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CYRILLE DE JÉRUSALEM SAINT

Sinaïte le nomme pour cela σφραγὶς τῶν πατέρων. Cependant son activité s’est surtout exercée sur le dogme de l’incarnation contre Nestorius ; quand on parle de Cyrille, c’est avant tout vers sa christologie que l’attention se porte ; et c’est avec juste raison, car tout le reste de sa doctrine rayonne autour de sa christologie et en dépend. Pourtant il ne faudrait pas oublier qu’il a parlé magnifiquement de la rédemption, de la sanctification, de l’action du Saint-Esprit dans les âmes, du baptême, de l’eucharistie. On le célèbre comme docteur de l’incarnation et comme défenseur de la maternité divine de Marie ; on pourrait aussi lui donner le titre de docteur de la grâce sanctifiante.

Nous avons déjà indiqué à la fin de chaque paragraphe la bibliographie spéciale correspondante. Il ne reste plus qu’à noter ici les ouvrages de caractère plus général.

1. Auteurs contemporains les plus nécessaires à une étude sur saint Cyrille d’Alexandrie : Marius Mercator, édit. Baluze, Paris, 1684, ou édit. Garnier, Paris, 1673, ou P. L., t. XLVIII, col. 699-1241, qui reproduit le latin de l’édition Garnier ; S. Célestin Ier, P. L., t. L, col. 437-564 ; Nestorius, dans les Opera de Marius Mercator, ou mieux Loofs, Nestoriana, Die Fragmente des Nestorius gesammelt, untersucht und herausgegeben, Halle, 1905. Consulter encore le Synodicon adversus tragædiam Irenæi, dans Mansi, t. v, col. 731-1022, ou parmi les œuvres de Théodoret, P. G., t. lxxxiv, col. 551-864.

II. Travaux généraux qui méritent d’être consultés : Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1709, t. xiv, p. 267-676, 747-795 ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés, t. XIII, p. 241-407 ; O. Bardenhewer, Patrologie, Fribourg, 1894, p. 335-343 ; Fessler-Jungmann, Institutiones patrologiæ, t. II b, p. 13-87 ; Hefele, Konziliengeschichte, 2e édit., Fribourg, 1875. t. ii, p. 141-288 ; trad. Leclercq, Paris, 1908, t. II, p. 219 sq. ; Alb. Ebrhard. Die altchristliche Litteratur und ihre Erforschung seit 1880 ; Allgemeine Uebersicht und erster Literaturbericht, 1880-1884, dans Strassburger theologische Studien, t. i, fasc. 4 et 5, p. 132-133.

Les dictionnaires encyclopédiques : Dictionary of Christian biography (W. Bright), p. 763-773 ; Realencyclopädie für prot. Theologie und Kirche, t. IV, p. 377-381 (Krüger) ; à compléter par l’article sur Nestorius, t. xiii, p. 736-749 (Loofs) ; Kirchenlexikon, t. iii, col. 1284-1290 (Scheehen).

III. Monographies spéciales : J. Kopallik, Cyrillus von Alexandrien, eine Biographie nach den Quellen bearbeitet, Mayence, 1881 ; Παγίδας, Κύριλλος ὁ Ἀλεξανδρείας ἀρχιεπίσκοπος, Leipzig, 1884.

Voir enfin Ul. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie. 2e édit., Paris, 1904, t. I, col. 1094-1095.

J. Mahé.

2. CYRILLE (SAINT), évêque de Jérusalem, au ive siècle, père et docteur de l’Église. — I. Notice biographique. II. Écrits. III. Doctrine.

I. Notice biographique. — 1o Cyrille avant son épiscopat. — Rien de précis sur la vie du saint avant son ordination sacerdotale ; les données communément reçues sont approximatives ou conjecturales. Il naquit à Jérusalem ou dans les environs, vers l’an 313 ou 315. Ses écrits témoignent de la connaissance personnelle qu’il eut de l’état des saints lieux avant leur restauration, en 326, par les soins de l’empereur Constantin, Cat., xii, 20 ; xiv, 5, 9, P. G., t. xxxiii. col. 752, 829, 833 ; de l’éducation libérale et variée qu’il reçut, en particulier de sa grande application à l’étude des divines Écritures ; d’un genre et d’une méthode littéraire qui l’ont l’ait ranger parmi les théologiens de l’école d’Antioche. V. Schmitt, Die Verheissung der Eucharistie bei den Antiochenern Cyrillus von Jerusalem, etc., p. 3. D’après un synaxaire grec, cité par dom Touttée, P. G., loc. cit., col. 321, Cyrille fut d’abord moine ; assertion qu’il semble confirmer lui-même, Cat., xii, 33, col. 768, si toutefois l’on entend le terme de μοναζόντων dans un sens large, pour désigner des ascètes qui, sans se renfermer dans des déserts ou des monastères, se consacraient à une vie de continence perpétuelle et de perfection. Qu’il ait été ordonné diacre, à l’âge d’environ vingt ans, par saint Macaire de Jérusalem, pure conjecture dont le point de départ est un récit de saint Jérôme justement contesté et qui, de plus, repose sur un raisonnement inefficace. Delacroix, p. li. Mais il est certain qu’il reçut la consécration sacerdotale des mains de saint Maxime, son prédécesseur sur le siège de Jérusalem ; à supposer qu’ils eût alors l’âge normal de trente ans, l’ordination aurait eu lieu vers l’an 343 ou 345. Quelques années plus tard, en 348, au début ou à la veille de son épiscopat, il prêcha les Catéchèses qui ont immortalisé son nom.

2o Cyrille évêque. — Deux questions principales se rattachent à la promotion de saint Cyrille à l’épiscopat. D’abord, en quelle année se fit-elle ? La lettre, qu’il écrivit à l’empereur Constance au sujet d’une croix lumineuse apparue à Jérusalem le 7 mai 351, démontre qu’il était déjà évêque. D’après Tillemont et dom Touttée, dont l’opinion a été généralement suivie, la promotion (’tait récente ; elle avait eu lieu au début de cette même année ou sur la fin de 350, pas avant ; car l’année précédente, saint Maxime avait encore présidé le synode où saint Athanase, revenant du concile de Sardique célébré en 347, avait été admis à la communion ecclésiastique. La découverte des lettres pascales du grand patriarche d’Alexandrie a modifié ces calculs : le concile de Sardique se tint réellement en 343 et saint Athanase rentra dans sa ville épiscopale le 21 octobre 346, après avoir passé par la Palestine. Voir Arianisme, t. i. col. 1813, 1816. En outre, des corrections faites au texte de la Chronique de saint Jérôme, Eusebii chronicorum libri duo, édit. A. Schöne, Berlin, 1875, t. ii, p. 194, il semble résulter que saint Maxime mourut, non dans la douzième année du règne de Constance, mais dans la onzième (mai 347-mai 348). Appuyé sur ces données, le dernier historien de saint Cyrille, J. Mader, a conclu, p. 11, que son élévation à l’épiscopat eut lieu dès 348. Le minimum d’âge requis étant de trente-cinq ans, il s’ensuivrait que la date approximative de sa naissance, habituellement fixée à l’année 315, devrait être reculée de deux ans. La lettre à Constance se rapporte, il est vrai, à l’année 351, mais rien ne prouve que Cyrille l’ait écrite au début de son pontificat ; l’expression de prémices épistolaires, dont il se sert, n. 1 et 7, col. 1165, 1174 prouve seulement que jusqu’alors il n’avait pas écrit à l’empereur.

Beaucoup plus obscure et plus grave est la seconde question, relative à la façon dont saint Cyrille parvint à l’épiscopat. Documents recueillis par dom Touttée, col. 295 sq. D’après saint Jérôme, Chronicon, an. 349, Acace de Césarée, métropolitain de Palestine, et d’autres évêques ariens auraient, après la mort de saint Maxime, offert le siège épiscopal à Cyrille, à condition qu’il répudierait l’ordination sacerdotale qu’il avait reçue des mains de cet évêque ; Cyrille aurait accepté et, après avoir administré pendant quelque temps comme diacre, il aurait reçu sa récompense, en obtenant par diverses manœuvres la destitution d’Héraclius que Maxime en mourant s’était donné pour successeur. Rufin, dans une phrase concise, semble insinuer la même chose : Cyrillus post Maximum sacerdotio confusa jam ordinatione suscepto. H. E., l. I, c. xxiii. D’après Socrate, l. II c. xxxviii, et Sozomène, l. IV, c. xx, Acace et Patrophile de Scythopolis auraient chassé Maxime et mis Cyrille à sa place. Théodoret, au contraire, raconte, l. II, c. XXVI, qu’après la mort de Maxime, Cyrille, vaillant défenseur de la doctrine apostolique, mérita d’être élevé à la dignité épiscopale. De leur côté, dans leur lettre au pape Damase, les évêques orientaux, réunis à Constantinople en 382, ne se contentent pas de reconnaître Cyrille pour évêque de Jérusalem : Ils affirment qu’il fut jadis ordonné canoniquement par les évêques de sa province ecclésiastique, κανονικῶς τε παρὰ τῶν ἐπαρχίας χειροτονηθέντα πάλαι. Sans aller avec G. Cave jusqu’à voir dans ces évêques orientaux des témoins cent fois plus dignes de foi que