il reste encore des traces. On trouve dans la province ecclésiastique d’Halifax plusieurs groupes catholiques de Micmacs et d’Abénakis ; dans le diocèse de Québec une paroisse entièrement composée de Hurons, cf. N.-D. de Loretta en la Nouvelle-France, par l’abbé Lindsay, Québec, 1902 ; dans celui de Montréal deux paroisses iroquoises. L’une d’elles, Caughnawaga (mot iroquois qui veut dire dans le rapide), située, près de Montréal, sur le Saint-Laurent, compte 2060 Indiens catholiques. Cette mission, fondée par les jésuites en 1667 et desservie par eux jusqu’en 1783, est revenue entre leurs mains en 1903. La seconde, la paroisse iroquoise algonquine du Lac-des-deux-Montagnes, nommée aussi Oka, aujourd’hui comme aux premiers jours est desservie par les sulpiciens. Signalons enfin, dans le diocèse de Valleyfield, le centre iroquois catholique de Saint-Bégis.
Ce sont là des exceptions. Les vraies missions actuelles du Canada sont situées au Nord-Lst, le long de la cote du Labrador, au Nord sur les rives de la baie d’Hudson et surtout au Nord-Ouest dans les immenses territoires qui s’étendent de l’Ontario jusqu’au bas Mackensie cl à l’Alaska. Au Nord-Est, la préfecture apostolique du golfe Saint-Laurent embrasse le Labrador et l’extrémité de la province de Québec. Elle compte environ 10000 catholiques : parmi eux, beaucoup d’Esquimaux, de Nascapis et de Montagnais. L’administration de cette préfecture est confiée aux Pères eudistes. Plusieurs prêtres séculiers et quelques religieux oblats collaborent avec eux. Les missionnaires sont en tout une vingtaine. Ils sont aidés par des religieuses qui font la classe aux petits entants ou exercent les multiples offices de la charité.
A l’Ouest, dans les diocèses de Pembroke et de Peterboro les missions sont nombreuses. Le premier de ces diocèses ne date que de 1898 ; auparavant c’était le vicariat apostolique de Pontiac. Il se prolonge au nord jusqu’à la baie d’Hudson. A cette extrémité est située la mission d’Albany, fondée en 1891 par les Pères oblats. Aux Pires oblats également sont confiées les missions du lac Témiscamingue, d’Abbittibi, de Grassey Lake, etc., et celles, situées sur la hauteur des Terres, qui sépare le bassin de la baie d’Hudson de celui de l’Ottawa, missions de Waswanipi, Mekiscan, Grand-Lac, Lac-Barrière, Maniwaki et beaucoup d’autres. Mo r Proulx, A la baie d’Hudson, Montréal, 1886. Les Pères jésuites ont plusieurs missions sur les bords du lac Huron et de la baie Géorgienne, régions jadis habitées par les Hurons, dont ils furent les apôtres au xvif siècle. Etablis à EortWilliam, à Massey-Station, à Sudbury, à Wikwemikong, au Sault-Sainte-Marie et dans quelques autres centres, tous dans le diocèse de Peterboro, ces missionnaires rayonnent pour le service des âmes dans beaucoup de missions secondaires.
Restent enfin les missions les plus importantes, celles du Nord-Ouest, toutes aux mains des oblats de Marie-Immaculée. Elles comprennent la province ecclésiastique de Saint-Boniface et celle de Vancouver, sauf l’île de ce nom. qui forme à elle seule une circonscription archiépiscopale. Ces provinces se divisent en deux
diocèses, Saint-Albert et New-Westminster, et en trois
vicariats apostoliques, Saskatchewan, Athabaska et Mackensie-Yukon, Toutes ces divisions ecclésiastiques ont , -i leur tête « les évéques oblats. Le nombre des Pères pés dans les missions s’élève au-dessus de centcinquante. Ils sont assistés par des frères convers de la même congrégation. Une centaine de prêtres séculiers sont répandus dans les di’Saint-Boniface, de Saint-Albert et de New-Westminster. Les Indiens du Nord-Ouest se rattachent à la rare algonquine. Ils Boni connus sous le nom général de Kristinous ou Cris et se nomment eux-mêmes Néhivourik. Ils son’, disséminés dans le bassin de la baie d’Hudson, au nord du
lac Supérieur, dans le Kewatin, et jusque dans le bas Mackensie, où ils confinent aux Tinnehs des côtes de la mer Glaciale. D’après une estimation récente, ils s’élèveraient au nombre de 45000. La Colombie anglaise compte 26000 Indiens qui appartiennent à une race différente. Le zèle des missionnaires ne s’exerce pas seulement sur les sauvages, mais encore sur les métis, très nombreux dans tout le Far-West, et sur les colons de toute race et de toute nationalité. Ces immenses territoires, où l’on ne voyait, en 1815, qu’un évêque et six prêtres, comptent aujourd’hui sept évéques, trois cent dix prêtres, réguliers ou séculiers, et voient se dresser quatre cent huit églises, cent trente-six écoles et plusieurs hôpitaux. Les catholiques y dépassent le nombre de 100000. Il n’est pas de localité tant soit peu importante qui n’ait sa chapelle et ne reçoive le missionnaire. Pour une très grande part, c’est l’œuvre des oblats de Marie-Immaculée. L’histoire de l’évangélisation du Nord-Ouest forme une épopée des plus émouvantes dans les annales catholiques ; la dernière page n’en est pas encore écrite. Piolet, La France au dehors, t. vi ; P. Jonquet, Vie de Ms r Grandin, Montréal, 1901 ; dom Benoit, Fie de Ms’Taché, Saiut-Boniface, 1904 ; Annales des Pères oblats, Ottawa.
7o Lieux de pèlerinage.
Moins nombreux que dans les pays où le catholicisme est implanté depuis de longs siècles, les lieux de pèlerinage aimés et fréquentés par les fidèles ne sont pas rares dans le Bas-Canada. Québec possède le sanctuaire de N.-D. des Victoires qui remonte aux origines mêmes de la colonie. Montréal voit de nombreux pèlerins se recommander à N.-D. de Bon-Secours dont la chapelle, commencée dès 1657, se dresse au-dessus du port. C’est là que, chaque année, l’archevêque, entouré du clergé de la ville, vient inaugurer le mois de Marie. Le calvaire élevé’par M. Picquet, S. S., au Lac-des-deux-Montagnes, en 1725, attire aussi de nombreux pèlerins, surtout le 11 septembre, fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix. Mais le pèlerinage, on peut dire national, du Canada est celui de Sainte-Anne de Beaupré. Ce sanctuaire, dû à la pieuse initiative de marins bretons arrachés par sainte Anne au naufrage (1657), s’est modifié et embelli au cours des siècles. Il est actuellement entouré d’un village. Il est situé à sept lieues au-dessous de Québec sur la rive nord du Saint-Laurent. I les milliers de pèlerins affluent en ce lieu chaque été du Canada et des États-Unis pour prier la « bonne sainte Anne ». Les faveurs spirituelles et temporelles obtenues ont accru le nombre des pieux voyageurs. Les rédemp toristes, qui ont la desserte de l’église depuis 1879 » reçoivent par an environ cent vingt pèlerinages organisés. En 1903 le nombre des pèlerins a été’de 168 000. Signalons encore les sanctuaires de N.-D. du Cap de la Madeleine, entre Québec et Montréal ; de N.-l). de Lourdes à Montréal ; de N.-D. de Lourdes à Higaud, diocèse de Vallevlield. Dans ces lieux beaucoup d’âmes meurtries trouvent la guérison, de cceurs abattus on affligés le courage et la consolation. Abbé I.eleu, Histoire de N.-D. de Hoii-Sccours à Montréal, Montréal, 1900 ; le P. Charland, Madame sainte Amie, Paris, Montréal, 1898.
8o Itûle providentiel du Canada.
- Nous ne pouvons clore cet article sans constater que les Catholiques canadiens de race française se regardent comme un peuple élu, destiné par la divine providence à influer profondément sur l’avenir de l’Amérique. Ils ont foi en une mission à remplir ; et cette mission, c’est celle que la France a remplie en Europe. Historiens, poêles, romanciers expriment à l’envi cette idée dans leurs ouvrages. C’est un thème cher à leurs orateurs aussi Lien de la
politique que de l’Église et de l’université, i Après avoir médité l’histoire du peuple canadien, dit un de leurs historiens mort au mois de février 1904, l’abbé Casgrain, il est impossible de méconnaître les grandes vues providentielles qui ont présidé à sa formation ; il est impos-