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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/515

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CHATEAUBRIAND — GHATEL

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inachevés), publias par l’abbé Pailhès, dans la Revue catholique de Bordeaux, 1885 ; Un dernier amour de René. Correspondance de Chateaubriand avec la marquise de Yichet, Paris, 1903 ; cf. Jules Lèche, Notes sur M"’de Vichet, dans le Journal des Débats du 24 juillet 1903 ; Lettres de Cliateaubriand à Sainte-Beuve, édit. L. Thomas (extrait du Mercure de France), Paris, 1904 ; Sainte-Beuve, Portraits contemporains, 1834, 1844, t. I ; Chateaubriand et son groupe littéraire, cours professé à Liège en 1849, 2 in-18 et in-8°, Paris, 1861 ; Causeries du lundi, 1850, t. i ; 1850, 1851, t. n ; 1854, t. x ; Nouveaux lundis, 1862, t. m ; A. Vinet, Études sur la littérature française au xix’siècle, 2 in-8°, Bàle, 1849 ; Nettement, Histoire de la littérature française sous la Restauration, Paris, 1853, t. i ; Villemain, Chateaubriand, sa vie, ses ouvrages et son influence, Paris, 1858 ; de Marcellus, Cliateaubriand et son temps, Paris, 1859 ; L. de Loménie, Esquisses biographiques et littéraires, art. de 1849, 1861, 1862 ; P. de Raynal, Les correspondants de Joubert, Paris, 1883 ; de Lescure, Chateaubriand, Paris, 1892, dans la Collection des grands écrivains français ; A. Bardoux, Chateaubriand, Paris, 1893, dans la Collection des classiques populaires ; M"’de Beaumont, Paris, 1880 ; E. Faguet, xix’siècle, Paris, 1887 ; G. Pailhès, Chateaubriand, sa femme et ses amis, Paris, 1896 ; de Vogué, Le centenaire du Journal des débats, Paris, 1889 ; Bertrin, La sincérité religieuse de Chateaubriand, Paris, 1899 ; E. Biré, Les dernières années de Chateaubriand, 1830-1848, in-8", Paris, 1902 ; in-18, Paris, 1905 ;.Victor Giraud, Chateaubriand. Études littéraires, Paris, 1904 ; et en général les histoires de la Restauration et de la littérature française au xixe siècle.

C. Constantin.

CH ATEL Ferdinand-François, fondateur de l’Eglise catholique française. — I. Vie et écrits. II. Doctrine, constitution et culte. III. Démembrements de son Église.

1. Vie et écrits.

L’abbé Chatel naquit à Gannat (Allier), le 9 janvier 1795, d’une famille pauvre. Ses parents lui firent apprendre le métier de tailleur ; mais un ecclésiastique de la paroisse, frappé de la piété que manifestait ce jeune homme en assistant à la messe, lui lit obtenir une bourse au collège de Clermont-Ferrand. Ses humanités achevées, Chatel entra au grand séminaire de cette ville, dirigé par les sulpiciens. Ordonné prêtre en 1818, il fut d’abord vicaire de la cathédrale de Moulins, puis en 1821 curé de Monétay-sur-Loire. Malgré le conseil du vicaire général de Moulins, il fréquenta les libéraux et les constitutionnels de la paroisse ; mais, au bout de six mois, il devint aumônier du 20e régiment de ligne. En 1823, il eut la même qualité au 2e des grenadiers à cheval de la garde royale, en garnison à Versailles. De cette époque à 1830, il prêcha dans diverses églises de Paris. Quelques-uns de ses serinons, dans lesquels il exposait les idées du libéralisme politique, lui atlirèrent des avertissements de l’archevêque de Paris. Il écrivit dans le même sens quelques articles dans Y Écho de la religion. Ses idées de tolérance, de libéralisme et de respect de la constitution s’accentuèrent de plus en plus. Le 31 mai 1830, parut, 1e premier numéro d’un journal religieux, politique et littéraire qu’il avait fondé sous le titre : Le réformateur ou l’écho de la religion et du siècle. La couverture jaune représentait un prêtre et un laïque sabordant, le prêtre par cette affirmation : « .le suis prêtre, mais tolérant, » et le laïque par cette réponse : « Je vous cherchais. » Les rédacteurs voulaient relever le christianisme renfermé dans la loi divine et combattre le christianisme prêché par l’ultrainontanisine. Deux autres numéros furent publiés en juin et en août. Le dernier contenait un article sur « l’éducation des séminaires inutile dans plusinus de ses parties et dangereuse dans quelques autres ». Les idées principales de l’abbé Chatel sont exposées dans cette publication : il voulait que la religion fût inndante des gouvernements ; il attaquai ! la hiérarchie ecclésiastique et les pratiques chrétiennes telles que le jeune et l’abstinence. Kn politique, il était napoléonien et déclarait antisocial l’esprit de la Restauration. Il vantail enfin les philanthropes.

Survint la révolution de Juillet. L’article 5 de la charte accordai ! la liberté religieuse. L’abbé Chatel en profita

pour réaliser ses projets de réforme. Resté sans emploi par la suppression de l’aumônerie militaire, il adressa au ministre, au mois d’octobre, une pétition contre le despotisme épiscopal, puis il lança dans les journaux, le 23 novembre, ce manifeste : « Un très grand nombre de prêtres patriotes, réunis à Paris, ont l’honneur de prévenir leurs concitoyens qu’ils sont à la disposition des autorités des différentes communes qui manquent de curés. La conduite antinationale et despotique des évêques a déterminé cette société d’ecclésiastiques, amis de leur pays et jaloux de marcher avec les institutions constitutionnelles, à rompre avec leurs chefs et à n’écouter que la voix de leur conscience et les intérêts des peuples qui les appellent. On les a mis dans la cruelle alternative d’opter entre l’obéissance aux lois de leur pays et l’obéissance passive, aveugle, fanatique, à un pouvoir éminemment ennemi de leur patrie. Ils n’ont point hésité ; ils ont rompu d’une manière éclatante avec des évêques en hostilité ouverte avec la France entière. » Ces ecclésiastiques n’étant pas mus par l’appât du gain, s’engageaient à remplir gratuitement ton tes les fonctions religieuses et à ne pas mêler de choses étrangères à leur ministère tout spirituel. On pouvait s’adresser à l’abbé Chatel, rue des Sept-Voyes, n. 19, auprès du Panthéon. Des affiches avaient déjà offert aux Parisiens les services religieux gratuits des associés. Ceux-ci étaient en fort petit nombre. L’un d’eux, installé à Bourg-la-Reine, ne put y demeurer ; la population refusa son ministère. Deux autres, établis à Sellesen-IIermois et à Pancourt (diocèse d’Orléans), furent expulsés par ordre du préfet du Loiret. L’accès de l’église de Lanne-Corbin, au diocèse de Tarbes, fut interdit au prêtre que Chatel y avait envoyé. Bien que le ministre des cultes ait adressé aux préfets, le 3 février 1831, une circulaire refusant les presbytères et les églises aux chatellistes, la cour de Pau autorisa ce dernier à se servir de l’église paroissiale.

Cependant, le dimanche 23 janvier 1831, l’abbé Chatel avait fondé, à Paris, l’église catholique française. Il dit la messe en langue vulgaire dans un salon du 2 S étage, rue de la Sourdière, n. 23 ; il se servit d’un missel romain, traduit en français, et prononça un sermon d’ouverture qui fut imprimé. Les curieux y affluèrent. Un des dimanches suivants, la première communion fut distribuée à six enfants, à qui Chatel avait fait une seule fois le catéchisme. Le schisme recruta deux prêtres récemment ordonnés par Poulard, l’ancien évéque constitutionnel de Saône-et-Loire. Afin d’accroilre son crédit, Chatel voulut devenir évéque. Après le I i février, il s’adressa successivement à trois prélats constitutionnels, Grégoire, de Pradt et Poulard, qui refusèrent de le sacrer. Rebuté de ce coté, il s’aboucha avec le grand-maitre de l’ordre des templiers. Bernard-Raymond Fabré-Palaprat, dit de Spolète, docteur en médecine, était un ancien prêtre du diocèse de Cahors, qui prétendait avoir reçu l’épiscopat des mains de Mauviel, évéque de Saint-Domingue, et qui se disait patriarche etsouverain pontife des chrétiens catholiques-primitifs ou de la religion johannile. Le i mai 1831, Chatel et ses associés, AuLou et Blachère, furent admis dans les rangs de la milice du Temple et signèrent un acte d’adhésion a l’Eglise primitive. Chatel fut élevé à l’honneur de l’épiscopat par le patriarche et la cour apostolique et sacré par le bailly Jean de Jutland, quai de l’Ecole, n. G. L’ordre lui fournit les insignes épiscopaux et lui conféra le titre de primat des Gaules. Le nouveau primat installa provisoirement sa cathédrale dans un bazar de la rue de Cléry. Le 2 juillet, il alla célébrer la messe à Clichy-la-Garenne et, sur l’appel d’une population sans curé, il prit possession de l’église paroissiale. Dans son discours, il prétendit avoir été aærd par un évoque ca tholique romain, qui occupait alors un siège épiscopal en France, qui devait bientôt se déclarer publiquement en laveur de la réforme, mais dont il taisait le nom par