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BOLGENI


La. lutte devenait vive et s'étendait. En 177Ô, l'évêque de Pavie ayant voulu publier une nouvelle édition du catéchisme de Bellarmin, à l’usage de son diocèse, le Père Natali, des Écoles pies, censeur des livres, proposa des modifications doctrinales que l'évêque rejeta. Natali ne relâcha rien de ses prétentions ; il fut excommunié. Mais à Vienne, au contraire, on prit son parti, et le dominicain Sua, qui avait écrit contre lui, fut éloigné. Guadagnini ne manqua point de soutenir Natali dans un grand ouvrage : Esame délie rijlessioni, etc., Pavie, 1786, où il attaquait pélagiens et molinistes, traitait à ce propos, dans le sens le plus outré, la question des enfants morts sans baptême et donnait les bases d’un nouveau catéchisme. Bolgeni à son tour, dans le Stato de' bambini morti senza baltesimo esposto da Gian Vincenzo Bolgeni in confutazione d’un lïbro del Signor Giamballista Guadagnini, in-8°, Macéra ta, 1787, combattit avec force cette doctrine rigide, qui condamne au feu de l’enfer les enfants morts sans baptême et s’attachait à démontrer que ce n’est pas une doctrine augustinienne. L’année suivante paraît son traité des faits dogmatiques : Fatti dommatici ossia délia infallibililà délia Cliiesa nel décidera sulla dottrina buona o catliva de' libri, 2 in-8°, Brescia, 1788.

Bolgeni fut moins heureux dans la publication de son livre Délia carità o amor di Dio, 2 in-8°, Borne, 1788. où il s’attache à réfuter la dissertation du P. de Bubeis sur le même sujet et à prouver contre lui que l’acte propre de la vertu théologale de charité ne consiste pas à aimer Dieu pour lui-même, ce qui est bien au-dessus de notre pouvoir et tout à fait en dehors de l’enseignement scripturaire et traditionnel, mais à l’aimer d’un amour de concupiscence parce qu’il est bon pour nous, de sorte que l’objet formel de la charité n’est point la bonté absolue de Dieu, mais seulement sa bonté relative. Cette thèse, taxée aussitôt de nouveauté pernicieuse, souleva d’ardentes polémiques et, à part le P. Hervàs y Panduro, qui exposa cette même doctrine dans son Idea dell' universo, in-4°, Césène, 1792, t. xxii, les anciens confrères de Bolgeni se firent un devoir de la combattre. Citons, comme bibliographie du sujet : Mazzarelli, Lcttera amicltevole, in-8", Foligno, 1790 ; Lettcra a Soffia, in-4°, Foligno, 1791 ; Del motivo forniale speci/icoe primario dell' alto di carità, in-8°, Foligno, 1791 ; Risposta ad alcuni objezioni, in-8°, Foligno, 1791 ; Joachim Cortès, AnliBolgeniana de aniore Dei dissertalio, in-8°, Forli, 1790 ; Dissertazione AntiBolgeniana… difesa, in-8°, Borne, 1793 ; Antoine Begono, Rimonslranze amicltevoli, in-8°, Venise, 1791 ; Joseph Chantre y Uerrera, Tractatus de charitate, in-i°, Bologne, 1792 ; Jean-Baptiste Gentilini, Sopra la virtà délia carità, in-8°, Brescia, 1803. D’autres ne gardèrent point la modération qui distingue tous ces ouvrages. Un certain Teoiilo Cristiani, auteur d’une Leltera teolugico-crilica sull' amore di Dio, in-8°, Fermo, 1791, accusa bientôt Bolgeni dans une nouvelle Leltera teologico-crisliana, in-8°, I’ermo, 1791, d’admettre comme suffisante pour l’attrition la crainte servilement servile. Bolgeni, contre cette accusation, avait la partie belle ; mais sa théorie de l’amour divin ne pouvait se défendre. Aussi montra-t-il plus de subtilité que de précision théologique dans les c éclaircissements » qu’il donna sur son système : Schiarimcutt dati da Gio. Vincenzo Bolgeni in confermazione c difesa délia sua dissertazione sopra la carità o amor di Dio, in-8°, Foligno, 1790, et Apologiadell' amor di Diodello di concupiscenza, in-8°, Foligno, 1792. Agapit de Palestrina en fit ressortir toute la faiblesse dans Y Idea genuina délia carità o amor di Dio opposla ai pensamenli dei signori Gianvincenze Bolgenie Lorenzo Hervas, in-'i", Rome, 1800. Mais Bolgeni, déconcerté, s'était retranché déjà dans le silence. Au reste, il avait d’autres adversaires à combattre, qui ne désarmaient pas contre lui, les jansénistes et les joséphistes, et en face de ceux-là il était plus fort, très sûr

de lui et portant de beaux coups. Les applaudissements des catholiques étaient de nature aussi à l’encourager. On fit le plus flatteur accueil à son essai de systématisation des erreurs courantes : Speccliio istorico da servire di preservativo contro gli errori correnti tratto da alcuni opuscoli francesi, in-8°, s. 1., 1789, et surtout à son livre sur l'épiscopat : L’episcopato, ossia la piotestà di governare la Cliiesa, in-4°, s. 1., 1789, plusieurs fois réédité. L’ouvrage fut imprimé à Borne, bien qu’il n’en porte pas le nom. La première partie traite de l’origine de l'épiscopat ; la seconde est dirigée contre l’ouvrage de l’abbé GennaroCestari : Lo spirilo délia giurisdizione ecclesiastica, Naples, 1788.

Pie VI, instruit du mérite de Bolgeni, l’avait mandé à Borne et nommé théologien de la Pénitencerie. L’ancien jésuite justifia pleinement cette confiance par ses écrits et par son zèle. Après avoir mis au jour une défense de son livre sur l'épiscopat : Analisi, e difesa del libro intilolato l’episcopato, in-8°, Borne, 1791, il publie la Dissertazione sulla giurisdizione ecclesiastica, in-8°, Borne, 1791, en réponse à une brochure du théologien George Sicardi, où la distinction entre le pouvoir d’ordre et de juridiction était combattue et rejetée. Puis il se hâte de reprendre la plume contre Guadagnini. Déjà avait paru avec éclat contre ce dernier L’economia délia fede cristiana, in-8°, Brescia, 1790 (traduite dans les Démonstrations évangéliques de Migne, t. xviii, col. 9-18) ; peu après, c’est la Leltera del Sig. abbate Giovan-Vincenzo Bolgeni al Signor Don Giovan-Batlisla Guadagnini, in-8°, Bologne, s. d. La lettre est datée du 4 février 1791. Tamburini, qui venait de publier ses Lettres théologiques et politiques sur la situation des affaires ecclésiastiques, est réfuté à son tour dans un ouvrage qui eut en un an trois éditions : Problema se i giansenisti siano giacobini, in-8°, Borne, 1794. Bolgeni se prononçait énergiquement contre la nouvelle Église constitutionnelle de France et allait jusqu'à soutenir que tous les jansénistes, c’est-à-dire les constitutionnels, étaient des jacobins. Entre temps, le théologien de la Pénitencerie préparait son ouvrage sur le probabilisme, dont il ne put éditer que la première partie : Il possesso, principio fondamentale per decidere i casi morali, in-8°, Brescia, 1796. C’est l’argument de possession mis au service de la thèse probabiliste. La seconde partie, sur les actes humains, parut après la mort de l’auteur : Dissertazione seconda fra le morali sopra gli atti uman i, in-8°, Crémone, 1816.

Bolgeni jouissait d’une existence honorable et tranquille ; il résidait au Collège romain à titre de préfet de la bibliothèque, quand éclata la révolution qui vint s’en prendre si brutalement à la papauté. Pie VI ayant été enlevé de Borne en 1798, les cardinaux, les prélats, les hommes en place furent bannis, dépouillés, inquiétés et le serment de haine à la royauté fut imposé à tous par les jacobins au pouvoir. Faiblesse ou conviction, Bolgeni opina que la démarche exigée ne répugnait en rien à la conscience. Betenu chez lui par la goutte, il ne semble pas que lui-même se soit soumis au serment ; mais, sur son avis, les professeurs du Collège romain et de la Sapience n’hésitèrent plus à prononcer la formule. Cet avis, Bolgeni crut opportun de le défendre et de le motiver dans une suite d'écrits intitulés : Parère <it Gian Vincenzo Bolgeni sul guiramento civico, in-S", Borne, 1798 ; Sentimenti de' profession délia università del Collegio Romano so]>ra il giuramento preseritlo dalla Republica Bomana, in-8°, Borne, an Vil ; Sentimenti di Gian Vincenzo Bolgeni bibliotecariodelCollegio Romano sut giuramento civico prescrittO dalla Jlepublica Bomana, in-8°, Home, an Vil. Cette apologie répétée il u serment civique valut à l’auteur lesplus amers déboires.

Partout s'élevèrent les protestations les plus vives sous

forme de brochures, de lettres, de réflexions, de traités, et émanant d hommes de grand crédit, comme Simon