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BAPTÊME DANS L’ÉGLISE LATINE DEPUIS LE VIII 8 SIÈCLE


illuminât intérim baptizatos, prseparans corda eorum ad recipiendam doctrinam veritatis… Effectua baptismi ponitur fsecunditas qua aliquis producit bona opéra. Sum. theol., III » , q. lxix, a. 5, ad 2 ura, 3um. Mais ces paroles peuvent désigner simplement les vertus ou principes d’opération que donne le baptême pour poser tel ou tel acte surnaturel. Plusieurs autres théologiens admettent d’ailleurs l’existence de grâces actuelles attachées au baptême. Voici, entre autres, ce que ditSuarez : Probabile est ratione hujus sacramenti dari aliqua auxilia actualia majora quam ipsi gratise secundum se debeantur… Dari dicimus aliquod majus auxilium, quo homo frequentius et vehementius excitetur et ailjtivetur, vel ad superandum concupisccntiæ fomitem, vel ad exercenda illamnnera ad quse baplismus obligat…, ad ferendurn Christi jugum fortiter ac suaviter, et ad digne accedenditm ad cœtera sacramenta ; qui effectua satis consentaneus est doctrinis sanctorum Patrum supra citatis, quamvis illud non tam distincte explicuerint. De sacramentis, disp. XXVI, sect. n. D’une manière générale, c’est aussi l’opinion de la plupart des théologiens qui enseignent que la grâce sacramentelle proprement dite consiste dans le droit de recevoir, en temps opportun, les secours nécessaires pour atteindre la fin spéciale de tel ou tel sacrement. Voir Grâce sacramentelle. Ci. Theol. Wirceburg., Paris, 1880, t. i, p. 226.

iv. caractère. — Le baptême est un des trois sacrements qui impriment dans l’âme un caractère spirituel ineffaçable. On démontre ailleurs la certitude de ce fait, en même temps qu’on détermine, d’une manière générale, la nature du caractère sacramentel, et qu’on expose à ce sujet les différents systèmes théologiques. Voir Caractère. Supposant donc prouvé que le caractère est une qualité réelle imprimée dans l’âme, et sans chercher ici à quelle catégorie précise appartient cette qualité, nous voulons dire simplement, du moins d’une façon sommaire, en quoi consiste le caractère baptismal. Saint Thomas, le premier théologien qui ait élucidé et approfondi la question, enseigne que le caractère en général forme le chrétien à l’image du Christ : Qui depulantur ad cultum christianum, cujus auctor est Christus, cliaracterem accipiunt quo Christo cotifigurantur. Sum. theol., III a, q. lxiii, a. 3, ad 2um. Cette configuration s’accomplit, non par une similitude de nature, comme la grâce sanctifiante, mais par une similitude de fonction, en nous faisant participer plus ou moins au sacerdoce de Jésus-Christ : Totus autem ritus christianæ retif/ionis derivatur a sacerdotio Chrîsti. Et ideo manifestum est quod character sacramentalis spécialité)’est character Christi, cujus sacerdotio fidèles configurantur secundum sacramentales characleres, qui nihil aliud sunt quam qusedam participations sacerdotii Cliristi ab ipso Christo derivatm. Loc. cit., a. 3. A des degrés divers, selon le sacrement qui est en jeu, le caractère nous communique quelque chose de ce sacerdoce. Le caractère baptismal en est l’initiation, et nous donne, pour ainsi dire officiellement, le pouvoir ou l’aptitude nécessaire pour recevoir les sacrements. S. Thomas, loc. cit., a. 6. Il constitue en même temps une marque distinctive qui sépare les baptisés des autres et qui permettra de les reconnaître éternellement, au ciel comme en enfer. S. Thomas, loc. cit., a. 5. Tel est, en quelques mots, l’enseignement du docteur angélique, fidèlement suivi par la plupart des théologiens. Suarez, _Dt> sacrant., disp. XI, sect. i ; Pesch, Prselect. dogmat., Fribourg-en-Brisgau, 1900, t. vi, p. 75 sq. ; Sasse, lnstitutiones theologic.se de sacramentis, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. i, p. 108 sq.

Le caractère baptismal a pour conséquence la nonréitération du sacrement. Une fois baptisé validement, on l’est pour toujours ; le sacrement n’est pas réitérable. La volonté positive de Jésus-Christ, clairement manifestée par la tradition, est la raison dernière de ce fait ;

mais le caractère indélébile du baptême en est la raison immédiate et prochaine. S. Thomas, Sum. theol., III a, q. lxvi, a. 9. D’autres motifs, d’ailleurs, plaident en faveur de la non-réitération. Le baptême, en effet, est une véritable naissance spirituelle. Or, dit le docteur angélique, on ne peut naître qu’une fois, dans l’ordre de la grâce comme dans l’ordre de la nature. En outre, le baptême étant la configuration du chrétien à la mort du Christ, et celle-ci n’ayant eu lieu qu’une fois, il semble que le sacrement ne doive pas être réitéré plus souvent que son prototype. Enfin, c’est surtout contre le péché originel qu’est dirigé le baptême ; quand celui-là est effacé, celui-ci n’a plus sa raison d’être. S. Thomas, loc. cit. A l’appui de cette doctrine on ne pourrait peut-être pas citer les professions de foi et les définitions conciliaires où l’on affirme qu’il n’y a qu’un seul baptême. Denzinger, Enchiridion, n. 295, 410. Ces textes ne visent directement que l’unité spécifique du sacrement-Mais il y en a d’autres qui défendent de rebaptiser, ou qui déclarent expressément, comme celui du concile de-Florence, que le baptême imprimant caractère, n’admet pas de réitération. Denzinger, n. 387, 590. C’est également la doctrine du concile de Trente. Voir Baptême d’après le concile de Trente. La profession de foi du pape Pie IV déclare qu’on ne peut pas réitérer le baptême sans sacrilège. Denzinger, n. 865.

V. INCORPORATION A JÉSUS-CHRIST ET A L’ÉGLISE. —

Incorporation à Jésus-Christ.

La vie surnaturelle

qui est produite en nous par la grâce de la régénération baptismale, est elle-même inséparable de notre incorporation à Jésus-Christ. En effet, dit saint Thomas, la vie n’existe que chez les membres unis à la tête, d’où ils reçoivent le sens et le mouvement : Vita non est nisi membrorum capiti unitorum. Sum. theol., III a, q. lxix, a. 5. Il faut donc que le baptême, qui nous donne une nouvelle vie, nous incorpore à Jésus-Christ comme ses membres. Ce raisonnement du docteur angélique, ou d’autres semblables, se retrouvent chez un grand nombre de scolastiques. Le concile de Florence rappelle lui-même cette vérité dans son décret aux Arméniens. Vitæ spiritualis janua est [baplismus] ; per ipsum enim membra Christi… efficimur. Denzinger, Enchiridion, n. 591. Le catéchisme du concile de Trente signale aussi cet effet du baptême. Part. II, n. 52. Au fond, cette incorporation à Jésus-Christ n’est pas autre chose qu’un aspect particulier de notre adoption divine. Voir Adoption surnaturelle, t. i, col. 425 sq. Voir aussi Grâce sanctifiante, Justification.

Incorporation à l’Église.

C’est la conséquencenécessaire

de notre incorporation à Jésus-Christ. Les anciens scolastiques se contentent de dire à ce sujet, avec et après les Pères, que le baptême est « la porte des sacrements » , janua sacramentorum. C’est déclarer, au fond, que le baptême nous fait entrer dans l’Église, et nous incorpore à elle de quelque manière. Le concile de Florence enseigne expressément cette doctrine, quand il dit : Primum omnium sacramentorum locumtenet sanctum baptisma, quod vitse spiritualis janua’est : per ipsum enim membra Christi, Ac DE CORPORE : efficimur ecclesi.e. Denzinger, Enchiridion, n. 591.. Les théologiens qui ont suivi le concile de Trente, obligés d’étudier plus à fond les droits et les pouvoirs de la véritable Église, ont été amenés peu à peu à mellre cette vérité en relief. Les théologiens contemporains, surtout, insistent volontiers sur ce point, et montrent que l’Église catholique, disposant seule des sacrements comme d’un bien authentique, peut revendiquer, comme lui appartenant en quelque manière, tous ceux qui reçoivent le baptême. Dans une lettre célèbre adressée à l’empereur Guillaume I er le 7 août 1873, le pape Pie IX affirmait hautement cette vérité. « Quiconque a été baptise, disait-il, appartient en quelque sorte et en quelque mesure au pape. » L. Billot, De sacramentis Ecclesiæ t.