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COU II ROMAINE


d’État, tt publiais negoliis. Cf. Cenni, Monument a dominationis pontifiais, 2 in-4 ii, Rome, 1700, t. î ; Dissertazione dell’origine, inconibenze edignità del primicero délia Chiesa romana ; Galletti, Del primicero délia santa sede apostolicae di altri uffiziali maggiori del sagro palazzo Lalcranense, in-4°, Rome, 1770, ouvrage d’une grande érudition et dédié au pape Pie VI ; Moroni, Dizionario, v° Primicero délia sauta sede, t. lv, p. 218 sq.

Dans la suite, une grande partie de cette autorité fut conférée au cardinal camerlingue, dont le substitut, ou vice-camerlingue, avait le titre de gouverneur de Rome. Il en était ainsi, au milieu du xve siècle, sous Eugène IV (1431-1447), au temps du concile de Bàle et de l’antipape Félix V (Amédée de Savoie). Le cardinal Orsini, camerlingue sous Sixte IV (1471-1484), reçut de ce pape la surintendance sur tous les employés de l’Etat pontifical, et la charge de traiter avec les ambassadeurs des princes, pour les affaires que ceux-ci avaient à régler avec le chef de l’Eglise universelle. Aussi, sous Innocent VIII (1484-1492), le cardinal Délia Porta, qui succéda au cardinal Orsini, reçut-il le titre de ministre des affaires étrangères. Dans le courant du xvi c siècle, l’autorité presque sans limite dont avaient joui précédemment les cardinaux camerlingues, fut considérablement diminuée par l’importance que prirent les consistoires, au sein desquels bien des affaires furent traitées, et par la création de nouvelles congrégations cardinalices. Elle le fut aussi par l’influence grandissante que prirent dans le gouvernement de l’Église les neveux et autres parents des papes régnants. Le camerlingue ne fut bientôt plus que le ministre des finances.

Le secrétaire d’État, tel qu’il fut institué par Pie IV. réunissait la plupart des attributions que le camerlingue avait eues précédemment, et en avait, en outre, quelques-unes de plus. La création de cette charge fut très avantageuse par la centralisation qu’elle opéra dans les affaires, chose si nécessaire pour la bonne administration d’un État, surtout quand cet État, comme le saint-siège, a, par nature, des relations incessantes avec le monde entier. Elle fut presque toujours confiée, soit au cardinal-neveu, dit familièrement cardinalpadrone, soit au prélat précédemment secrétaire particulier du souverain pontife, quand il était cardinal, et que celui-ci, devenu pape, décorait de la pourpre. Ainsi saint Pie V (1566-1572) prit pour secrétaire d’État son ancien secrétaire particulier, le cardinal Rusticucci. Son successeur, Grégoire XIII (1572-1585), fit de même pour le cardinal Galli. La liste de tous les cardinaux secrétaires d’État, depuis cette époque jusqu’à Pie IX, avec quelques notes biographiques sur chacun d’eux, a été publiée par Moroni, Dizionario, v° Segretario di stato, t. lxiii, p. 280-291.

Quand le cardinal-neveu n’était pas préposé à la secrétairerie d’État, il avait néanmoins généralement le titre de premier ministre, ou de surintendant de l’État ecclésiastique, avec un pouvoir très étendu. Cf. caïd. J.-B. de Luca, Il cardinale délia santa romana Cliicsa pratico, in-4°, Rome, 1680. La charge de secrétaire d’Étal perdait alors beaucoup de son importance, car le principal rôle était toujours dévolu au cardinalneveu. Cf. Plettemherg, Notifia curise romanse, in-8°, Hildesheim, 1693, c. xiii, De secrelaria apostolica, n. 22 sq. ; Lunadoro, Lo slato présente délia carte di Roma, 2 in-8°, Rome, 1774, Del cardinale segretario ih stalo, t. ii, p. 274 sq. Comme, dans ces conditions, le secrétaire d’État restait quelquefois assez longtemps dans les rangs de la prélature, avant d’être créé cardinal, la coutume s’établit de l’appeler secrétaire d’État, tant qu’il n’était que prélat, et de lui donner ensuite le titre de prosecrétaire d’Etat, lorsque, en gardant la même charge, il entrait dans le sacré-collège. Cette coutume, qui s’est maintenue jusqu’à notre époque poul ie dataire et le prodataire, a cessé, vers le milieu du xixe siècle, pour le secrétaire des mémoriaux, et a disparu complètement pour la secrétairerie d’État, vers la lin du xviie siècle, après la mort du cardinal De Luca (1683). Beaucoup d’autres charges prélatices, quand celui qui les exerçait les gardait provi al en

devenant cardinal, n’étaient plus alors désignées qu’avec le préfixe pro.

Il est très rare que le cardinal secrétaire d’État, survivant au pape qui l’avait nommé, ait été confirmé dans cette charge par le nouveau pontife. Une de ces exceptions se réalisa dans le cardinal Albéric Archinto, secrétaire d’État de Benoit XIV, et que son succe-Clément XIII, élu le 6 juillet 1758. laissa à ce poste ; mais il faut ajouter que ce cardinal mourut un mois après, le 30 juillet de la même année. Cf. Moroni. Dizionario, t. lxiii, p. 283. Dans toute l’histoire de l’Église, on ne cite qu’un cardinal secrétaire d’État, qui soit devenu pape. Ce fut le cardinal Rospigliosi, secrétaire d’État du pape Alexandre VII 1 1655-1667), auquel il succéda, sous le nom de Clément IX (1667-1670

La charge de secrétaire d’Etat devint des plus laborieuses à la fin du XVIIIe siècle, quand les armées victorieuses de la République française marchèrent à la conquête des États pontificaux. Pi.- VI 1775-1800 eut successivement, vu les difficultés de cette époque si tourmentée, plusieurs secrétaires d’État : d’abord, le cardinal Pallavicini, qui avait recueilli beaucoup de voix au conclave, et était persona gratissima au roi d’Espagne (1775-1785) ; puis, après la mort de celui-ci, le cardinal Ignace Boncompagno Ludovisi, qui donna sa démission en 1789 ; ensuite, le cardinal François Zelada, né à Rome, mais d’origine espagnole, démissionnaire également en 1780, et le seul, dans la liste des premiers ministres des papes, qui n’eût pas été Italien ; ensuite, le cardinal Ignace Busca, de Milan, qui dut se retirer, l’année d’après (19 mars 1797. à cause de l’antipathie conçue contre lui par Bonaparte, alors général en chef de l’armée envahissante, et qui ne cessait de lui susciter toutes sortes de difficultés. Le cardinal Joseph Doria Pamphili, de Gênes, précédemment nonce en France, lui succéda, quelques mois axant le départ de Pie VI pour l’exil. Cf. Baldassari, Relazione délie avversilùe patimenti di Pio VI, t. i. p. 110 sq. ; t. ii, p. 9 sq.

Sous Pie VII, pendant le règne de Napoléon I, r. le poste de secrétaire d’État devint encore plus pénible : mais il fut occupé par un homme d’un rare génie politique et d’une très grande finesse d’esprit, le cardinal Consalvi, négociateur du concordat conclu entre le saint-siège et la France 1I8OO-IN.O1. Les notes diplomatiques qu’il envoya aux diverses cours de l’Europe, et les énergiques protestations qu’il lit entendre pour maintenir les droits sacrés du saint-siège, outrageusement violés, son !, un modèle de dignité et d’invincible fermeté. Devenu, pour ce motif, insupportable à Napoléon 1 er, Consalvi. pour l’amour de la paix, donna sa démission, le 17 juin 1806. Il fut remplacé par le cardinal Casoni. qui. deux ans après, pour des raisons de santé, se retira (février 1808), et eut pour successeur le cardinal Doria. qui avait déjà occupé ce poste sous Pie VI. Mais Napoléon, un mois plus tard, le lit enlever de Rome (27 mars 1808). Le cardinal Gabrielli, que Pie VII choisit alors, fut, lui aussi, déporté, le 18 juin de la même année. Le cardinal Pacca tut. après cet événement, nommé secrétaire d’État. Napoléon lui lit intimer l’ordre de partir aussitôt pour Bénévent et de n’en plus sortir (6 septembre 1808. Cf. Xovaès, continué par Pistolesi, Sloria île sommi poule/ici da san Pietro a Pio Vil, 18 in-8< Rome, 1775-1824, t. xviii, p. 232 sq. Pie VII retint son secrétaire d’Etat dans propres appartements, et fut avec lui. quelques mois après, arraché violemment de son palais du Quirinal