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BÈDE LE VÉNÉRABLE — BÉGHARDS, BÉGUINES HÉTÉRODOXES

Institution laïque, l. I, c. xiii, P. L., t. cvi, col. 147-148, etc., l’évêque d’Orléans, Jonas, rangera le moine de Jarrow parmi les Pères de l’Église, et le vieil auteur de l’Héliand s’inspirera ici et là des commentaires sur saint Luc et sur saint Marc. Vers la fin du xe siècle, Adelfrid de Malmesbury ne se fera pas faute, dans ses deux premiers recueils d’homélies, d’emprunter à Bède. Le diacre Florus de Lyon avait gagné, du moins en partie, sa réputation à remanier le Martyrologe ; ce Martyrologe, ainsi retondu, servira de base et de canevas, vers le milieu du ixe siècle, à celui de Raban Maur comme à celui de Wandelbert. Les liturgistes Amalaire de Metz, De eccl. officiis, l. I, c. i, vii, viii ; l. IV, c. i, iii, iv, vii, P. L., t. cv, col. 994, 1003, 1007, 1165, 1170, 1177, 1178 ; Florus de Lyon, De exposit. missæ, P. L., t. cxix, col. 15 ; les théologiens et les canonistes, Loup de Ferrières, Epist., cxxviii, ibid., col. 603 ; Collectaneum, col. 665 ; Rémi de Lyon, Liber de tribus epist., c. vii, P. L., t. cxxi, col. 1001 ; Hincmar de Reims, Epist. ad Carol., P. L., t. cxxv, col. 54 ; De prædestinatione, c. xxvi, ibid., col. 270 ; les ascètes, saint Benoit d’Aniane, Concordia regularum, c. xxxvi, 6, P. L., t. ciii, col. 1028 sq., recourent à l’autorité de Bède.

Les œuvres historiques de Bède seront également citées et mises à contribution. Paul Diacre, par exemple, dans son Histoire romaine et dans son Histoire des Lombards, prendra pour guide, entre autres, la Chronique ; Frékulf et saint Adon au ixe siècle, Réginon de Prüm au xe siècle, en relèveront et y puiseront à pleines mains. L’Histoire ecclésiastique sera traduite, hormis quelques coupures, en anglo-saxon par Alfred le Grand ; elle sera aussi la grande mine exploitée par Paul Diacre, dans sa Vie de saint Grégoire le Grand ; par Jean Diacre, cent ans plus tard, dans sa biographie du même pontife ; par Radbod dans son panégyrique de saint Suitbert ; par Hucbald dans sa vie de saint Lébuin ; et l’archevêque de Reims, Hincmar, s’en autorisera pour publier les visions de Bernold. Raban Maur, dans son traité Du comput, pillera des pages entières du De temporum ratione. Adelfrid de Malmesbury à son tour traduira le Liber de temporibus, et le savant Héric d’Auxerre l’enrichira de ses gloses.

Les œuvres scientifiques et littéraires du moine de Jarrow ne resteront pas non plus sans influence. Le traité De l’orthographe marquera visiblement de son empreinte l’opuscule d’Alcuin sur le même sujet ; et Bridferth, au xe siècle, devra sa réputation de mathématicien à ses gloses latines sur le De naturel rerum et sur le De temporum ratione, P. L., t. xc, col. 187 sq.

I. Éditions.

Les premières éditions des œuvres complètes de Bède, Paris, 1544, 1554 ; Baie, 15C3 ; Cologne, 1613, 1088, wurmillaient de lacunes et d’erreurs. Grâce aux travaux de Cassandre, d’Henri Canisius, de Mabillon, etc., le tri de l’apocryphe et de l’authentique s’est fait peu à peu ; les lacunes ont été comblées par d’heureuses trouvailles. Smith donna une meilleure édition à Londres en 1721 ; une autre, supérieure encore, bien qu’elle ne dise pas le dernier mot, est celle de Giles, 6 vol., Londres, 1844, reproduite et complétée, P. L., t. xc-xcv ; nouvelle édition par Plummer, 2 vol., 1896.L’Histoire ecclésiastique a été éditée par Robert Hussey. Oxford, 1805 ; par Mayor et Lumby, 1878 ; par Hokler, 1882. Mnmmscn a réédité à part le Chronicon de sex œtatibus mundi, dans Monumenta germanica historica, Auctores antiquissimi, Berlin, 1895, t. xiv. La vie de saint Cuthbert a été éditée par les bollandistes, Acta sanct., martii t. m.

II. Travaux.

Prolegomena de l’édition de Migne, P. L., t. XC, col. 9-124, où se trouvent réunies plusieurs vies de Bède, avec les jugements de divers critiques ; Gehle, De Bedse venerabilis vita et scriptis, Leyde, 1838 (dis.) ; Montalembert, Les moines d’Occident, Paris, 1807, t. v, p. 59-104 ; Werner, Beda der Elirwiirdige und seine Zeit, Vienne, 1881 ; A. Ébert, Histoire générale de la littérature du moyen âge en Occident, trod. franc, P.iris, 1883, p. 006-084 ; Kraus, Histoire de l’Église, trad. franc., Paris, 1902, t. ii, p. 100-101 ; dom Plaine, Le vénérable Bède, docteur de l’Église, dans la Revue anglo-romaine, 1896, t. iii, p. 49-96 ; H. Quentin, Les martyrologes liistoriques, Paris, 1908.

P. Godet.

    1. BÉDÉ DE LA GOURMANDIÈRE Jean##


BÉDÉ DE LA GOURMANDIÈRE Jean, jurisconsulte protestant, né en Anjou dans la seconde moitié du xvie siècle. Il étudia à Genève et devint avocat au parlement de Paris. Il fut un des chefs du parti protestant et fut député par ses coreligionnaires à l’assemblée de Loudun et à d’autres réunions semblables. Parmi ses nombreux écrits nous mentionnerons : La messe en français, exposée par M. Jean Bédé, in-8°, Genève, 1610, ouvrage traduit en anglais, in-4°, Oxford, 1619 ; L’unité catholique, in-8°, Saumur, 1610 ; Le droit des rois contre le cardinal Bellarmin et autres jésuites, in-8°, Frankentliall, 1611 : écrit qui fut supprimé par ordre de la cour ; Les droits de l’Église catholique et de ses prêtres, in-8°, Genève, 1613 ; Consullatioti sur la question si le pape est supérieur du roi en ce qui est du temporel, in-8 » , Paris, 1615 ; Béponse au libelle publié par les jésuites de Paris contre la dignité de la sainte Écriture, in-8°, Charenton, 1618 ; Ceci est mon corps, traité auquel est déduicte l’histoire de l’Évangile des grâces avec ses sceaux sacrés, in-12, Sedan, 1618 ; on lui attribue en outre : La Pasque de Charenton et la Cène apostolique avec la messe romaine, in-8°, Charenton, 1639 ; Traité de la liberté de l’Église gallicane avec l’échantillon de l’histoire des Templiers, in-8°, Saumur, 1648.

C. Port, Dictionnaire géographique et biographique de Maine-et-Loire, 1878, t. I, p. 283.

B. Heurtebize.

    1. BÉGHARDS##


BÉGHARDS, BÉGUINES HÉTÉRODOXES. I. Histoire. II. Doctrines.

I. Histoire.

Les origines et l’histoire entière des béghards sont passablement embrouillées.

Au début du xiif siècle, et déjà vers la fin du xii e, dans les Pays-Bas d’abord, puis un peu partout, en France, en Allemagne, en Italie, se formèrent des associations de femmes mi-laïques, mi-religieuses. Elles taisaient le vœu de chasteté, perpétuel ou temporaire. Libres de quitter la communauté, elles promettaient obéissance pendant la durée de la vie commune, sans que cette promesse eût nécessairement le caractère d’un vœu. On s’est demandé dans quelles limites elles professèrent la pauvreté, et de vives controverses se sont élevées sur la question suivante : la mendicité fut-elle en usage parmi elles ? Le résultat de la discussion parait être qu’il y a lieu de distinguer trois espèces de maisons : 1° celles qui abritèrent des femmes riches ; la mendicité n’y tut pas admise, et même ces femmes conservaient généralement « la propriété et l’administration de leurs biens, dont elles pouvaient disposer en toute liberté, pendant leur vie et à leur mort » . J.-H. Albanès, La vie de sainte Douceline, fondatrice des béguines de Marseille, Marseille, 1879, p. lxiii ; 2° celles qui avaient été dotées par leurs fondateurs et où se réfugièrent des femmes pauvres ; la mendicité était interdite ; 3° celles qui recueillirent des femmes pauvres et n’ayant pas de dotation particulière ; la mendicité et le travail y assurèrent l’existence. L’affiliation, au xive siècle, de la plupart de ces communautés aux ordres mendiants « leur imposa le vœu de pauvreté volontaire et le principe de mendicité » . H. Delacroix, Essai sur le mysticisme spéculatif en Allemagne au xive siècle, Paris, 1899, p. 82, note. Les membres de ces associations se distinguaient, en outre, par un costume spécial : la vie était simple, la prière fréquente, et l’on s’adonnait volontiers au devoir de l’hospitalité et au soin des malades. Les hommes ne tardèrent pas à imiter cet exemple ; mais les communautés d’hommes eurent quelque chose de plus libre dans les allures, de moins rigoureux dans la discipline.

A ceux et à celles qui adoptèrent ce genre de vie — comme, du reste, à ceux qui vouèrent la chasteté tout en restant dans le monde — l’Église romaine « donna officiellement le titre de Continentes… Les continents