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CRÉATION


bibliques l’exégèse des principaux de ces textes pour voir comment ces idées se transmettent jusqu’à nous, en Occident sous l’influence prédominante des commentaires de saint Ambroise, de saint Augustin et de Bède, en Orient en dépendance plus marquée de saint Grégoire et de saint Chrysostome. Il devenait d’ailleurs plus facile, après la mission du Verbe incarné, de comprendre la fin que s’était proposée le créateur et le motif d’amour qui l’avait porté à produire le monde. Si les Pères empruntent librement à Platon et à Philon, ut les mots qu’ils prennent, cédant au plaisir de faire des citations et du concordisme : les idées sont celles îles Écritures.

Au fait, Platon avait eu des expressions singulièrement beureuses pour expliquer l’origine de l’univers :

Dieu était bon ; or celui qui est bon ne saurait à l’égard de quoi que ce soit concevoir de jalousie. Exempt de jalousie, il a voulu que toutes choses fussent autant que possible semblables à Lui. d Timée, 29 e, édit, Didot. I. il, p. 205 ; Ritter, Hisluriapliil. græcæ, 8e édit., 1’. ! '>'. n. 331. Philon pouvait à bon droit sur ce point adopter les vues de Platon, sans renier celles de Moïse..le n’errai pas en disant ce qu’a dit un des anciens… En raison de la bonté de sa nature, il n’a pas i doux, etc. » De mundi opi/ic, c. v, in-fol., édit. Turnèbe, p. 4 ; édit. Wendland, p. 5, n. 21. C’est la même pensée que l’on retrouve dans saint Justin, . i. n.10, P. G., t. vi, col. 340 ; Clément d’Alexandrie, Pmdag., 1. I, c. ix, P. G., t. viii, col. 356. Cf. Simm., V. xiv, t. ix, col. 136 : « Si Dieu cesse de faire du bien, il cessera d’être, » ibid., VI, xvi, col. 369 ; s. Athanase, De nat. hum. a Vcrbo assumpta, n. 3, /’. G., t. xxv, col. 102 ; Cont. génies, n. 41, col. 81 ; S. Grégoire de Xa/.ianze, Oral., x.x.xviii, c. ix, P. G., t. xxxvi, col. 320 ; Zacbarie de Mitylène, De mundi opificio, I’. i… I. ixx.xv, col. 1069, " 1081, 1084 ; S. Jean Damascéne, De fide orth., 1. II, c. ii, P. G., t. xciv, col. 864.

De même se perpétue la comparaison de Philon : la bonté de Dieu rayonne et produit l’être, comme le soleil ou le feu produiseni la chaleur. Oui, dit Clément d’Alexandrie, mais c’est librement, Strom., VII, vu. /’. G., t. ix, col. 457 ; cf. S. Basile, In llexæm., homil. i, n. 7. P. G., t. xxix, col. 17 ; même image, pseudo-Denya, /v dii nom., c. iv, n. I, P. G., t. m. col. 683 ; s. Jean Damascéne, Contra manich., n. 15. 38, 17, 72, /’G., t v iv, col, 1520, 1514, L548, 1572.

Les Pères devaient se réjouir de Irouver dans le néoplatonisme les mêmes affinités de doctrine. Plotin contre les grnostiques définissait Dieu par la bonté. I Enn., I. IX. c. i, édit. Didot, t. ii, p. 94 ; cꝟ. 1Il Enn., I. VIII, c. x. p. I88sq. ; Proclus, Tnstit. theolog., c. viii, ’. p. lui. Le pseudo-Denya ri pn nd lu même défini

ll"ll i, |., /’. (, ., |. m. col. fil’c. XI, n. 6, col C. xiii, n. 3, col. 981 ; Dccœl.

hierarch., c. iv, n. I, col. 177. et montre dans la création le rayonnement naturel du souverain Bien. On i la place qui léea tiennent dans la

philosophie de saint Augustin. Confess., I. VII. c xii, n 18, /’. /.i ïxxii, col 743 ; Det i Dei, i VIII, c. iv, t x 232 ; i xil, c. i, col, 349.

In Ps. i xxxiv, n. 3. t. xxxvii, col. 1740 Voir Ai -Sain ! . i. i. col..’128 I wolastiqui - m Iran* Itronl ntn mti I : ii, quantum / » <<, ’. I. I. c. xxxii, t. x.x.xiv. col

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Ils l "ut préchée : a) <

I’I Utol., I. I. c. i

/’C, t. m. col. 1029 sq. ; S. itra cent.,

i 1 1 < M. / /. nettement,

i n’ii i i, . i ; ml la fli le des

créatures inférieures : « Ce n’est pas sans raison que Dieu a fait l’homme, car il est sage… ; ni pour sa propre utilité, car il est sans besoin…, ni pour une quelconque de ses œuvres…, car aucun être doué d’intelligence et de jugement n’est créé pour le service d’un autre, np’o ; étépoj ypeiav… C’est donc pour lui-même, pour la bonté, pour la sagesse qui se manifeste dans son œuvre… Tout être produit pour l’utilité d’autrui périra, quand cessera sa raison d’être… Ceux qui ont été faits pour exister [pour une fin personnelle], ayant toujours même raison d’être, vivront éternellement. » De resurrect. morluor., n. 12, P. L., t. vi, col. 996 sq. — b) Elle avait encore une opportunité spéciale contre le gnoslicisme ; elle opposait à la méchanceté du démiurge gnostique la bonté du Père créant uniquement afin d’avoir < un débouché » pour ses bienfaits : non quasi indigenx, sed ut haberet in quem collncarel sua bénéficia. S. Irénée, Cont. hser., 1. IV, c. xiv, n. 1, P. G., t. vii, col. 1010. — c) Même utilité contre le manic/iéisme : la création est œuvre du principe bon, pour le bien des créatures. S. Augustin, De Gen. ad litt., 1. I, c. iv, n. 11, P. L., t. xxxiv, col. 250 ; cf. ibid., c. vii, viii, col. 251 ; S.Jean Damascéne, Cont. manich., 32, 34, P. G., t. xciv, col. 1540. — ( ?) Les Pères l’ont exposée surtout aux fidèles dans leurs œuvres exégétiques et leurs homélies : bonitate facit, nullo quod fecit eguit. S. Augustin, In Ps. CXXXIV, n. 10, P. L., t. xxxvii, col. 1745 ; cf. n. 3 sq., col. 1740 ; De dcctr. christiana, 1. I. c. xxxi sq., t. xxxiv, col. 32 sq. ; De corrept et grat., c. x, n. 27, t. xi.iv, col. 932 ; De civ. Dei, 1. XXII, n. 2, t. xii, col. 751.

Les scolasliques et les arguments de raison.


Nous avons signalé ce qui importait dans la terminologie de l’École. En proposant ici ses arguments, nous essayerons, s’il y a lieu, de les pousser et de les compléter.

1. Dieu agit pour une fin.

La foi le définit implicitement en déterminant expressément quelle fin Dieu s’est proposée. Voir plus loin. C’est une pure conséquence de ce fait que Dieu est personnel et souverainement parfait : intelligent, il n’agit pas sans raison.

Cependant, comme l’ont enseigné les Pères et les

théologiens, le même motif de la perfection divine

e à reconnaître une grande différence entre la fin

d’une volonté créée et celle de la volonté incréée. L’être

fini subit de la fin qu’il conçoit une influence véritable :

elle ne le d. "- 1 « nui ne pas fataleint ni ; i ggir, s’il est libre,

mais elle [’attire physiquement et moralement par le charme et le désir du bien qui est en elle et qui manque en lui. L’être infini au contraire n’ayant aucune indigence semblable, incapable d’ailleurs d’éprouver dans Bon « Ire la moindre modification, ne peu t subir un tel attrait : 1a bonté qu’il reconnall a telle eu telle Bnpeul

eu ne raison suffisante de son choix, jamais une

finale. Si la volonté de Dieu avait une cause, dit saiul Augustin, il aurait donc quelque chose de premier par rapporl à la volonté de Dieu, est uliotltd

quod antecedat ; ce qu’il est impie d’admettre. /’e Gen. contra manich., I. I, c. ii, n. i. /’. /… t. xxxi. col. 175 ; In Ps. cxxxiv, n. 10, t. xxxvii, col, 1745. La cause premii re ne cèd< donc pas a une impulsion extérieure ; elle est elle-même ^’! ton principe. S I’m l rthod., I. 11. c, xii, /’'’.. t. xeiv. col. 92(i. Les, , , <, / ; /., exercent sur elle une moii’in iu, n physique, mais uniquement métaphorique,

-i Platon a t-ii du que le premier moteur se meul lui-même, s. Thomas, s, , , n. theol., l. q xix. a. l. i.e doct< mangélique exprime eneon e, 1 1, pensie par

distinction subtile. On peut dire Dieu veut que telle choi on ; mais non Dieu veut

pour telle raison, ’"// ergo h

propter A", vult, ibid., ' /<>/’. I. I,

C. lxxxvii, etc. ; il y a di qui rendent -es