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BIEN (LE)


qu’il est au-dessus du bien : xpefewv f, aOtô tô à- ; aOdv xai a-j-ré : <> y.a).ôv. De mitudi opificio, Francfort, 1691, p. 2. S’il est en humeur de platoniser, il cite le Timée. « Si quelqu’un veut pénétrer la cause par laquelle tout a été ouvragé, il ne se trompera pas en répétant le mot d’un ancien : le bien est le père et le créateur, àyccdév elvat tôv 7rarépa v.cù jro, .ïjrr, y- » De nnvndi opi/iiio, ibid., p. 4. Pourquoi Dieu a-t-il fait ce qui n'était pas ? dit-il ailleurs : o-rt àyorôoç -/.ai cpi/.oSiopo ; r, v. De nom. mutât., ibid., p. 1051. Cf. De allegor., 1. II, ibid., p. 75 : âp-/'/î Y ev ^et05… àyaOéT-ziç… xoO 0eoû r, v Èxapt’o-KTo T(i [j.ctVjt6v y^eiLa matière elle-même, quoique mauvaise, est engendrée par Dieu : « Il fallait, pour manifester le meilleur, que le père fût engendré par la puissance de la bonté de Dieu. » De alleg. legis, 1. II, p. 74. Il semble cependant qu’en attribuant la bonté à Dieu, Philon n’abdique pas l’ineffabilité du nom divin. C’est dans un sens causal et non formel qu’il concède à Dieu la bonté. 'O 0e6ç ydép àyaOôiï)TÔi ; è<m toû oû'tio-j ovoijta. De allegor., 1. II, ibid., p. 74. Ces idées sont trop peu liées et précises pour avoir influencé dans un sens déterminé la théologie du bien. Elles sont à relever comme le premier témoignage que nous ayons de la fusion des notions révélées et platoniciennes concernant l’idée du bien.

2 U Numénius. — Cité par Clément d’Alexandrie, il est donc vraisemblablement antérieur à 200. Sa conception du bien ne nous est connue que par les fragments conservés par Eusèbe. La note en est éclectique avec une dominante platonicienne : « Il faut que celui qui traite du bien, après avoir invoqué à l’appui de sa thèse le témoignage de Platon et de Pythagore, en appelle aux nations célèbres, qu’il expose les cérémonies, les dogmes et les institutions des Brahmes, des Juifs et des Mages qui se trouvent d’accord avec Platon. » Eusèbe, Prsepar. evang., 1. X, c. vii, P. G., t. XXI, col. 694. Quoique non chrétien, il connaît spécialement Moïse, ibid., c. viii, col. 695, dont il disait : « Qu’est-ce que Platon sinon Moïse parlant grec 7° Clément d’Alexandrie, Strom., 1. I, c. xxii, P. G., t. viii, col. 896. A son contact avec les Orientaux, il doit d’hypostatiser résolument les idées platoniciennes, à Moïse l’ineffabilité du nom divin, à Moïse et à Aristote de n’avoir pas poussé aussi loin que Plotin la séparation du bien et de l'être. « Il n’y a aucun moyen de connaître le bien, ni par l’analogie du sensible, ni par aucun objet…, il faut un art divin pour y parvenir. » Præp. evang., 1. XI, c. xxii, P. G., t. xxi, col. 904. « Le premier Dieu est le bien absolu ; son image est le démiurge bon qui conçoit l’idée du bien et, en tant qu’elle le contemple, est le second Dieu, en tant qu’elle engendre l’essence, est un démiurge. Ensuite vient l’essence, autre celle du premier, autre celle du second ; enfin l’image de l’essence du second Dieu est le monde, orné par la participation du beau. » Præp. evang., 1. XI, C. XXII, P. G., t XXI, col. 906. Ce sont manifestement les doctrines de Plotin en formation. Comme son prédécesseur Alcinoùs (I er siècle), Numénius semble ne connaître encore que deux hypostases. M. N. Iîouillet, se basant sur ce que l’intelligence est nommée parfois premier Dieu par Numénius, estime vraisemblable d’identifier le premier Dieu de Numénius avec le second de Plotin. Les Ennéades de Plotin, Paris, 1857, t. i, p. en, note. Cela est conIraire au texte cité, qui tend a dédoubler plutôt le second Dieu en intelligence et en démiurge, celui-ci correspond a l'âme universelle, troisième Dieu de l’iotin. A l’appui de noire manière île voir, nous possédons un lexte où le premier Dieu de Numénius est investi de l’unité suprême propre au bien platonicien, supérieur à l’intel li i lire et a l’essence : l, e seeunil lliell n’est pas lion

par lui-même, mais par participation du premier. Celui-ci est donc le bien par soi…, d’où l’ialon enseigne que le bien est un. » Ibid. "n pourrait citer aussi l’opinion

d’Alcinoûs, commentateur antérieur à Plotin, qui ne reconnaît que le bien suprême, T'.[xio>TaTov xoù (jifiorov, et le bien nôtre, ^[jÙTEpov, quoiqu’il s’agisse plutôt dans ce second membre du bien moral. Cf. Petau, Dogm. theol., Paris, 1865, t. i, p. 195, Voir tous les textes de Numénius concernant le bien, réunis et traduits dans l’ouvrage de M. N. Bouillet, loc. cil.

3° Origine († 254). — S’il restait quelque doute sur la distinction de l’Origène chrétien et du condisciple de Plotin à l'école d’Ammonius Saccas, la différence de leurs doctrines concernant le bien suffirait à le dissiper. Origène doit être rangé parmi les purs traditionnels. Exemple : « Il est écrit dans l’Exode : le Seigneur a dit à Moïse : l’Existant : voilà mon nom. Suivant nous qui nous glorifions d'être de l'Église, c’est le Dieu bon qui parle ainsi, celui-là même que le Sauveur a célébré disant : Personne n’est bon, sinon Dieu seul, le Père. Et donc être bon et exister sont identiques, O-Jxouv ô àyaôô ; t<3 ovti ô aO-ôç eariv. » Jn Joa., 1. II, 7, P. G., t. xiv, col. 135. C’est d’ailleurs à la bonté de Dieu qu’il rapporte, comme Platon, la création. De principiis, 1. II, c. ix, 6, P. G., t. xi, col. 230. Il va même trop loin dans cette voie ; car, pour assurer la bonté de l'œuvre divine, il refuse de voir dans l’inégalité des créatures une œuvre bonne. Il considère comme un mal et attribue au péché des anges l’inégalité des êtres de l’univers, ibid., col. 230 sq. ; cꝟ. 1. I, c. vii, col. 17, opinion que saint Thomas qualifie d’erronée. iSum. llteol., I a, q. i.xvii, a. 2 : Utrum creatura corporea sit facta propter Dei bonitatem.

4° Plotin († 270). — Il prétend reproduire la doctrine originale de Platon. Ve Ennéad., 1. I, 8. En réalité, il l’accommode définitivement à la théorie orientale des hypostases. On ne peut apprécier justement la doctrine du pseudo-Denys l’Aréopagite et de Proclus, si l’on n’a pas une notion étendue des idées de Plotin : Il y a trois hypostases, le Bien ou l’Un, l’Intelligence et l’Ame universelle. I™ Ennéad., 1. VII. Au-dessous de ces hypostases est le monde multiple et changeant. C’est par la participation du Bien qu’est engendrée l’Intelligence, qui à son tour engendre l'âme ; de l'âme procède le monde et la matière elle-même, éternellement engendrée par elle. IIe Ennéad., 1. IX. — Le Bien est identique à l’Un. On ne peut dire qu’il lui convient, car ce serait indiquer qu’il lui est postérieur. V » Ennemi.. 1. III. Il n’est pas la pensée (contre Aristote), mais il est au-dessus de la pensée. Ve Ennéad., I. VI, VII, 37,

40. Il ne pense pas. Ibid., 36. « Quel besoin l'œil aurait-il de voir s’il était lui-même la lumière ? » Ibid.,

41. Il n’est pas bon, mais il est le bien. V » Ennéad., 1. V.

Le Bien est supérieur à l’Etre. Ibid. L'Être qui est multiple, étant divisé en plusieurs genres, ne saurait s’identifier avec le Bien qui est l’Un. VI' Ennéad., 1. 11. On peut penser le Bien sans dire qu’il est. Il n’est ni essence, ni acte. VP Ennéad., 1. VII, 37. Le Bien à proprement parler n’est pas. VIe Ennéad., 1. VII. 38 ; 1. VIII, 10. — Être désirable est un caractère du Bien, non sa définition. Il faut qu’il soit désirable, mais ce n’est pas parce qu’il est désirable qu’il est le Bien, c’est parce qu’il est le Bien qu’il est désirable. VI » Ennéad., I. VII, 25. Par le désir qu’il engendre le Bien est premier dans l’ordre de production. Ve Ennéad.. 1. V, 9. L’intelligence est le vestige du premier, 17 Ennéad.. 1. VII, 18, car, « penser c’est se tourner vers le liien et y aspirer : l’aspiration au liien engendre donc la pensée. » V> Ennéad., I. VI. 16. L’intelligence aspire au

liien avant île concevoir l’essence. III' Ennéad.. I. VIII, 10. Cette aspiration au Bien est une sorte de tact, r, to-j àyaOo-j ÈTracpr, , VI' Ennéad., I. VII, 36, une intuition silencieuse, VI » Ennemi., I. IX, 9, où se manifeste la lumière génératrice île l’intelligence et de l’essence intelligible. 17" Ennéad., I. I, Vil, 36. - Incapable d’embrasser le liien dans sa plénitude et son Unité, l’Intelligence le luise en mille fragments et le rend multiple pour le