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1870
CORPORATIONS


machines hydrauliques, l’essor des affaires par la facilita plus grande des communications, l’extension et les moyens accrus aussi de la clientèle. A ces communautés oppresives, la Révolution substitua un isolement contre lequel bientôt les ouvriers réclamèrent et agirent, soit par petit ionnement, soit par des assemblées plus ou moins clandestines.

Et bientôt, un fait social nouveau, propre au XIXe siècle, rendit plus manifeste encore le déni de justice que constituait l’interdiction des assemblées et sociétés ouvrières. L’âge de la houille et des machines à vapeur commençait ; c’était en apparence un fait économique et non un fait moral, que l’emploi progressif des machines à vapeur, dans la fabrication, les mines et les transports. La machine plus coûteuse, plus productive que l’outil à la main et le petit moteur mécanique, sans cesse perfectionnée par de nouveaux inventeurs, sans cesse utilisée à de nouvelles fins, devenue l’organe essentiel de l’industrie moderne, suscitait de tous cotés les grandes entreprises, la concurrence entre provinces, entre nations, d’un continent à un autre.

De là une classe nouvelle de patrons, une classe nouvelle d’ouvriers : le fait économique du machinisme à la houille engendrait un fait de classement social, ment nouveau. D’une part des patrons, absolument étrangers au travail manuel, gérants de grands capitaux, organisateurs d’un outillage sans cesse perfectionné, acheteurs de matières considérables, devant pourvoir au mouvement et à la qualité de la production, soutenir la concurrence de leurs pairs, s’ouvrir et se maintenir des débouchés nombreux. En face de ce nouveau type du patron, des salariés en foule, non plus les compagnons de son labeur et de sa vie domestique, mais les servants ou les surveillants de ses machines, sans aucun lien de famille avec lui. Le patronat cesse d’être une extension de la paternité, comme le disait l’éhmologie ; c’est une location de bras et de journées par le même homme à des centaines d’individus. A la communauté de famille et d’atelier des maîtres-artisans avec leurs ouvriers, le machinisme substitue un pur contrat de location.

l’ait social nouveau, voilà ce qui soulève à notre époque des problèmes nouveaux de justice, et spécialement celui de la corporation ou syndicat. D’acheteur à vendeur les intérêts s’opposent toujours nets : l’un veul li plus bas prix, et l’autre, le plus haut. M.iices oppositions s’atténuaient beaucoup entre

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à subir des salaires diminués : d’autres le remplaceront, s’il quitte l’atelier. La raison du plus fort décidera en faveur du patron, contre cet isolé. L’isolement de l’ouvrier, voilà le fait injuste, que Léon XIII reconnaît sans détour dès les premières lignes de l’encyclique Tterum novarum : Faction est ut opi/ices, inhumanitati dominorum, ej]rscnateeque cupiditati, solitanios alque ixdefexsos tempus tradiderit. C’est un fait d’oppression, sinon toujours pratiquée, du moins toujours possible, et qui ote à l’ouvrier sa liberté dans la stipulation de son louage de travail.

Dans leur instinct de leurs intérêts et de leurs droits, les ouvriers ne tardèrent pas à se coaliser dès les commencements du xixe siècle. A Paris, notamment, les charpentiers et les imprimeurs ; ils réclamaient précisément des salaires plus hauts et des journées inoins longues. Des phénomènes analogues se reproduisirent en Angleterre où, cependant, des lois anciennes interdisaient sévèrement toute réclamation collective des compagnons-ouvriers. Un mouvement vers la justice existait là, visant à remplacer l’isolement des ouvriers par le contrat collectif.

Ce mouvement représentait une idée juste en soi ; les théologiens ne sauraient le méconnaître, malgré l’abus anarchique ou révolutionnaire qui est aussi bien possible à toute action collective des ouvriers. Tandis que l’ouvrier isolé est une espèce d’atome insigniliant au regard du grand patron, l’ouvrier associé à ses pairs est une force que le patron ménage, parce que de son concours dépend la marche de l’usine. Entre le vendeur et l’acheteur de travail, l’équilibre se rétablit par le contrat collectif, qui est l’ouvrage capital du syndicat ou de la corporation.

Il convient, néanmoins, de ne pas oublier que le mouvement des ouvriers vers l’action collective ne se réalisa pas sans de regrettables déviations. C’est le sort inévitable de toute juste cause, lorsque des hommes inexpérimentés et naïfs la soutiennent. Dans la classe ouvrière, l’inexpérience des groupements libres, l’ignorance de la situation économique entraîna de cruels mécomptes et de longs apprentissages : avant d’en venir aux syndicats organisés et compétents, comme les Trade-Unions, les ouvriers s’exercèrent : 1° aux grèves violentes, puis 2° à des grèves plus calmes ; 3° des syndicats de façade et de combat, menés par des politiciens, rendaient les plus mauvais services à la cause ouvrière ; 4° enfin, au bout de toutes ces écoles, les ouvriers comprirent qu’ils devaient se grouper et se régir eux-mêmes, en étudiant eux-mêmes les conditions techniques, économiques et sociales de leurs ateliers. Les plus anciennes Unions ouvrières de l’Amérique et de l’Angleterre en sont à la quatrième phase de cette évolution ; trop de syndicats industriels, en Erance, iirent encore à la troisième ; et malheureusement, emble devoir se prolonger sous les excitations des agitateurs. Mais ces déviations n’empêchent pas qu’une revendication juste se fasse jour dans le mouvement syndical. Voir notamment à ce sujei l’ouvagede M. Paul Bureau, professeur à la faculté de droit de l’Institut

catholiq le Paris : Le contrat de travail, le rôle

îles tyndicaU professionnels, Paris, 1902

raison même des abus, possibles et réels, de l’idée syndicale, il appartient aux moralistes chrétiens d’en circonscrire sans étroitesse les jv ences. La morale du -mi. h. alisme i tige 14 elle iii, me l’intervention éclairéi’i' -| h i impartiaux.

/ pionniers du problème syndical parmi les catholiques. — Dana le cours du i siècle, el surtout dans la econde moitié, des catholiques se reconnurent un devoir de travailler > ce problème. Ils ne furent pas la mejoril up de croyants detnearaii ut

apeurés di uvement syndical, satisfaits de leur condition matérielle, dépourvus, par ailleurs, de tout