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DESOIGNE — BESSARION


jeunes pères capucins, in-12, Paris, 1752 ; Lettre à l’auteur de la dissertation sur la tolérance des protestants dans laquelle on revendique la distinction du mariage et du sacrement du mariage, in-12, 1756 ; Seconde réponse à des dissertations contre la tolérance pour les mariages des protestants, in-12, 1756 ; Réponses aux dissertations des Pères capucins, auteurs des Principes discutés, in-12, 1759 ; Principes de la pénitence et de la conversion ou vies des pénitents, in-12, Paris, 1762 ; Principes de la justice chrétienne ou vies des justes, in-12, Paris, 1762.

ILaurcnt-Étienne Rondet, ] Mémoire sur la vie et les ouvrages de Jérôme Besoigne, docteur de Sorbonne, in-8° Paris, 1703 ; Quérard, La France littéraire, in-8°, Paris, 1827, t. i, p. 315-316.

B. Heurtebize.

    1. BESSARION (Cardinal)##


BESSARION (Cardinal), le littérateur grec le plus illustre du xve siècle, le champion de l’union des Églises au concile de Florence, le héraut d’une nouvelle croisade pour rétahlir l’empire byzantin anéanti par les Turcs. — I. Biographie. II. Œuvres.

1. Biographie.

Bessarion naquit à Trébizonde. L’année de sa naissance est incertaine. On a proposé tour à tour, comme dates probables, les années 1389, 1393, et avec plus de raison 1395 ou 1403. Nous nous arrêtons à celle de 1395, mise en avant par. Bandini, P. G., t. clxi, col. iii, et acceptée par Ms r Ehrhard, dans Krumbacher, Geschiclite der byzantinischen Literatur, 2e édit., 1897, p. 117. Au baptême on l’appela Basile, ou, plus probablement, Jean. P. G., t. clxi, col. iv ; Sadov, Vissarion Nikeiskii, Saint-Pétersbourg, 1883, p. 1. Ce fut seulement, lorsqu’il entra dans l’ordre de Saint-Basile qu’il changea son nom en celui de Bessarion, en grec Br, 17ffapitov, Btacapi’tov, ]ir t trapiwj, Boerneri, De doctis hominibus, etc., Leipzig, 1750, p. 37, note 1, en latin Bessarion et quelquefois Eizarion. Hody, De Grœcis illuslribus, Londres, 1742, p. 137. Ses parents, au dire de Michel Apostolios, étaient de basse extraction et gagnaient leur vie à la sueur de leur front.’Eirs-râçios 6pï)vtiSri ;, etc., P. G., t. clxi, col. cxxxii. Il acheva ses premières études sous la direction de Dosithée, appelé par Apostolios ô tû>v UpoçavTtiiv (aéyktto ; TpaTC^oOvToç. Ibid., col. cxxxin. Son intelligence prompte et ouverte, son esprit primesautier et enclin à la spéculation philosophique poussèrent son maître à l’envoyer à Byzance, que l’on considérait alors, même en Occident, comme le grand centre de culture intellectuelle. Au témoignage de Platina, Dosithée, archevêque de Doride, et l’archevêque de Silivri l’eurent pour élève. Panegyricus, etc., P. G., t. CLXI, col. cv. Plus tard, à l’école du célèbre rhéteur Georges Chrysococcos, Bandini, ibid., col. iv, note 6, il entra en relation avec Filelfo, le fameux humaniste de Tolentino. Tiraboschi, Sloria délia letteratura italiana, Naples, 1781, t. vi b, p. 284 ; Filelfo, Epistolte, Venise, 1502, fol. 41. C’est à Constantinople qu’il embrassa la vie monastique. Sa passion pour les études philosophiques l’amena à s’établir dans un couvent de la Morée, où Georges Gemistus enseignait les théories néoplatoniciennes. P. G., t. clxi, col. 723-724. Bessarion parlageal’enthousiasme deson maître pour le platonisme. Par reconnaissance, il appelait Gemistus le plus docte des Grecs après Platon et Aristote. Epist. ad fdios Plethonis, P. Cf., t. clxi, col. 696.

En Morée, il s’essaya au ministère apostolique. Son éloquente prédication lui valut beaucoup de renom. Les églises ne suflisaient pas à contenir les foules qui venaient l’entendre, l’iatina, ibid., co. cv. Les empereurs de Constantinople et de Trébizonde le chargèrent de missions importantes. Jean VIII Paléologue (1425-1448) l’attira à sa cour, et le recul avec de grands honneurs. En 1437, il lui offrit le siège archiépiscopal de Nicée, et l’envoya avec les représentants les plus illustres de lise grecque, au concile de Florence, pour y traiter de l’union des Églises.

Les évêques grecs débarquèrent à Venise en février 1438. Aux premières sessions du concile, l’archevêque de Nicée parla en faveur des traditions de son Église. Mais il ne tarda guère à changer d’avis, lorsqu’il eut étudié plus attentivement les écrits des Pères. Dès lors, les débats conciliaires révèlent l’antagonisme doctrinal de Bessarion et de Marc d’Éphèse, tous deux habiles dialecticiens. Bessarion l’emportait toutefois sur son adversaire par l’éloquence. D’autre part, il n’eut jamais recours aux vulgaires subterfuges qu’employait Marc d’Ephèse pour échapper aux vigoureuses attaques de son adversaire, et en général des partisans du Filioque. P. G., t. clix, col. 1048 ; Hefele, Gonciliengeschichte, t. vii, p. 699.

Le décret d’union ayant été solennellement promulgué le 6 juillet 1439, les évêques grecs retournèrent à Byzance. Les sympathies de Bessarion pour les latins excitèrent contre lui des haines violentes. Marc d’Éphèse prit à Byzance sa revanche. Les évêques favorables à l’union furent bafoués, insultés, anathématisés. Bessarion, regardé comme un transfuge, ne se sentit plus en sûreté au milieu des siens. Il retourna en Italie et se soumit pleinement à l’Église romaine (octobre 1439). Eugène IV le créa cardinal du titre des Saints-Apotres.

Bessarion s’adonna à l’étude du latin, qu’il parla et écrivit presque aussi lacilement et aussi élégamment que les humanistes italiens. Bandini, P. G., t. clxi, col. xiii. A Borne, il ouvrit sa maison aux Grecs lettrés qui se réfugiaient en Italie, et aux érudits de tout rang et de toute condition. Platina, P. G., ibid., col. cvn. Le travail occupait tout son temps. Paul Cortesi, De doctis hominibus, p. 42.

Tous acceptaient avec déférence ses décisions. De sa bourse et de sa protection, il soutenait ses compatriotes, notamment Georges de Trébizonde, Théodore Gaza, Jean Argyropoulos, Constantin Lascaris, Michel.Apostolios, Andronic, Janus Lascaris.

Dès son enfance il avait eu la passion des livres. Ses revenus étaient dépensés à l’achat de codices grecs et latins. Sa bibliothèque était d’une richesse inouïe. Mai, Spicilegium romanufn, 1. 1. Il faisait copier des manuscrits rares ; il ne dédaignait pas lui-même ce genre de travail, et dans ses voyages il se préoccupait d’augmenter sa précieuse collection de codices. J. Valentinelli, Dibliotlieca manuscripta S. Marci Venetiarum, Venise, 1868, t. i, p. 13.

Le cardinal Bessarion se rendit célèbre dans le mouvement philosophique de la Renaissance par la défense du platonisme. Les œuvres de Platon étaient alors presque inconnues dans le monde latin. Théodore Gaza et Georges de Trébizonde ayant attaqué le platonisme, le cardinal Bessarion le soutint vigoureusement. Ses écrits lui rendirent quelque vogue.

A ces grands mérites, le cardinal Bessarion joignit comme diplomate et homme d’Église des qualités vraiment remarquables. Les papes sous le pontificat desquels il vécut lui prodiguèrent les marques d’une entière confiance. Nicolas V (1447-1455) le nomma au siège suburbicaire de Sabine, et deux mois après, à celui de Frascati (1449). En 1450, il l’envoya comme légat a lalere à Bologne, pour y faire cesser les dissensions intestines. Une inscription gravée sur le marbre et placée dans l’église des servîtes conserva le souvenir de cette légation qui avait duré cinq ans. P. G., t. clxi, col. cxvii-cxxvin.

A la mort de Nicolas V, son nom fut inscrit sur la liste des candidats au trône pontifical. Son origine grecque détourna les voix des cardinaux. Le cardinal Alain, archevêque d’Avignon, harangua le sacré collège avec véhémence. Gohellini, PU 11)>i>nli/icis niaximi vonimentarii rerum memoràbilium quee temporibus suis contigerunt, Home, 1584, p. 42 ; Ciacconio, Vitæ et rcs gestui pontificum romanorum et S. H. E. cardina-