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BAPTÊME DANS L’ÉGLISE LATINE DEPUIS LE VHP SIÈCLE

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débaptiser des aliénés et des énergumènes. Aujourd’hui on ne baptise que rarement des adultes. La pratique ordinaire est de baptiser les enfants, comme dans l’Église romaine. Pour être baptisé, l’enfant doit être à jeun, parce qu’il reçoit la communion immédiatement après. Il est défendu de baptiser dans les mêmes eaux les enfants des deux sexes. Cf. [Gibert], Tradition ou Histoire de l’Église sur le sacrement du mariage, Paris, 1725, t. ii, p. 312.

Nécessité du baptême.

Les Syriens ont toujours regardé le baptême comme nécessaire pour tous les hommes. Sur ce point ils s’accordent pleinement avec l’Église romaine. Qu’il nous suffise de citer un passage de l’hymne x de saint Éphrem pour la fête de l’Epiphanie : « Lorsqu’il (le Christ) eut accompli sur la terre tout ce qui était convenable, Il s’éleva [au ciel]. Si Celui qui purifie les autres a été baptisé, qui n’aura pas besoin du baptême ? Celui, qui est la grâce, s’approcha du baptême pour effacer nos plaies hideuses. » Lamy, op. cit., t. 1, col. 101, n. 12.

Défense de réitérer le baptême.

Bar-Hébrœus nous a conservé un canon de Jacques d’Édesse (640708) ainsi formulé : Christianum, qui Agarenorum aut ethnicorum religionem professus fuerit, deinde resipuerit, haudquaquam baptizamus, sed oratio dumtaxat pœnitentium a ponlifice super eum fiât imponaturqueei tempus psenitentiæ, quam cum expleverit, communicet. Saint Éphrem revient assez souvent sur cette défense : « Quiconque boit les eaux que je lui donne, n’aura plus soif. Joa., iv, 13. Ayez soif du saint baptême, mes chers [frères], car vous n’aurez plus soif d’un autre baptême. » Lamy, op. cit., t. 1, col. 71, n. 21. « Vos corps ne sont susceptibles que d’une ablution. » Ibid., col. 81, n. 10. « Apprenez, mes frères, par vos habits, comment il faut garder vos membres. Si l’habit conserve sa beauté, parce qu’il peut être lavé, toutes les fois qu’il est sali, le corps, qui n’est susceptible que d’une ablution, doit être gardé avec d’autant plus d’attention qu’il peut recevoir plus de blessures. » Ibid., col. 95, n. 13.

II. Rites.

Les Syriens et les Chaldéens emploient, dans l’administration du baptême, divers rites dont les plus importants sont très anciens et approchent des temps apostoliques. Les nestoriens suivent l’Ordre des saints apôtres Adée et Maris, qui furent les premiers apôtres d’Édesse et de la Mésopotamie. Au vine siècle, le patriarche Jésuiab d’Abiadène (650-660) fit une recension de cet Ordre. Il a subi, dans la suite, d’autres changements. Les jacobites suivent un Ordre qu’ils attribuent à Jacques l’apôtre ; ils ont aussi les Ordres de Jacques de Saroug, de Sévère d’Antioche et de Jacques d’Édesse. Quant aux maronites, ils se servent des Ordres de Jacques apôtre, de Jacques de Saroug et de saint Basile. Nous ne pouvons pas entrer dans tous les détails de ces rituels. Nous nous bornerons à énumérer les rites communs à ces divers Ordres. — 1° Ceux qui doivent recevoir le baptême sont signés, mêtrêsmin ; c’est-à-dire que le prêtre trace trois fois sur leur front le signe de la croix en disant : Signatur N. in nomine Patris © Amen, etFilii >g Amen, et Spiritus Sancti i% in vitam sseculi sseculorum. 2° Ceux qui vont recevoir le baptême sont déshabillés ; c’est alors qu’ont lieu les exorcismes, et qu’on prononce la formule du renoncement. 3° Le prêtre trempe son pouce dans de l’huile d’olive bénite et trace trois fois sur leur front le signe de la croix en disant : « N. est signé de l’huile de joie : mêtrsêm P. b-mêsho’d-hadûto’', afin qu’il soit prémuni contre toute opération de Satan. » 4° Suit la bénédiction de l’eau, après quoi le prêtre prend de l’huile d’olive dans le creux de sa main et en oint tout le corps de ceux qui reçoivent le baptême, pendant que le chœur chante un ou plusieurs hymnes de saint Éphrem, ou du moins quelques strophes, selon que le temps l’exige.

5° Le prêtre les plonge dans l’eau, pose sa main droite sur leur tête, et de la main gauche verse de l’eau en disant : Baptizatur N. in nomine Patris >g Amen, et Filii >g Amen, et Spiritus Sancti ï%.Amen. Pendant ce temps on chante l’hymne de saint Éphrem qui commence par ces mots : « Descendez, frères signés, etc. » Voir cet hymne dans Lamy, op. cit., t. I, col. 43. 6° Suit l’administration de la confirmation. Voir Confirmation.

J.-A. Assémani, Codex liturgicus, Rome, 1749, t. I, p. 174, 199, 204 ; t. 11, p. 211, 214, 309 ; t. iii, p. 136, 146, 184 ; Denzinger, RU us orientaliuin, t. I, p. 14-48, 266-383 ; Badger, The hestorians and their Rituals, Londres, 1852, t. H, p. 195 ; Lamy, Sancti Ephrxrn hymni et sermones, t. 1, col. 28, n. 1 ; Synodus Sciarfensis Syrorum in monte Libano celebrata anno MDcccLxxxviii, Rome, 1897. CI. Canoniste contemporain, 1900, p. 436-437.

V. Ermoni.

VIII. BAPTÊME DANS L’ÉGLISE LATINE DEPUIS LE VIIIe SIÈCLE AVANT ET APRÈS LE CONCILE DE TRENTE. —

La théologie du baptême était loin d’avoir été formulée d’une façon définitive et complète par les Pères. Ceux-ci avaient sans doute traité, quelques-uns même assez longuement, les points principaux de la doctrine ; mais ils laissaient néanmoins des lacunes après eux. Non seulement la systématisation proprement dite était encore à faire, mais il y avait à élucider et à compléter plusieurs points importants, notamment la question des effets du baptême. Ce sera l’œuvre des scolastiquesdu moyen âge. Nous étudierons successivement les questions suivantes :
I. Définition.
II. Institution.
III. Matière.
IV. Forme.
V. Nécessité.
VI. Sujets.
VII. Ministres.
VIII. Effets.
IX. Administration du baptême.

I. Définition.

Une des plus anciennes définitions scolastiques du baptême est celle de Hugues de Saint-Victor : Baptismus est aqua abluendis criminibus sanctificala per verbum Dei, « c’est l’eau sanctifiée par la parole de Dieu pour effacer les péchés. » De sacramentis, 1. II, part. VI, c. 11, P. L., t. clxxv, col. 443. Saint Thomas critique cette définition, parce que, dit-il, le baptême n’est pas quelque chose de permanent, mais un acte transitoire. Ce n’est pas l’eau qui fait le sacrement, mais l’ablution. Sum. theol., III a, q. lxvi, a. 1. D’après quelques théologiens, la doctrine de Hugues aurait été correcte et son expression, seule, défectueuse. Voir Suarez, De sacram., disp. XVIII, a. 1. Meilleure, en tout cas, est la définition d’un autre théologien de cette époque, disciple de Hugues : lmmersio facta cum invocatione Trinitatis. Summa Sentent., tr. V, c. iv, P. L., t. clxxv, col. 129. Une autre définition qui se rapproche de celle-là, et qui a été longtemps classique, est celle de Pierre Lombard : Baptismus dicitur intinctio, id est ablutio corporis exterior, facta sub forma prxscripta verborum. Sent., . IV, dist. III, P. L., t.cxcn, col. 843. Saint Thomas reproduit cette définition dans sa Somme théologique, loc. cit., et un grand nombre de scolastiques l’adoptent également. Duns Scot en donne une autre, qui mérite d’être citée, parce qu’elle est très explicite : Baptismus est sacamentum ablutionis animée a peccato consistens in ablutione hominis aliqualiter consentientis, facta in aqua ab alio abluente, et in verbis certis simul ab eodem abluente cum débita intentione prolatis. In IV Sent., 1. IV, dist. III, q. I, Opéra, 1639, t. VIII, p. 157. D’autres théologiens préfèrent définir le baptême par son genre prochain et sa différence spécifique : Sacramentum regenerationis, ou encore sacramentum ad spiritualem regenerationcm fldelium instir tutum. Suarez, De sacramentis, disp. XVIII, a. 1. Enfin la plupart réunissent ou résument les définitions précédentes en une seule, qu’on peut formuler brièvement, avec le catéchisme du concile de Trente, part. II, c. ii, n. 5 : Sacramentum regenerationis per aquam in verbo ; ou, d’une laçon plus explicite et plus complète : Sacramentum a Christo Domino institution, in quo