son gré la géhenne, et l’homme est son esclave. Le trait distinctif de la prédestination coranique est l’absolutisme sans condition. Cela admis, il est difficile de sauvegarder les droits de la liberté humaine, et partant les bases de la moralité. L’édifice moral de l’islam repose donc sur la négation des fondements de la morale, car on ne saurait concevoir celle-ci sans admettre que l’homme est responsable de ses actions. Toutefois, cela tie nous autorise pas à condamner dans son ensemble le système moral du Coran. Il y a sans doute en lui un vice radical ; mais quelques accessoires ne méritent pas le blâme qui a été infligé aux principes fondamentaux du système. Mahomet a recueilli dans le Coran des théories et des préceptes qui appartiennent soit à la loi naturelle, soit à la morale évangélique, mais il n’y a aucun lien logique entre eux et son enseignement. Ce sont là des conséquences qui ne découlent pas des prémisses. Bogolioubsky, p. 225-226.
Les théologiens musulmans divisent la morale du Coran en deux parties. Il y a d’abord ce qu’ils appellent fard, c’est-à-dire l’ensemble des préceptes révélés par Dieu et contenus explicitement dans le Coran ; l’observance de ces préceptes est obligatoire pour tous. En second lieu il y a la sunnah, ou préceptes enseignés par Mahomet, soit de vive voix, soit par son exemple : ces préceptes sont conservés par la tradition, et leur observance est libre. La première partie comprend les préceptes relatifs à la foi en l’unité de Dieu, l’esprit prophétique de Mahomet, la prédestination, la récompense éternelle des justes, la résurrection dernière, etc. ; la sunnah embrasse les prescriptions relatives à la circoncision, aux ablutions, etc. Léonardov, p. 200. D’autres distinctions, qu’il serait trop long de rapporter, sont mentionnées et expliquées par les théologiens musulmans. Nous nous bornerons à indiquer les cinq points principaux de la morale coranique, qu’on appelle les cinq piliers de l’islam, à savoir : 1° la profession de foi ; 2° la prière ; 3° l’aumône ; 4° le jeûne ; 5° le pèlerinage à La Mecque. Nous ajouterons quelques détails sur : 6° la guerre sainte ; 7° la condition de la femme d’après le Coran.
1° La profession de foi.
Le premier devoir de
tout bon musulman à l’égard de Dieu est la foi en lui (t dans son prophète. Le Coran l’atteste clairement en maint* endroits : « Croyez en Dieu et à ses envoyés : si vous croyez, vous recevrez une récompense génée, » iii, 17V ; « croyez en Dieu, en son apôtre, au livre qu’il lui ; i envoyé, aux Ecritures descendues avant lui, I iv, 135. Cette foi consiste dans le repos du cœur en sécurité dans le souvenir de Dieu. XIII, 28. Quant à la manière, dont elle est acquise par l’homme, les affirmations du Coran sont contradictoires. Tantôt Mahomet insinue qu’on arrive à la foi librement, par La vérité vient de Dieu : que
relui qui veut croire croie, et que celui qui veut être infidèle, le soit. » xviii. 28 ; xxv, 59 ; x.w. 29 ; tantôt il attribue exclusivement au bon vouloir de liieu le don île vertu : « Comment une àme pourrait-elle croire’ont de Dieu’x, 100. C est Dieu qui
n ri’i l’homme croyant, et incroyant. Ibid., 99, Cette
ri Dieu rend l’homme parfait, elle est le principe
du salut, la source des bonnes dispositions, et des ac mérites. Le péché d’infidélité est con mme très grave, il, 214, et la malédiction de
Dieu frap its m 1 " changent de religion,
iv, )’ne l’inutilité d
i le. Incréduli ml comme
t i, que l’homme ilti i’de suit prend
ai |i t’le bi es éti ndues
sur ureunr profonde, que Couvrent dl (loi t ul i il » it v. Ibid., M, Les incrédules ^"iit comparés aux i un degré Inférieur, i
irent plus que les brutes, vii, 177. La foi doit
s’allier à d’autres vertus pour que l’hommage qu’elle rend à Dieu lui soit agréable. Le fidèle musulman qui croit en Dieu doit le craindre : la crainte rend l’homme heureux, iii, 125 ; x, 32 ; xvi, 52-51 ; l’homme doit obéir à Dieu et à son prophète, III, 29, 126 ; cette obéissance comporte une résignation complète à la volonté divine ; l’âme s’attache fortement à Dieu, iii, 97-98 ; xlii, 6, et met en lui une confiance absolue, iii, 153-15’fe ; ix, 51 ; l’homme doit être reconnaissant à l’égard de Dieu, xvi, 116 ; il doit l’aimer, et son amour doit surpasser celui qu’on porte à ses parents et à ses meilleurs amis, IX, 23. Le bon musulman doit penser souvent à Dieu, iv, 104, et lui adresser souvent ses supplications, xvi, 55.
Mais ces exhortations à la confiance en Dieu et au repos dans sa miséricorde et dans sa bonté ne répondent pas à la notion coranique d’Allah, le Seigneur du ciel et de la terre. Mahomet a creusé un abîme entre Dieu et l’homme ; celui-ci est un esclave, un jouet dans les mains d’Allah, qui châtie sans miséricorde, voire même avec joie : Allah est le maître suprême qui impose ses préceptes, non parce qu’il les trouve justes et saints, mais parce qu’il lui plaît de les donner. Millier, Der Islam, p. 185 ; Wellhausen, Die Heiligenverehrungim Islam, p. 277-278. Le Dieu du Coran est donc plus apte à inspirer à ses fidèles une crainte servile, qu’une vénération découlant du respect et de d’amour.
2° La prière.
Le second fondement de l’islam, ou
la seconde de ses prescriptions morales est la prière, salâh, namà-, l’acte par lequel le croyant s’humilie devant Dieu, reconnaît son propre néant et exprime sa reconnaissance pour les bienfaits reçus. Le précepte de la prière est souvent mentionné dans le Coran. « Appelez à votre aide la prière, ii, 43 ; accomplissez-la exactement, VI, 71 ; xx, 130 ; acquittez-vous de la prière, xxix, 44 ; observez-la, xxx, 30 ; répète souvent le nom de ton Seigneur, lxxiii, 8 ; chante ses louanges, » lxxvi, 26. La stricte observance de la prière est imposée comme un commandement de Dieu, xxiv, 37. L’objet de cette prière est le bonheur du ciel et le bonheur d’ici-bas, il, 196-197 ; xii, 49 ; le pardon des péchés, lxvii, 21 ; le secours d’en haut, i, 4 ; ii, 148 ; la préservation des péchés impurs et de tout ce qui est blâmable, xxix, 4’t. Elle doit être faite ordinairement au commencement du jour et à l’entrée de la nuit, xi, 116 ; elle est prescrite aux croyants à des heures fixes, iv, 104-, c’est-à-dire le malin et le soir, Lxxvi, 25-26 ; xxx, 16 ; xxxui, 39 ; avant le lever et le coucher du soleil, i„ 38 ; ui. 48-49 ; au déclin du soleil el au moment de l’arrivée des ténèbres de la nuit, xvii, 80. Il faut y consacrer aussi la nuit, xi.ix, 38-39 ; lxxiii, 2 ; cette prière nocturne Çiilbôr an-nowljo>imi, est une œuvre surérogatoire, xvii, 81, que l’on fait à l’exemple de Mahomet, qui parfois passait en prière les deux tiers de la nuit, parfois la moitié et parfois un tiers, lxxiii, 20. Elle peut être faite en n’importe quel lieu, ii, 145, mius puisque chaque peuple a une plage du ciel vers laquelle il se tourne en priant, tout int doit tourner son visage vers l’oral ré de
La Mecque, ii, 143-144. et c’est un précepte divin. La prière doit être précédée des ablutions ; celles-ci sont un moyen de se purifier, el Dieu aime ceux qui aspirentà la pureté, i. 109. Avant de prier, il faut ie laver
le visege et les mains jusqu’aux coudes ; il faut s’esi les pieds jusqu’aux talons, v. H. l, [te ippelée : fousl I souillures
contractées dans le commerce charnel, ou pour d’autres causes, énumérées par les théologiens musulmans, les ablutions légales prennent le nom de tafhir, ii, Ji’i. v, 8. Si l’eau manque, on peut se frotter le ii les mains avi c du sable fin et pur, ce qu’on appelle tayammoutn.
D’autres prescriptions visent à mettre en lumi