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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/569

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CHYPRE (ÉGLISE DE)

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Au recensement de 1891, sur une population de 209 286 habitants, l’île de Chypre comptait 158585 orthodoxes, 47926 mahométans, 1 131 maronites, 915 latins, 266 arméniens grégoriens, et 201 protestants de l’Eglise épiscopale. Les orthodoxes forment les trois quarts de la population totale. Ils sont concentrés en grande majorité dans les districts de Limassol, Nicosie, Cérines, Famagouste, Larnaka. Le noyau le plus important de musulmans se trouve dans le district de Paphos. Hackett, p. 280 ; Bessarione, 2e série, 7e année, 1903, t. iv, p. 299.

L’état actuel des quatre éparchies, d’après les documents officiels de 189’t, est le suivant : L’éparchie de Paphos compte 240 clercs, c’est-à-dire 225 prêtres et 15 hiérodiacres. Les prêtres mariés sont 205, et les moines avec les prêtres qui gardent le célibat et portent l’habit religieux (paurjoçripoi) 20. Ce clergé exerce son ministère en 95 villages. L’éparchie de Paphos renferme trois monastères, celui de Saint-Néophyte le reclus, Hackett, p. 348-355, celui de la Vierge Chrysorrigatissi (tô rf, ç XpvKjopprja-rtffirr, ;), et celui de la Trooditissi (*h -r, ; TptooSiTiiTsr, ;). Philippes, p. 40-41. Ils remontent au xiie siècle. Le premier est soumis à l’archevêque ; les autres dépendent du métropolite de Paphos. Dans le gouvernement de son diocèse, l’évéque est aidé d’un archimandrite, d’un exarque et d’un archidiacre ; les églises sont administrées par des épitropies spéciales, dont les membres sont nommés par les paroissiens de cette église, et confirmés par l’autorité ecclésiastique.

La métropole de Kitium comprend les deux villes de Larnaca et de Limassol, et 100 villages environ ; son clergé est composé de 174 prêtres et 18 hiérodiacres. Deux monastères, celui de Saint-Georges et celui de Stavrovouni, dépendent de la juridiction du métropolite, et ne sont habités que par trois hiéromoines. L’évêché de Cérines compte 150 à 180 prêtres mariés et hiéromoines. L’archevêché de Leucosie a un clergé de 280 à 300 membres, appartenant au clergé séculier et au monachisme. Les dignitaires de l’archevêché sont l’archimandrite, l’exarque, l’archidiacre et l’économe. L’archevêque exerce sa juridiction sur les importants monastères de Kykko et de Mâchera. Hackett, p. 671-679. D’après une statistique très récente, les églises grecques orthodoxes de Chypre s’élèvent au chiflre de 607, les monastères de 37, les écoles grecques de 287, fréquentées par 19111 (’lèves. Les frais d’entretien de ces écoles montent à la somme de 5 761 livres sterling.’ExxXr, aiafftMY |’AX^Ôeia, 13/26 mai 1905, n. 19, p. 233.

Récents événements.

Au mois de mai 1900, l’archevêque Sophrone expirait après avoir gouverné son Église pendant 25 ans. Il s’était occupé avec zèle à relever le niveau de l’instruction dans les rangs de son clergé et de ses ouailles, et sa mort fut l’objet d’unanimes regrets. Lopoukh’mc, Istoriia khristianskoi tzcrkri o XIX viekie, Saint-Pétersbourg, 1901, t. ii, p. 330. Sa mort devait être le signal de troubles politiques et religieux, qui n’ont guère cessé depuis lors, et ont donné lieu à des épisodes sanglants. L’élection du premier chef de la hiérarchie cypriote appartient au synode, qui en temps ordinaire se compose de l’archevêque, président de droit, des trois métropolites de Paphos, Cérines et Kitium, et de quatre dignitaires ecclésiastiques, l’archimandrite de l’archevêché, l’exarque de Carpasie, et les higoumènes de Kykko et de Mâchera. Le métropolite, de l’aphos est appelé à la présidence du synode pendant la vacance du siège archiépiscopal, i’pourquoi il porte le titre d’J71spTiu.o ;. Hackett, p. 261. Le métropolite de l’aphos étant mort peu après l’archevêque Sophrone, le métropolite de Kitium, qui occupe ! le troisième rang dans la hiérarchie cypriote, présida le synode. Iteux candidats étaient en présence : h’métropolite de Kitium lui-même, Cyrille, et le métropolite de Cérines, nommé aussi Cyrille. Comme il n’y avait pas de canonismoa pour régler l’élection de l’ar chevêque, le synode recourut à la mesure suivante : tous les orthodoxes de l’île, âgés de 20 ans révolus, furent convoqués dans chaque village à nommer 200 délégués : ceux-ci devaient choisir parmi eux 60 délégués généraux pour élire, d’accord avec le saintsynode, le nouvel archevêque. Paximadas, ’Ioropi’a toû auy/pdvou £xx), r 1 <Tia<rTiy.O’j ! Jr, TT|piaToç tyjç KÛ7rpou, Athènes, 1902, p. 5. On procéda aux élections : 46 délégués se prononcèrent en faveur du métropolite de Kitium, les autres et les membres du synode en faveur de celui de Cérines. Mo 1’Cyrille de Kitium avait les sympathies des laïques, parce qu’il était député à la commission législative cypriote, et chef du parti national de l’hellénisme, qui ne s’habitue pas à la domination anglaise. Le synode, favorable au métropolite de Cérines, força par son attitude le métropolite de Kitium à se démettre des fonctions de président. Il déclara aussi la nullité de l’élection. Les 46 délégués, dont les suffrages s’étaient portés sur Ma r Cyrille de Kitium, protestèrent, et bientôt l’ile entière fut le théâtre de discordes et de querelles intestines. Le clergé était divisé. Les prêtres ne savaient plus à qui obéir : les uns nommaient à la liturgie le métropolite de Kitium, d’autres le synode, d’autres tout évêque orthodoxe.’ExxXr^tærriy.v)’AXrjŒta, 1902, n. 6, p. 57-58. Le synode en appela au patriarche œcuménique, à condition toutefois que celui-ci ne porterait pas atteinte aux privilèges séculaires de l’archevêché cypriote. Sur ces entrefaites, deux autres membres du synode moururent, l’exarque de Carpasie et l’higoumène de Mâchera. Le métropolite de Cérines et les deux autres membres du synode s’empressèrent de donner un successeur à l’higoumène de Mâchera, et payant d’audace, nommèrent au siège vacant de Paphos l’archimandrite Panarète Donlinghéri, directeur de l’Anaplasis et adversaire de Cyrille de Kitium. Paximadas, p. 8. Le patriarche de Constantinople déclara cette désignation contraire aux canons ecclésiastiques ; le synode d’Athènes fut du même avis. M* T Panarète ne put trouver d’évêques consécrateurs. Le gouvernement grec favorisait le métropolite de Kitium, chef du parti national. Théarvic, Pour le siige archiépiscopal de Chypre, dans les Échos d’Orient, 1901-1902, p. 397-103. Le patriarche Constantin V, décidé à intervenir à tout prix dans ce différend, annonça au synode de Chypre l’envoi prochain d’exarques qui rétabliraient la paix. Le métropolite de Cérines n’accepta pas cette intervention et répondit sèchement qu’il recevait des conseils et non des ordres, Paximadas, p. 2, et qu’il rejetait absolument toute ingérence étrangère (Çeviinrçv). Le ministre de l’instruction publique de Grèce, Ath. Eutaxias, fut prié de donner son avis, non pas en raison de sa charge, mais à cause de sa compétence en droit canonique. Il déclara que le synode ne pouvait plus continuer son œuvre, et que la meilleure solution était de s’en remettre à la décision du patriarche œcuménique, qui jouit de la primauté d’honneur (-’% upscësia Trjç riu.- ?, :). Le gouvernement anglais appuya les protestations du métropolite de Cérines, et lit des remontrances au patriarche au sujet de son intervention.

Le nouveau patriarche Joachim III, dès son avènement au trône, résolut d’agir avec plus d’énergie à l’égard de l’Eglise cypriote. Le 4 août 1901, il écrivit aux Cypriotes et leur conseilla de mettre un terme à leurs dissensions religieuses. l’eu après, il envoya comme exarque l’hiérodiacre D. Georgiadès, professeur à l’école do llalki.’ExxtaifftccoTiXTj’AX^Osta, 1901, n. 43, p. 418 ; n. 44, p. 436 ; n. 46, p. 455-456. Celui-ci s’empi d’annoncer au patriarche que tout allait à souhait, et que les deux partis s’étaient réconciliés. Les événements allaient lui donner un démenti tunnel. Les Cypriotes continuèrent leurs dissentiments. Dans l’intervalle, les élections politiques eurent lieu, et les suffrages des électeurs se portèrent sur les partisans de Mur Cyrille