Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/558

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1103
1104
BOURSE (JEUX DE)


de Paris en 1563. Toutes ces Bourses ne s’occupaient que des affaires de change. Même Paris au xviie siècle ne possédait pas encore de bourse de valeurs. Vers 1702, commença la spéculation — ou, comme on disait alors : l’agiotage — sur les billets que, sous couleur de nécessité fiscale, émettait la « Caisse des emprunts » .Un peu plus tard (1716), le célèbre aventurier Law persuadait au régent Philippe d’Orléans, que la création d’une banque d’émission à large surface suffirait pour rendre d’un seul coup la France riche et prospère. Il appliquait son « système » par la formation de la Compagnie du Mississipi, et la rue Quincampoix, où la plupart des banquiers avaient leurs bureaux, devenait le théâtre des plus folles spéculations de bourse. Désormais la technique moderne des bourses était implantée à Paris.

Après le krach retentissant du « système <>, le gouvernement érigea en 1724 une bourse officielle pour les valeurs et le change. En même temps les agents de change recevaient une nouvelle organisation, dont les traits principaux se sont conservés jusqu’à nos jours.

3e période : xixe et XXe siècles. — 1° stade (1793 à 1825). — La période qui s’écoulede 1793 à 1825 peut être désignée dans l’histoire de la Bourse, sous le nom de « période des grands emprunts d’État » . Ce fut d’abord l’Angleterre qui, pour soutenir ses guerres, fit appel à des émissions considérables : plus de 600 millions de livres sterling de 1793 à 1815. Après la conclusion de la paix, d’autres États suivirent cet exemple ; les portes de la bourse s’ouvrirent toutes grandes devant eux. La maison Rothschild joua dans ces opérations un rôle prépondérant et posa les fondements d’une fortune toujours croissante. Lorsque les colonies espagnoles de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale se rendirent indépendantes, elles contractèrent à la Bourse de Londres des emprunts considérables, qui donnèrent lieu à de nombreuses spéculations.

En Allemagne, la spéculation sur les fonds d’État Commença à Francfort, où fut introduite, alors seulement, la technique spéciale des bourses.

2e stade (1834-1848). — En 1834, s’ouvrit à Londres la période de spéculation dite « des chemins de fer » . En France, la fièvre des chemins de fer éclata seulement après 1838 et en Allemagne après 1840. Le point culminant de la spéculation sur les chemins de fer fut atteint en 1846. Une terrible réaction suivit, occasionnée par la crise politique de 1848.

3’stade (1852 à 1800). — La troisième période de spéculation au XIXe siècle est celle de la spéculation de banque et s’étend de 1852 à 1860. Napoléon, après le coup d’État, déchaîna l’esprit d’entreprise et la fièvre de spéculation qui avaient été comprimés pendant la période révolutionnaire. Il fut puissamment secondé dans cette tâche par Pereire, qui fonda le Crédit mobilier. Avec l’année 1860, s’ouvre une ère de grandes fondations de tout genre : sociétés de commerce, d’industrie, de banque. Ce fut l’âge d’or du crédit, qui atteignit son apogée après la guerre franco-allemande de 1870.

Depuis lors, et jusqu’à nos jours, la bourse joue un rôle prépondérant dans l’économie nationale des États. La spéculation sur les marchandises a pris un développement considérable. Grâce au télégraphe, les transactions sur les laines d’Australie, les soies de Chine, le coton d’Amérique, le café du Brésil, l’or du Transvaal, etc., s’exécutent sur les bourses du continent comme si la distance n’existait pas. Solidaires les unes des autres, les bourses tendent à se fondre en un seul marché mondial.

III. Opérations de bourse.

1° Opérations au comptant. — Les opérations au comptant sont celles qui se règlent immédiatement ou dans un temps très court. Leur mécanisme est des plus simples. L’agent de change vendeur propose le marché à ses confrères, si l’un d’eux accepte, ils se donnent réciproquement des engagements

sur papier libre (bleu pour les ventes, rouge pour les achats), qui sont échangés avant la Bourse suivante.

Toute livraison de titres entre agents est accompagnée d’un bordereau timbré. Il spécifie la nature, les numéros, les quantités, le prix et les échéances des titres. Ceux-ci sont payés comptant sur sa présentation. L’opération est complète par la remise des titres à l’agent acheteur ou à son client.

Marchés à terme fermes.

Le marché à terme

ferme est une négociation que les parties s’engagent à exécuter à une date déterminée appelée liquidation, sans condition résolutoire. Lorsque la remise des titres contre argent s’effectue réellement, le marché est un marché à livrer, mais souvent l’intention des contractants n’est pas de livrer les titres, mais seulement de solder la différence qui existe entre le prix convenu et le cours du comptant au jour de la liquidalion. C’est alors un marché de bourse différentiel ou simplement marché différentiel. Les marchés se font à découvert lorsque le vendeur ne possède pas les litres ou l’acheteur les capitaux nécessaires au contrat de venle-achat.

L’agent de change est en droit, avant d’accepter un ordre, d’exiger la remise d’une couverture, calculée d’après les chances approximatives de baisse ou de hausse de la valeur qui fait l’objet de la négociation et partant suivant son découvert présumé. Faute de livraison on de paiement à l’échéance par le donneur d’ordre, l’agent est autorisé, si la couverture est en argent, à en retenir le montant jusqu’à concurrence de son dû ; si elle est en titres, à aliéner ceux-ci pour s’en appliquer le prix.

Les valeurs négociées à terme se liquident une fois ou deux par mois (le 15 ou le 30), suivant les décisions arrêtées par la compagnie des agents de change en assemblée générale. Mais aucun marché ne peut être contracté pour un terme plus éloigné que la deuxième liquidation, à partir du jour où le marché est conclu.

Marchés à prime.

Le marché à prime est un

contrat à terme dans lequel l’acquéreur s’est réservé le droit d’opter à l’échéance entre l’exécution de la convention ou l’abandon à son vendeur d’un dédit stipulé à l’avance. Ce dédit se nomme prime ; elle constitue en quelque sorte les arrhes du marché, son objet est de limiter en cas de baisse les risques de l’acheteur qui sait d’avance en traitant à quelle perte maxima il s’expose. On voit que le marché à prime est conditionnel ; il ne devient définitif, c’est-à-dire ferme, que si l’acheteur déclare au vendeur qu’il le maintient.

Le 15 et le dernier jour de chaque mois, à une heure et demie, a lieu la réponse des primes, c’est-à-dire la déclaration par laquelle les acheteurs à terme font connaître à leurs vendeurs s’ils entendent lever les effets ou abandonner la prime. Un délai de cinq minutes, pendant lequel toutes les affaires sont suspendues, est consacré à cette réponse.

Elle s’opère d’ailleurs tacitement suivant le cours de compensation, qui est le taux d’après lequel se règlent les opérations à terme et les reports. Si les valeurs ont un cours égal ou supérieur au prix d’achat, l’acheteur -est supposé prendre livraison, puisque tel est son intérêt. Au contraire, en cas de baisse, il est censé abandonner la prime, puisque la levée des titres serait plus onéreuse pour lui.

Les quotités des primes sont généralement de 0, 25 ; 0, 50 ; 1, etc. Dans le vocabulaire spécial de la bourse, on dénomme les primes : dont 25, dont 50, dont 1, et on les inscrit comme suit : 101, 10/25 ; 101, 10/50 ; 101, 10/1.

On appelle escompte la faculté laissée à l’acheteur à terme de se faire livrer par anticipation tout ou partie des effets vendus contre le payement du prix convenu. Il peut avoir lieu dès la quatrième bourse qui suit la liquidation des valeurs.