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CU US KM — CUDWORTH

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étudia la théologie avec des professeurs appartenant à celle secte. Au cours d’un voyage, il int à Avignon et s’y convertit au catholicisme changeant son nom de

Samuel en celui de Pierre. Ce fut alors qu’il publia : l>r desperata Cal vint causa tractai us brevis, lectu non minus ttlilis alquc jucundus in quo seelte càlvinislicee iiaii tam picta effigies quam vivum corpus cuivia spectandum ad oculum exhïbetur, in-8°, Mayence, 1609 ; une 2e édition sous le tilre : Vivum spéculum in quo vera et apostolica Christi Ecclesia cuivis introspicienli ail oculum clare apparet pontificiorum, lutheranorum et calvinislarum irino calcula approhala, in-12, Cologne, 1610. Pierre Cudsern est aussi l’auteur des deux ouvrages suivants : Liber apologelicus, in-8°, Cologne, 1612 ; Triumphus super desperata Calvini causa, Cologne, 1617. Il était docteur en théologie, chanoine de Saint-Georges et de Notre-Darne du Capitule à Cologne.

„ Hurter, Xomenclator, 3’édit., 1907, t. iii, col. 1019-1020.

B. Heurtebize.

CUDWORTH Ralph (1617-1688), philosophe et théologien anglais, naquit à Aller, dans le Somersetshire, en 1617 ; son père était recteur de cette paroisse, et chapelain du roi Jacques Ie’. A quinze ans, l’enfant entrait à cette université de Cambridge qu’il ne devait plus quitter ; au milieu des sanglantes révolutions qui bouleversèrent sa patrie, il mena dans le calme le plus parfait sa vie d’étude et d’enseignement. Magister arlium en 1639, et fellow d’Emmanuel Collège où il avait été élevé, il avait sous son toit de nombreux pensionnaires, parmi lesquels William Temple. En 1645, il devint regius prof essor d’hébreu, et en 1654 master, ou principal, de Christ’s collège. En 1655, il fut membre d’un comité qui devait rédiger les statuts du collège de Durham, et en janvier 1657, consulteur d’une commission de membres de la Chambre des Communes chargée de reviser la traduction anglaise de la Bible ; sa grande influence auprès de Thurloe, secrétaire d’État sous les protecteurs Olivier et Richard Cromwell, lui permit de faire arriver aux premiers postes de l’Eglise et de l’État ses meilleurs élèves. En 1678, tout en conservant sa situation à Cambridge, il obtint une prébende à la cathédrale de Gloucester ; il mourut le 20 juin 1688, et fut enterré à Cambridge dans la chapelle de Christ’s collège. Birch, Anaccount, p. 7 sq. ; Lestie Stepben, dans Diclionary of national biograplnj ; Janet, Essai, p. 9 sq.

Cudworth est un des principaux représentants du groupe connu sous le nom de « platonistes de Cambridge » , opposés aux péripatéliciens qui dominaient à Oxford. De ses premières années, on n’a conservé que quelques opuscules théologiques. Discourse concerning ihe true notion of tlie Lord" s supper, 1642. Ce traité est destiné à combattre la notion catholique du sacrifice eucharistique. « Ce banquet sacré que le Christ a ordonné aux siens de célébrer, et que nous appelons la cène du Seigneur, ressemble à ces banquets que les Juifs et les autres peuples de l’antiquité célébraient après leurs sacrifices ; le Christ, en mourant sur la croix, a ollerl pour nous un véritable sacrifice à Dieu son Père ; la sainte cène n’est autre chose qu’un banquet sacrificial, dont la victime offerte est la matière ; banquet symbolique, répété en mémoire de ce grande ! unique sacrifice toujours présent à Dieu, et doué de la même puissance salutaire que s’il se renouvelait chaque jour pour nous. » Mosheim, Opéra, t. ii, p. 842. Dans cet ouvrage Cudworth témoigne d’une grande connaissance des religions de l’antiquité. The union of Christ and the Church a shadow, 1642. Ce traité montre les rapports symboliques qui existent entre le mariage chrétien et l’union du Christ avec son Eglise. Mosheim, Opéra, t. il, p. 887 sq.

L’ouvrage qui a fait la réputation de Cudworth est

une importante réfutation de l’athéisme et du matérialisme intitulée : The. true intellectuel System o the, universe. Elle ne parut qu’en 107*. bien que i ir mat tir lui ait été accordé dès 1671. L’auteur avait conçu primitivement un vaste plan qui devait, dit-il dans sa préface, être la réfutation complète des trois écoles qui, à son époque, s’efforçaient de ruiner la croyance à la liberté et à la spiritualité de l’âme, matérialisme qui supprimait, avec l’idée de Dieu, celle de toute substance spirituelle ; fatalisme religieux ou théologique, qui faisait dépendre de la volonté’arbitraire de Dieu les notions de bien et de mal, de juste et d’injuste ; fatali-npstoïcien qui, sans nier la providence et la justice divine, s’efforçait de les confondre avec les lois de la natu de la nécessité. True intellectual, préf., t. I, p. 33 sq. Cf. Janet, Essai, p. 12.

La première partie seule de ce plan est traitée dans le True intellectual System, tout entier consacré à la réfutation de l’athéisme et du matérialisme.

Après avoir décrit les diverses sortes d’athéisme que présente l’antiquité païenne, Cudworth propose, pour les réfuter, son fameux système de la nature plastique. « C’est, dit-il, une certaine vie, inférieure à la vie animale, agissant sous la direction de l’intelligence, raison et sagesse divine… pour des fins et pour un but bien déterminés, bien qu’elle-même ne se rende pas compte des raisons de son action… opérant fatalement, suivant les lois que lui prescrit l’intelligence infinie… Cette nature plastique est, soit une faculté inférieure de quelque âme consciente, soit une âme inférieure, en tout dépendante d’une intelligence supérieure… Bien que la moindre des vies, elle en est une cependant, distincte du mouvement local, et comme telle, immatérielle, toute vie devant être immatérielle. » True intellectual, m, 37, 26, t. i, p. 271 sq. Cudworlh développe trois preuves de l’existence de Dieu : l’idée d’un être infiniment parfait ; la nécessité d’une cause première de toutes choses ayant en elle-même la raison de son existence ; les idées et vérités éternelles. True intellectual, v, 1, 2, t. iii, p. 48 sq. Il y joint le témoignage de tous les peuples, qui porterait, d’après lui. même sur les dogmes précis de l’unité de Dieu et de la création ; le polythéisme ne serait, en réalité, que l’adoration d’un même Dieu considéré dans ses divers attributs. Platon et les Alexandrins auraient eu sur la Trinité des idées analogues aux nôtres, t. i, p. 369 sq. ; t. il, p. 321, 389, 409.

Le True intellectual System eut un grand succès, mais fut aussi très discuté. Un catholique protesta contre l’interprétation que Cudworth donnait du polythéisme, et les prétendus emprunts que le catholicisme aurait faits aux cultes païens. Letter lo M. R. Cttdworth, 1679. D’autres, anglicans ceux-là, attaquèrent la comparaison de la trinité platonicienne avec la trinité chrétienne, et accusèrent l’auteur d’arianisme, de socinianisme et de déisme ; d’autres estimèrent que les erreurs anciennes avaient été exposées par Cudworth avec tant de force que les réponses qu’il leur opposait paraissaient débiles. La cour libertine de Charles II fit à l’ouvrage une assez vive opposition. Ces critiques découragèrent l’auteur, qui renonça à publier le reste de >on travail Cinq volumes de ses manuscrits, conservés au British Muséum, traitent du libre arbitre et des fondements de la morale ; deux autres sont un commentaire de la prophétie de Daniel. Birch. An account, p. 24 sq. Un de ces traités fut publié en 1731 par Chandler, évêque de Durham, Trealise conceming immutable niorality, reproduit à la suite du True intellectual System, t. iii, p. 517 sq. Cudworth y soutient que les idées de bien et de mal, de juste et d’injuste, sont des principes nécessaires, qui ne dépendent pas de la volonté arbitraire de Dieu, ni à plus forte raison des lois humaines ; il réfute les théories erronées