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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/224

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CONTROVERSE


confessa que, de toute sa vie, il n’avait rencontré docteurs plus turbulents et plus difficiles à diriger « pic ceux de la réunion d’Altenbourg. On invoquait bien le saint nom de Dieu au début de chaque séance : cependant injures et insultes devenaient chaque fois si violentes « qu’on se serait cru à la comédie » . Naturellement chacun des deux partis proclama la défaite honteuse de ses adversaires, véritahles hérétiques. Hergenrœther, loc. cit., n. 217-219, t. v, p. 522, 525 ; Janssen, op. cit., t. iv, p. 362-3(53 ; Kirchenlexikon, t. iii, col. 4851-1852 ; Dœllinger, op. cit., t. iii, p. 533 sq. ; Acta colloquii Allenburgensis, Leipzig, 1570 ; Lœber, Ad hisloriam colloquii Altenburgensis anhnadversiones, Altenbourg, 1776.

9. Colloque de Zerbst, 1570 : luthériens (Andréa) contre les théologiens de la Hesse et ceux de Wittenberg, calvinistes occultes. — Andréa avait lui-même provoqué une réunion de théologiens au couvent de Zerbst. On devait y discuter et s’entendre sur la valeur qu’il convenait d’accorder à l’autorité traditionnelle de Mélanchthon. Durant ce colloque, où le landgrave de Hesse avait envoyé des théologiens et des conseillers, la discussion fut transportée à Wittenberg, à l’occasion de plusieurs soutenances pour le doctorat. Les thèses des candidats proposaient ouvertement diverses opinions calvinistes, et le dogme luthérien de l’ubiquité fut ce jour-là vivement attaqué. Andréa, qui était venu de Zerbst pour suivre ces soutenances, rejeta avec horreur les thèses en question, les qualifia d’antichrétiennes et de mahométanes. Il quitta la séance académique, en menaçant d’informer toute la Saxe que les docteurs de Wittenberg étaient zwingliens. Par le fait, il y avait des cryptocalvinistes à l’université, et notamment Gaspar Peucer, gendre de Mélanchthon. Janssen, op. cit., t. iv, p. 367-368.

10. Colloque de Torgau, niai et juin 1516 : douze théologiens de la Saxe électorale, avec Andréa, Chemnitz, Chytrée. Musculus, Kœrner ; puis Selneker ; élaboration du Livre de Torgau et du Livre de Bergem.

— L’électeur Auguste de Saxe voulait la paix, et la paix imposée par un décret des souverains. « Comme il est impossible, écrivait-il, d espérer que jamais colloque ou synode réussisse à réconcilier et à unir nos docteurs, comme on ne peut non plus s’attendre à les voir s’expliquer tranquillement sur ce qui les divise, il me semble que les membres d’empire de la Confession d’Augsbourg ont le devoir d’agir, et qu’il serait bon que chacun d’eux présentât le formulaire en usage dans ses États. Alors des diverses pierres de l’édifice chrétien, il serait possible, avec le concours de quelques théologiens pacifiques assistés de nos conseillers politiques, de dresser un corps de doctrine définitif, de le publier, et d’obliger tous les prédicants à le signer. » Par les soins de l’électeur, une conférence se réunit donc à Torgau, en mai et juin 1576. Outre douze théologiens de la Saxe électorale, cinq autres y furent appelés du dehors : Jacques Andréa, chancelier de Tubingue, Martin Chemnitz, surintendant de Brunswick, David Chytrée, professeur de théologie à Francfort-sur-1’Oder, et Wolfgang Kœrner. Tous ces docteurs discutèrent sur le libre arbitre et plusieurs autres questions, et il sortit de leurs discussions et délibérations le Livre de Torgau, rédigé surtout d’après les opinions des mélanchthoniens. Il accorde au libre arbitre la faculté de résister au Saint-Esprit, mais il enseigne que, seule, la grâce a le pouvoir de convertir la volonté, sans toutefois exclure la synergie ou le concours libre de l’homme. Le Livre de Torgau fut envoyé à tous les États luthériens de l’Allemagne et de la Prusse, avec prière de faire connaître leurs observations. Vingt-cinq avis motivés revinrent et furent la cause d’une revision profonde. Chemnitz, Andréa et Selneker s’y appliquèrent tout d’abord, puis Musculus, Chytrée et Kœrner. Andréa prit

la part la plus importante au travail. [Chytrée n’y eut qu’une influence à peu près nulle, et ne signa qu’avec dépit la nouvelle formule. On y avait omis ou modifié, en plusieurs endroits, les propositions favorables au synergisme ; on y avait introduit, autant qu’on l’avait pu, le luthéranisme le plus pur, parmi d’ailleurs une grande obscurité. Aussi Chemnitz se réjouissait-il de voir ainsi ellacée « toute trace de l’esprit de Mélanchthon » . Cette Formule de concorde comprenait deux parties : un extrait de la vraie doctrine, une exposition détaillée, solida declaralio. Elle fut signée le 28 mai 1577, et fut connue plus tard sous le nom de Livre de Bergem. Ilergennrther, op. cit., VIIe période, n. 223, t. v, p. 529-532 ; Janssen, op. cit., t. iv, p. 521-523.

U. en suisse. — Les conférences religieuses furent nombreuses en Suisse, à l’époque de la Réforme, le plus souvent sous la poussée des magistrats civils déjà gagnés à la nouvelle doctrine. Ce furent les protestants qui convoquaient ces réunions, et les imposaient aux catholiques, parce qu’ils se sentaient déjà les maîtres. Seuls, ils en déterminaient l’objet et la forme. Aussi ces disputes ont-elles communément marqué le point de départ de l’apostasie, de la profanation et du sac des églises, dans les divers cantons où elles se passèrent.

1° Colloques religieux de Zurich, 1523, 1524, Zuingle, Faber, Conrad llofmann. — Depuis le mois de décembre 1518, Ulrich Zwingle, ancien curé d’Einsicdeln, avait été nommé curé de la cathédrale de Zurich, et il profitait de sa situation pour propager toutes sortes de nouveautés. En matière de foi, il rejetait ce qu’il appelait l’autorité humaine et la tyrannie dogmatique, et par là il entendait la tradition, les conciles, les décrets des papes. Puis il établit, dans un écrit rendu public, ’< que l’Évangile seul est une autorité irrécusable, à laquelle il faut recourir pour terminer les incertitudes et décider toutes les disputes, et que les décisions de l’Église ne peuvent être obligatoires qu’autant qu’elles sont fondées sur l’Évangile. » D’un autre côté, il insistait sur le mariage des prêtres et demandait la communion sous les deux espèces. Mais Hugues, évëque de Constance, loin d’autoriser, comme Zwingle osait le lui demander, la prédication de ce pur Evangile, se plaignit au grand conseil du canton. De plus, il interdit toute discussion publique à ce sujet. Mais le conseil, favorable à Zwingle, décréta que, le 29 janvier 1523, s’ouvrirait à Zurich, une conférence solennelle, où chacun désignerait les opinions qu’il regardait comme hérétiques et les combattrait au moyen de l’Évangile. Pour sa part Zwingle proposa 67 articles qui prétendent établir les thèses suivantes : la Bible est l’unique règle de foi, et il faut rejeter toute espèce de tradition ; Jésus-Christ est l’unique chef de l’Église, société composée de tous les élus ; l’autorité du pape et des évêques n’a sa source que dans l’orgueil et l’usurpation ; la messe n’est pas un sacrifice ; l’intercession des saints, le purgatoire, l’absolution donnée parles prêtres, les œuvres sacrilicatoires. le célibat et les vœux monastiques, sont autant de doctrines fausses ou d’institutions mauvaises. Zwingle demandait ou plutôt défiait qu’on le convainquit d’hérésie. Ayant répudié l’autorité doctrinale de l’Eglise, il sollicitait d’une autorité laïque un brevet d’orthodoxie ! L’évêque de Constance avait été invité au colloque : il y délégua sen vicaire général Jean Faber, avec l’unique mission, non de discuter avec les novateurs, mais simplement de protester contre leurs entreprises. Néanmoins le vicaire général se laissa emporter à la discussion sur plusieurs points. Zwingle parla beaucoup, et les magistrats bons bourgeois du conseil estimèrent qu’il n’était pas convaincu d’hérésie, déclarèrent qu’il continuerait de prêcher.

La controverse se continua par de nombreux écrits, dont l’un plus violent : Jugement de Dieu contre les