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CANADA (CATHOLICISME)


par l’autorité ecclésiastique : ce qui donna lieu à un procès célèbre, connu sous le nom d’affaire Guibord. Condamnés par toutes les juridictions du Canada, les partisans de l’Institut en appelèrent en Angleterre, où une cour protestante leur donna raison ; et il fallut employer la force armée pour enfouir dans le cimetière catholique le cercueil du malheureux Guibord.

En 1870, le Haut-Canada fut érigé en province ecclésiastique avec Toronto pour archevêché. Pour évêchés suffragants il avait Kingston et Hamilton, siège créé en 1856. En 1878, Kingston est devenu chef-lieu d’une nouvelle province avec Peterboro (1882) et Alexandria (1890) pour suffragants. L’évêché de London (1885) a été rattaché à Toronto. Signalons dans la province de Québec la création des évêchés de Sherbrooke (1874), Chicoutimi (1878), Nicolet (1885). En 1886, Montréal fut érigé en archevêché. Mo r Fabre, d’abord coadjuteur, puis successeur de Ma r LSourget, en fut le premier titulaire ; il eut pour suffragants Saint-Hyacinthe et Sherbrooke, auxquels devait bientôt s’ajouter Valleyfield (1893). En 1886, Léon XIII avait créé la province d’Ottawa. Mo’Duhamel en est le premier archevêque ; il a pour suffragant Pembroke, érigé depuis 1898. Pour couronner une hiérarchie si nombreuse, pour honorer l’Eglise et l’épiscopat canadiens si attachés au saint-siège, il a plu à Léon XIII d’ouvrir l’entrée du sacré collège à l’archevêque de Québec, devenu le cardinal Taschereau (7 juin 1886).

Il nous reste à relater quatre points particuliers : 1 » Réveil de la race acadienne. — Vers la fin du xviiie siècle, eut lieu la résurrection des catholiques acadiens. Après la dispersion violente opérée par Lawrence (1755), 1 21)8 de ces malheureux étaient restés en Acadie, tolérés par leurs persécuteurs qui dédaignaient leur faiblesse. En 1815, ils formaient un noyau de 25000 âmes. En 1864, ils s’élevaient au nombre de 80000. La providence leur envoya alors un prêtre canadien, le R. P. Lefebvre, qui les groupa, assit sur des bases solides le collège de Memramcook (Nouveau-Brunswick ) et se servit de ce moyen pour relever le peuple acadien. Profitant de l’influence qu’il avait acquise, il installa des écoles primaires dans les centres de langue française ; fit venir dans ce but des religieux de sa congrégation de Sainte-Croix, des frères et des sœurs. Quand éclatèrent les persécutions dont nous parlons plus loin, il s’interposa entre catholiques et protestants et, faute de mieux, amena un compromis qui permit au bien de se poursuivre. En 1880, 70 délégués acadiens représentèrent leurs compatriotes aux grandes assises de la nationalité française que la Sociétéde Saint-Jean-Iiaptiste provoque périodiquement au Canada ou aux États-Unis. Depuis, le P. Lefebre a organisé des conventions générales des Acadiens qui se tiennent à termes fixes dans une ville désignée à l’avance. En 1899. le nombre des Acadiens atteignait 125000 ; 6 des leurs les représentaient dans les Chambres des provinces maritimes ; et 2 au Parlement fédéral d’Ottawa. D’après le tableau suivant, dont les chiffres sont empruntés au recensement de 1901, on pourra juger de leur proportion dans la population des provinces maritimes :

aisément à 155000. En tenant compte de l’accroissement rapide de cette race, comment ne pas voir là une force pour l’avenir du catholicisme dans ces contrées ?

E. Rameau, La France aux colonies. Acadiens et Canadiens, in-8% Paris, 1859 ; C. Derouet, Une nationalité française en Amérique, dans Le correspondant, 10 septembre 1899, Pascal, Poirier, Le Père Lefebvre et l’Acadie, in-8°, Montréal, 1898.

2° Écoles du Nouveau-Erunswick et du Manitoba.

— Avant ce réveil de la nationalité acadienne et lors de la fondation de la Confédération canadienne (1867), le système scolaire du Nouveau-Brunswick permettait aux catholiques de cette province, qui y étaient en minorité, de jouir d’écoles séparées. En 1871, il plut à la législature locale de leur retirer cet avantage et d’adopter une loi qui forçait les catholiques de.contribuer au soutien des écoles protestantes sans leur donner de part aux contributions pour leurs propres écoles. C’était le ; contraindre ou d’envoyer leurs enfants aux écoles hérétiques ou de s’imposer de nouvelles charges pour ouvrir des écoles séparées. Les Acadiens en appelèrent au Parlement fédéral ; la réponse qu’ils en reçurent par la bouche de sir John Mac Donald équivalait à une tin de non-recevoir. Alors la résistance s’organisa ; on reçut les agents du fisc à main armée ; l’effervescence menaçait de dégénérer en guerre civile. Les Anglais comprirent qu’il valait mieux en venir à un accommodement. La loi injuste ne fut pas rapportée, mais on fit de telles concessions, soit pour les écoles, soit pour les instituteurs, que le calme se rétablit (1874).

Une injustice du même genre vint léser les catholiques du Manitoba en 1890. L’Acte de l’Amérique anglaise du Nord (1867) qui a donné naissance au Dominion permettait à chaque province d’adopter le système d’éducation qui lui semblerait bon, sauf à respecter les droits ou privilèges conférés, lors de l’union, par la loi, aux divers groupes de la population jouissant d’écoles séparées. D’ailleurs, lorsque le Manitoba demanda à faire partie de l’union (1870), les députés catholiques, dirigés par M « r Taché, exigèrent qu’on ajoutât à la clause précédente ces mots : « conférés par la loi oupar lapratique. » Le prélat voulait, comme condition constitutionnelle de l’union, le respect des droits acquis, tant de ceux qu’une loi formelle avait sanctionnés que de ceux qui étaient établis en fait et en pratique. En dépit de ces précautions, les catholiques se virent privés de leurs droits par un ministère intolérant (1890). Les évoques du Dominion adressèrent une pétition au Parlement ; et peu après tous les journaux reproduisaient une lettre pastorale signée du cardinal Taschereau et des évêques du Bas-Canada pour protester contre l’iniquité dont leurs frères manitobains étaient les victimes. La question fut portée en Angleterre devant le Conseil privé, qui décida que la solution en appartenait au Parlement fédéral. Les élections générales de 1896 se firent sur cette question, lians la province de Québec, conservateurs et libéraux promettaient de lit régler à la satisfaction des catholiques. Plusieurs prélats crurent de leur devoir d’éclairer les fidèles sur la conduite que leur prescrivaient en cette circonstance la conscience et la religion. L’effervescence était grande. Les résultats

PROVINCES

POPULATION

TnTALE.

    1. PROTESTANTS##


PROTESTANTS.

    1. CATHOLIQUES##


CATHOLIQUES.

    1. ACADIENS##


ACADIENS.

TOTAL

DES ACADIENS.

331120

459 594

103 259

21 000

330 000

57 463

125698

129578

45 796

79979

45 161

18866

139006

Ile du Prim !

Si à ce nombre de 1119 000 on ajoute les Acadiens de la cote de Gaspé et des iles de la Madeleine, ou arrive

de l’élection, portant les libéraux au pouvoir, ne calmèrent point les esprits. Alors suWilfrid Laurier]