grœcos et orientales in bibliotheca Angelica, Rome, 1893, passim.
V. Banez théologien.
Baiiez est considéré, à juste titre, comme un des commentateurs les plus profonds et les plus sûrs de la doctrine de saint Thomas. Son style est clair, sobre et nerveux, sans obscurité ni fausse élégance. Son érudition est abondante, sans ostenlation ni encombrement. Sa puissance logique et son intelligence de la métaphysique sont particulièrement remarquables, et il dépasse sur ce terrain ses maîtres et ses confrères les plus célèbres : François de Victoria, Melchior Cano, Dominique Soto et Barthélémy de Modina.
La doctrine de Banez ne donne pas lieu à une exposition spéciale, puisqu’elle ne se différencie pas de celle de saint Thomas. Il s’est expliqué lui-même clairement sur son dessein : Etiam in ïcvioribus qusestionibus, nec latum quidem unguem a S. Doctoris doctrina unquain discesserim. I a, q. xxiv, a. 6. On a voulu cependant faire de lui un chef d’école, ou tout au moins un chef de direction dans l’école thomiste sur les matières de la prédestination et de la grâce. Il est vrai que Banez, pour éviter les équivoques doctrinales résultant de la manière de parler chez les tenants des nouvelles théories sur la grâce, a dû utiliser de préférence certains mots plus précis et formuler avec plus de netteté certaines propositions, mais ses formules ne dépassent pas la doctrine de saint Thomas. Le cardinal Madruzzi, président des congrégations de auxiliis, a exprimé un jugement très exact en disant de Banez : Videtur quod sententia Bannesii sit deducta ex pHncipiis D. Thomas, et quod iota jluat ex ipsius doctrina, licet in modo loquendi aliqualiterdifjerat. Nidlibi enim S. Thomas dicit Ixberum arbitrium moveri concursu physico, sivegratiæf/icaciterphysiceprœdelerminante liberum arbitrium. Si tamen attente legatur, in re non videtur ab ista Bannesii sententia, aut modo loquendi distare. Serry, Hist. cong. de auxil., Appendix, col. 89. Les mots de prédélinition et de prédétermination chez Baiîez sont employés pour exprimer l’antériorité et l’indépendance de la science et de la providence divines à l’égard des futurs libres qui, dans les théories catharinomolinistes, semblent moins clairement soumis à la causalité divine. Saint Thomas emploie lui-même d’ailleurs ces mots. Comment, de divinis nominibus, lect. m a, c. V. Pareillement, les mots prémotion physique ont pour but de s’opposer, le mot physique, à la motion simplement morale, le mot prémotion, au simple concours de la causalité divine et du libre arbitre sans subordination de l’un à l’autre. Si l’on doit estimer qu’il eut été plus expédient de s’en tenir à la langue classique de saint Thomas, on ne doit pas oublier que les nouvelles opinions qui se sont produites au cours du xvi c siècle, par réaction contre la dogmatique luthéro-calviniste, ont nécessité dans l’école thomiste l’emploi de semblables formules.
D. Bafiez, Prologue à son Commentaire sur la I’pars ; Quétif-Echard, Script, ord. prxd., t. H, p. 352 ; Touron, Histoire des Hommes illustres de l’ordre de Saint-Dominique, Paris, 1743, t. IV, p. 750 ; Hurter, Nomenclator literarius, t. I, p. 144 ; Kirchenlexikon, 2’édit., t. i, col. 1948-1965 ; P. Alvarez, 0. P., Santa Teresa y et paire Bafiez, Madrid, 1882 ; V. de la Fuente, Escritos de santa Teresa, Madrid, 1881 ; Grégoire de Saint-Joseph, Lettres de sainte Thirèse de Jésus, Paris, ¥J00F. H. Reuscti, Luis de Léon und die spanische Inquisition, Bonn, 1873 ; F. Blanco Garcia, Secundo proceso inslruido por la lnquisicio>i de Valladolid contra Fr. Luis de Léon, dans La Ciudad de Dios, Madrid, 1896, t. xli ; A. Serry, Historia congregationum de auxiliis, Venise, 1540 ; Livin de Meyer, Historia conyregationum de divinæ gratix auxiliis, Venise, 1740 ; Testimonio verdadero de lo que se passa en la muerte del padre mæstro fray Domingo Baïvz de la orden de predicadores, Barcelona, 30 de deziembre 1004, Bibl. publique de Toulouse, ms. n. 258 (111, 74 ;, fol. 386 ; P. de Régnon, Banez et Molina, Paris, 1883.
P. Mandonnlt.
- BANQUE##
BANQUE.— I. Définition. II. Historique. III. Opérations.
IV. Classification. V. La banque et la morale.
I. Définition.
L’origine du mot banque révèle le rôle principal, le caractère fondamental de cette industrie. Que l’on interroge la langue grecque, la langue latine, les langues modernes, on découvre la même étymologie : c’est TpàTiï’a, mensa (mensarius), banco, banc, d’où, banchicre, banquier. Ainsi le nom de banquier est donné à celui qui, derrière son banc, sa table, son bureau, change les monnaies, signe les lettres de crédit, règle les comptes des commerçants. Au moyen âge, les changeurs reçoivent des municipalités le droit d’établir des bancs sur la place publique ; c’est pour eux la patente de banquier. L’usage qui est la règle du langage, attribue au mot « banque » un double sens : ou bien celui de la profession, ou bien celui de l’établissement ; parfois un qualificatif indique le genre spécial d’affaires dont s’occupe la banque ou le siège de l’établissement : banque d’escompte, banque de -spéculation, Banque de France, Banque d’Angleterre.
D’une manière générale, on peut définir la banque : le commerce de l’argent sous forme de change des monnaies, ou de distribution du crédit. Emprunter l’argent d’autrui en recevant des dépôts, le prêter ensuite, le vendre en quelque sorte par l’escompte, le prêt direct, la lettre de change, le virement, etc., telle est la fonction propre du banquier.
II. Historique.
I. antiquité. — En remontant le cours des âges, la première opération de banque qui apparaît dans l’histoire, c’est le change des monnaies ; plus tard, les banquiers reçoivent des dépots d’argent à titre gratuit, ils font auprès des commerçants l’office de caissier pour effectuer les paiements, les transports de fonds à distance, la compensation des dettes, enfin, à une époque plus reculée, ils emploient les dépôts à des opérations de crédit.
Le commerce de l’argent, qui est l’âme de la banque, suppose, avec la diversité des monnaies, un certain développement du commerce ; aussi l’histoire nous montre-t-elle l’institution de la banque prendre naissance dès que le régime de la monnaie remplace celui du troc en nature, et progresser suivant la marche ascendante du commerce et de l’industrie.
Chez les Israélites, les Perses, les Indiens, peuples d’agriculteurs, la banque n’existe pas ; au contraire, parmi les Assyriens, les Carthaginois, les Phéniciens, dont le commerce était florissant, l’industrie de la banque trouve un terrain favorable.
1° Assyrie.
En Assyrie, dès le vii a siècle avant J.-C,
il existe des maisons de banque, dont les documents cunéiformes nous ont conservé le souvenir. Ils nous apprennent qu’à Babylone, la banque des Igibi, dont le chef, Sula, mourut environ 581 ans avant J.-C, jouait un rôle prépondérant, analogue à celui des Rothschild du xx’siècle. Le banquier recevait des dépôts à intérêts, prêtait sur gage ou sur simple reçu, il achetait pour le compte de ses clients et touchait de ce chef des commissions qui s’élevaient parfois jusqu’à 50 p. 100 du prix d’achat. L’antichrèse était en usage, le banquier créancier ayant le droit de prélever au temps de la récolte une partie de la moisson en paiement des intérêts échus. Chose remarquable, certaines banques émettaient des. billets à vue et au porteur appelés hudu, qui présentent avec le billet de banque actuel de grandes analogies. On trouve aussi dans ces temps reculés des exemples d’affaires en participation et de commandite, c’est ainsi qu’un grand banquier de Babylone commanditait une maison de prostitution.
2° Grèce.
Les documents concernant le commerce
de banque sont, pour la Grèce, plus nombreux et plus détaillés. Dès le iv° siècle avant J.-C, apparaissent les trapézites, dont l’institution coïncide avec le grand essor commercial qui précède la querre contre les,