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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/348

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COUK ROMAINE

1904

rôle effectif. Ce rôle est d’autant plus important, que

les conditions de la papauté, en face de l’Italie gouvernementale et spoliatrice du patrimoine de saint Pierre, le rendent plus délicat, plus difficile et plus grave. A la mort du pape, le cardinal camerlingue devient comme le régent intérimaire du saint-siège. C’est à lui qu’il appartient de faire acte de souveraineté, en prenant possession du palais du Vatican, où il doit s’installer aussitôt. A ce titre, c’est lui qui, comme officier supérieur de l’état civil, a la mission de constater officiellement le décès du pontife défunt, d’en faire dresser l’acte par les protonotaires pontificaux, et de le notifier aux ambassadeurs et aux nonces des divers pays. Vu les situations complexes qui peuvent se présenter, il faut actuellement au cardinal camerlingue toutes les qualités propres à un homme d’Etat.

Aussitôt après la mort du pape, le maître de chambre remet Vanneau du pêcheur au camerlingue qui, à la première réunion du sacré-collège, le fait briser par le premier des cérémoniaire pontificaux, ainsi que la matrice des bulles. Il fait battre monnaie à ses armes, et les pièces de ce genre sont très recherchées par les collectionneurs, car elles deviennent très rares, vu que leur frappe est forcément très limitée, à cause du peu de temps que dure, d’ordinaire, la vacance du saint-siège. Le cardinal camerlingue a, de plus, la police générale du Vatican. Il préside à l’aménagement matériel du conclave dont il assure la stricte clôture, et dont il garde toujours la clef intérieure. Voir Conclave, col. 710 sq. Il pourvoit aussi aux nécessités urgentes, et fait accomplir les ordres du sacré-collège, dont il est comme le pouvoir exécutif. En signe de sa supériorité, il est toujours accompagné, quand il se déplace, de quatre gardes suisses. Cf. Lucius Lector, Le conclave, législation ancienne et moderne, in-8°, Paris, 1894, c. vi, La vacance du saint-siège et le cardinal camerlingue, p. 259-289.

La liste à peu près complète des camerlingues, depuis le pontificat d’Alexandre II (1061-1074) jusqu’à nos jours, a pu être dressée, après de nombreuses et laborieuses recherches dans les archives du Vatican et les registres pontificaux. Elle a été publiée par Moroni, Dizionario, v° Camerlengo di santa romana C/iiesa, t. vii, p. 73-85.

Pie IX, en 1877, choisit pour camerlingue le cardinal Pecci. Il avait rédigé une série d’instructions secrètes pour les cardinaux, voir Conclave, col. 717, qui donnaient un rôle plus prépondérant que jamais au cardinal camerlingue.

2° Le vice-camerlingue, autrefois gouverneur de Rome, remplissait les fonctions de ministre de l’intérieur et de chef de la police. Sa charge est maintenant à peu près purement honorifique ; mais ce poste est cardinalice, et celui qui l’occupe est le premier des prélats de fiocchetti. Voir col. 1949.

3° L’auditeur général de la Chambre apostolt<j><< était autrefois, lui aussi, un véritable ministre, sous la suprême direction du cardinal camerlingue. Il était à la tête de la principale cour de justice administrative, surveillant, à la fois, les services judiciaires et l’instruction publique. C’est aussi un prélat de fiocchetti. Cette charge est devenue purement honorifique.

4° Le trésorier général de la Chambre apostolique était préposé au département des finances, dans tous les services du trésor et des impôts. Il est, lui aussi, prélat de fiocchetti. Ainsi, des quatre prélats de fiocchetti, trois sont toujours les trois premiers dignitaires de la Chambre apostolique. Depuis plusieurs années, la charge de trésorier général n’a plus de titulaire.

Les prélats clercs de la Chambre apostolique.


Ils formaient comme le conseil d’administration de cette Chambre. Nous avons dit comment leur nombre a varié avec les époques, et ils ne sont plus actuellement

que huit. Les cinq premiers en dignité avaient le titre de président, parce qu’ils dirigeaient des services, secondaires, il est vrai, mais cependant d’une importance considérable, qui en faisaient comme divers ministres. C’étaient : 1. le président de l’annone et des subsistances, présidente dell’annonae grascia, ou ministre de l’agriculture ; 2. le président des armes, présidente délie artni, sorte de ministre de la guerre ; 3. le président des monnaies, présidente délie zecche, sous-secrétaire d’Etat au ministère des finances ; 4. le président des archives, présidente degli archivi ; 5. le président des eaux et chaussées, présidente délie acr/ue e strade, remplissant les fonctions de ministre des travaux publics et du commerce. Les autres clercs de la Chambre apostolique, auxquels n’était pas confié un service spécial, constituaient la Commission de revision des comptes.

A l’origine, les prélats clercs de la Chambre apostolique étaient choisis par le cardinal camerlingue lui-même ; mais, dans la suite, les papes se réservèrent leur nomination. Avec la disparition du pouvoir temporel, ces fonctions ont cessé par défaut de matière ; mais les titres demeurent, et la révérende Chambre apostolique reste debout avec ses mêmes cadres. Les titres sont donc maintenant purement honorifiques ; mais ils sont un vivant souvenir d’un glorieux passé et une pierre d’attente pour un meilleur avenir.

/II. PRÉLATS DOMESTIQUES OU PRÉLATS DE M AMEL-IE ! JA. — En latin, ils sont désignés par les mots anlisliles urbani, ou antistites domus pontifias maximi. Ils sont aussi appelés prélats de mantelletta, parce que la mantelletta de soie violette est leur signe distinctif. Leur costume est à peu près le même que celui des évêques en dehors de leurs diocèses, avec cette différence qu’ils n’ont ni croix pectorale, ni anneau. Le cordon du chapeau est violet. Leurs armes sont surmontées d’un chapeau violet, d’où descendent six glands de la même couleur. Pour les privilèges dont ils jouissent dans la célébration de la messe, soit chantée, soit basse, voir Martinucci, Monnaie sacrarum c<rren>oniarum, 8 in-8. Rome, 1879-1880, t. viii, p. 173. Ils sont nommés par bref, ad perpetuam rei memoriam, et leur titre vie. La permission de l’ordinaire du lieu ne leur est pas nécessaire pour porter dans son diocèse leurs insignes prélatices : soutane violette, ou noire filetée de rouge, rochet et mantelletta violette. La raison est que nul évêque ne peut poser une limite aux privil accordés par le pape. Cf. Tamburini, Dejuris abbalmn et aliorum prielalorum, in-4°, Lyon. 1640 ; bulle d’Alexandre VII, Inter cieteras, di Il juin 1659, Bullar. roman., t. v, part. V, p. Il sq. ; Da Ponte, Specchio dcl vescovoe del prelato, in-4°, Rome, 1691 ; Lunadoro. Relazione délia corte di Roma, p. 241 sq. : M "’l’.altandier, Annuaire pontifical catholique, 1899, p. 326 sq.

Les prélats de la maison de Sa Sainteté, ou prélat- ; domestiques, se divisent en deux grandes classes : 1° ceux qui appartiennent à un collège prélatice. et sont désignés sous le titre du collège dont ils sont membres ; 2° ceux qui, n’appartenant à aucun de ces coll. sont simplement appelés prélats domestiques. Mais les uns, comme les autres, sont prélats de mantelletta ; la prélature dite de mantellone leur est inférieure.

Prélats appartenant à un collège prélatice.


1. Collège des prélats assistants au trône pontifical ; en latin : Patriarcharum, archiepiscoporum et episcoportim in cappella summi Romani pontifias assistenlium. — Après le sacré-collège des cardinaux, qui est le premier et le plus noble de tous, vient hiérarchiquement, dans les chapelles pontificales, les consistoires, et dans le cortège du souverain pontife, ce collège des prélats assistants au trône. Il se compose de patriarches. d’archevêques et d’évêques. Les patriarches occupent, de droit, le premier rang dans ce collège. Ce sont.