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BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

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mérites de Jésus-Christ. Selon saint Ambroise, De myst., in, 14, P. L., t. xvi, col. 393, la fontaine baptismale devient douce et produit la grâce, parce que le prêtre y a mis la prédication de la croix de Notre-Seigneur. D’après saint Jérôme, In Is., xliii, P. L., t. xxiv, col. 433, les pécbés sont remis dans le baptême in aspersione et sanguine Christi. Saint Augustin dit : Significabat mare rubrumbaptismum Christi ; imite rubet baptismus Christi nisi sanguine Christi consecratus ? In Joa., tr. XI, n. 4, P. L., t. xxv, col. 147. Saint Césaire d’Arles répète la même chose. Uomil., iv, P.L., t. lxvii, col. 1050. Toutefois, cette inlluence divine est attachée au signe sensible. Pour que l’effet soit produit, il laut unir, comme diront plus tard les théologiens, la matière à la forme. Le témoignage de saint Cyrille de Jérusalem est formel. Le célèbre catéchiste dit aux catéchumènes : M*i u>ç j&a-ct).iT(i> TiçiÔGtyz tô> Xoiirpô), àÀXà "f, (Aerà toû (joixtoi ; 8e80(iévY] jrveuiAOTtXTj /àperi. "Himp -(àp tx toi ; pw|j.ov ; itpOTcpîpdjj.Eva, rîj 9’j<rei ovua Xitcc, [A£fxo), ucr|jt.éva yt’yvETai tyj ïizmû^aet mv eigojXidv’outo) ; aTtsvavri’aç, tô).itov - j6a)p rive-JU-a-toç àyiou xa XpeaToû xai Ilarpô ; ttjv èiu’x/.ïjTtv ), aêôv, 8ûva|uv xyiÔTi-^o^ èirixTâtai. Ca£., III, 3, P. G., t. xxxiii, col. 429. Saint Augustin est plus explicite encore. Comme le sens de ses paroles est contesté, il faut les citer dans tout leur contexte. L’évêque d’Hippone commente le passage : Jani vos mundi estis propter sermoneni quem locutus sum vobis. Joa., xv, 3. Voici son commentaire : Quare non ail, mundi estis propter baptismum quo loti.estis, sed ail, propter verbum quod locutus sum vobis ; nisi quia et in aqua verbum mundat " ? Detrahe verbum, et quid est aqua nisi aqua" ? Accedit verbum ad elementum, et fit sacramentum, etiam ipsum tanquam visibile verbum… Unde ista tanta virtus aquse, ut corpus tangat et cor abluat, nisi faciente verbo ; non quia dicitur, sed quia creditur ? Nam et in ipso verbo, aliud est. sonus Iransiens, aliud virtus manens. Après avoir cité Rom., x, 8-10 ; Act., xv, 9 ; I Pet., ni, 21, il conclut : Hoc est verbum fidei quod prædicamus : quo sine dubio ut mundare possit, consecratur et baptismus. Puis d’Eph., v, 25-16, il déduit : Mundalio igitur nequaquam /luxo ctlabili tribueretur elemento, nisi adderetur in verbo. Hoc verbum fidei tantum valet in Ecclesia Dei, ut per ipsum credentem, offerenlem, benedicentem, tingentem, etiam tanlillum mundet infantem ; quamvis nondumvalentem corde credere ad justitiam et ore con/iteri ad salutem. In Joa., tr. LXXX, n. 3, P. L., t. xxxv, col. 1840. Les protestants entendent ces paroles de l’évêque d’Hippone de telle sorte qu’ils ne font du sacrement qu’un signe sensible de l’élément invisible qui les accompagne. Dans le baptême, l’eau est un pur signe extérieur si la formule qui est prononcée ne fait qu’indiquer sa signification symbolique. Elle signifie le pardon des péchés et elle a de sa nature une similitude avec cet effet produit. Quand le signe est réalisé par l’union de la formule avec l’ablution, la rémission des péchés est réellement obtenue ; mais elle est produite directement par Dieu. Sans doute, elle est attachée à l’exécution du rite symbolique ; toutefois elle n’est pas réalisée par le rite lui-même, et c’est à tort que les scolastiques ont tiré’du témoignage d’Augustin leur théorie de Vu), un iipcratum dis sacrements. E. Choisy, Précis de lliisluiredes dogmes, Paris, 1893, p. 277-278 ; R. Seeberg, Lelirbuch der hogmeiigeschiehtc, Erlangen et Leipzig, 1895, |). 294-295. Quelle est, au fond, la pensée de saint Augustin ? Il expose dans tout ce passage que la purification de l’âmese fait par la parole de la foi soit en dehors du baptême, soitdans le baptême lui-même, qui a lieu par l’union de la parole à l’élément sensible. La parole n’a pas par elle même, en tanl que son matériel qui frappe les oreilles, cette puissance purificatrice ; elle la possède en tant que parole de Dieu et objet de la foi. Or la parole de foi, prononcée dans le baptême, est évidemment pour saint Augustin la formule trinitaire, qui est, d’ailleurs, un résumé de la prédication chrétienne. Mais cette formule produit elle-même son effet, puisque par elle, ut mundare possit, consecratur et baptismus, et l’eau ne purifie l’âme que faciente verbo. Elle ne le produit pas, ut sonus transiens, quia dicitur, mais en tant qu’elle a une vertu qui provient de la foi de l’Église. En effet, cette vertu ne provient pas de la foi du sujet, puisque l’enfant, incapable de faire un acte de foi, est néanmoins purifié par le baptême, pourvu que le baptême soit conféré, même par les hérétiques, suivantla croyance et la prédication de l’Eglise. L’efficacité du sacrement dérive donc du rite accompli tel que le veut l’enseignement ecclésiastique. J.-R. Sasse, Institut, théologie, de sacramentis Ecclesise, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. i, p. 53-51.

IX. Nécessité.

Preuves de cette nécessité.

Le baptême chrétien est-il absolument et universellement nécessaire tant pour effacer tous les péchés que pour initier les convertis à la vie chrétienne, en faire des enfants adoptifs de Dieu et leur assurer le salut éternel ? Cette question ne semblait pas pouvoir laisser place au moindre doute, tant le texte : Nisi quis renatus fuerit ex aqua, Joa., iii, 5, paraissait clair. Mais les hérétiques nièrent la nécessité du baptême ; les uns, sous prétexte que la toi seule suffit au salut ; tels, les caïnites et les quintilliens, Tertullien, De bapt., 13, P. L., t. I, col. 1215 ; les autres, parce qu’ils regardaient l’eau, élément matériel, comme d’ordre inférieur, de nature mauvaise, absolument impropre à assurer le salut ; tels les manichéens, Augustin, Hær., 46, P. L., t. xlii, col. 34, et tous ceux qui voyaient dans la matière le siège du mal, les archontiques, Augustin, User., 20, P.L., t. xlii, col. 29 ; Théodoret, Hæret. fab., I, 11, P. G., t. lxxxiii, col. 361 ; les ascodrutes, Théodoret, Hæret. fab., I, 10, ibid., col. 360 ; les séleuciens et les hermiens. Augustin, Hær., 59, P. L., t. xlii, col. 41. Tandis que les massaliens traitaient le baptême d’absolument inutile, Epiphane, Hær., lxxx, P. G., t. xlii, col. 756 sq. ; Augustin, Hær., 57, P. L., t. xlii, col. 40 ; Théodoret, Hæret., fab., IV, 11, P. G., t. lxxxiii, col. 429, les pélagiens se contentèrent de le déclarer relativement inutile ; car le péché originel n’existant pas à leurs yeux, le baptême n’avait que faire pour l’effacer ; ils l’acceptaient néanmoins pour la rémission des péchés ordinaires et pour faciliter l’accès du royaume du ciel. Toutes ces erreurs furent prises à partie et résolument condamnées à mesure qu’elles se produisirent.

Le baptême est absolument nécessaire. Car pour être sauvé il faut monter de l’eau (baptismale), dit Hermas, Simil., ix, 16, Opéra Patr. apost., édit. Funk, t. i, p. 530. Impossible, sans le baptême, de recevoir la rémission de ses péchés, dit Origène, Deexhorl. martyr., 30, P. G., t. xi, col. 600. Saint Irénée avait déjà écrit du Christ : Omnes venit per semetipsum salvare ; omnes, inquam, qui per eum renascuniur in Dcum, infantes, et parvulos, et pueros, et juvenes, et seniores. Cont. hær., i, 22, n. 4, P. G., t. vii, col. 784. Tertullien enseigne ex professo la nécessité du baptême contre les caïnites et les quintilliens. De bapt., 12, P. L., t. i, col. 1213 : Nemini sine baptismocompetere salutem. Le précepte : Ite, docete baptizantes…, Matth., xxviii, 19, marque la loi du baptême ; la parole : Nisi quis renatus fuerit ex aqua, Joa., iii, 5, en marque la nécessité. De bapt., 15, ibid., col. 1215. Au iiie siècle, Cyprien, Firmilien et leurs partisans ne crurent devoir procéder au baptême de ceux qui avaient été baptisés dans l’hérésie que parce qu’ils étaient convaincus de l’absolue nécessité de ce sacrement. C’est cette même conviction qui poussa plus tard les donatistes à conférer leur baptême aux catholiques qui venaient à eux. Saint Ambroise enseigne que, sans

le baptê, le catéchumène a beau avoir la foi, il ne reçoit pas la rémission de ses péchés, ni les grâces spiri-