Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/449

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2207

CHALCEDOINE — CHALLONER

2218

Enfin, mentionnons, pour en rappeler la solution, la question de l’authenticité de la formule : sv Sjo ç’jcteo-iv. On sait que le texte grec actuel porte : èx 6ûo cp-juscov, au lieu de : èv S’jo çûo-saiv, tandis que l’ancienne version latine a conservé la formule : in duabus naturis. Or, d’après ce que nous avons exposé, en suivant le récit même des actes conciliaires, de la discussion qui s’éleva au cours de la Ve session, entre les commissaires, les légats et Anatole au sujet de cette expression, il est bien évident que les Pères n’ont pu que se rallier à la formule êv 8’jo ç-jireciv, défendue par les légats et par les commissaires contre la formule êx 8vo çvæwv, introduite dans le premier projet de décret et fortement soutenue par Anatole et par une partie de la majorité. S’en tenir à l’expression : èx ôûo ç-Jæwv, c’était laisser subsister l’équivoque derrière laquelle les eutychiens dissimulaient leur erreur. Ceux-ci consentaient volontiers à dire que le Christ était de deux natures, avant l’union bien entendu, pourvu qu’on ne les obligeât pas à admettre deux natures en lui, après l’union. La formule iv Sûo çJo-e<r ; v exprimait au contraire très nettement la persistance et la distinction des deux natures dans l’union et après l’union. La rejeter, pour donner la préférence à l’autre, eut équivalu à une approbation tacite de la théorie monophysite. D’ailleurs la version èv 8jo çj<te<tiv a pour elle les témoins les plus anciens et les plus autorisés. Dans la Vie de saint Euthyme par Cyrille de Scythopolis, P. G., t. cxiv, col. 650 (paraph. de Siméon Metaphr.), nous retrouvons, à propos d’une appréciation portée par le saint abbé sur le décret dogmatique de Chalcédoine, les termes en question : èv S’jo yjazai yvopi’e <<Q : u 6p.oXoyeï tov é’voc XpiuTÔv. Sévère, qui occupa comme monophysite le siège patriarcal d’Antioche à partir de 513, reproche aux Pères de Chalcédoine d’avoir déclaré : èv ô-jo <pj<7E<71v àotatpÎToiç "fvopiÇsfrôat tôv Xpi<TTÔv, Sententiæ Severi, Mansi, t. vii, col. 839 ; Évagre, citant en entier le décret du concile, donne la même formule, II. E., ii, 4, P. G., t. lxxxvi, col. 2508 ; les sévériens, dans la conférence qu’ils eurent en 533 avec les orthodoxes, blâment les Pères de Chalcédoine de la préférence donnée par eux à la formule àv ôvo çjfjïuiv sur la formule de saint Cyrille et des anciens Pères : h. gjo ç-Juecov. Mansi, t. viii, col. 892. Enfin, on pourrait apporter encore â l’appui de cette formule Léonce de Byzance, Desectis, act. iv, 7, P. G., t. lxxxvi, col. 1227 ; le synode de Latran de 649, Mansi, t. x, col. 1046 ; le pape Agathon, Epiai, ad Constant., il, dans les actes du VIe concile, act. iv, Mansi, t. XI, col. 256. Aussi la plupart des historiens et des théologiens se sont-ils rangés à l’avis de Tillemont, Mémoires, t. xv, p. 682, et de Petau, D, 1 incarnat., ni, 5, t. v, p. 125, et ont-ils admis l’authenticité de la formule en question. Cf. Ilefele, Concilier ! g esch., t. il, p. 451, n. 3.

De toutes les remarques qui précèdent relatives au texte même du décret dogmatique de Chalcédoine, il ressort avec évidence que les Pères de ce concile, loin de vouloir innover soit dans la doctrine, soit même simplement dans l’expression de cette doctrine, s’appliquèrent à choisir parmi les formules consacrées par la tradition, les conciles et les Pères, celles qui leur paraissaient exposer de la façon la plus nette et la plus précise la croyance traditionnelle de l’Église sur l’incarnation et sur le Christ. En affirmant l’union en une personne ou hypostase des deux natures, ils rejetaient le dualisme nestorien ; ils condamnaient le monophysisme eutychien en déclarant que cette unité personnelle laissait subsister dans le Christ la différence et la distinction des deux natures.

Acta eoncil. Chalcedon., Mansi, t. vi, col. 529-1102 ; t. vii, col. 1-868 ; s. Léon, Epiât., P. I… t. UV, col. 154 st|. ; Récits de Dit. nés sur le concile de Chalcédoine, pn LliOs en copte et en français, par E. Révillaud, dans la Revue égyptologique, Paris, 1880, t. I, p. 187-891 ; 1882, t. il, p. 21-25 ;

1883, t. iii, p. 17-24 ; Evagrius Scolastîcus, Historia ecclesiast., P. G., t. lxxxvi, col. 165 sq. ; Tillemont, Mémoires pour servir a l’histoire ecclésiastique, t. xv, Pulcliérie, p. 171 sq. ; Léon 1°, p. 414 sq. ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, t. x (1861), p. 081-704 ; Petau, Theologia dogmat., Anvers, 1700, De incarnatione, t. III, c. v, p. 120-135 ; Hefele, Conciliengeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1856, t. II, p. 392-545 ; Loofs, art. Eutychès, Realencyklopàdie, 3’édit., Leipzig, 1898, t. v, p. 635-647 ; art. Christologie, t. iv, p. 16-56 ; A. Largent, Le brigandage d’Éphèse et le concile de Chalcédoine, dans ses Études d’histoire ecclésiastique, Paris, 1892, p. 141-217. Cf. Ul. Chevalier, Répertoire. Topo-bibliographie, col. 635.

J. Bois.

    1. CHALDÉENS (CHRÉTIENS)##


CHALDÉENS (CHRÉTIENS). Voir Nestoriamsme.

    1. CHALKIAS Jean##


CHALKIAS Jean, théologien grec, né à Moschopolis en 1667. En 1679 il entra au collège grecdeSaint-Athanase, et en 1692 il y obtint le diplôme de docteur en philosophie et en théologie. On a de lui : Conclusiones theologicx, Borne, 1692.

Legrand, Bibliographie hellénique du xvii’siècle, Paris, 1895, t. iii, p. 10 ; 1903, t. v, p. 451-454.

A. Palmieri.

CHALLONER Richard (1691-1781), naquit le 29 septembre 1691, à Lewes dans le Sussex, de parents protestants ; mais sa mère, domestique dans une noble famille catholique de Warkworth, s’étant convertie au catholicisme, l’enfant suivit son exemple et abjura à treize ans le protestantisme ; le chapelain de Warkworth, Jean Gother, célèbre controversiste, frappé de ses talents, l’envoya au collège anglais de Douai (1704). Après de brillantes études, il devint professeur de philosophie, puis de théologie au même collège, et prit son doctorat à l’université de Douai en 1727. En 1730, il fut appelé à la mission d’Angleterre, et se fit vite une réputation de savant et d’apôtre dans la ville de Londres. Le vicaire apostolique du district Sud de l’Angleterre, Benjamin Petre, le choisit pour coadjuteur et le consacra en 1741 évêque de Debra ; en 1758 le coadjuteur succédait à sou vieux maître au premier poste de la mission anglaise.

Bien que les passions sectaires se fussent radoucies et que les magistrats anglais fermassent alors volontiers les yeux sur les infractions aux lois qui prohibaient la profession du catholicisme, ces lois subsistaient toujours ; et tout dénonciateur qui parvenait à faire saisir un prêtre catholique dans l’exercice de son ministère recevait une prime de 100 livres (2 500 francs). Un misérable, du nom de Payne, s’acharna contre le vicaire apostolique, et contre son coadjuteur le D’Talbot ; il parvint à s’introduire dans les assemblées catholiques que présidaient les prélats, et leur intenta ensuite un procès pour exercice du culte prohibé ; sans la largeur d’esprit des magistrats qui se refusèrent à seconder le dénonciateur, Challoner aurait connu de longues années de prison, comme il arriva à un de ses prêtres trahi par le même Payne ; il dut au moins fréquemment se cacher et changer de logis. Cette existence agitée n’empêcha pas l’évêque de se livrer à l’apostolat le plus actif ; en outre de ses fonctions épiscopales, et de ses prédications aux 20 000 catholiques que Londres comptait alors, il réunissait presque chaque semaine quelques-uns de ses prêtres pour traiter avec eux quelque question d’ascétisme ou de théologie ; étranges conférences, qui se tenaient d’ordinaire dans la salle d’un cabaret, chaque auditeur axant devant lui une chope de bière et fumant sa pipe pour donner le change à la police en cas de perquisition. Barnard, Life of HChalloner, p. 17, 3840 ; Flanagan, History oftheChurch in England, t. ii, p. 366 ; Cooper, dans le Dictionary of national biography.

Challoner eut la joie de voir de meilleurs jours se lever pour son Église. A l’époque de la guerre d’Amérique, le gouvernement, voulant s assurer le loyalisme