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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/218

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CONTROVERSE

1704"

dant, il fit imprimer douze thèses sur l’indulgence et l’autorilé du pape : elles irritèrent vivement Luther et fortifièrent su résolution de combattre publiquement Eck à Leipzig. La faculté de théologie s’opposa Ion-temps à la dispute ; les évoques de Mersebourg et de Brandebourg lui étaient absolument opposés. Mais finalement le duc céda, et l’interdiction de l’évoque de Mersebourg fut inutilement affichée à l’hôtel de ville de Leipzig. Tel fut le commencement de l’immixtion abusive du pouvoir temporel dans toutes les questions et querelles religieuses de cette époque. Après de longs pourparlers, les universités d’Erfurtet de Paris furent choisies pour arbitres des débats. Les deux parties firent imprimer et répandre les propositions qui allaient être soumises à la discussion, et, comme si le sort de l’Eglise dépendait de ces disputes, beaucoup de savants accoururent à Leipzig. Les débats durèrent du 27 juin au 15 juillet 1519.

Eck se trouva d’abord aux prises avec Carlostadt sur le libre arbitre et la part qui lui revient dans les bonnes œuvres. L’adversaire fut amené à une concession qui contredisait son système. Aussi Luther, apprenant cette défaite, voulut-il donner immédiatement de sa personne et entrer en lutte à son tour avec le champion catholique. Il le fit sur la question, choisie par lui, de la primauté du pape. Comme on lui reprochait d’incliner à l’hérésie bohémienne, il lui prit un tel accès de colère que le duc s’écria : « C’est l’effet de la rage ! » Le moine apostat n’attendit pas la fin de la dispute pour se retirer. Il était deux fois mécontent : d’abord à cause de son échec personnel ; puis, il s’était senti doublement humilié, et par la place principale que son collègue Carlostadt avait prise dans les débats, et par les honneurs unanimement rendus à Jean Eck.

On ne connaît pas le jugement de l’université d’Erfurt. Celui de Paris ne vint que deux ans plus tard. Mais, dès le 30 août, l’université de Cologne, et, le 5 novembre, l’université de Louvain, censuraient sévèrement les prétentions hérétiques du moine de Wittenberg. Le plus clair avantage de ces discussions fut d’affermir dans la foi le duc Georges, la ville et l’université de Leipzig-Ilergenrœther, loc. cit., n. 14-15, t. v, p. 209-213 ; Janssen, op. cit., t. ii, p. 84-87, en note ; Kirchenlexikon, t. iii, col. 1837-1839 ; Lôscher, Volstândige Reformations acla und documenta, Leipzig, 1720-1729, t. iii, p. 203 sq. ; Seidemann, Die Leipziger Disputalion, Dresde, 1843.

4. Conférences d’Augsbourg, juin-septembre 1530.

— A la diète de 1530 tenue à Augsbourg, le cardinal de Campeggio vint assister en qualité de légat du pape. Le 25 juin, les prolestants obtinrent de lire, devant l’empereur et l’assemblée, la confession luthérienne, rédigée par Mélanchthon, et plus tard dénommée Confession d’Augsbourg. Les vingt premiers articles, relatifs à la doctrine chrétienne, atténuaient sensiblement les assertions par trop brutales de Luther. Les sept derniers exposaient les abus supprimés par les protestants : ils regardaient la communion sous les deux espèces, le mariage des prêtres, les vœux monastiques, les messes basses, le détail des péchés dans la confession, la distinction des aliments, le pouvoir épiscopal. Le 27 juin, l’empereur institua une commission de vingt théologiens, tous présents à Augsbourg, avec mission d’examiner ou de réfuter la Confession. Les principaux parmi ces théologiens étaient Eck, Eaber, Cochlée, Barthélémy Arnold de Usingen, Wimpina et Dietenberger. Leur première Réponse ou Confutation, remise le 18 juillet, fut trouvée un peu violente et trop amère. Ils la transformèrent donc et elle fut lue en diète le 3 août. Les nouveaux croyants en furent mécontents et voulurent répondre. Pour éviter de voir les choses se brouiller tout à fait, les membres catholiques de la diète élurent, le 6 août, une seconde commission tle quatorze membres, composée de deux princes, de

| deux juristes et de trois théologiens pris dans chaque parti, pour conférer à l’amiable sur tous les points I controversés. I)u côté catholique, nous retrouvons les ! théologiens Eck, Wimpina et Cochlée ; du côté des protestants, Mélanchthon, Brenz et Schnepf. Les conférences s’ouvrirent le 16 août. On examina suce vement les articles de la Confession d’Augsbourg. De l’aveu même de leurs adversaires, les catholiques se montrèrent aussi conciliants que possible, et Mélanchthon put écrire le 10 septembre : Ac forlasse pacem l’if, -re possenvus, si nostri essent paulo iraclabiliorcs. Corpus reformatorum, Halle, 1834-1840, t. II, p. 268, 361. En réalité, l’on convint que beaucoup d’articles de la Confession ne s’éloignaient pas de la profession de foi catholique ; que plusieurs autres n’offraient qu’une cerlaine conformité, mais surtout que plusieurs s’en écnrtaient absolument.

En l’état, l’union était et fut toujours impossible. Dans cet immense débat, l’on discuta, sans doute, sur l’un ou l’autre dogme, sur telle discipline à maintenir ou telle autre à réformer : il fut surtout longuement question de la juridiction des évêques, telle que l’entendaient et l’admettaient les théologiens protestants. Mais, au fond, revenait sans cesse une question plus radicale : il s’agissait toujours, en dernière analyse, d’admettre ou de rejeter la mission doctrinale de l’Eglise, et son infaillibilité ; de reconnaître ou non l’Kglise comme une institution tout à la fois divine et humaine, basée sur le dogme d’un sacrifice perpétuel, d’un réel et surnaturel sacerdoce. Or, les protestants s’étaient fait de l’Église une idée toute différente, et, par suite, ils étaient amenés à nier sa mission doctrinale et son infaillibilité. Ils ne voulaient plus admettre, d ; ms l’Église, la réalité des opérations surnaturelles dont Jésus-Christ est le véritable auteur ; conséquemment, ils rejetaient tout ensemble et le sacrifice perpétuel, et le sacerdoce qui en est la condition.

Pour ces motifs, tous les efforts de réconciliation n’aboutirent, cette fois, à aucun résultat ; pour les mêmes raisons, ils devaient, dans l’avenir, demeurer toujours vains. Eck note ainsi sur le vif la parfaite impuissance de ces débats contradictoires : Quod si saneli Patres fis a/ferantur testes, clamant eos quoque hotnines fuisse ; si citentur canones, obganniunt statim frigida hœc es’se décréta ; si eligendi forte sint judices, récusant subito, dicentes verbum Dei non ferre judicem ; quod si allegentur concilia, clamitant ea sœjiins errasse. Atquie sacris litteris etiam si afferatur aliquid, et lias suo ingenio tractant, suamque tantum expositionem ratam haberi volunt, contradicente etiam universa Ecclesia jam inde a temporibus apostolorum. Rainaldi, Annales, an. 1530, n. 174.

Les discussions, bien que conduites dans un sincère esprit de pacification, furent donc inutiles. Eck avait déposé son rapport le 2 ! août, Mélanchthon le 22. L’on décida de s’en remettre à une commission moins nombreuse, composée d’un théologien et de deux juristes de part et d’autre. Eck, Bernard Hagen, chancelier de Cologne, et Jérôme Vehus, chancelier de Bade, représentèrent les catholiques ; Mélanchthon, George Bruok, chancelier de la Saxe électorale, et Sébastien Haller, chancelier de Brandebourgvnspach, les protestants. Cette nouvelle commission délibéra du 24 au 30 août. On ne put davantage arriver à s’entendre sur le sacrifice de la messe, et les deux partis en appelèrent à un concile. Ilergenrœther, op. cit., VII" période, n. 70-S0, t. v, p. 301-308 ; Janssen, op. cit., t. m. p. 181-198.

5. Nouvelle conférence de Leipzig, 21) et 30 avril j.’i’l’i. — Ménagée par l’électeur de Mayence et le duc de Saxe, elle n’eut aucun résultat, parée que les contradicteurs ne donnaient pas le même sens aux mots sur lesquels ils discutaient. Ilergenrœther, loc. cit., n. 85, p. 316-317.