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CREATION

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Si le mal est considéré comme une substance, le problème ne peut se résoudre que par le dualisme et c’est un système contradictoire. Pratiquement, cette solution était exclue par la Bible déclarant que tout était l’œuvre d’un Dieu unique et que tout était bon et très bon. Gen., i, 10, 12, 31 ; cf. Platon, Timée, 37 c, édit. Didot, t. il, p. 209. La solution pbilosophique restait à trouver. Il arrivera à Origène d’assimiler le mal dans la création aux déchets inévitables dans une grande bâtisse. Cont. Cehum, ). VI, c. lv, P. G., t. XI, col. 1384. La réponse est inacceptable. On remarquera qu’il ne suflit pas d’expliquer le désordre de détail par une ordination supérieure, la multiplicité des êtres par un dessein spécial de la providence. Il faut en effet qu’une chose soil possible avant qu’on puisse la vouloir, et comme la possibilité exige une cause exemplaire en Dieu, répondre en assignant une cause finale n’est pas résoudre le problème. I£n fait, à l’époque patristique comme à l’époque scolastique, c’est une confusion qui fut souvent faite : on explique le mal moral par la liberté, le mal physique par une utilité d’ensemble, la multiplicité par la beauté de l’ordre. La réponse de fond, au moins chez les premiers docteurs du moyen âge, est souvent plutôt touchée que mise en lumière ; elle est noyée dans des considérations accessoires.

Le principe de solution avait été donné par Aristote : le mal est une privation du mieux. Le néoplatonisme l’avait développé : tout être est bon en tant qu’être, défectueux en tant que mêlé de non-être, c’est-à-dire de limite. Plotin, 1 Enn., I. VIII, c. i sq., édit. Didot, P. 40 sq. ; III Enn., 1. II, c. IV, p. 120 sq. Restait a expliquer cette origine de la limite : le néoplatonisme ne l’a pas fait. Il a beau dire que ce qui procède ne peut jamais égaler ce dont il procède, et que 1 Intelligence première est de ce chef inférieure à l’Un ; c’est là précisément ce qu’il fallait prouver. III Enn., I. VIII, c. vii, vin. cdit. Didot, p. 187 sq. Un panthéisme émanatif devait rencontrer à cette preuve de spéciales difficultés. C’a été le grand progrès des docteurs chrétiens el notain ut il. saint Augustin de résoudre le

problème par le double dogme de la trinité et de la création. Dieu donne sa mesure dans la génération immanente qui produit le I ils, et cette intelligence première lui est égale précisément parce qu’elle est H. i par lequel il se connaii adéquatement tel qu’il est. -Maidans imite production ex nihilo, il y a impossibilité absolue de réaliser autre chose qu’un être imparfait.

La raison, unique au fond — c’est l’excellence de

l’Infini peut se présenter de double manière : du

eut. de l’Intini, c est ce fait qu’étant Tout, il exclut de

pii -a perfection la possibilité d’un égal eu dehors de

lu côt* di -t ce fait que D’étant

o, elle H" pi’ut a’., c cette tare

noir auti que.1’- pi rfections

ment mêlées d’imperfection. Ainsi toute création

ni l I qu’elle implique quelque

de distini t di Dieu, quelque chose qui commence

"’templaire de la limite, il n’y en a pas et

il ni’peut en avoir, car la limite en tant que telle n’est, alité positivi. mais il a en Dii u une

n infinité, qui exclut toute p bilité d’un autre infini, si l’image créée est donc Imparfaite, ci n si pas 1 1 faute de i ou du cachet Infini qui l’impr mail di la cire qui ne peul

ir l’empreinte adéquate, Pseudo-Denys, De m. col. 844, Cf. Albert le’i Sum. " II. ir. I. m. m. a, l, .ni i

a reanu

habet > i litatem, m

III. I n 18.1 p 16 ;

1 f I. Ir Mil. m II, l. wii, p. : t|i, iui i

œquari virtuti ipsius causa ; primai, S. Bonaventure, In IV Sent., 1. II, dist. I, p. il, a. 1, q. i, n ; cꝟ. 1. I, dist. VIII, p. ii, a. 1, q. il, ad l" iii, ipsa ratio creati répugnât infinito… ex hoc ipso quod fit ex nihilo. S. Thomas, De potentia, q. I, a. 2, ad 4 unl.

Après avoir établi ainsi que la limite est un mal meta physiquement nécessaire, on prévoit la réponse que les scolastiques pouvaient donner aux problèmes connexes.

b) Pourquoi la multiplicité des êtres ? — Parce que, s’il est impossible qu’un seul reproduise l’infinie perfection, il devient convenable, Dieu créant pour sa gloire, qu’un grand nombre en traduise chacun pour sa part quelque aspect : le nombre doit suppléer à l’imperfection et à l’impuissance de chaque type. quia per unum ad finem universi devenire non potuit, Albert le Grand, Sum, theoh, part. II, tr. 1, m. iii, a. 2, p. 15 ; imago increata quæ est perfecta est una tantum ; sed nulla creatura représentât perfecte exemplar… et ideo potest per plura reprxsentari. S. Thomas, Sum. theol., I a, q. xlvii, a. 1 ; Cont. gent., 1. II, c. xxxix-xlvi. Ainsi la multiplicité en tant qu’elle argue une imperfection n’a point en Dieu de cause exemplaire propre, mais elle a sa raison suffisante dans l’unicité de l’Infini, qui exclut tout égal, et dans la multiplicité virtuelle de ses perfections, que nul fini ne peut traduire, même s’il est reproduit en nombre, et à plus forte raison, s’il est seul.

c) Le mal non plus, n’étant rien de positif, n’étant « ni un être, ni rien dans les êtres » , pseudo-Denys, De div. nom., c. IV, 34, P. G., t. iii, col. 733, n’a pas et ne peut pas avoir de cause exemplaire, cum aliquid dicatur malum ex hoc. ipso quod a participatione divinitatis recedit. S. Thomas, De veritate, q. iii, a. i. Par ailleurs, il est une conséquence de la limite : c’est parce qu’elles sont limitées que les créatures sont passibles dans leurs actions et réactions réciproques — mal physique — que les volontés libres sont muables et peccables — mal moral. Ainsi le mal métaphysique, la limite dans l’être, est le fondement dernier du mal physique et moral. Mais le mal lui-même suppose le bien, comme la maladie suppose la vie, et en ce sens le mal a la raison de sa possibilité dans la possibilité de l’être et du Lien. Il faut renvoyer sur ce point aux

— profondes de Proclus et du pseudo-Denys, De div. nom., c. iv. n. 18-31, P. G., t. iii, p. 713 sq., ainsi qu’aux commentaires du docteur angélique. In Dionys., c. iv. lect. xin sq., Paris, t. i. p. iii.’i Bq. Cf. s. Augustin, De natura boni, /’. /, ., t. xui, col. 551-572 ; s.’I h I. gent., I. III. c. X sq., Paris, t. XII,

p, 264 sq. Que l’on recherche ensuite pourquoi Dieu a produit tels types imparfaits plutôt que telautres, et

préféré à tel autre le mélange actuel des biens et des

maux, c’est une étude qui relève de la providence et de la cause finale ; nous n’avons pas.< la traiter ici. Il

suffit de montrer Comment Dieu peut être la cause

exemplaire de l’imparfait et du fini.

il. Cautalitê des "mes. Quelle influence appartient aux idées dans la création des êtres ? Le seul fait que Dieu porte en lui les types <<- tous les possibles ci que les possibles cependant n’existent pas tous prouve que les idées msont pa’lentes pai elli « Il ne suffit pas que l’artiste ait coni u son idi e, pour que la statue soil produite. H tant de plu-, qu’il se décide a la reproduire dans la pi< rre. De Régnon, op, cit.. I. V, c. iv. p, 361. Les scolastiques concluent dans le même sens les idées m -.ont causes efflcii qu’unies a la volonté di mm

Quelle est la nature de leur Influence ? Elles repré it un type a l’image duquel l’agent va modeler

l’effet’n’ens leur causalité peut -.- rapprocher de

sa I i té i" ! im n. ; elles sont des forn i ité rieures à l’effet. Ce tyj i lèli sgil sur l’agent : il