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BAIUS

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aucta : studio A. P. theologi, in-4°, Cologne, 1696. Cette édition posthume, due aux soins de dom Gerberon, contient deux parties, d’abord les œuvres de Baius, puis suus le titre de Baiana, toute une série de documents très précieux pour l’histoire du baianisnie ; mais il faut se servir de cette seconde partie avec discernement, car l’éditeur prend résolument parti pour Baius. L’édition fut mise à l’index le 8 mai 1697. Sont restés inédits : un traité De communione sub utraque specie, que Baius aurait achevé en 1578, Baiana, p. 205 ; des commentaires sur le Maître des Sentences et sur les Psaumes, dont parle Gerberon dans la préface de son édition. —

II. Biographies.

J.-B. Duchesne, S. J., Histoire du baianisme ou de l’hérésie de Michel Baius, avec des notes liistoriques, chronologiques, critiques, etc., ’suivie d’éclaircissemenls théologiques, et d’un recueil de pièces justificatives, in-4", Douay, 1731. Cet ouvrage constitue, avec les Baiana de dom Gerberon, la principale source de renseignements pour l’histoire de Baius et de ses doctrines. Mais l’auteur se montre sévère dans ses appréciations et confond des questions très distinrtes ; il eut surtout la malencontreuse idée de prétendre trouver dans le dominicain Pierre de Soto « l’oeuf du baianisme et du jansénisme » . Le P. Augustin Orsi, O. P., plus tard cardinal, composa pour le réfuter tout un ouvrage : De Pétri a Soto et Judoci Ravesteyn, de Concordia graiise et liberi arbitra cum Ruardo Tappero epistolari disputatione. Liber apologeticus quo Soti doctrina a recentis historici censuris udseritur, in-4", Borne, 1734. Tout en reconnaissant qu’il y a dans Soto quelques passages délicats, aliqua prærupta et aspera loca quse complanare oportuit, le P. Orsi montre qu’il serait injuste de faire de ce théologien, le précurseur de Baius, et ce fut sans doute cette réfutation qui fit mettre à l’index le livre du P. Duchesne. A la même controverse appartient l’ouvrage suivant de Louis de Lomanise (pseudonyme de Billuart, selon Quérard) : Apologie du B. P. Pierre Soto, dominicain, et des anciennes censures de Louvain et de Douay, contre l’Histoire du baianisme, composée par le B.P. Duchesne jésuite, et condamnée à Rome le il mars 1734, in-12, Avignon, 1738.

Voir aussi les documents spéciaux cités au cours de l’article, en particulier [’Histoire de la constitution UnigenitusDei Filius, par dom Thuillier, en partie publiée récemment par M. Ingold et dont le livre I", encore manuscrit, contient un résumé judicieux et mesuré de l’affaire de Baius. Biblioth. nation, de Paris, fonds français, » ??s. il 131. Article substantiel, mais présentant plus d’une fois les choses sous un jour trop favorable à Baius, dans Ellies du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, 3e édit., Utrecht, 1730, t. xvi, p. 139 sq.. Les lettres du cardinal de Granvelle et du prévôt Morillon se trouvent plus complètes et accompagnées de notes utiles dans les collections suivantes : Papiers d’État du cardinal de Granvelle, publiés sous la direction de M. Ch. Weiss, Paris, 1846, t. VI ; Correspondance du cardinal de Granvelle, 1565-1583, publiée par MM. E. Poullet et Ch. Piot, faisant suite aux Papiers d’État, Bruxelles, 1881, 1886, t. III, v. Un grand nombre des documents relatifs au baianisme ont été traduits dans l’Histoire ecclésiastique pour servir de continuation à celle de M. l’abbé Fleury, Paris, 1779 sq., t. xxxi-xxxvi, passim.

III. Doctrine de Baius.

Traité historique et dogmatique sur la doctrine de Baius, et sur l’autorité des bulles des papes qui l’ont condamnée, ouvrage anonyme du docteur sorboniste Fr. Ilharart de la Chambre, 2 in-12, s. 1., 1739 ; Scheeben, art. Bajus, dans le Kirchenleœikon, de Wetzer et Welte, 2’édit., Fribourg-en-Brisgau, 1882 ; Schwane, Dogmengeschichte der neueren Zcit, S’-7, Fribourg-en-Brisgau, 1890 ; F.-X. Linsenmann, Michæl Bajus und die Gruiidlegung des Jansenismus, in-8% Tubingue, 1867, monographie utile, mais qui appelle bien des réserves ; cf. Scheeben, Zur Geschichte des Bajanismus, dans la revue Der Katholik, de Mayence, mars 1868, p. 281 sq.

IV. CONTHOVERSE SUR LES BULLES CONTRE BAIUS.

Pour

l’attaque : Antoine Arnauld, Difficultés proposées àM.Steyært, part. IX, 96’dilf., Œuvres, Paris, 1777, t. ix, p. 322 sq. ; dom Gerberon, Vindicise Ecclesix Romamr, àans les Baiatia, p. 210 sq. ; Quesnel, sous le pseudonyme de Gery, Aj/ologie historique des Censures de Louvain et de Douay, Cologne, 1688 ; Les Hexaples ou les six colonnes de la constitution Unigenitus, Amsterdam, 1721, t. ii, p. 655 sq. ; P. de Gennes, de l’Oratoire, Sentiments des facultés de théologie dr Paris, de Reims et de Nantes, sur une thèse soutenue à Notre-Dame des Ardilliers de Saumur…, avec deux dissertations, l’une, sur l’autorité des bulles contre Baius, l’autre, sur l’étal de pure nature, 2 in-12, s. 1., 1722 ; abbé Coudrette, Dissertation sur les bulles contre Baius, où l’on montre qu’elles ne sont pas reçues par l’Eglise, 2 in-12, Utrecht, 1737.— Pour la délense : Decker, Baianismi historia brevis, in-8°, Louvain, 1699 ; Duchesne, op.

cit., 2* éclaircissement ; Tournely, De gratta Christi, part. I, q. il ; Montagne, Tract, de gratia, diss. IX (Migne, Theologix cursus completus, Paris, 1841, t. ix, col. 221 sq.) ; de la Chambre, op. cit., c. iv : Conférences d’Angers, 7’confér. sur la grâce, Besançon, 1823, t. i, p. 279 sq.

X. Le Bachelet.

II. BAIUS. Propositions condamnées par Pie V dans la bulle Ex omnibus af/lictionibus le I" octobre 1567. Denzinger, Enchiridion, Document lxxxvi. — I. Principes d’interprétation. II. Commentaire des propositions réunies en groupes généraux.

I. Principes d’interprétation. — Les propositions contenues dans la bulle de Pie V ont été proscrites in rigore et proprio verborum sensu ab assertoribus intento ; il faut tout d’abord tenir compte de ce fait, pour déterminer la réelle portée de la censure. A s’en tenir aux propositions elles-mêmes, on peut, en règle générale, reconnaître le vrai sens des auteurs, à condition toutefois qu’on ne les prenne pas isolément, mais dans leur ensemble et l’enchaînement qu’elles ont entre elles. Cependant la règle n’est pas absolue ; la vraie pensée des auteurs ne se dégage pas toujours nettement des propositions telles qu’elles sont rapportées dans la bulle ; Pie V le suppose, quand il dit que certaines sont susceptibles d’un sens plausible, quanquam nonnullæ aliquo pacto sustineri possent. Il est nécessaire alors, et en principe il sera toujours mieux de recourir aux pièces originales du débat, c’est-à-dire aux œuvres mêmes de Baius et aux autres documents propres à en aider l’interprétation Autrement, on s’exposerait à tomber dans deux extrêmes opposés, consistant l’un à diminuer, l’autre à exagérer la signification et la portée de la censure. La précaution est d’autant plus nécessaire que plusieurs des propositions condamnées se retrouvent, prises à la lettre, dans les anciens Pères, notamment saint Augustin. La clause in sensu ab assertoribus intento est alors d’une importance capitale.

Quel est exactement le rapport de telle ou telle proposition de Baius avec la doctrine de ce grand docteur, c’est là une question délicate dont l’étude approfondie ne rentre pas dans le présent article. Mais il est du moins un principe général que je crois devoir énoncer : l’enseignement de saint Augustin sur les points contestés n’a pas ce caractère de bloc que Baius lui a donné ; parmi les assertions les plus difficiles, il en est que l’évêque d’IIippone n’érige pas en principes, mais qu’il énonce à titre d’opinion, ou par manière de conjecture, ou ad hominem, pour répondre aux objections de ses adversaires. En méconnaissant ce principe, Baius se mettait infailliblement sur la voie de l’erreur. Du reste l’Église romaine n’admet pas qu’en condamnant les propositions de cet auteur, comme plus tard en condamnant celles de Jansénius ou de Quesnel, elle ait condamné la véritable doctrine de saint Augustin. Mais quand les baianistes et les jansénistes voulurent abuser de certaines déclarations générales, par exemple, de ces paroles d’Alexandre VII, dans un bref du 7 août 1CC0 aux docteurs de Louvain : Augustini inconcussa tulissimaque dogmata, pour opposer aux décisions formelles de l’Église leurs interprétations personnelles et braver son magistère en se couvrant du nom et de l’autorité du grand docteur, Alexandre VIII ne craignit pas de proscrire cette proposition : g Quand une doctrine est clairement établie dans saint Augustin, on peut absolument la soutenir et l’enseigner sans avoir égard aux bulles des papes. » Denzinger, Enchiridion, n. 1187. Un théologien catholique a donc le devoir strict de mettre en ligne de compte l’interprétation du magistère ecclésiastique, quand celui-ci s’est prononcé. A ce titre, la conduite du saint-siège dans toute l’affaire de Baius, la prescription du corps de doctrine de 1586, les documents ultérieurs, en particulier les constitutions llnigeuitus et Auctorem fidei, doivent être pris en considération.