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CREDIBILITE

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l’origine do tout un mouvement apologétique, pour et contre. Citons outre la Lettre : M. Blonde I, Principe élémentaire d’une logique de la morale, 1900 ; Histoire et dogme, dans la Quinzaine, 1904 ; Le point dedérarl

de la recherche philosophique, dans les Annales, I9CG ; Laberlhonnière, Essais de philosophie religieuse, 1905 ; Le réalisme chrétien et l’idéalisme grec, Mano, Le problème apologétique ; les articles et ouvrages de Ch. Iicnis ; et d’innombrables articles dans toutes les revues théologiques ou philosophiques, principalement de langue française, rédigées par des catholiques.

C’est à titre d’hypothèse, semhle-t-il, que l’apologétique selon la méthode d’immanence se place sur le terrain de l’immanence. Dés lors, la crédibilité, entendue comme propriété rationnelle de l’objet de foi, est déclarée en dehors de ses prises. On l’ignore et l’on ne peut rien pour elle, car on ne peut détacher, comme le l’ait le rationalisme, une de nos activités du phénoménisme intégral pour l’ériger en critère d’absolu. Tout se tient et s’enveloppe dans notre dynamisme phénoménal. Ce que l’on peut faire, c’est étudier ce dynamisme immanent considéré dans son intégratité, noter ses égalisations et ses exigences.

Or, et c’est ici le nerf de l’apologétique de l’action, cette étude ne tarde pas à manifester l’existence en nous d’une volonté profonde, qui est notre vraie volonté, et d’une volonté effective dont la loi est de s’égaler à la volonté profonde. C’est la loi de l’action, sans l’observation de laquelle nous ne pouvons qu’avorter ou périr, que d’établir l’équation entre les deux. C’est là un problème pratique dont les termes se posent différamment pour chacun, mais le devoir est le même pour tous.

A priori, et catholiquement parlant, la thèse de l’apologétique de l’immanence est que la volonté profonde, comprenant, comme l’enseigne la foi catholique, non seulement des ressources naturelles, mais des influences divines de grâce, qui conduisent l’homme au surnaturel et à la foi, la mise en équation, dans la conscience de chacun, de ce que l’on veut réellement et de ce que l’on réalise effectivement, doit aboutir, si l’on est sincère, au besoin d’un surcroit surnaturel, à une volonté du salut surnaturel, et donc à sa reconnaissance par la foi en la manière où il existe, c’est-à-dire tel que l’Église catholique l’enseigne. Si l’on ne marche pas vers le catholicisme et si au dernier moment on n’y a pas abouti, au moins implicitement, c’est qu’il y a eu manque de sincérité dans la mise en équation, ou dans la volonté de réaliser le devoir qu’elle avait manifesté. La tâche de la philosophie de l’action sera de mettre en évidence, au sein de notre phénoménisme interne, les éléments qui composent l’équation et les lois qui en résultent, de manière à faciliter à chacun la reconnaissance et la volonté de son devoir.

On le voit, cette apologétique est moins une apologétique de la foi qu’une apologétique de la bonne foi. Et il n’est pas douteux que celui qui l’aura pratiquée intégralement pour son compte personnel n’aboutisse à la vraie foi. Facienti qnod in se est Deits non denegat gratiam. Ipsi sibi sunt lex. Il n’en reste pas moins une grande difficulté pour la détermination générale des conditions de la mise en équation de notre phénoménisme interne, qui constitue la tâche à peine ébauchée de la philosophie de l’immanence.

Quant à la crédibilité des vérités de la foi, elle apparaît dans ce système comme un aboutissant variant en fonction de l’état de crédulité légitime du sujet, et non comme une propriété de l’objet de foi fixée, une fois pour toutes, par une relation rigide au témoignage véridique, en regard de tous les sujets. Il y aura, ce nous semble, non plus une crédibilité, mais des crédibilités fou crédulités) multiples. Cf. de Groot, Summa « /m/,, . getica de Ecclesia, 3e édit., Ratisbonne, 11)00, p. ii, 15.

note 19. Ces crédibilités seront de caractère infiniment varié, puisqu’elles doivent uniquement ce qu’elles valent aux dispositions infiniment multipliées de nos phénoménismes individuels qui servent comme d’instruments à la volonté profonde pour se faire jour. De plus, les dispositions ou phénomènes internes étant relatifs et immanents les uns aux autres, la crédibilité ne sera jamais simple, quoiqu’elle puisse être i par un caractère prédominant, aspect relatif aux besoins moraux, pour tel sujet, aux besoins affectifs, intellectuels, etc., pour d’autres. Enfin, en aucun cas, cette crédibilité’subjective n’aura, par elle-même, de valeur absolument déterminante objectivement, bien qu’elle prépare réellement la détermination subjective, que le seul don divin est capable d’effectuer. Nous rentrons ici dans la doctrine des suppléances.

Quoi qu’il en soit de la vérité de son point de départ philosophique, on voit par la structure même de l’apologétique immanentiste, que sa prétention pratique n’est que de préparer à l’acte de foi, en écartant les obstacles du cœur et de l’esprit, en amenant à regarder le problème religieux comme Yunum necessarium, en faisant désirer la réponse avec une parfaite bonne foi. Tout cela fait, la place reste pour une apologétique objective qui détermine la vraie foi en regard de la bonne foi, ou, si on ne peut s’y rendre, car il semble bien difficile de coordonner une doctrine rationnelle à une doctrine immanentiste, il reste la grâce de Dieu et les suppléances divines de la crédibilité.

On trouvera dans la 3e édition de la Summa apologelica de de Groot, O. P., Ratisbonne, 1906, q. i, a. 3, un exposé très irénique et une critique théologique, aussi bienveillante que possible, de l’apologétique selon la méthode d’immanence.

Il n’y a pas, à proprement parler, de bibliographie spéciale à la notion de crédibilité. Il est nécessaire, pour se documenter, de s’adresser à des ouvrages généraux, conciles et patrologies. traités De ftde divina, de méthodologie théologique, d’apologétique. Nous ne pouvons citer ici que nos principales sources. Nous indiquons les éditions consultées pour cet article.

I. Patrologies grecque et latine de Migne ; Denzinger, Enchiridion, 9’édit., 1900 ; Corpus juris canonici, 1650 ; Concitiorum collectio Lacensis, Fribourg-en-Brisgau, 1890 ; Viva. S..’.. Damnatarum thesium theologica trutina, part. II, th. damn. ab Innoc. XI, Padoue, 1713 ; von Ranst, O. P., Veritas in média seu Divus Thomas proposiliones… prsedamnans, Venise. 1735.

II. Traités De five divina.

Ces traités font presque toujours partie d’ouvrages théologiques d’ensemble. Quelques-uns sont spécialement consacrés à la foi, ou du moins aus trois vertus théologales.

Ouvrages généraux.

Scolastiques : Alexandre de 1 ;

O. M., Summa theologix, Venise, ) 1625, t. m ; Guillaume d’Au.xerre, In Sent., Paris, 1500 : Guillaume de Paris, Opéra omnia, Venise, 1591 ; B. Albert le Grand, O. P., In Sent., Opéra omnia, Paris, 1894. t. xxviii : S. Bonaventure, O. M.. Opéra, Quaracchi, 1887, t. m : S. Thomas, O. P., Sutn. theol. cum comment. Cajetani. Rome, 1888 sq. ; Cum nolis Nicolaï, O. I’.. Paris, 1663 ; Opéra omnia, Panne, 1850-1868 : Henri de Gand, Quodlibeta, Paris, 1518 : Summa theologix, Paris, 1520 ; Duns Scot, O. M., Opéra, cum suppl. J. Pontii, O. M., Paris. t. xv : Gilles Columna. O. S. A., In lll’-Sent., Home, 1625 : Durand de Saint-Pouroain, O. 1’.. In Sent., Lyon. 1550 ; Capréolus, o. I’., Defensiones, Tours, 1904 sq., t. v ; S. Antonio, O. P., Summa théologien, Vérone, 1740 ; Nicolas de Cuse, Opéra, Bàle, 1565 ; J. François Pic de la Mirandole, Opéra. 1601 ; Silvestre Ferrariensis, O. P., Comment, in Sum. contra g< ntiles, Rome, 1570 ; M. Cano, O. P., De toei* theologicis, Madrid. 1776 ; Tolet, In Sum. theol. D. Thomte, Turin, Paris. 1869, t. ni ; Mutina, S. J., Comment, in / » partem, appendix, Lyon, 1622 ; Concordia, Paris, 1876 : Grégoire de Valentia, S. J., Comment. theol. in Sum. D. Thomas, Venise, 1608, S Fidei analysis ; D. Baiîez, O. P., Comment, in II— Il m Sum. theol., Vei 1602 ; Gabriel Vasque ?., S. J., Comment, in Sum. theol., Venise, 1608 : Thomas Sanehez, S. J., Opus morale in decalogum, Lyon, 1661, t. i ; Suarez, S. J., Opéra omnia, Paris. 1858, t. xii : Coninck, S. J., De moralitate, natura et effectibus actuum supern., speciatim de ftde, etc., Anvers, 1623 ;.lean de Saint-