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BONAGRATIA DE BERGAME — BONAL


il s’efforçait d'établir que cette constitution, étant contraire à tant d’autres précédentes, était nulle et injuste, Vestrae signiftcat Sanctitati… Baluze, Miscellanea, t. III, p. 213. L’eflet de cet appel fut bien différent de celui que s’en promettait l’auteur, il y gagna pour son compte un an de prison, et Jean XXII, loin de retirer sa décrétale, la revit, l’aggrava encore dans sa forme et la promulgua de nouveau en lui laissant la même date. Cependant il y avait apporté une importante modification, en ce qu’il conservait pour le saint-siège le domaine sur les églises, les couvents, et sur les vases, livres et ornements sacrés. Le 12 novembre suivant il publiait la bulle Cum inter nonnullos, par laquelle il déclarait hérétique la proposition affirmant que le Christ et les apôtres n’avaient rien possédé ni en particulier, ni en commun. Voir Denzinger, Enchiridion, n. 419. Une protestation se fit ; elle venait de la Bavière et était signée du duc Louis, dont le pontife avait annulé l'élection comme empereur romain. Les mineurs rebelles avaient trouvé appui auprès de lui et il n’allait pas tarder à prendre l’un d’eux pour en faire un antipape, car il déclarait Jean XXII hérétique et déchu du souverain pontificat. On ne retrouve pas le nom de Bonagratia pendant les années suivantes avant 1328. Le pape avait mandé en cour Michel de Césène qui demeurait toujours suspect et lui avait adressé de graves admonitions ; il avait fini par lui défendre de s'éloigner sous peine d’excommunication. Le chapitre général devait se tenir à Bologne cette année et le cardinal d’Ostie avait été désigné pour le présider. Le jour même où le chapitre se réunissait (26 mai) et le confirmait dans sa charge, Michel de Césène, accompagné de Bonagratia et de Guillaume Ockam, s’enfuyait secrètement d’Avignon et trouvait à Aiguesmortes une barque, envoyée par Louis de Bavière, pour le conduire à Pise. L’année suivante le chapitre général se réunissait de nouveau à Paris et à cette occasion, comme Michel de Césène protestait toujours contre sa déposition, ses partisans, parmi lesquels on retrouve Bonagratia, publièrent des Allegationes dans lesquelles « Jean de Cahors, qui se dit Jean XXII » , est fort malmené. Baluze, Miscellanea, t. iii, p. 315. Ils avaient en effet tous pris rang parmi les fidèles de l’antipape Nicolas V. A partir de cette époque le nom de Bonagratia disparaît, on ne le retrouve plus que dans les sentences d’excommunication ou dans les mandats d’amener que lançait inutilement le souverain pontife. Voir col. 651. Avec Michel de Césène et Ockam il s'était entui en Bavière. Il mourut au couvent des mineurs de Munich au mois de février 1317, sans que l’on ait de preuves de son repentir, ni de son absolution.

Outre les Arliculi contre Ubertin de Casai, l’acte d’accusation contre les spirituels, son appel contre la bulle Ad conditorem canonum et les Allegationes de 1329, on lui attribue : Tractatus seu libellus de paupertale Christi ; Casas papales et episcopales… de quibus absolvere non possutd fratres minores et prsedicatores ; Opus de œtalibus Ecclesise contra primatum et super iorilatem papse.

Baluze, Miscellanea, édit. Mansi, Lucques, 1761, t. m ; Wadding, Annales minorum, aux années indiquées ; Sbaralea, Supplementum ad scriptores ord. minorum, Rome, 1807 ; Panlîto da Magliano, Storia compendiosa di S. f’rancescoe de' francescani, Rome, 1876, t. ii, p. 216 sq. ; Analecta fransciscana, Quaracchi, 1885-1897, t. i-m, passim ; Ehrle, S. J., Archiv fur Litteratur und Kirchengeschickte, t. iii, p. 36-41, où sont des renvois aux t. i, ii, au sujet de Bonagratia ; Denifle, Chartularium universitatis Parisiensis, t. ii, p. 436, note ; Eubel, Bullarium /ranciscanum, Rome, 1808, 1902, t. v, VI : on y trouve reproduites, outre les documents pontificaux, plusieurs des pièces citées.

P. Edouard d’Alençon.

2. BONAGRATIA DE HABSHEIM (Habsensis) en Alsace, capucin de la province de Suisse jusqu'à sa division et ensuite de la province d’Autriche antérieure, pré dicateur, controversiste et théologien, mort à Fribourgen-Brisgau le 3 mars 1672, après avoir publié : 1° Summula selectarum qusestionum regularium in spccialem usum FF. capucinorum, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1663 ; 2e édit., augmentée des Addilamenta summulse (édités en 1665), Cologne, 1667 ; Lyon, 1671 ; 2° Breviculus selectarum qusestionurn regularium, in-16, Cologne, 1668 ; 3° Elucidatio quarumdam qusestionurn et locorum theologicorum de sacramentis, in quibus S. Bonaventura doclor seraphicus a quibusdam doctoribus graviori censura perslringitur, in-8°, Cologne, 1669 ; 4° Disceplalio de malr’unoniis hsereticorum, Cologne, 1669 ; 5° Libri duo qusestionurn in quibus quseritur causa : cur liodie multi religiosi a religione cathulica de/iciant, in-8°, Cologne, 1670.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptor. ord. capuccinor. ; Hurter, Nomenclator, t. ii, col. 54.

P. Edouard d’Alençon.

    1. BONAL Raymond##


BONAL Raymond, fils de François Bonal, avocat, et de Jeanne de Perière, naquit à Villefranche-en-Bouergue le 15 août 1600, fit ses humanités et sa philosophie chez les jésuites de Cahors, étudia la théologie, le droit canon et le droit civil à l’université de Toulouse, reçut le sacerdoce en 1626, devint docteur en théologie en 1628 et peu après chanoine à Villefranche. En 1632, il conçut le projet d’une communauté de prètresqui vivraient selon l’esprit de saint François de Sales et imiteraient la conduite apostolique de l'évêque de Genève. Ayant rencontré des difficultés à Villefranche, il alla consulter à Paris les principaux ecclésiastiques de l'époque. Le Père de Condren lui conseilla de retourner à Villefranche. Bentré en juillet 1637, après avoir passé à Annecy visiter sainte Françoise de Chantai, il se mit en communauté avec deux ecclésiastiques auxquels d’autres se joignirent bientôt, auprès de l'église de Notre-Daine-de-Pitié. La cure de Foix, au diocèse de Pamiers, fut confiée à la communauté et Bonal s’y rendit en 1639. L'établissement n’ayant pas duré, Bonal, invité par Pavillon, vint à Aleth et fut employé par l'évêque à la visite du diocèse et à la tenue des conférences foraines. Après son retour à Villefranche, sa communauté fut reconnue officiellement par l’ordinaire. Bonal fut directeur du séminaire, fondé alors dans sa ville natale. En 1650, il organisa à Toulouse un séminaire-collège. En 1652, il se rendit à Adge pour y établir un séminaire, mais à peine y était-il installé qu’il fut emporté par la contagion qui régnait alors dans le pays. La congrégation de Sainte-Marie ou des Bonalistes, confirmée par Alexandre VU en 1665 et par Louis XIV en 1678, ne put diriger longtemps, faute de sujets, les séminaires qui lui avaient été confiés. Elle les remit successivement à la congrégation de la Mission et elle s'éteignit elle-même, en se fusionnant en 1752 avec les lazaristes.

Son fondateur avait publié un Cours de théologie morale, dans lequel les cas de conscience sont amplement enseignez et la pratique nécessaire aux pasteurs et à toutes sortes de personnes, tant ecclésiastiques que laïques, ¥ édit., 2 in-12, Paris, 1662, 1663 ; 6 E édit., Paris, 1668-1674 ; Bouen, 1675 ; 7e édit., Paris, 1677 ; Lyon, 1688 ; 8e édit., Paris, 1685, revue et augmentée du Pénitent catéchisé. Ce cours était suivi dans plusieurs séminaires, tenus par les sulpiciens, à Toulouse, à Valence, à Thiers et ailleurs. En 1691, M. Tronson écrivait à M. Azégat., -professeur de morale à Viviers : « Vous ferez bien de vous contenter, pour vos conférences de morale, d’expliquer Bonal, sans vous fatiguer à composer des écrits. » Une traduction latine par Pierre Laur avait été publiée sous le titre : Theologia moralis R. Bonalis, 2 in-12, Toulouse, 1674. En 1708, un anonyme publia des Remarques sur la théologie morale de M. Bonal, qui servent d’additions et d'éclaircissements aux décisions qu’il a données dans son ouvrage pour l’instruction des ecclésiastiques, in-12, Toulouse, 1708. Il repro-