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BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

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siège, le principe ou la source du mal, certains gnostiques supprimèrent l’usage de l’eau dans la collation du baptême. Irénée, Cont. hær., i, 21, 4, P. G., t. vii, col. CC5 ; Épiphane, Hær., xxxiv, P. G., t. xli, col. 620. Il en fut de même de ceux que Terlullien désigne sous le nom de caiani et de quintiliani, De bapt., 1, P. L., t. r, col. 1198, et plus tard des manichéens, Augustin, User., xlvi, ’P. L., t. xlii, col. 34 sq. ; des ascodrutes, des archontiques, Théodoret, Hæret. fab., i, 10, 11, P. G., t. lxxxiii, col. 300 ; des séleuciens et des hermiens. Augustin, Hser., lix, P. L., t. xlii, col. 42 ; Philastre, Hær., lv, P. L., t. XII, col. 1170. Quelques-uns, en cas de nécessité, n’hésitèrent pas à employer du sahle, ainsi que le rapporte Jean Moschus, dans son Ascjxciv, clxvi, P. G., t. lxxxvii, col. 3045 ; il est vrai que Denys d’Ascalon ordonna, en pareil cas, que l’on conférât le baptême d’eau. D’autres mêlèrent de l’huile à l’eau, et se contentèrent d’une simple infusion de ce mélange sur la tête du baptisé ; tels, les disciples du gnostique Marc, d’après Irénée, Cont. hser., I, 21, 4, P. G., t. vii, col. 664, et d’après Épiphane, Hær., xxxiv, 20, P. G., t. xli, col. 624 ; d’autres enfin, y joignirent l’épreuve du feu. De rebaptismate, 16, P. L., t. iii, col. 1201 sq. Voir Baptême par le feu. Tous ces usages, étrangers à la tradition apostolique et à la pratique de l’Eglise, furent énergiquerænt réprouvés comme portant atteinte à la réalité du sacrement.

Félix sacranientum aquæ nostrse, s’écrie Tertullien, qun abluti delictis pristinae cœcitatis invitam œternam liberamur… Nos pisciculi secundum Tyô-jv nostrum Jesum Christum in aqua nascimur. De bapt., 1, P. L., t. i, col. 1197, 1199. C’est donc dans l’eau et par l’eau du baptême que renaît l’homme, et n’importe quelle eau est suffisante pour la validité du sacrement. Toutefois il est à remarquer qu’on n’employait pas indistinctement toute espèce d’eau. On avait soin de la bénir préalablement, comme l’indiquent Tertullien, De bapt., 4, P. L., t. i, col. 1201 ; Cyprien, Epist., lxx, 1, P. L., t. iii, col. 1039 ; Cyrille de Jérusalem, Cat., iii, 4, P. G., t. xxxiii, col. 432 ; Basile, De Spir. Sanct., xxvii, 66, P. G., t. xxxii, col. 188 ; Grégoire de Nysse, De bapt. Christi, P. G., t. xlvi, col. 581 ; Adv. eos qui difjer. bapt., ibid., col. 421 ; Augustin, De bapt. cont. donat., vi, 25, 45, 46, P. L., t. xi. iii, col. 213 ; ainsi que les Constitutions apostoliques, vii, 43, 44, P. G., t. i, col. 1044, 1015, et le pseudo-Denys, De eccl. hier., il, 2, 7, P. G., t. iii, col. 396, qui appelle l’eau tt)v [j.rjTÉpa Tr ;  ; u’ioôeaiaç. La liturgie de Sérapion de Thmuis a une prière par la sanctification de l’eau baptismale. G. Wobbermin, Altchrist. liturgische Stùcke aus der Kirclie AZgyptens, etc., dans Texte und Untersuch., Leipzig, 1899, nouvelle série, t. il, fasc. 3, p. 8-9. Fidèle écho de saint Ambroise, De myst., iii, 8, P. L., t. xvi, col. 391, l’auteur du De sacramentis dit : Ante fons consecretur et tune descendat qui baptizandus est. Dès que le catéchumène se présente, le prêtre fait l’exorcisme sur l’eau, dit une prière, invoque le nom du Père, appelle la présence du Fils et du Saint-Esprit. De sacr., II, v, 14, P. L., t. xvi, col. 429. Il ne s’agit pas seulement de chasser toute intluence maligne de l’eau qui va servir de matière au baptême, il faut sanctifier cet élément et rendre la Trinité présente. De sacr., I, v, 18, P. L., t. xvi, col. 423. Car l’eau, par elle-même, n’a pas la vertu d’opérer les merveilles du sacrement ; Dieu doit intervenir. C’est le Saint-Esprit qui la sanctifie, dit Tertullien, et lui communique la vertu sanctifiante. De bapt., 4, P. L., t. i, col. 1203. Non omnisaqua sanal, observe l’auteur du De sacramentis, I, v, 15, P. L., t. XVI, col. 422, sed aqua sanat quæ habet gratiam Christi. Aliud est elementum, aliud consecratio ; aliud opus, aliud operatio. Aqua opus est ; operatio Spiritus Sancti est. La grâce de l’eau baptismale lui vient du Saint-Esprit. Basile, De Spir. Sanct., xv 35, P. G., t. xxxii, col. 132. C’est

Dieu qui donne à l’eau sa vertu. Grégoire de Nysse, Cat., 34, P. G., t. xlv, col. 85. L’eau, par l’invocation de la Trinité, acquiert la vertu sanctifiante. Cyrille de Jérusalem, Cat., iii, 3, P. G., t. xxxiii, col. 429. L’eau n’est que le signe extérieur de la purification mystérieuse opérée par le Saint-Esprit qui la bénit ; après cette bénédiction, l’eau ne doit plus être regardée comme une chose ordinaire. Grégoire de Nysse, In bapt. Chr., P. G., t. xlvi, col. 581. Saint Jérôme répète à son tour que l’eau du baptême est consacrée par la venue du Saint-Esprit. Epist., xcviii, 13, P. L., t. xxii, col. 801. Les canons d’Hippolyte l’appellent puram, paratam, sacram. Can. 112, dans Duchesne, Origines du culte, 2e édit., p. 512. Cr. Achelis, Die Canones Hippolyti, dans les Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1891, t. vi, fasc. 4, p. 94. Ils parlent de l’eau courante de la mer. Le Testamentum D. N. J. C, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 126, parle aussi d’eau courante et pure, évidemment de fleuve ou de ruisseau, et il ne mentionne pas sa bénédiction. Cf. p. 216. L’eau bénite n’est donc pas requise pour la validité du baptême. Déjà la Dïdæhê n’exigeait qu’une eau quelconque. D’ailleurs, les Pères ont dit parfois que Jésus, en se taisant baptiser dans le Jourdain, avait sanctifié toutes les eaux de la terre. Saint Ignace d’Antioche l’avait remarqué, Ad Eph., xviii, 2, Opéra Patr. apust., Funk, t. I, p. 186. Saint Ambroise, Exposit. Ev. sec. Luc, 1. II, n. 83, P. L., t. xv, col. 1583, attribue au baptême de Jésus l’efficacité rédemptrice de l’eau. Enfin, les baptêmes que saint Athanase aurait faits dans son enfance sur le bord de la mer, au rapport de Rulin et de Sozomène, et que saint Alexandre aurait tenus pour valides, montrent bien, s’ils sont authentiques, que l’eau bénite n’était pas requise pour la validité du sacrement. Schwane, Dogmeugeschichte, 1895, t. il, p. 738.

Ainsi donc l’eau est absolument nécessaire pour le sacrement du baptême, ce qui fait dire à saint Augustin : Toile aquam, non est baptisma. In Joa., tr. XV, 4, P. L., t. xxxv, col. 1512. Mais elle est ordinairement bénite. Vidva malris, aqua baptismatis, dit Augustin, Serin., exix, 4, P. L., t. xxxviii, col. 674, qui ajoute ailleurs : Baptismus, id est salutis aqua, non estsalutis ?iisi Christi nomine consecrata et cruce ipsius signala. Serin., ccclii, 3, P. L., t. xxxix, col. 1559, Et l’efficacité sanctiliante lui vient de la présence et de l’intervention de Dieu.

III. Forme.

A la matière du baptême, à l’emploi de l’eau, doit se joindre une formule absolument indispensable pour spécifier le but qu’on se propose dans Ta collation du sacrement ; cette formule n’est autre que celle de l’Évangile, la formule trinilai-e. Notre-Seigneur avait dit, en effet : « Baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » L’Église se conforma étroitement à l’ordre du Maître. C’est la formule que nous retrouvons dans les Pères : Didaché, vii, 1, Funk, p. 20 ; Justin, Apol., i, 61, P. G., t. vi, col. 420 ; Tertullien, De bapt., 13, P. L., t. i, col. 1215 ; Adv. Prax., 26, P. L., t. ii, col. 190 ; Cyprien, Epist., lxxiii, 18 ; lxxiv, 5, P. L., t. iii, col. 1120, 1131 ; S. Etienne, dans l’Épitre de Firmilien, et Firmilien, Epist., lxxv, 9, 12, 18, P. L., t. iii, col. 1162, 1166, 1170 ; Hilaire, De Triait., XII, 56, P. L., t. X, col. 472 ; Ambroise, De myst., IV, 20, P. L., t. xvi, col. 394 ; Basile, De Spir. Sanct., xii, 28, P. G., t. xxxii, col. 117 ; Adv. Eunom., iii, 5, P. G., t. xxix, col. 665 ; Grégoire de Nysse, In bapt. Christ., P. G., t. xlvi, col. 585 ; Athanase, Epist. ad Serap., iv, 12, P. G., t. xxvi, col. 653. Les hérétiques eux-mêmes employèrent, en général, la formule trinitaire. Quelquesuns, cependant, l’abandonnèrent et en fabriquèrent d’autres. Nous connaissons, parmi eux, les marcosiens, Irénée, Cont. hær., i, 21, 3, P. G., t. vii, col. 661, 664 ; Épiphane, Hær., xxxiv, 20, P. G., t. xli, col. 621 ; Théodoret, Hæret. fab., i, 9, P. G., t. lxxxiii, col. 360, qui employaient cette formule gnostique : Ei ; 6’vona