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BAPTÊME (SORT DES ENFANTS MORTS SANS)


îunts. Ils prétendaient rendre ainsi les morts invisibles et supérieurs aux dominations et aux puissances au milieu desquelles ils se trouvent.

L’auteur des Excerpta ex scriptis Theodoti, 22, P. G., t. IX, col. 668-669, nous a conservé l’interprétation que Théodote, disciple de Valentin, donnait du texte de l’Apôtre, I Cor., xv, 29. Saint Paul veut dire que les anges, dont nous sommes les membres, sont baptisés pour nous, qui sommes morts et condamnés à la mort. Si les morts ne ressuscitent pas, pourquoi sommes-nous baptisés ? Nous ressusciterons donc et nous ressemblerons aux anges, qui sont baptisés, pour qu’ayant un nom nous ne soyons pas empêchés d’entrer dans le plérôme. C’est pourquoi les valentiniens terminent la prière qui accompagne l’imposition des mains par ces mots : sic VjTpoxrtv âyyeXtxr|V. Le baptême assure donc aux hommes la rédemption des anges. Le catéchumène dont l’ange a d’abord été baptisé reçoit par le baptême la rédemption pour lui-même, car au commencement les anges ont été baptisés au nom de celui qui est descendu sur Jésus en forme de colombe et qui l’a racheté lui-même. Pour l’intelligence de cette opinion, voir l’extrait 21, et les notes de Combefïs, loc. cit.

III. Chez les catholiques.

Le pélagien Julien d’Éclane, dans un endroit de sa réponse aux livres que saint Augustin avait composés contre lui, cite le texte de saint Paul. Ce fut l’erreur de quelques égarés, au début de l’Évangile, de croire, dit-il, que les assistants faisaient la profession de foi pour les défunts et aspergeaient ensuite le corps du mort avec de l’eau baptismale ; simple effet de la bêtise, car l’Apôtre a voulu faire allusion à l’ensevelissement avec le Christ dans la mort par le baptême et à la disposition des baptisés à mortifier désormais leur corps. Saint Augustin, qui reproduit ce passage, ne nie pas le fait rappelé par Julien et il ne réfute pas cette interprétation du texte de l’Apôtre, quia ea quse dixisti, (jvamvis in nonnullis sensxim non tenueris ejus auctoris, tamen non sunl contra fidem. Cont. secund. Juliani respons. opus imperf. , 1. VI, 38, P. L., t. xlv, col. 1597. On sait, d’ailleurs, que, du temps même de saint Augustin, il se rencontrait en Afrique des esprits assez simples pour pratiquer le baptême des morts. Le IIIe concile de Cartilage, de 397, dut blâmer cet excès de naïveté ; car on ne peut pas plus baptiser les morts qu’on ne peut leur donner le sacrement de l’eucharistie. Can. 6, llardouin, Act. concil., t. i, col. 961. Ce canon est abrégé par Angelramne sous le titre de canon 19 de Carthage : ut mortuis nec eucharistia nec baptismus detur, P. L., t. xcvi, col. 1049 ; mais Burchard le reproduit au titre De mortuis non baptkandis, 1. IV, c. xxxvii : Cavendum est ne mortuos etiam baptizari posse fralrum infirmitas credat. P. L., t. cxl, col. 734. Beaucoup plus tard, mais toujours en Afrique, Ferrand demanda à saint Fulgence, évêque de Ruspe, pourquoi l’on ne baptisait pas ceux dont le désir du baptême avait été notoire et qu’une mort subite avait privés de la grâce de ce sacrement. Epist., xi, 4, P. L., t. lxv, col. 379. Fulgence répond : Nous ne baptisons pas les morts, parce qu’aucun péché, originel ou actuel, n’est remis après la mort. Quelque ardente qu’ait donc été leur volonté de recevoir le baptême, s’ils viennent à mourir avant de l’avoir reçu, ils ne peuvent le recevoir après leur mort. Epist. ad Ferrand., xii, c. ix, 20, ibid., col. 388.

H. Muller, Dissertatio de baptismo pro mortuis, in-4° Rostock, 1665 ; F. Spanheim, De veterum propter mortuos baplismo diatriba, in-12, Leyde, 1673 ; J. Hardouin, De baptismo qusestio triplex : De baptismo pro mortuis, etc., in-4° Paris, 1687 ; Tilesius, Exercitatio theologica de baptismo pro mortuis, in-4% 1695 ; G. Olearius, Observationes philologicse de baptismo pro mortuis, in-4° Leipzig, 1704 ; Herrenbaur, Disputatio theologica de baptismo super mortuis, in-4° Wittemberg, 1711 ; C. L. Schlichter, Dissertatio de baptismo W.ïf tùv

DICT. DE TIIÉOL. CATHOL.

vexjJSv, in-4° Brème, 1725 ; Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 418-421.

E. Mangenot.’BAPTEME (Sort des enfants morts sans). — I. Ces enfants subissent la peine du dam, c’est-à-dire sont exclus de la vision béatifique. II. Ils ne souffrent pas la peine du sens. III. Jouissent-ils de quelque bonheur naturel ? IV. Objections et réponses.

I. Les enfants morts sans baptême subissent la

    1. PEINE DU DAM##


PEINE DU DAM, C’EST-A-DIRE SONT EXCLUS DE LA VISION

béatifique. — L’Écriture enseigne clairement cette vérité, quand elle dit : Nisi quis renalus fuerit ex aqua et SpirituSancto, nonpotest introire in regnum Dei. Joa., m, 5. Les pélagiens eux-mêmes sentaient si bien la force de ce texte, que, pour y échapper, ils imaginèrent une distinction entre le royaume de Dieu, dont le baptême seul ouvrait l’entrée, et la vie éternelle, où l’on pouvait parvenir sans recevoir le sacrement. Saint Augustin fit bonne et prompte justice de cette distinction aussi nouvelle que futile. Voir Baptême chez les Pères. Les pélagiens, du reste, employaient un autre argument pour soutenir leur théorie. S’appuyant sur le texte : In domo Patris mei mansiones mullx. sunt, Joa., xiv, 2, ils prétendaient qu’il y avait dans le royaume des cieux ou quelque part ailleurs, un lieu intermédiaire, où les enfants morts sans baptême vivaient heureux, partageant plus ou moins avec les élus le bonheur surnaturel de la vision béatifique. Cette prétention fut condamnée par une décision synodale, généralement attribuée au IL’concile de Milève (416), et reproduite par le concile plénier de Carthage (418), tous deux approuvés par le pape. Si quis dicit ideo dixisse Dominum : IN domo patris mei mansiones mL’lt.e SUNT, ut intelligatur quia IN REGNO CjElorum erit aliquis médius AUT ullus alicubi locus ubi deate vivant parvuli qui sine bajiïismo ex hac vila migrarunt, sine quo in regnum cœlormn qvod est vit a .eterna intrare non possunt, anatliema sit. Denzinger, Enchiridion, n. 66. Voir, sur l’authenticité de ce canon, Milève (Conciles de). C’était déclarer, en termes très clairs, que les enfants morts sans baptême sont exclus de la vision béatifique. Les Pères ont enseigné souvent la même doctrine, d’une façon équivalente, en affirmant la nécessité absolue du baptême pour être. sauvé. Voir Baptême chez les Pères. Voir aussi les textes cités au paragraphe suivant. Cette doctrine fut souvent rappelée dans la suite par les papes et les conciles. Signalons, entre autres, la décrétale d’Innocent III, où il est dit que « la peine du péché originel est la privation de la vue de Dieu » , Denzinger, Enchiridion, n.341 ; la déclaration du concile de Florence, où il est dit que le sacrement de baptême est le seul moyen pour les enfants d’échapper à l’empire du démon, et de devenir enfants de Dieu : Cum ipsis (pueris) non possit alio remedio subveniri, nisi per sacramentum baptismi, per quod eripiuntur a diaboli dominatu et in Dei filios adoptantur, etc., Décret, pro Jacob., Denzinger, n. 603 ; la définition du concile de Trente sur la nécessité du baptême pour le salut éternel des enfants, sess. V, can. 4 ; enfin les différentes professions de foi que les papes et les conciles ont prescrites aux orientaux (voir Denzinger, n. 387, 588, 870, 875) et d’après lesquelles « descendent aussitôt en un lieu inférieur, in infernum descendere, les âmes de ceux qui meurent avec le seul péché originel » .

Tous ces documents prouvent, d’une façon évidente, combien sont inutiles et vaines les tentatives faites par quelques théologiens pour trouver, en cas de nécessité, un équivalent quelconque au baptême, et assurer par ce moyen le salut éternel des enfants non baptisés. — 1. Au premier rang de ces opinions inacceptables est celle de Cajetan, qui émettait comme une hypothèse très vraisemblable l’opinion que les prières des parents pouvaient, d’une façon régulière et normale, obtenir à leurs enfants le bienfait de la justification et du salut, quand il était

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