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BEAUCAIRE DE PEGUILLON — BEAUSOBRE


ceux qui avaient sacrifié leur vie pour la cause de la foi, parmi lesquels se trouvait son propre neveu, l’orateur représenta avec une louable franchise aux Pères du concile que s’ils ne faisaient pas céder leurs intérêts personnels à ceux de la religion, et s’ils se conduisaient par des vues secrètes, le concile serait plus nuisible qu’avantageux à l’Eglise. Voir N. Psaume, Colleclio aclorum concilii Tridentini, dans Le Plat, Monument, ad hist. conc. Trid., t. vu b, p. 111 ; cf. p. 206, 350, 351. Ce discours, imprimé d’abord à Brescia, in-4°, 1563, est reproduit à la fin de l’ouvrage de Msr Beaucaire sur l’histoire de France, dont il sera parlé plus loin, et par Le Plat, Monument, ad hist. conc. Trid., Louvain, 1781, t. i, p. 573-586.

L'évêque de Metz prit part aux discussions tbéologiques qui s’agitaient alors au sein du concile. Le 4 décembre 1562, il soutint avec énergie, en congrégation générale, le sentiment que les évêques reçoivent leur autorité immédiatement de Dieu et non du pape, que la puissance de celui-ci n’est pas illimitée, à tel point, dit Pallavicini, qu’il « dépassa beaucoup les justes limites » . Histoire du concile de Trente, 1. XIX, c. vi, n. 5, 6, édit. Migne, 1815, t. iii, col. 62-63. Cf. A. Theiner, Acta authentica ss. œcum. conc. Trid., Agram, t. ii, p. 192, 609, 657. Le 22 décembre, il émit aussi son avis sur la résidence des évêques, qu’il déclarait de droit divin, lbid., p. 215, 633. Il se ralliait sur ce point au sentiment du cardinal de Lorraine. Le 26 juillet, le Il août et le 9 septembre 1573, il émit son avis sur les canons concernant le mariage. Theiner, loc. cit., p. 321, 355, 395. Comme, après de longues disputes on était très embarrassé pour la rédaction du décret relatif à la clandestinité, ce fut lui qui rallia la majorité à son sentiment ; il rédigea le texte qui est aujourd’hui dans les Actes du concile ; ce texte fut approuvé par 133 Pères contre 56. P. Sarpi, Histoire du concile de Trente, trad. Mothe-Josseval, 1683, p. 728 ; Spondanus, Annales ecclesiastici, an. 1563, p. 39. Cf. Le Plat, Monument., t. vu b, p. 227, 233.

De retour dans son diocèse, après la conclusion du concile, au commencement de 1561, l'évêque Beaucaire essaya de résister à l’invasion du calvinisme, qui faisait de grands progrès à Metz et dans le diocèse. Il publia en 1566 un petit livre en latin, pour réfuter leurs principales erreurs. Cet opuscule, qui n’est que le développement d’un sermon prononcé le jour de la Purilication, parut sous le titre : Belcarii Peguilionis, episcopi Metensis, concio sive libellus, adversus impium Calvini ac calvinianorum dogma de infantium in matrum uteris sanctificatione : in quo pleraque alia Calvini etiam dogmata expenduntur, in-8°, Paris, 1566. L’auteur établit, à l’aide de l'Écriture, que les enfants nés de parents chrétiens n’en sont pas moins sujets au péché originel et ont besoin d'être baptisés. Il traite aussi de la concupiscence, qui n’est pas péché si elle n’est pas volontaire, de la justice « imputée » , du purgatoire, de la prédestination, des effets du baptême, des exorcismes ; il examine s’il convient aux femmes d’administrer le baptême et de chanter des psaumes dans les assemblées. Il traite enfin de l’eucharistie. Les calvinistes ayant attaqué ce livre, l'évêque en fit paraître une seconde édition en

1567, où il répond à leurs objections. Béze, Hist. eccl., 1. XVI, p. 139.

Cependant les troubles que les protestants excitèrent dans la ville de Metz portèrent Beaucaire, qui aimait le calme et la solitude, à se démettre de son évêché en

1568. Il se retira dans son château de Creste et s’y livra entièrement à l'étude. C’est là qu’il composa un grand ouvrage intitulé : Rerum Gallicarum commentaria ab anno 1401 ad annum 1580, divisé en trente livres ; malgré la date portée au titre, cet ouvrage ne va cependant que jusqu’en 1567. Suivant le désir de l’auteur, il ne parut qu’après sa mort, in-fol., en 1625, Lyon. — Ms r Beaucaire a laissé aussi quelques pièces de vers que

l’on trouve dans les Deliciie poetarum Gallorum illustriez. Il est mort le 14 février 1591.

En dehors des ouvrages déjà cités, Meurisse, Histoire des evesques de l'Église de Metz, Metz, 1633, p. 626 ; Histoire générale de Metz par des religieux bénédictins, Metz, 1775, t. iii, p. 69-106 ; Bayle, Dictionnaire historique et critique, 1820, t. iii, p. 218 ; Calmet, Bibliothèque lorraine, Nancy, 1751, col. 87-88 ; Gallia christiana, Paris, 1785, t. xiii, col. 795-797.

J.-B. PELT.

    1. BEAUMONT (Mademoiselle de)##


BEAUMONT (Mademoiselle de), jeune fille protestante, d’une famille noble du Vivarais, alliée à la maison de Villeneuve, fut mise dans un couvent après la mort de son père. Elle étudia la doctrine des protestants et se convainquit qu’elle était erronée. Non contente de se faire catholique, elle écrivit un ouvrage de controverse : Réponses aux raisons qui ont obligé les prétendus réformés à se séparer de l’Eglise catholique et qui les empêchent maintenant d’y rentrer ou de s’y tenir. Ouvrage propre à détromper les Itérétiques et à confirmer les catholiques dans leur foi, Paris, 1718. C’est un résumé des objections que les protestants opposent aux catholiques et des réponses que ceux-ci y font. Il fit quelque bruit, et tout en paraissant mépriser l’auteur, Jacques Lenfant crut nécessaire de le réfuter dans son Préservatif contre la réunion avec le siège de Rome, ou apologie de notre séparation d’avec ce siège, contre h' livre de M"e de B…, dame prosélyte de l’Eglise romaine, et contre les controversistes anciens et modernes, 4 in-8°, Amsterdam, 1723 ; réimprimé la même année en 5 in-8°.

Mémoires de Trévoux, mai 1719, p. 826-863 ; Moreri, Supplément, Bàle, 1743, t. I, p. 699 ; Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, Paris, 1880, t. viii, p. 137-138.

E. MANGENOT.

    1. BEAUNE (Jean de)##


BEAUNE (Jean de), dominicain bourguignon, inquisiteur dans le midi de la France (1316-1333j. On possède de lui différentes sentences inquisitoriales. C’est par sa consultation sur les erreurs des fratricelles et de Jean-Pierre Olivi qu’il prend place dans ce dictionnaire. Ce document a été publié par Baluze, Miscellanea, Paris, 1678, p. 285 ; édit. Mansi, Lucques, 1761, t. ii, col. 273.

Quétif-Echard, Scriptores ord. prwd., t. i, p'. 585 ; Douais, Document* pour servir à l’histoire de l’Inquisition dans le Languedoc, Paris, 1900, part. I, p. cxxiii.

P. Mandonnet. BEAUSOBRE (isaac de), ministre protestant, né à Niort d’une famille originaire de Provence, le 8 mars 1659, mort à Berlin, le 5 juin 1738. Ministre à Châtillonsur-Indre en Touraine, il dut s’enfuir en Hollande pour éviter les poursuites qu’il s'était attirées soit en brisant le sceau d’un édit de Louis XIV, défendant aux pasteurs protestants d’exercer leurs’fonctions, soit pour avoir malgré cet arrêt tenu des réunions secrètes dans sa demeure. Il se réfugia à Botterdam, puis devint chapelain de la princesse de Anhalt-Dessau. En 1691, il était à Berlin et remplissait les mêmes fonctions près du roi et de la reine de Prusse. Il fut en outre conseiller du consistoire royal et inspecteur des églises françaises du royaume. Parmi ses écrits, il faut mentionner : Défense de la doctrine des Réformés, in-8°, Magdebourg, 1698 ; Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ, traduit en français sur l’original avec des notes littéraires pour éclaircir le texte, 2 in-4°, Amsterdam, 1718 : cet ouvrage fut publié avec la collaboration de Lenfant, et les Épilres de saint Paul sont de Beausobre ; Essai critique de l’histoire de Manichée et du manichéisme, 2 in-4°, le premier volume parut à Amsterdam en 1734 et fut justement critiqué par les auteurs des Mémoires de Trévoux. Beausobre se délendit avec vivacité dans une série d’articles publiés dans les tomes xxxvii-xliii de la Ribliothcque germanique. Le 2e volume parut en 1744 par les soins de