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BENOIT XI

BENOIT XII

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continuelles entre les clergés séculier et régulier. Benoît XI devrait en réalité s’appeler Benoît X, le pape de ce nom ayant été intronise’1 contre toutes les règles et justement déposé. Benoit XI a été béatifié en 1733 et sa fête se célèbre à Rome le 7 juillet.

Potthast, Regesta pontifleum, t. ii, p. 2025 ; Le registre de I oit XI. publié par Ch. Grandjean. Paris, 1883 sq. Dans Muratori, Rerum ItalicarUm scriptores : au t. xi, p. 1224, Ptolémée de Lucques. Hist. eccl. ; au t. iii, p. 072, Bernard Guido, Vitse pontif. roman. ; au t. IX, p. 1010, Ferrelus de Vicence, Hist. ri r. in Ital. yest. ; au t. ix, p. 740, François Pippinius, Cliron. Giovanni Villani, Histor. Fiorent., t. viii, p. 66, dansl’édition de Florence, 1823, t. iii, p. 114 ; Rayrialdt, Annal, eccl., édit. de Theiner, Turin, 1871, t. xxiii, p. 333. Les ouvrages sur Ifoniface VIII, notamment de Dupuy, Drumaim (voir Boniface VIII). Grandjean, Benoit XI avant son pontificat, dans les Mélanges d’archéol. et d’histoire, 18s8, p. 210 ; L. Gautier, Benoit XI. Paris, 1803 ; Kindler. Benedikt XI, Posen, 1891 ; Funke, BenedUct XI. Munster, 1891.

H. Hemmer.

12. BENOIT XII, troisième pape d’Avignon, du 20 décembre 1334 au 25 avril 1342. L’article consacré au pontilicat de Benoit XII sera suivi d’une double étude : la première, sur la constitution dogmatique Benedictus Drus, publiée le 29 janvier 1336 ; la seconde, sur un document de moindre importance, datant de 1341, le Libellas ad Armenos transmissus.

I. BENOIT XII, son pontificat. — Né de parents obscurs à Saverdun, dans l’ancien comté de Foix, Jacques Fournier (Furnerius, de Fwno, Foumico) lut d’abord moine cistercien à l’abbaye de Boulbonne, puis à celle de Fontfroide, que gouvernait son oncle maternel, Arnaud Novelli. Envoyé à l’université de Paris, il y fit de fortes études théologiques, couronnées par le doctorat. Du Boulay, Hist. universitatis Parisiensis, Paris, 1668, t. iv, p. 991. Dans l’intervalle, il avait remplacé, comme abbé de Fontfroide, son oncle créé cardinal par Clément V, le 19 décembre 1310. En 1317, il fut promu par Jean XXII à l’évêché de Pamiers, puis transféré à celui de Mirepoix, le 26 janvier 1327. Dans ces diverses charges, Jacques Fournier se distingua par ses talents administratifs, sa science théologique et le zèle qu’il déploya contre les hérétiques. Jean XXII le créa cardinal-prêtre de Sainte-Prisque, le 18 décembre 1327 ; on le trouve souvent désigné sous le nom de cardinal blanc, à cause de son habit religieux qu’il conserva, ou sous celui de cardinal Novelli, sans doute en souvenir de son oncle Arnaud. Histoire générale du Languedoc, Paris, 1742, t. iv, p. 215, 561. Les années qui suivirent furent marquées, pour le nouveau prince de l’Eglise, par la part 1res active qu’il prit, comme conseiller du pape, ou comme écrivain, aux controverses dogmatiques suscitées alors soit par divers théologiens mystiques, soit par les fraticelles au sujet de la pauvreté du Christ, soit par Jean XXII lui-même au sujet de la vision béatifique. Les Dicta et responswnes fraliis Jacobi et le grand traité De statu animarum, indiqués plus complètement dans l ; i bibliographie, sont de cette époque.

Apres la mort de Jean XXII, le 4 décembre 1334, les membres du sacré collège rassemblés à Avignon offrirent la tiare au cardinal d’Ostie, Jean de Comminges, à la condition qu’il s’engagerait à ne pas retourner à Rome ; sur son refus, le nom du cardinal blanc réunit, contre toute attente, la pluralité des suffrages. Elu le 20 décembre et couronné’le 8 janvier suivant, Benoît XII se montra des le début de son pontilicat ce qu’il devait être toute sa vie, un pape d’une grande droiture et d’un zèle actif. Son premier souci fut de travailler à la réforme des nombreux abus qui s’étaient introduits à la cour pontificale et dans le gouvernement ecclésiastique. Il renvoya dans leurs diocèses tous les clercs ayant charge d’âmes dont la présence à Avignon n’était pas suffisamment légitimée ; sauf quelques exceptions nécessaires, il

révoqua les commendes et les expectatives données par ses deux prédécesseurs, se réservant d’examiner attentivement toutes les demandes de bénéfices qui lui étaient adressées. De peur que, dans la multitude des expéditions, il ne se glissât des signatures supposées, il prescris it d’enregistrer les suppliques avec les brefs de grâce, et de déposer les originaux à la chancellerie apostolique ; ainsi fut institué le Registre des suppliques. Par diverses constitutions, Benoit XII poursuivit surtout deux abus qu’il avait en horreur dans les ministres de l’Église et les officiers pontificaux : la corruption et l’amour du gain. Lui-même donnait l’exemple du désintéressement par son aversion pour tout ce qui aurait pu ressembler à du népotisme ; il relusa pour sa nièce de nobles alliances, et la donna en mariage à un marchand de sa condition ; on eut beaucoup de peine à le décider, en 1341, à nommer archevêque d’Arles son neveu, Jean Bauzian, homme d’ailleurs fort digne de cette charge, mais il ne voulut jamais le créer cardinal. Aussi lui a-t-on prêté cette maxime : « Le pape doit être comme Melchisédech, qui n’avait ni père, ni mère, ni généalogie. »

Réformateur, Benoit XII s’occupa tout particulièrement de la discipline monastique. Le 4 juillet 1335, il défendit aux moines mendiants de passer aux ordres contemplatifs, sans une permission spéciale du pontife romain ; puis il s’occupa en détail du bon gouvernement des religieux dans une série de constitutions, dont les principales se trouvent dans le bullaire romain : le 12 juillet 1335, bulle Fulgens Stella, pour les moines blancs ou cisterciens ; le 20 juin 1336, bulle Summi magistri, dite bulle bénédictine, pour les moines noirs ou bénédictins ; le 28 novembre 1336, bulle Redemptor noster, pour les franciscains ; le 15 mai 1339, bulle Ad decorern, pour les chanoines réguliers de Saint-Augustin. Toutes ces constitutions renferment un passage remarquable sur l’instruction des jeunes religieux : Benoit XII établit qu’il y aura dans chaque pays des maisons d’étude, et il accompagne cette injonction d’une longue suite de règlements on l’on voit combien il avait à cœur que l’étude fleurit dans les monastères ; il exhorte même les supérieurs à envoyer des étudiants de toutes les provinces et de toutes les maisons de leur ordre à l’université de Paris, le grand centre intellectuel à cette époque. Après six ans de théologie, les religieux pourront faire un cours de Bible, c’est-à-dire enseigner l’Écriture sainte, et, après huit ans, lire les Sentences. Voir 11. Denifle, Chartularium universitatis Parisiensis, in-4 » , Paris, 1891, t. n a, n. 992, 1002, 1006, 1015, 1019, 1053, 1058.

Au souci de la discipline Benoit XII joignait un grand zèle pour l’intégrité et la propagation de la foi catholique. Il continua, comme pape, la guerre qu’il avait déclarée aux hérétiques, n’étant encore qu’évêque de Pamiers ou de Mirepoix ; il exhorta le roi d’Angleterre à établir l’inquisition dans ses Etals, et là ou elle existait déjà, il ranima l’ardeur des princes et des évêques. Dès les premiers temps de son pontificat, il renouvela les condamnations portées par son prédécesseur contre les erreurs de quelques franciscains fanatiques touchant la pauvreté du Christ et la perfection de l’étal religieux ; aussi fut-il en butte, comme Jean XXII, à de violentes attaques de la part des chefs du parti, Michel de Cezciia, (’uillaunie Occam, Bonagratia de Bergame et Jean de Jandun. En beaucoup d’endroits leurs partisans étalaient leur rébellion au grand jour ; le pape fit procéder contre eux dans le domaine ecclésiastique et engagea Robert de Sicile à suivre son exemple. Raynaldi, Annales ecclesiastici, an. LS36, n. 63 sq., Lucques, 1750, t. vi, p. 91 sq. En Espagne, Benoit XII rendit d’éminents services à la chrétienté ; après avoir amené le roi de Castille, Alphonse XI, à cesser le commerce criminel qu’il entretenait avec Éléonore de Guzman et rétabli la bonne