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BANQUE


échanges, correspondit une crise monétaire caractérisée par 1’insuflisance du numéraire, la multiplication des différentes espèces de monnaies, l’altération du titre. On dut créer des substituts de la monnaie, développer le rôle et l’usage de la lettre de change ainsi que le virement et la compensation. Peu à peu l’Italie perd le monopole de la banque qui devient lé bien commun de l’Europe centrale. D’autre part, le développement du commerce d’exportation, le recrutement et l’équipement des armées à solde, la fabrication des armes à feu accroissent la demande de capital.

Le crédit fait aux princes, en particulier aux rois de France, d’Espagne et de Portugal, atteignit des proportions telles qu’il s’ensuivit une crise européenne. Une série de banqueroutes retentissantes, banqueroutes d’États ou de particuliers, causèrent la ruine de deux places ilorissantes : Lyon et Anvers. Seuls les Génois restèrent debout et, en perfectionant très habilement la technique de la banque, ils reprirent le monopole des paiements et du crédit internationaux. Par l’emploi de la lettre de change et de la compensation, ils parvinrent à supprimer à peu près complètement la monnaie métallique dans les règlements de compte. Ainsi quatre fois par an les banquiers génois se réunissaient dans une ville de Savoie ou d’Italie au nombre de cinquante ou soixante et compensaient les créances d’une grande partie de l’Europe.

IV. LES GRANDES BANQUES DE VIREMENT.

La déconfiture d’un grand nombre de banques privées amena la création de banques d’État. Dès 1582, le gouvernenement de Pise proscrit les banques particulières et décrète la fondation d’une banque publique. En 1585, la République de "Venise ouvre le Banco di Rialto, auquel elle confie le monopole en 15’Ji. Ayant fait de mauvaises affaires, cette banque fut remplacée en 1619 par le Banco del Giro qui dura jusqu’en 1816.

Le Banco di Sant’Ambroggio, fondé à Milan en 1593, reconstitué en 1662, resta debout jusqu’à l’invasion de Napoléon I er, dans laquelle il fut submergé.

En Hollande et à Hambourg existèrent deux banques célèbres par leur prospérité et l’extension de leurs transactions dans le monde commercial. Créée en 1609, la Banque de Hollande subsista jusqu’au moment de la conquête des Pays-Cas par les armées françaises en 1795. La Banque de Hambourg fournit une carrière plus longue. Érigée en 1619, elle maintint avec honneur sa réputation jusqu’en 1873, époque à laquelle elle succomba victime de la politique de Bismarck.

Le but principal de ces banques était de faciliter les règlements de compte en établissant une monnaie uniforme, fixe, indépendante de la diversité des monnaies, en opposant la monnaie idéale et de « compte » , toujours une et identique à la monnaie diversifiée et changeante de la pratique. C’était à Hambourg le mark de banque, à Amsterdam le florin de banque.

v. temps modernes. — Une crise monétaire, le besoin croissant de capitaux furent les causes qui amenèrent en Angleterre la création de la Banque nationale. L’Act de fondation qui porte la date de 1691 fut l’œuvre des wighs ; il conférait à la Banque le privilège d’émettre des billets. Ce lut le type des banques nationales d’émission qui se répandirent rapidement dans les divers États de l’Europe.

Au commencement du xixe siècle, Amshel Rothschild, qui amassa une fortune colossale dans des spéculations de bourse et d’émission d’emprunts publics, peut être à juste titre considéré comme le fondateur de ce qu’on a appelé la haute banque. La haute banque ne s’occupe pas, ou du moins ne s’occupe que d’une manière très secondaire des opérations ordinaires de banque : escompte, dépôts, virements, mouvements de caisse, etc., mais elle concentre toute son activité dans les spéculations de Bourse, l’émission des emprunts,

les grandes affaires de change. Elle se compose de riches financiers qui opèrent avec leurs propres capitaux, a pour chef la dynastie des Rothschild et groupe des banquiers, juifs pour la plupart, répandus sur les principales places commerciales du monde entier. Les grandes entreprises industrielles de notre époque ont aussi attiré les barons de la haute finance et ceux-ci ont fort habilement mis à profit la forme de société anonyme pour dissimuler au public la puissance qu’ils ont acquise sur ce terrain.

Le mouvement de concentration qui s’est produit de nos jours dans le commerce et l’industrie s’est étendu à la banque. C’est ainsi qu’il s’est constitué de grandes sociétés financières par actions, qui centralisent les diverses affaires de banque et opèrent sur un grand rayon avec des capitaux considérables.

Les principaux de ces établissements sont en France : le Crédit lyonnais, la Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie, le Comptoir national d’escompte et le Crédit industriel. Ces sociétés ont des comptoirs dans les divers quartiers de Paris et des succursales plus ou moins nombreuses en province et même à l’étranger. Elles s’y implantent en pratiquant l’escompte commercial à un taux plus bas que les banquiers locaux auxquels elles font une concurrence très vive. Ces opérations qui dans leur ensemble ne leur laissent que de faibles bénéfices sont comme les « articles sacrifiés » par les grands magasins, mais elles attirent une clientèle dans laquelle ces maisons de banque placent leurs émissions de valeurs.

III. Opérations de banque.

Toutes les opérations de banque peuvent se rapporter à deux catégories principales : les unes ont pour objet, directement ou indirectement, le prêt de l’argent, les autres ont pour but de faciliter les recouvrements et paiements. Ainsi : 1° Opérations de crédit ; 2° Opérations de caisse.

I. opérations de crédit. —1° Les dépôts. — La première opération du banquier consiste à se procurer des capitaux. Or il existe, répandue dans le public, une masse considérable de capitaux dispersés, sous forme de numéraire, argent qui ne produit rien et attend le moment, l’occasion de s’employer. Le banquier attire ce capital llottant par la promesse d’un intérêt. Le faux de cet intérêt dépend principalement du temps pendant lequel le banquier peut disposer des fonds qui lui sont confiés. Ce sera par exemple 1/2 ou 1 p. 100 pour les dépôts à vue ; 1, 1/2, 2 ou 3p. 100 pour les dépôts à un, deux, trois, quatre ou cinq ans.

On peut aussi déposer des sommes d’argent, des titres ou des valeurs en simple garde sans toucher d’intérêt, parfois même en payant un droit. C’est ainsi que la Banque de France et la Banque d’Angleterre ne servent aucun intérêt pour les fonds qu’elles reçoivent en dépôt, estimant qu’elles rendent aux déposants un service suffisant en assumant la responsabilité des dépôts, en faisant le service des coupons et le recouvrement des intérêts.

Enfin on peut encore déposer des valeurs chez le banquier en crédit d’affaires, avec ouverture d’un compte courant de dépôt. Le client remet au banquier tous ses fonds disponibles, celui-ci se charge en retour de recevoir et de payer sur place pour le compte du déposant.

L’escompte.

L’escompte consiste à recevoir les

effets de commerce, tels que lettres de change, billets à ordre, traites, avant leur échéance, en faisant aux porteurs de ces effets l’avance de la valeur de ceux-ci moyennant un intérêt déterminé. Il s’ensuit que l’escompte n’est qu’une forme du prêt à intérêt, avec cette différence toutefois qu’il suppose toujours une opération commerciale préalable : celle qui a donné lieu à la création de l’effet escompté. D’ordinaire, c’est un prêt à court terme, car l’échéance des effets de commerce,