jusqu’en 1536 ; il fut alors appelé à Tubingue par le duc Ulrich de Wurtemberg qui lui confia la direction de l’université de cette ville, avec Camerarius et Fuchs. En 1537 il assista au convent de Smalkalde ; il retourna prêchera Halle en 1540, et ne quitta cette ville que pour aller assister aux derniers colloques entre catholiques et protestants allemands : à Haguenau en 1540, à Worms et à Ratisbonne en 1541. La guerre de Smalkalde qui éclata en 1546 entre l’électeur de Saxe et Charles-Quint, s’étant terminée en 1547 par la victoire de l’empereur àMuhlberg, Halle fut occupée par les soldats impériaux ; Brenz, qu’on accusait d’avoir fomenté cette guerre, dut s’enfuir. Mais Charles-Quint vint lui-même à Halle et comme il n’inquiéta pas les habitants au sujet de leur religion, Brenz y revint et y resta jusqu’à ce qu’on voulût, en 1548, lui imposer l’Intérim d’Augsbourg. Il protesta par un écrit où il qualifie cet accommodement d’Interitus. Granvelle ordonna alors aux habitants de Halle de l’envoyer encha’né à Augsbourg. Averti de ce dessein, auquel avaient accédé ses concitoyens qu’il avait évangelisés pendant vingt-quatre ans, Brenz se retira d’abord dans le voisinage, puis erra longtemps, ainsi que sa femme malade et ses six enfants. Informé de ses malheurs, et au risque de s’attirer la vengeance impériale, le duc Ulrich de Wurtemberg permit à Brenz d’exercer, sous le nom de Huldrich Œngster (Hudericus Encaustius, c’est-à-dire brûlé), la charge de bailli de llornberg dans la Forèt-Noire. Sa femme était morte pendant cet exil, et il se remaria en 1550 avec la sœur de son ami Isenmann ; il en eut douze enfants. La même année, Ulrich mourut et son fils, le nouveau duc Christophe, rappela Brenz à Stuttgart ; il en lit son ami et son principal conseiller ; en 1553 il le nomma prévôt de l’église collégiale de Stuttgart.
Dès lors, Brenz consacra tout son temps à la diffusion du luthéranisme. Depuis la mort de Luther en 1546, il était considéré comme son successeur. Bien que modéré dans la forme, il était animé d’un esprit de prosélytisme très actif. Aussi le duc de Wurtemberg l’envoya en 1552 présenter aux Pères du concile de Trente et défendre la profession de foi luthérienne dite Confessio Suevica ou Wurlembergica, que Brenz avait rédigée l’année précédente avec plusieurs théologiens de Tubingue, dans des termes entièrement conformes aux principes fondamentaux de la confession d’Augsbourg. Mais celui-ci n’eut pas l’occasion de soutenir cette profession de foi, les Pères du concile ayant été contraints de se disperser peu après son arrivée à Trente. En 1552, le dominicain Pierre Soto, confesseur de l’empereur, et alors professeur à l’université de Dillingen, composa un écrit : A dsertio fdei calholicse circa articulos confessionis Wirtembergicx, Brenz y répondit par son Apologia confessionis Christophori ducis Wirtembergici. Vers cette époque, il discuta aussi en divers écrits les doctrines d’Osiander, et montra en quoi ce dernier s’était écarté des paroles et des écrits de Luther qu’il prétendait interpréter. Il réfuta aussi les écrits de Bullinger, disciple et successeur de Zvvingle, et soutint contre lui la présence réelle. En 1562, il s’occupa des réformés français, et en compagnie du duc Christophe, il eut, à Saverne, une entrevue avec le duc de Guise et le cardinal de Lorraine. Après avoir terminé l’organisation de l’Eglise luthérienne du Wurtemberg, il mourut, âgé de soixante-onze ans, à Stuttgart, le 11 septembre 1570.
Brenz a toujours été considéré comme un des plus remarquables théologiens partisans de la confession d’Augsbourg. Il a prétendu rester lidèle à la doctrine de Luther sur la prédestination, la justification par la foi seule ; il enseignait que Christ n’a pas bâti son Église sur la personne de Pierre, mais sur la foi : le rocher c’est Christ lui-même, Pierre signifie seulement : qui adhère à ce rocher. Selon lui, Christ a ordonné’trois choses : la prédication, le baptême, la cène. La parole
de Christ concernant la cène renferme une promesse indéfectible et toute-puissante. Si on veut n’y voir qu’une figure, on s’attribue le droit de discuter tous les enseignements et tous les actes de Christ. La foi ne fait pas le sacrement, pas plus que l’intention de ceux qui le reçoivent, mais c’est la puissance de Christ qui agit par la parole même de la promesse. Cette parole porte le corps de Christ dans le pain, le convertit en corpus corporale Christi.X la fin de sa vie, sans employer l’expression d’ubiquité, Brenz professait que le corps de Christ, comme sa divinité, est présent partout depuis l’ascension. Cette nouvelle manière d’expliquer la présence du corps du Christ dans l’eucharistie fut imaginée surtout contre les zvvingliens, et adoptée par la secte des ubiquitaires.
Les œuvres de Brenz forment 8 in-fol., Tubingue, 1576-1590 ; Amsterdam, 1666. Beaucoup sont reproduites dans le Corpus reformatorum. Voir aussi les Anecdota Brentiana de Pressel, Tubingue, 1868. Sa vie a été écrite par Hartmann et Jœger, Johann Brenz, nach gedruckten und ungedruckten Quellen, 2vol., Hambourg, 1840 1842, et dans la collection : Voter und Begrùnder der lutherischen Kirche, Elberfeld, 1862, t. vi. Voir Michel Adam, Vitx germanorum theologorum, p. 436 sq. ; Beyschlag, Lebensbeschreibung des Joh. Brenz, Nuremberg, 1735 ; Cammerer, Joli. Brenz, der ivùrtembergische Beformator, Stuttgart, 1840 ; Moreri, Dictionnaire, t. h ; Janssen, L’Allemagne et la Béforme trad. Paris, Paris, 1892, t. iii, passim ; 1895, t. iv, passim ; Kirchenlexikon, t. H, col. 1234-1242 ; Realencyclopiidie, t. IV, p. 376-388 ; Kœhler, Bibliographica Brentiana, 1903.
L. Lœvenbruck.
- BREYER Rémi##
BREYER Rémi, théologien français, né à Troyes en
1669 et mort en 1749, chanoine de cette ville et docteur
de Sorbonne ; on a de lui les ouvrages suivants : Catéchisme
des riches, in-8o, Troyes, 1711 ; Traduction des
lettres de saint Loup, évoque de Troyes, et de saint
Sidoine, éuèque de Clermonl, in-12, Troyes, 1706 ; Vita
S.Aderaldi, in-12, Troyes, 1724 ; cette vie avait été composée
par un auteur anonyme ; il ne fit que l’éditer, en y
ajoutant une préface ; Vies de saint Prudence et desainte
Maure, in-12, Troyes, 1725 ; Nouvelles dissertations sur
les paroles de la consécration, in-8o, Troyes, 1733, où il
prouve, contre le P. Lebrun, que les grecs et les latins
ont toujours placé la forme de la consécration dans les
paroles : Hoc est corpus mcum, etc. ; Histoire (manuscrite
) chronologique et dogmatique des conciles de laprovince
de Sens et des Annales de la ville de Troyes.
Grosley, Éloge historique et critique, in-12, Troyes, 1753 ; Feller, Biographie universelle, Paris, 183C, t. iv, p. 123 ; Glaire, Encyclopédie catholique, in-4 Paris, 1854, t. IV, p. 390 ; Hurter, Nomenclator literarius theologiae catholicx, in-8o, fnspruck, 1893, t. il, col. 1338.
V. EnJIONl.
- BRIARD Jean ou BRIAERT##
BRIARD Jean ou BRIAERT, théologien de l’université
de Louvain, était né à Belœil, bourg du territoire
d’Ath, dans le Hainaut. D’où le surnom d’Athensis, qu’il
allectionnait lui-même et par lequel ses contemporains
le désignent assez communément. D’abord professeur
de philosophie, il conquit ensuite le grade de docteur en
théologie. Sa promotion solennelle eut lieu, selon les
uns, le 21 juin 1491, en même temps que celle d’Adrien
Boyens, plus tard pape sous le nom d’Adrien VI ; selon
d’autres, elle serait postérieure à 1497. En tout cas,
Briard fut, pendant ses études, et resta toujours en relations
d’étroite amitié avec Boyens. C’est à la suite des
œuvres du second que furent imprimées, en 1518, et
plusieurs fois réimprimées, en 1522, 1527, 1546, 1547, les
Queestiones quodlibeticæ du premier. Un autre ouvrage
de Briard a pour titre : Quodlibetùm de causa uulutgeutiarum,
in-4o, Leipzig, 1519.
Briard n’était pas moins estimé pour son caractère que pour sa science. La charge de recteur de l’université était alors semestrielle, et deux fois il eut l’honneur d’être appelé. En 1487, il succéda à Boyens dans la dignité de ieo-chanoelier, et il eut, en 1519, une part