Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
325
326
BAPTÊME D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE


fanls, peut sans doute leur accorder ici-bas, par une action mystérieuse, quelques rayons de lumière. C. XVII, n. 35 sq. De l’adulte, Calvin exige la pénitence et la foi, n. 43, p. 984.

Sans partager les erreurs protestantes, l’humaniste Érasme s’avisa de proposer que les enfants, après avoir été instruits de la doctrine chrétienne, fussent invités à déclarer s’ils ratifiaient ou non les promesses de leur baptême. S’ils s’y refusent, ajoutait- il, il vaudra peut-être mieux ne pas les forcer. On les laissera à eux-mêmes jusqu’à ce qu’ils reviennent à résipiscence, et on ne leur inlligera aucune peine, si ce n’est la privation de l’eucharistie et des autres sacrements. Præf. parap/ir. in Matth., édit. Leclerc, Leyde, 1703-1706, t. vu.

2. Doctrine catholique.

A. Tous les hommes, même les enfants, doivent être baptisés. — Le concile définit que le baptême n’est pas libre, mais nécessaire au salut. Sess. VII, De bapt., can. 5. Cette déclaration s’explique par deux autres dogmes : l’unique remède contre la tache originelle, c’est le mérite de Jésus-Christ appliqué aux adultes et aux enfants par le baptême, sess. V, can. 3 ; sans ce sacrement, nul n’obtient la justification, l’infidèle ne peut être justifié que par le baptême reçu ou désiré. Sess. VI, c. iv, vu. Et, parce que les erreurs de Zwingle et des anabaptistes l’exigent, le concile insiste surtout sur la nécessité du baptême des enfants. Voir ce qui a été dit de la rémission du péché originel par le baptême. Il définit ces trois propositions. Sess. V, can. 4 : a) Il faut que l’enfant soit baptisé (contre les adversaires du pédobaptisme). b) Il est nécessaire qu’il le soit pour obtenir la rémission du péché originel et la vie éternelle (contre les anabaptistes, Zwingle, Calvin), c) Il faut donner le sacrement, même si l’enfant est fils de chrétien (contre Calvin).

De ces propositions, il résulte qu’aux yeux du concile recevoir le baptême est non seulement un acte prescrit par Dieu et qu’on ne peut omettre par mépris sans pécher gravement, mais que c’est aussi employer un moyen sans lequel on est dans l’impossibilité d’être sauvé. Ce sacrement applique Vunique remède contre la faute originelle, il est l’unique cause de la justification, l’enfant lui-même ne peut être sauvé s’il ne le reçoit. Le baptême est donc de nécessité de moyen. C’est d’ailleurs le sens obvie des mots necessarium ad salutem. Le concile toutefois ne condamne pas l’enseignement reçu sur les baptêmes de désir et de sang. Il reproduit la thèse de saint Thomas : pour être justifié il faut avoir reçu ou désiré le sacrement. Sum. t/ieol., III a, q. lxviii, a. 2. Voir col. 275. Aussi, tous les théologiens catholiques postérieurs au concile ont admis l’efficacité de la contrition parfaite et de la mort soufferte pour le Christ, mais ils sont obligés de dire, pour rester fidèles à la doctrine ici définie, que si la charité et le martyre remettent le péché originel et justifient, c’est parce qu’ils sont unis au vœu du sacrement, du moins parce qu’ils l’expriment implicitement. Voir Contrition parfaite, Martyre.

Le concile a indiqué à quelle date le baptême est devenu obligatoire, moyen de salut indispensable, c’est depuis la promidgation de l’Évangile. Sess. VI, c. IV.

En affirmant la nécessité du sacrement, les Pères ont dû parler des enfants morts sans baptême. Ils ne disent qu’un mot : celui qui n’est pas baptisé ne peut obtenir lu ne éternelle ; c’est l’affirmation du concile de Cartilage de 418. En reproduisant cette affirmation, le concile a-t-il voulu condamner comme hérétiques, les théologiens qui, comme Cajetan, croient pouvoir faire arriver à la vie éternelle, en raison des prières de huis parents, 1rs enfants morts dans le sein de leur mère ? Certainement non. D’abord, à la session V 5, le concile ne parle que des enfants déjà nés, récentes ab uteris matriim. Et, plus tard, au cours des discussions antérieures à la VIIe session, les Pères se demandèrent s’il

y avait lieu de condamner Cajetan. Plusieurs membres

de l’assemblée prirent sa défense. Les légats ne proposèrent pas de canon contre lui ; ce n’était pas le moment, disaient-ils, d’étudier la question. Aucune condamnation ne fut portée. Aussi les théologiens (Suarez ne cite que Castro comme faisant exception), tout en rejetant la théorie de Cajetan, voir Baptême (Sort des enfantsmorts sans), ne la déclarent pas hérétique. De sacr., disp. XXVIII, sect. iii, n. 3, t. xx. p. 480. Vega se contente de dire : le concile insinue que les entants sont damnés, s’ils meurent même dans le sein de leur mère, sans avoir reçu le baptême. In Tridentinum, 1. V, c. xvi. 1 » . Soto dit que l’opinion de Cajetan est lausse. De nat. et grat., 1. II, c. x, p. 88. Suarez pense qu’elle s’écarle du sentiment ou des doctrines de l’Église, qu’elle est voisine de l’erreur ou erronée. Loc. cit. C’est aussi l’avis des théologiens postérieurs.

B. Tous les hommes à qui le baptême n’a pas encore été conféré peuvent le recevoir. — a) Ceux à qui le sacrement a déjà été donné ne peuvent pas être rebaptisés. — Le concile repend la déclaration d’Eugène III, Decr. pro Armenis, Denzinger, n. 590 : le baptême imprime un caractère, signe… ineffaçable, aussi ne peut-il être réitère. Sess. VII, De sacr. in génère, can. 9. C’est tout à la lois indiquer la loi : défense de rebaptiser, et la motiver : le chrétien ne perd jamais le caractère qu’a marqué dans son âme le sacrement. Essayer de réitérer, serait donc accomplir un acte illicite et sans valeur. Aussi n’est-il permis de le faire pour aucune raison ; ainsi l’enseigne le concile. Sess. XIV, c. n. Évidemment il en serait tout autrement, si le sacrement n’avait pas été vraiment et validement conféré la première fois : l’assemblée ne défend pas de baptiser, lorsqu’il en a été ainsi. Sess. VII, De bapt., can. 11. Mais elle condamne comme irrecevables toutes les autres raisons qu’on pourrait mettre en avant pour réclamer la réitération : ce n’est pas, définit-elle, en recevant une seconde fois le sacrement, que le chrétien pécheur est justifié, sess. XIV, c. n ; il n’y a pas à rebaptiser l’apostat qui a renié la foi chez des infidèles, sess. VII, De bapt., can. Il ; enfin, comme le baptême des enfants est valide, il ne faut pas leur donner à nouveau le sacrement quand ils arrivent à l’âge de discrétion. Sess. VII, De bapt., can. 13.

b) Tous ceux qui n’ont pas encore été baptisés peuvent l’être — a. Ils peuvent l’être validement. — Le baptême est nécessaire de nécessité de moyen, on peut en conclure qu’il est accessible à tous. Le cas des adultes ne souffre pas de difficultés. Par contre, la valeur du baptême des enfants ayant été contestée, le concile a voulu condamner les adversaires du pédobaptisme. Il rejette leur principale objection, censure la conclusion pratique qu’ils en tirent, motive la doctrine catholique. Le principal argument des anabaptistes était celui-ci : l’entant ne peut faire acte de foi. Il est défini par le concile que le petit enfant, bien qu’il ne pidsse pas croire d’une manière actuelle, doit cependant être compté jmrmi les fidèles s’il a reçu le baptême. Ce sacrement a donc été reçu par lui validement ; d’ailleurs le concile conclut : il ne faut pas le rebaptiser quand il arrive à l’âge de discrétion. Il indique la raison pour laquelle le sacrement de la foi petit être conféré aux enfants. Ils sont baptisés in fide Eeclesiæ, en raison de la foi de l’Église. C’est l’enseignement que saint Thomas, Sum. theol., III a, q. lxviii, a. 9, ad l ura, 2um, emprunte à saint Augustin, Epis t., lxviii, P. L., t. xxxill, col. 359 sq. ; Dr pet eut. ment, et remis., 1. I, C. XXV, n. 39, P. L., t. xi.iv, col. 131 ; Cont. duas ep, Pelag., 1. 1, c. xxii, n. 40, /’. L., t. xi.iv, col. 570. Oflerts par la société chrétienne, les enfants croient par autrui ; de même qu’avant leur naissance, la nourriture de leur mère est leur nourriture, ainsi la foi de l’Eglise est leur foi. Peut-être aussi, le concile insinue-t-il que les enfants peuvent être validement baptisés pareeque le sacrement