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CREDIBILITE


aux aguets. A un point do vue abstrait, ces influences a tergo sont mauvaises ouvrières de vérité. Mais, il est au moins deux cas où, tout au contraire, leur action s’exerce dans le sens d’un accroissement de vérité. Ces deux cas sont d’abord le cas d’une vérité dont la portée est morale, et ensuite le cas dune vérité dont la portée est surnaturelle.

Si j’hésite sur la valeur morale d’un énoncé, rien ne peut davantage faciliter à mon regard intellectuel la vue du vrai comme la rectitude antérieure de mon état d’âme vis-à-vis des principes certains de la morale. L’habitude de la sincérité, la haine du mensonge, le dépouillement des fins illusoires, l’amour des fins véritables, la veritas vitse, pour me servir d’un mot énergique de saint Thomas, sont autant de dispositions morales dont le contre-coup se fait ressentir dans l’objet vraiment moral et exalte son aptitude à être ou à ne pas être accepté comme tel.

Si je me trouve en présence d’une vérité de l’ordre surnaturel difficile à admettre, se peut-il rencontrer un meilleur adjuvant de ma docilité que l’action antérieure et vécue du surnaturel dans mon âme ? N’y a-t-il pas, dans la correspondance habituelle aux sollicitations divines, une réserve de lumière qui réserve l’acuité de mon intelligence, ou encore la ferme, par une sainte obstination, aux attraits de ces lumières troubles, ennemies de Dieu, qui tirent à elles le regard de celui qui est moins bien partagé ?

Il n’est pas douteux que ces considérations ne soient applicables aux vérités de la foi et que leur application De manifeste des suppléances de crédibilité qui, pour être subjectives dans leur origine immédiate, n’en sont pas moins légitimes ouvrières de vérité.

La crédibilité, en effet, toute spéculative qu’elle soit dans son fondement, à savoir la recherche et la preuve de l’attestation divine, est la propriété d’un objet dont la portée est morale et qui relève de l’ordre surnaturel, l’objet de foi.

La présentation de l’objet de foi, avons-nous dit, n’est pas un phénomène isolé et comme erratique : elle vient S’intercaler dans le processus d’une vie morale en exercice ; elle prétend lui ouvrir sur le terrain du surnaturel de nouvelles issues, c’est-à-dire de nouveaux devoirs : devoir intellectuel d’obéissance aux manifestations spéciales île la Vérité première, principe premier de nulle puissance de penser ; devoir moral de consentement a df Douveaui aspects du bien, en connexion avec notre fin ultime, raison dernière de notre puistance de vouloir, il est bien évident qu’une âme à la moralité il era plus accessible à cette présen tation qu’une âme fruste ou mal disposée, "r. l’éveil du côté de la fin ultime, de la régie première, des droits de Dieu sur l’intelligence et la volonté constitue l’appoint foncier de cette moralité intégrale. Impuis tains ras a *.. démontrer la vérité de rllon proposée, l’âme moralisée lui accorde cependant toute ^"ii attention, car elle saisit tout « qui se ni pour elle dans cette Intervention d’un Dieu qui parie elle lent tout re qu’il > aurait de calamité » i a côté de la parole d’un Dieu et, peutinsi sa fin dernière ; car il n’y a monde a quoi elle soit plus accessible, plus nnable, qu’au* harmonies du bien. De la des i moins consciemment ressenties

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Qui n’a rencontré sur sa route de ces âmes sincères, éprises du bien, fidèles à Dieu comme par nature, prédestinées à saisir partout les rayons de sa face, réagissant sous son empire avec la ponctualité de l’aiguille qui se tourne vers le pôle, fermées au mal, le regard lucide à force d’être imprégné par des rectifications intérieures ? Or, ces âmes, c’est surtout parmi les simples, parmi les ignorants qu’elles se trouvent. Elles ont comme un sens de la Beauté, de la Vérité, du Bien. Et lorsque l’Évangile se présente à elles, elles vont à lui comme à la lumière. Donnez-leur une garantie tant soit peu sérieuse du fait de l’attestation divine, et l’accent convaincu, l’attitude sainte du prédicateur suffisent, elles ne la discutent pas ; la crédibilité renforcée de tout ce qui se remue en eux de moralité effective, leur apparaît évidente : elles sont conquises d’emblée. Il y a en elles comme deux forces, venues de directions différentes mais non opposées, qui se rencontrent et se combinent pour se fonder en une résultante unique et victorieuse. Le dogme est le point de leur convergence et c’est lui qui s’impose à l’intelligence avec la toute-puissance convaincante d’un objet bon pour la foi, apte, à n’en pas douter, à être cru de foi divine.

Il importe de noter que ces suppléances morales, si elles sont souvent décisives, ne sauraient déterminer dans le détail les vérités à croire. Sans doute, en soi, le bien coïncide toujours avec le vrai ; mais nous pouvons nous tromper dans l’appréciation de cette coïncidence. La crédibilité rationnelle ne saurait être supplantée totalement par elles. Leur rôle est de l’ordre moteur ; c’est à la crédibilité rationnelle de déterminer objectivement l’objet à croire. Pour que leur intervention soit infaillible, il faut que Dieu la dirige. C’est, du reste, ce qui ne manque pas d’arriver lorsque les au < s ont eu une bonne volonté totale. Et c’est ici un second ordre de suppléances, auxquelles nous devons donner d’autant plus d’attention qu’elles se mêlent souvent. dans le fait concret, aux recherches de la crédibilité les plus rigoureusement entreprises.

< Si le Christ, dit saint Thomas, n’avait pas fait de miracles visibles, il resterait d’autres moyens d’amener à la foi auxquels les hommes devraient se rendre, d’abord l’autorité de la loi et des prophètes. Puis la vocation intérieure à laquelle ils ne devraient pas résister, cette vocation dont Isaïe a dit : « Le Seigneur « m’a ouvert l’oreille ; et moi je n’ai pas dit non. je ne >< recule pas, » comme ceux dont il est dit ailleurs , t Vous, vous ave/ toujours résisté au Saint-Esprit. i Quodlibet, II. a. ti.

Il Semble bien, si l’on j ! s de Ce |’a

et le gens qui ressort de ces conjonctions : d’abord, puis, qu’à défont des signes de crédibilité extérieure, miracles ou prophéties, l’appel intérieur puisse, selon saint Thomas, remplacer en certains cas les motifs de crédibilité. Mais, au fond, il ne les remplace q qu’il en est un lui-même, le plus direct et le plus effieace, car. continue saint Thomas. I parmi les ouvres que le Christ a faites pour prouver sa mission eonfornt au tei m ni fis qua

nullus alius fecit, peccatutn no » haberenl, .loi., xv, 21, il faut compter l’appel Intérieur, par lequel il a attiré certains, appel dont saint Grégoire a dit dans un.’de sec le ne le i que le < lu lai par -a miséricorde a

attiré à lui Intérieure ni Madeleine, tandis qu’avec

cli mence il l’accueillait devant tou i l ippel intérieur k pn sente d’ailleurc <rc une valeur Intellectuelle et objective * tte touche Intérieure pai laquelle le Christ, sans miracles, pouvait se (aire connaître, relève de l’efficace de la Vérité pieu. qui illumine et instruit intérieurement lea homm<

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lil. ; qui Ont un l pilon et quasi mirai u-