbatue en l’homme par le péché' et la volonté estre sujette à beaucoup de concupiscences, néanmoins la pluspart a plus suyvi les philosopbes qu’il n’estoit mestier. Il me semble qu’il y a eu deux raisons qui ont meu les anciens l'ères à ce faire. 1° Ils craignoyent s’ils ostoyent à l’homme toute liberté de bien faire que les philosophes ne se moquassent de bur doctrine ; 2 n que la chair laquelle est assez prompte à nonchalance ne prit occasion de paresse pour n’appliquer son estude à bien. »

Calvin cite plusieurs passages de saint Jean Chrysostome et de saint Jérôme où il est parlé du libre arbitre, et il ajoute : « En ces sentences, ils ont attribué plus de vertu à l’homme qu’ils ne devount. Il apparaistra que leurs paroles que nous avons récitées sont fausses pour en dire franchement ce qui en est. Combien que les docteurs grecs pardessus les autres, et entre eux singulièrement saint Chrysostome aient passé même en niagnifiant les forces humaines, toutefois quasi tous les anciens Pères (excepté saint Augustin) sont tant variables en cette matière ou parlent si douteusement ou obscurément « pion ne peut quasi prendre de leurs écrits aucune certaine résolution. Les autres écrivains qui sont venus après sont tombés de mal en pis jusques à ci' qu’ils ont amené le monde en cette opinion que l’homme ne fût corrompu sinon en la partie sensuelle, et que cependant il eut la raison entière et pour la plus grand part liberté en son vouloir. »

X. 6. « C’est une chose résolue que l’homme n’a point libéral arbitre a bien faire, sinon qu’il soit aidé de la grâce de Dieu et de grâce spéciale qui est donnée

aux élus tant seulement, par régénération, car je I là les frénétiques qui babillent qu’elle est indifféremment exposée à tous. »

X. Il Qu’est-ce « pic nous présumons tant de la puissance de notre nature ? Elle est navrée, elle est abattue, elle est dissipée, elle est détruite, elle a ne de vraie confession et non point de fausse défense. 11 est nécessaire que toutes les armes d’impiété soient brisées, rompues et brûlées, — que lu demeures désarmé n’ayant en toi nulle aide. — Hantant que tu es plus débile en toi, Dieu te reçoit tant mi' U

C. 111. n. 5 : I Ce que le dis. la volonté estre dépouillée de liberté et nécessairement estre tiré-eau mal, merveille si quelqu’un trouve cette manière de parler étrange, laquelle n’a nulle absurdité el a été usitée des anciens docteurs… Qui est ce qui arguera le péché