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-1783

CORAN (SA THÉOLOGIE)

1784

compte huit, et sa liste est généralement acceptée. Ces huit attributs sont dits positifs [iifât tâbitah), parce qu’ils désignent ce qui est propre à l’essence divine, ce qui constitue sa perfection suprême. Le Coran affirme leur existence.

Le premier attribut est la vie (al-hayyât). Dieu est vivant, XL, 07 ; il ne meurt pas, xxv, 60 ; sa vie est éternelle, ii, 250, immuable, xx, 110. Il n’est pas sujet à la mort. Tuul périra, excepté la face de Dieu, xxviir, 88 ; tout ce qui est sur la terre passera, la face seule de Dieu restera environnée de majesté et de gloire, lv, 26-27. Il est la source de la vie. C’est lui qui fait mourir et qui ressuscite, ii, 200 ; il donne la vie et la mort, [II, 150 ; vil, 157 ; ix, 117 ; x, 57 ; il dit de lui-même : « Nous faisons vivre et nous faisons mourir, » xv, 23 ; xxiii, 81 ; xi, , 70 ; xliv, 7 ; lvii, 2. Sa puissance fait sortir la vie de la mort et la mort de la vie, iii, 26 ; le vivant de ce qui est mort, et la mort de ce qui est vivant, vi, 95 ; il produit l’être vivant de l’être mort, x, 32 ; il vivifie la terre, xxx, 18. La vie en Dieu, selon l’enseignement coranique, suppose l’indépendance de l’être divin ; Dieu est la cause suprême dont l’existence n’a pas eu de cause, ni de principe, et les deux termes de vivant et éternel se trouvent associés dans le Coran. Leonardov, p. 23. Selon le commentaire de Tadj-Eddin (xme siècle), Ar-risâlah’al-’azîzah, Dieu n’est pas limité dans un lieu ; il n’a pas besoin de corps, d’âme, de nourriture, et des autres conditions nécessaires à l’être vivant. Leonardov, p. 25. Sa vie est éternelle et en même temps immuable.

Le second attribut de Dieu est Vomniscience (’Uni). Dieu sait tout, il, 131 ; il entend tout, il, 177 ; il entend et sait tout, vi, 115 ; viii, 63 ; x, 66 ; xxvi, 220 ; xxix, 4 ; xliv, 5 ; il est instruit de tout ce que nous faisons, xi, 113 ; il est le sage, l’instruit, xxxiv, 1. Il sait tout ce que font ses serviteurs et il voit tout, xxxv, 28 ; il connaît la condition des hommes, xlii, 26. Sa science est absolue, universelle. Il s’entend en toutes choses, II, 27, 231, 282 ; ix, 36, 175 ; il connaît tout ce qui se passe aux cieux et sur la terre, v, 98 ; VI, 101 ; viii, 76 ; ix, 116 ; xxiv, 32 ; xxix, 62 ; xxxiii, 38 ; xlii, 10, etc. Dien ne lui est caché, iii, 4. Il a les clés des choses secrètes ; lui seul les connaît. Il sait ce qui est sur la terre et au fond des mers. Il ne tombe pas une feuille qu’il n’en ait connaissance. Il n’y a pas un seul grain dans les, ténèbres de la terre, un brin vert ou desséché, qui ne soit inscrit dans le livre évident, vi, 59. Le poids d’un atome sur la terre ou dans les cieux, ne saurait échapper à ton Seigneur, x, 62 ; il sait ce que portent les entrailles des inères, xiii, 9 ; xxxi, 34. Il connaît l’homme dès qu’il est dans le sein de sa mère, lui, 33. Les cieux et la terre n’ont pas de secrets pour lui, ii, 31. Il les connaît tous, xlix, 18. Il sait ce qu’il y a de plus petit ou de plus grand dans les cieux et sur la terre, xxxiv, 3 ; ce qui entre dans la terre et ce qui en sort ; ce qui descend du ciel et ce qui y monte, xxxiv, 2 ; lvii, 4 ; il pénètre ce que les cœurs renferment, ibld., 6, ce qui est caché et ce qui est manifeste, xiii, 10 ; xvi, 21 ; les choses visibles et invisibles, xxiii, 93 ; xxxii, 5 ; lix, 23 ; lxiv, 7 ; les actions des hommes, LVIII, 8 ; les pensées et les desseins du cœur humain, n, 72 ; iii, 27 ; xi, 5-9 ; xvi, 19, etc. ; il connaît les pervers, n, 89, les méchants, ibid., 247 ; iii, 56 ; IX, 47 ; lxii, 7, et aussi ceux qui le craignent, iii, 111 ; ix, 44 ; il connaît le fond des cœurs, ni, 115, 148- ; ses mystères, v, 10 ; viii, 45 ; xxxi, 22 ; xxxv, 36 ; xxxix, 10, etc. En un mot, sa science embrasse tout, lxv, 12 ; xx, 98. Zwemer, The modem doetnne of God, Londres, 1905, p. 47-63.

Le troisième attribut est la toute-puissance (al-qadr). Le Coran l’atteste en bien des endroits : Dieu est toutpuissant, n, 19, 100. 103, 143, 261, 281 ; son pouvoir s’étend à toutes choses, ni, 25, 27, 159, 186 ; v, 20, 22,

44, 120 ; vi, 17 ; ix, 39 ; xi, 4, etc. Il attribue à Dieu la toute-puissance dans l’ordre physique et dans l’ordre moral. Crimrne, p. 42.

Le quatrième attribut est la vision, la vue (al-basar). Dieu voit les actions des hommes, ii, 90, 104. 233, 238, 207 ; iii, 150, 157 ; VIII, 40 ; xi, 114 ; xxxv, 28 ; xl. 10 ; xlix, 18 ; LVII, 4 ; lx, 3 ; lxiv, 2. Sa vision s’étend aux phénomènes de la nature, à toutes les choses créées, lxvii, 19. Son regard se pose tout particulièrement sur ses serviteurs, iii, 13, 19 ; mais les crimes des méchants lui sont aussi connus, v, 75.

Le cinquième attribut divin est l’ouïe (as-sam’). Dieu entend tout, ii, 131, 177 ; v, 80 ; VI, 13, 115 ; viii, 63 ; x, 66 ; xvii, 1 ; xxvi, 220 ; xxix, 4, 60 ; xl, 21 ; xlii. 9 ; xliv, 5 ; les prières, xii, 34 ; xxvi, 218-220 ; xli, 36 ; les plaintes des hommes, lviii, 1 ; les discours tenus au ciel et sur la terre, xxi, 4. La vision et l’ouïe de Dieu, remarque Tadj-Eddin, ne s’exercent pas comme celles des hommes par le moyen des sens intérieurs. Dieu entend de loin, tandis que nous ne percevons les sons qu’à peu de distance. De même, Dieu perçoit les objets que nous ne pouvons pas voir à cause de leur éloignement. Leonardov, p. 27.

Le sixième attribut de Dieu est la parole (al-hal â Dieu a parlé aux prophètes, ii, 254 ; à Moïse, iv, 162 ; vu, 140. Il parle aussi aux hommes, mais par inspiration ou derrière un voile, xlii, 50. Sa parole ne s’adresse pas aux païens, bien qu’ils lui demandent de l’entendre, n, 112. Elle est le comble de la vérité et de la justice. Nul ne peut la changer, vi, 115. Elle est inépuisable : « Quand tous les arbres qui sont sur la terre deviendraient des plumes, quand Dieu formerait des mers un océan d’encre, les paroles de Dieu ne seraient point épuisées, » xxxi, 26 ; xviii, 102. Elle n’est pas semblable à la nôtre. C’est une parole éternelle, et Dieu la prononce sans avoir besoin de langue, ou de sons articulés. D’après la théologie musulmane, le Coran serait cette parole de Dieu incréée. Leonardov. p. 27.

Le septième attribut de Dieu est la volonté (al-irûdah). Dieu veut, ii, 24 ; il veut qu’on le glorifie de ce qu’il dirige les bons dans la voie droite, ii, 181 ; sa volontéest toute-puissante, il fait ce qui lui plaît, XXII, 14 ; il. 254 ; il ne veut point de mal à l’univers, iii, 104 ; il ne veut pas opprimer ses serviteurs, XL, 33, mais les purifier et les combler de ses bienfaits, v, 9 : il veut aider les hommes dans leur voie, en leur expliquant clairement ses volontés, et en leur rendant son joug léger, iv, 31-32. Sa volonté domine la mort, ni. 139. Elle est libre. Dieu ordonne ce qu’il lui plaît, v, 1 ; il fait bien ce qu’il veut, xi, 109 ; xvii, 17. Il veut punir l’homme coupable, v, 54. Il crée ce qu’il veut. iii, 42 ; il donne l’existence à son gré, v, 20 ; xxiv, 44 ; xxviii, 68 ; xxx. 53 ; xxxv, 1 ; xlii, 28. La volonté de Dieu, dans la théologie coranique, est lice à sa toute-puissance. Dieu n’a pas besoin du conseil ou du secours d’autrui.

Le huitième et dernier attribut de Dieu est la puissance créatrice (at-takouîn). Dieu prononce un fiât, et les créatures sortent du néant, II, 111 ; vi, 72 ; xix. 30 ; xxxvi, 82 ; XL, 70 ; il est le Dieu créateur et formateur, lix, 25 ; le créateur de toutes choses, vi, 102 ; xiii, 17 ; xxxix, 63 ; xl, 61 ; de la vie et de la mort, lxvii, 2. Selon les commentateurs arabes, tout dérive de Dieu, et c’est lui qui du néant appelle les êtres à l’existence. Leonardov, p. 29. Il est la lumit re des cieux et de la terre, lumière qui ressemble à un llambeau placé sur un cristal, xxiv, 35. Il est la vérité, xx, 113. la vérité même, XXII, 6 ; xxiv. 25 ; xxxi, 29 ; et son langage est l’expression de la vérité, xxxiii. 4.

Les attributs négatifs tels que l’éternité, l’unicité, etc. portent ce nom, parce qu’ils impliquent la négation de ce qui ne convient pas à la perfection sans limite de l’être divin. Gabrieli, Un capitolo di teodicea musulmana, p. 23.