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BAPTÊME DANS L'ÉGLISE ANGLICANE


dans la conscience du baptisé. Si la régénération tout ^entière a eu lieu dès avant le baptême, celui-ci est alors le sceau extérieur et intérieur de la grâce accordée au baptisé par le Dieu triple et un. En même temps, le baptême est la réception dans la communauté du Seigneur glorifié, qui y règne avec son Esprit, par la Parole et les Sacrements. » — Le baptême des enfants n’a plus les mêmes elléts que le baptême des adultes croyants. Les opinions de Bunke sont approuvées par le fameux Ad. Stocker, prédicateur de la cour royale de Prusse. — A. Gretillat, selon qui le « baptême de fondation, supposant la foi de l’adulte, était accompagné des effets de la foi chrétienne, rémission des péchés et régénération » , n’admet pas non plus qu’un « effet magique de régénération » soit produit dans l'âme de l’enfant baptisé ; il attribue « au rite par lequel le membre mineur de la famille chrétienne est introduit dans l'Église, uneefficacité proportionnelle aux degrés successifs de sa réceptivité morale » . Expose de théologie systématique, Paris, 1890, t. iv, p. 498. — E. Arnaud est l’adversaire du baptême des enfants, et croit qu'à « une époque de grande foi et de grande spiritualité » on finira par y renoncer. Manuel de dogmatique, Paris, 1890, p. 503. Pour lui, le baptême, symbole, sceau, gage de la rémission des péchés et de la régénération, est essentiellement et tout d’abord « l’acte extérieur par lequel un homme est constitué disciple du Christ et reconnu comme tel » (p. 491). On ne doit pas l’administrer tant que les effets dont il est le signe ne sont pas produits.

A la vérité, si le baptême est un signe sans efficacité 1, la question du baptême des enfants n’a plus le même int Têt. Les réformés ne s’y attardent pas ; des 1618, ils déclaraient au synode de Dordrecht (a. 17) « que la parole de Dieu déclarant saints les enfants des fidèles, non par nature, mais par l’alliance où ils sont compris avec leurs parents, les parents ne doivent pas douter de l'élection et du salut de leurs enfants qui meurent dans ce bas âge » . Si donc la Discipline des Eglises réformées de France, t. xi, a. 17, voir E. Bersier, Histoire du synode général de l’Eglise réformée de France (1872), Paris, 1872, t. il, Appendice, recommande aux consistoires d’avoir l'œil « sur ceux qui, sans grandes considérations, gardent leurs enfants longtemps sans être baptisés » , c’est à cause des engagements que les parents prennent au nom des enfants présentés au baptême. Où l’action divine a été écartée, les promesses de l’homme sont tout.

Ainsi, d’après Ph. Wolff, Le baptême, l’alliance et la famille, Paris, 1860, le baptême « est un engagement solennel, un traité conclu avec l'Éternel, un premier bien de l'Évangile, précédant la foi et y conduisant (p. 271)… Les apôtres se sont toujours hâtés de conférer le baptême à l’issue de leur prédication, et avant même que les auditeurs aient pu se séparer… Il s’agissait pour eux de changer un assentiment nouveau et vague à l'Évangile en un fait et une réalité qui liât leurs auditeurs » (p. 273). Après le baptême seulement, on instruisait les disciples, pour les préparer au baptême de l’Ksprit-Saint. — « Le baptême, dit le pasteur A. Decoppet, Catéchisme populaire, Paris, 1901, représente la conversion de l'àme… Celui qui reçoit le baptême déclare qu’il s’engage à vivre d’une vie nouvelle et sainte. Le petit enfant, ne pouvant prendre un tel engagement, ses parents le prennent pour lui en le. consacrant à Dieu. » Plus tard « il est invité à approuver, à confirmer les engagements qu’on a prisa sa place lors de son baptême. C’est cette déclaration, entièrement libre et permanente, qu’on appelle la confirmation du vœu du baptême… Elle est donc un des actes les plus importants de la vie » (p. 66-67). — La cérémonie du baptême

« serait nulle, dit N. Lamarcbe, Cours d’instruction religieuse, chrétienne, protestante, Paris, 1900, p. 146, si

les promesses faites au baptême par le parrain et la

marraine n'étaient pas ratifiées par les enfants arrivés à l'âge de raison » . — Pour L. Marc, Le baptême dans l’Eglise réformée comparé au baptême dems l’Eglise apostolique, Strasbourg, 1860, p. 34, la confirmation, ou réception des catéchumènes, ou ratification du vœu du baptême, est « le véritable baptême au sens spirituel du mot ; c’est le baptême introduisant dans l'Église du Christ, dans l'Église représentation extérieure du royaume des cieux sur la terre » .

Les réformateurs ne reconnaissaient que deux sacrements parce que, disaient-ils, Jésus-Christ n’en avait institué que deux. On nous affirme maintenant que Jésus-Christ n’a pas institué de baptême. « 7/ n’y a pas àproprement parler de baptême chrétien, dit Ad. Duchemin, L’institution du baptême, Lyon, 1883, p. 46. Le baptême, dans l'économie chrétienne, symbolise la continuation toujours nécessaire, et par conséquent légitime, du ministère préparatoire de Jean-Baptiste. Sa place est au seuil de l'Église, aussi près qu’on voudra de ce seuil, mais en dehors. » — A en croire II. Cabanis. L'évolution de Vidée du baptême depuis Jean-Baptisle jusqu'à saint Paul, Cahors, 1900, p. 21, on ne sauraitvoir dans les paroles rapportées par saint Matthieu, XXVIII, 18-21 : Faites disciples toutes les nations, les baptisant…, « l’institution d’un baptême chrétien pouvantsauver les pécheurs… Il s’agit toujours du baptême de Jean dont Jésus confirme une fois de plus l’utilité. « —Disons, enfin, que de nombreux critiques protestants, dont on trouvera une énumération dans H. J. Holtzmann, Neutestamentliche Théologie, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. i, p. 379, ne reconnaissent pas comme historique ce passage de saint Matthieu, pas plus que le verset de saint Marc, xvi, 16 : Qui crediderit et baptizatus fuerit, salvus erit. D’aprèsA. Harnack, Dogmengesc)iichte, 3e édit., 1894, t. I, p. 76, on ne peut pas prouver directement que Jésus ait institué le baptême ; il est toutefois croyable que la tradition a eu quelque raison de faire remonter jusqu'à Jésus l’obligation d’un baptême nécessaire au salut. Voir col. 172-173.

Pratique.

Il est important de noter ici que les

protestants de langue française donnent le nom de baptême par aspersion à ce que les catholiques appellent baptême par infusion. Le pasteur A. Duchemin distingue deux manières d’administrer le baptême, l’immersion et l’aspersion. « L’aspersion, dit-il, se fait en répandant avec la main ou avec un vase de petite dimension une légère onction d’eau sur la tête du néophyte. » A. Duchemin et L. Monod, Le baptême et la liberté chrétienne, Paris, 1875, p. 5. Il n’ignore pas que saint Charles Borromée énumère trois modes du baptême, ministratur baplismus triplici modo, immersione, infusione aqum et aspersione, et voici comme il entend Yinfusio aqum : « Une troisième manière de baptiser paraît avoir été fort usitée dans les temps anciens : je la crois entièrement abandonnée de nos jours. Elle consiste à faire, soit sur la tête inclinée du disciple, soit sur tout son corps, une abondante effusion d’eau, de telle sorte qu’il en soit couvert, inondé, revêtu » (p. 10). Il ne manque à cette description du baptême parin/'itsiow qu’un trait —les catéchumènes d’autrefois avaient les pieds dans une eau peu profonde — pour qu’elle nous mette sous les yeux le baptême par immersion, tel qu’il a été pratiqué dans toute l’antiquité chrétienne, du moins en Occident. Voir col. 186, 238.

Les Règlement* adoptés par le Synode général de l'Église évangélique de la Confession d’Augsbourg, tenu à Paris en 1881, contiennent, tit. II, c. iv, les articles suivants : A. 23. Les baptêmes se font à l'église. Ceux à domicile ne peuvent être accordés par le pasteur de la paroisse qu’après demande formelle et motivée sur la maladie ou la grande faiblesse de l’entant. — A. 24. Les enfants qui, en cas de nécessité, auront été baptisés par des laïques, et ceux baptisés à domicile par le pas-