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BARNABITES — BARNES


trois ans, tranche les questions en dernier ressort, nomme les supérieurs, a seul le pouvoir de légiférer. Leurs règles fuient approuvées à Milan, dans un chapitre présidé par saint Charles Borromée. — Primitivement, ils devaient être les auxiliaires du clergé dans la lutte contre le protestantisme, dans la réforme des mœurs. Prédication, administration des sacrements, missions à l’intérieur ou chez les hérétiques et les infidèles, toute œuvre enfin qui tend à la sanctification des âmes entre dans leur but. Ainsi ils se chargent souvent de gouverner des paroisses, établissent et dirigent des patronages et des congrégations pieuses, tiennent des écoles publiques et des maisons d’éducation. Ils ont été parfois employés à des réformes partielles du clergé régulier et séculier. Saint François de Sales les introduisit en Savoie où ils parachevèrent son œuvre ; Henri IV les appela en Béarn qu’ils ramenèrent à la foi catholique. Ils eurent des missions en Birmanie et en Suède. On leur doit un des premiers catéchismes parus, rédigé par le bienheureux Alexandre Sauli, évêque d’Alérie (Corse), puis de Pavie, traduit par saint François de Sales. Leur action théologique est toute individuelle. On attribue à leur fondateur l’institution des Quarante heures. Un des leurs, le P. Lacombe, directeur de M me Guyon, tomba dans le quiétisme. Gerdil s’éleva contre le synode de Pistoie, composa la fameuse bulle dogmatique Auctorem fidei promulguée par Pie VI vers la fin de l’année 1794, tint tête presque à lui seul au mouvement encyclopédiste, réfuta J.-J. Rousseau, Locke et Condillac, publia ses Considérations sur la religion, qui se recommandent par leur valeur littéraire et doctrinale, joua un très grand rùle dans la rédaction du Concordat de 1801 et la réorganisation religieuse en France comme le prouve sa correspondance avec M. Émery. Bilio, un des cinq présidents du concile du Vatican, fut spécialement chargé de la commission De fide. — On peut citer comme s’étant acquis un grand renom dans les sciences théologiques : 1° pour le dogme : Joseph Cacherano (1535-1685), auteur d’une Theologia assertiva, 4 in-fol. ; Alexandre Ugo (1726-1795) de Nice, lnstitutiones theologicse ad usum seminarii Bononiensis, 2 vol. ; Fortunatus Venerio, de Udine (16951763), Cursus theoiogicus, 8 in-fol. dédiés à Clément XII et à Benoît XIV ; Jean-Claude Pozzobonelli (1655-1718), Qusestiones selectse in J anl, ll* m et IIl* m parlem Summæ S xi Thomse ; 2° pour la morale : François Rotarius, d’Asti (1660-1748) ; Alexandre Maderno (1618-1685) ; Grégoire Rossignoli (1638-1715) auquel on a souvent recours dans les questions épineuses et que cite avec éloge le pape Benoit XIV. — C’est surtout dans les manuscrits in-folio conservés aux archives des différentes Congrégations romaines où les barnabites ont toujours eu des consulteurs de grand talent, que se manifeste l’action théologique de cette congrégation.

Barelli, Memorie, 2 in-fol., Bologne, 1703-1707 ; Ungarelli, Bibliotheca scriptorum e-congr. cler. reg. S. Pauli, Rome, 1836 ; Moltedo, Vita tli S. Antonio-Maria Zaccaria, Florence, 1897 ; Dubois, Vie de S. Antoine-Marie Zaccaria, Tournai.

C. Bkrthet.

    1. BARNES##


1. BARNES, BARNS Jean, bénédictin anglais du XVIIe siècle. Après avoir commencé ses études à Oxford, il se convertit au catholicisme et vint à l’université de Louvain. Il entra ensuite chez les bénédictins anglais contraints d’avoir leurs monastères sur le continent. Ordonné prêtre, il passa en Angleterre, mais ne tarda pas à y être arrêté et fut déporté sur les côtes de Normandie d’où ses supérieurs l’envoyèrent à Dieulouard en Lorraine. Il y enseigna la théologie, ainsi qu’au monastère de Saint-Edmond de Douai. Plus tard il fut confesseur des religieuses bénédictines de l’abbaye de Chelles et devint assistant du général de la congrégation de Valladolid d’où dépendaient alors les bénédictins anglais. Mais ceux-ci obtinrent de former une congrégation régie

par un chef de leur nation reconnu par Rome. Barnes refusa de se joindre à ses compatriotes, attaqua vivement le bref d’érection et publia contre ses confrères : Examen trophœorum congregationis preetensse anglicanes ordinis S. Benedicli, in-8°, Reims, 1622, ouvrage qui fut réfuté par le bénédictin Clément Reyner dans VApostolatus benedictinorum in Anglia, in-fol., Douai, 1626. Peu après contre les doctrines du jésuite Lessius, au sujet des restrictions mentales, il publia Dissertatio contra œquivocationes, in-8°, Paris, 1625, qui fut aussitôt traduit en français : Traicté et dispute contre les équivoques, in-8°, Paris, 1625. Cet ouvrage, revêtu de l’approbation de la faculté de théologie de Paris fut mis à l’Index et le jésuite Th. Raynaud l’attaqua vivement sous un nom supposé : Splendor veritatis moralis collatus cum tenebris mendacii et nubilo œquivocationis ac mentalis restrictionis addita depulsione calumniaruni quibus J. Bamesius anglus 0. S. H. monachus Leonardum Lessium S. J. tlwologum oneravit. Per Fr. S. Emonerium ord. min. convent. S. T. D., in-8°, Lyon, 1627. Dans un autre ouvrage publié en anglais : De la suprématie des conciles, J. Barnes attaqua avec vivacité les prérogatives du pontife romain. Ne reconnaissant plus l’autorité du supérieur de la congrégation de Valladolid, n’admettant pas la nouvelle congrégation anglaise, il ne reculait pas devant les thèses les plus hasardées et était accusé, non sans raison, de vouloir faire un singulier mélange des dogmes catholiques et des erreurs protestantes en Angleterre. Aussi sur des plaintes venues de Rome, il fut arrêté à Paris le 5 décembre 1626, conduit à Cambrai et enfermé au château de Wœrden près de Bruxelles, d’où il fut dirigé vers Rome sous bonne escorte. Il mourut dans cette ville après avoir passé une trentaine d’années dans les prisons de l’inquisition, ou, selon quelques auteurs, dans une maison d’aliénés. Il laissait manuscrit un ouvrage Ca-Iholico-romanus paci/icus, que les protestants firent imprimer à Oxford, in 8°, 1680, et qui est reproduit dans l’appendice de la seconde édition publiée par E. Broun, in-fol., Londres, 1690, du Fasciculus rerum expetendarum et fugiendarum d’Ort. Gralius. On attribue encore à J. Barnes un traité De antiqua ecclesise brilannicse libertate et privilegiis, publié à la suite de deux opuscules de Jacques Usserius, in-8°, Londres, 1681.

Ziegelbauer, Hist. rei literarise ord. S. Benedicti, 4 in-fol., Vienne, 1754, t. ii, p. 188 ; dora François, Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de S. Benoit, t. i, p. 93 ; Hélyot, Hist. des ordres religieux, in-4-, Paris, 1718, t. VI, p. 283.

B. Heurterize.’2. BARNES Robert, docteur en théologie et chapelain du roi d’Angleterre Henri VIII. Vers l’an 1530, il séjournait à Wittemberg dans la maison même de Luther ; en 1535 Henri VIII, qui venait de faire annuler son mariage avec Catherine d’Aragon, le chargea de demander l’avis des théologiens protestants sur cette question ; il parait qu’il retrancha de cette consultation ce qui était contraire aux désirs du prince. Il était depuis longtemps gagné à la doctrine de Luther et dès 1530 avait publié en latin un ouvrage sur les Articles de sa foi, contenant dix-neuf thèses conformes aux principes de Luther ; l’ouvrage fut traduit en allemand et publié à Nuremberg en 1531. En 1536, il lit paraître une Vie des papes depuis saint Pierre jusqu’à Alexandre II, Lires of the Popes from St. Peter to Alexander 11. L’ouvrage est dédié à Henri VIII ; il contient une préface de Luther et les papes y sont fort maltraités. Une autre édition parut à Leyde en 1615. De retour en Angleterre, il s’efforça de répandre ses idées et prêcha contre Gardiner, évéque de Winchester, qui, dans un sermon, avait attaqué la doctrine luthérienne de la grâce. Dénoncé pour ce fait à Henri VIII, il fut condamné à se rétracter publiquement, mais on ne put obtenir de lui qu’un désaveu équivoque et insuflisant. Entermé comme hérétique à la