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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/98

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BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

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enfants qui en faisaient partie. Cette conjecture est assez vraisemblable ; mais il est possible cependant que l’Écriture ait voulu mentionner seulement le baptême des adultes, à cause des dispositions qu’elle suppose d’ordinaire chez les baptisés dont elle parle. En revanche, certains principes généraux énoncés par l’Ecriture permettent de conclure avec certitude que les enfants peuvent et doivent être baptisés. Nous savons, par exemple, que « Dieu veut le salut de tous les hommes » . I Tim., ii, 4. Or, l’existence de cette volonté salvifique serait contestable, s’il n’y avait pas, dans l’économie actuelle, une institution régulière et permanente destinée, autant que le permet le jeu de la liberté humaine, à procurer le salut des enfants comme des adultes. Cette institution est précisément le baptême. L’Ecriture nous apprend encore que la venue de Jésus-Christ en ce monde a eu pour effet de réparer le mal causé à l’homme par la chute originelle, et que cette réparation a son point de départ dans une seconde naissance, d’ordre spirituel, qui efface en chacun de nous la souillure d’origine que nous contractons par notre première naissance. Il est certain, d’autre part, que le bien de la rédemption l’emporte de beaucoup sur le mal de la chute. Rom., v, 15. Si donc les enfants contractent le péché originel par le seul fait de leur naissance selon la chair, et avant tout exercice de leur liberté, à plus forte raison pourront-ils être justifiés et devenir enfants de Dieu par le seul fait de la régénération baptismale, avant l’usage de leur raison. En d’autres termes, ils peuvent recevoir le baptême aussi bien que les adultes. On ne peut pas conclure des paroles de saint Paul, I Cor., vii, 14, que les enfants des chrétiens sont saints par le seul fait de leur origine de parents croyants, sans avoir besoin d’être purifiés par le baptême. La signification de ce passage est très discutée. Notons qu’en raison de la comparaison, la sanctification des enfants, nés de parents chrétiens, est de même nature que celle des époux infidèles sanctifiés par leur conjoint fidèle. Les Pères grecs ont simplement conclu que la sanctification de ces enfants et celle des époux infidèles étaient rendues plus faciles et plus sûres par suite de leur situation dans une famille chrétienne. Les Pères latins ont entendu cette sainteté d’une sainteté extérieure, résultant pour les enfants et les époux de leurs rapports avec des chrétiens sanctifiés par le baptême : ces enfants, même n’étant pas encore baptisés, n’étaient pas souillés comme les païens, ils appartenaient déjà d’une certaine manière au Christ et étaient soustraits en partie au domaine du prince de ce monde. Aucun Père n’en a conclu que les enfants, nés de parents chrétiens, n’avaient pas besoin de recevoir le baptême. R. Cornely, Comment. in S. Pauli priorem epist. ad Corintltios, Paris, 1890, p. 183-186.

Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1880, t. ii, p. 330-335 ; Hurter, Tlieologix dogmaticæ cotnpendium, Inspruck, 1891, t. iii, p. 264 sq. ; Chardon, Histoire des sacrements, dans Migne, Cursus completus tlieologise, t. xx, col. 1-159 ; Corblet, Histoire dogmatique, liturgique et archéologique du sacrement de baptême, 2 in-8°, Paris, 1881, 1882 ; Vacant, article Baptême, dans Vigoureux, Dictionnaire de la Bible, 1. 1, col. 14331441 ; Sasse, Instilutiones theologicx de sacramentis Ecclesise. Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. I, p. 196 sq. ; Ansaldi, De baptismate in Spiritu Sancto et igni commentarius sæer philologicocriticus, Milan, 1752 ; Hardouin, De baptismo in nomine Christi, Paris, 1687 ; Matthies, Baptismatis expositio biblica, historica, dogmatica, Berlin, 1731 ; Orsi, De baptismo in sulixx Jesu Christi nomine nunquam consecrato. Milan, 1733 ; Reiche, De baptismi origitie et necessitate nec non de formula baptismi, Goettingue, 1816 ; Wernsdorff, De baptismi christianorum origine mère divina, Wittemberg, 1720 : Lenoir, Essai biblique, historique et dogmatique sur le baptême des enfants, Paris, 1856 ; Pozzy, Le baptême des enfants en face de l’histoire et de la Bdile, Paris, 1856 ; Garner, The primitive baptism considered, Londres, 1701 ; Hammond, The baptism of infants défend£d, Londres, 1655 ; Reinhard, Grundliche und schriftmàsiye

Vertheidigung der Kinder tau fe, Iéna, 1731 ; Schmidt, Essai sur la doctrine du baptême d’après le N. T., Strasbourg, 1842 ; Vivien, Le baptême d’eau étudié dans le N. T., Strasbourg, 1850 ; Holtzmann. Léhrbuch der Neutestamentlichen ThcoIogie, 21n-S’, Leipzig, 1897 ; H. Cabanis, L’évolution de l’idée du baptême depuis Jean-Baptisle jusqu’à saint Paul, Cahors, 1900 ; Lambert, The sacrements in the New Testament, Edimbourg, 1903 I. Bellamy.



II. BAPTÊME D’APRÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS.

— Jésus avait dit à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Cet ordre, saint Pierre commence à l’exécuter dès le jour de la Pentecôte. Il parle, convertit ses auditeurs et les baptise. Des diacres sont bientôt choisis pour le ministère des tables ; quant aux apôtres, ils conservent le ministère de la parole et l’exercent de tous côtés, d’abord dans les milieux juifs, ensuite parmi les gentils ; puis ils s’adjoignent de nouveaux collaborateurs et le monde romain est sillonné de missionnaires. La prédication de l’Évangile amène sans cesse de nouvelles recrues. Le baptême sert toujours d’initiation ; on insiste sur son absolue nécessité, sur le changement de vie qu’il doit opérer et les graves devoirs qu’il inspire ; on l’administre avec solennité. Mais c’est surtout après Marc-Aurèle, à partir du règne de Commode, quand les conversions se multiplient grâce à un répit de la persécution, que s’organise plus complètement la collation du baptême. Dès la fin du IIe siècle, on détermine tout ce qui précède, accompagne et suit la collation de ce sacrement.

En même temps les détails deviennent plus nombreux. Car, pendant les trois premiers siècles, ce n’est que peu à peu, au gré des circonstances, selon les besoins de l’heure présente, que se posent tels ou tels problèmes, qu’interviennent les solutions d’ordre pratique, que se dégagent les principes. L’auteur de la Didaché, Hermas, saint Justin, saint Irénée, saint Hippolyte, Tertullien, Clément et Origène sont précieux à consulter. Bientôt la controverse relative au baptême des hérétiques, la lutte contre les donatistes, les conciles, les Pères apportent un contingent plus considérable de renseignements. Saint Cyprien, saint Hilaire, saint Ambroise, saint Cyrille de Jérusalem, saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint Chrysostome, saint Jérôme, surtout saint Augustin nous mettent en mesure non seulement de trouver une réponse aux principales questions qui peuvent se poser au sujet du baptême, mais encore de nous faire une idée exacte de la manière dont on envisageait le sacrement de baptême et de noter le développement progressif de la doctrine, à l’époque des Pères.

Au point de vue dogmatique, c’est d’abord l’absolue nécessité du baptême proclamée pour quiconque veut faire partie de l’Église et s’assurer le salut éternel ; c’est ensuite sa nature, sa valeur intrinsèque, son efficacité intime, d’où la détermination du vrai rôle du ministre, la distinction entre ce que la théologie appellera la validité et la licéité, l’opws operalum et Vopus operantis.

Au point de vue moral, c’est, d’une part, le rôle du baptême dans la vie, les devoirs qu’il impose, la difficulté pour le baptisé qui retombe dans le péché de rentrer en grâce : d’où le rôle de la pénitence ; et, d’autre part, l’abus du retard apporté par les catéchumènes dans la réception du baptême, contre lequel ne cesseront de protester les Pères.

Enfin, au point de vue liturgique, ce sont les cérémonies et les rites divers qui précèdent, accompagnent et suivent la collation du baptême, alors intimement liée à la collation des sacrements de confirmation et d’eucharistie et constituant l’initiation chrétienne. Après quoi il est facile de voir que si, dans les divers usages des églises d’Orient, de Rome et de la Gaule, tels que nous les connaissons par des documents postérieurs, persistent quelques différences, ces différences sont légères et n’intéressent que des points secondaires : le baptême garde partout