7. CYRILLE DE SAINTE MARIE est né le 5 mai
1662 à Milan, où il entra chez les carmes déchaussés en
1678. Les cours qu’il donna comme professeur de théologie
portaient ce caractère de clarté et de profondeur
qui distinguait leur auteur. Il mourut à Lodi, en mai
1733, après une vie toute consacrée à la piété et à l’étude.
Il a publié un résumé de la célèbre théologie de Salamanque
sous le titre de Theologia juxta sacras litteras, concilia et sanctos Patres, in-4°, Crémone, 1720,
et a laissé en manuscrits Consultationes variæ tam de jure canonico quam de aliis rebus sacris, ainsi que
Decisiones plures de casibus ad theologiam moralem pertinentibus.
Cosme de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. i, col. 365 ; Henri du T.-S.-Sacrement, Collectio scriptorum ordinis carmelitarum excalceatorum, Savone, t. i, p. 149.
8. CYRILLE DE SCYTHOPOLIS, hagiographe et
historien byzantin du vie siècle, naquit en Palestine, dans
la riante ville de Scythopolis, aujourd’hui Beisan, non
loin du Jourdain, vers l’année 524. Comme ses parents
étaient fort pieux et offraient d’ordinaire l’hospitalité à
saint Sabas, ils laissèrent leur jeune enfant suivre la vie
religieuse, d’abord dans son pays natal, ensuite dans
les monastères de la Judée. A la fin de 543, Cyrille se
retirait au couvent de Calamon, près de Jéricho, et, en
juillet 544, il se faisait inscrire parmi les religieux de
Saint-Euthyme. Le 21 février 555, après l’expulsion des
moines origénistes de la Nouvelle Laure, qui avaient
troublé, de leurs clameurs et même de leurs bandes
armées, la Palestine pendant près de vingt ans, Cyrille
était désigné pour habiter la Nouvelle Laure. Il y resta
jusqu’aux premiers mois de l’année 557, où il s’était procuré
une cellule à la laure de Saint-Sabas. C’est là,
selon toutes les probabilités, qu’il mourut à une date
qui n’est pas connue, mais qui ne doit pas être fort
éloignée de 557.
Cyrille de Scythopolis passe aux yeux des connaisseurs
pour un des meilleurs hagiographes grecs, peut-être
même pour le meilleur. Il a laissé au moins sept
vies de saints, éditées maintenant :
1° Vita S. Euthymii, dans les Ecclesiae græcae monumenta de Cotelier, édit. des mauristes, Paris, 1692, t. iv, p. 1-99 ; la recension
de Métaphraste se trouve dans Cotelier, t. ii, et dans
P. G., t. cxiv ; 2° Vita S. Sabbæ, dans Cotelier, op. cit.,
t. iii, p. 220-376 ; un russe, M. Pomjalovski, a reproduit
l’édition grecque de Cotelier, en y ajoutant une
ancienne traduction slave, in-8°, Saint-Pétersbourg,
1890, p. 1-533 ; 3° Vita S. Joannis Silentiarii, dans
les Acta sanctorum, t. iii maii, en appendice, p. 16-21 ;
4° Vita S. Cyriaci, dans les Acta sanctorum, t. viii
septembris, p. 147-158 ; 5° Vita S. Theodosii, dans Usener,
Der heilige Theodosios. Schriften des Theodoros und Kyrillos, Leipzig, 1890, p. 105-113 ; 6° Vita S. Theognii,
dans les Analecta bollandiana, 1891, t. x, p, 113-118, et dans le Pravosl. Pal. Sbornik, Saint-Pétersbourg,
1892, édition de M. Papadopoulo Kerameus ; 7° Vita S. Abramii, éditée d’après la version arabe dans Al-Machriq, Beyrouth, 1903, t. viii, p. 258-265 (voir aussi Analecta bollandiana, 1905, t. xxiv, p. 350-356 ; Bytantinische Zeitschrift, Munich, 1905, t. xiv, p. 509-518 ; Échos d’Orient, 1905, t. iii, p. 290-294), el d’après l’original grec par H. Grégoire dans la Revue de l’Instruction publique en Belgique, 1906, t. xlix, p. 281-296, et Kl. Koikylidès dans la Νέα Σιών, Jérusalem, 1906, t. iv. supplément, p. 1-7. Ces sept biographies aujourd’hui, chacune prise à part, un tout complet. Tel ne paraît pas avoir été le but de l’auteur, qui édita séparément la vie de saint Euthyme et celle de saint Sabbas et se proposait de grouper toutes les autres petites biographies dans un seul ouvrage. La mort ne lui laissa pas le temps de mener à bout son dessein.
Les ouvrages de Scythopolis constituent une source hors de prix pour l’histoire des querelles religieuses en Orient, pendant les ve et vie siècles, depuis le concile de Chalcédoine, 451, jusqu’après le concile des Trois-Chapitres, 553. Ils composent même souvent notre unique information pour les querelles monophysites et origénistes. Tous les critiques s’accordent à vanter son sens historique et sa grande impartialité.
Pour la vie et les œuvres de Cyrille de Scythopolis, voir Usener. Der heilige Theodosios. Schriften des Theodoros und Kyrillos, Leipzig, 1890, préface, et surtout F. Diekamp, Die origenistischen Streitigkeiten im sechsten Jahrhundert, Munster, 1899, p. 1-25, où sa chronologie est particulièrement étudiée. Cf. Ul. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, 2° édit., t. i, col. 1097.
CYRUS, patriarche grec monothélite d’Alexandrie,
au viie siècle. La première fois que nous rencontrons ce
personnage, c’est à Phasis, métropole de la province de
Lazie, sur la mer Noire. Cyrus était métropolitain de
cette ville, lorsque, en l’année 626, durant un long séjour
qu’il fit dans ces contrées, l’empereur Héraclius tâcha
de gagner le prélat aux idées monothélites, que Sergius,
patriarche de Constantinople, répandait dans l’ombre
et pour lesquelles il recrutait des adhérents de marque.
Cyrus fut donc prié d’approuver un décret de l’empereur
à Arcadius, archevêque de Chypre, et une lettre du
patriarche Sergius au même Arcadius, deux écrits, dans
lesquels il était défendu « de parler des deux énergies de
Notre-Seigneur Jésus-Christ après l’union des deux
natures. » Cyrus protesta tout d’abord contre cette
doctrine, qui lui paraissait être en contradiction avec le
tomos du pape saint Léon Ier, mais, remarque-t-il lui-même, « je reçus l’ordre de me taire à l’avenir sur ce
point, de ne pas contredire et de te (Sergius) demander
de nouvelles instructions sur la nécessite d’admettre,
après l’union des deux natures, une seule énergie dirigeante. » . Cyrus écrivit, en effet, aussitôt à Sergius une
lettre, d’où nous avons extrait ces renseignements.
Mansi, Concil., t. xi, col. 557-561. On a la réponse de
Sergius, Mansi, op. cit., t. xi, col. 524-528, laquelle,
d’après le Libellus synodicus, Mansi, t. x, col. 606,
aurait été rédigée dans un synode tenu à Constantinople
en 626 ou 627. Sergius y confirme pleinement
Cyrus dans les idées monothélites que lui avait déjà
suggérées l’empereur et il lui envoie à cet effet tous les
documents qu’il avait réunis depuis quelques années
afin de conquérir des adeptes.
Pour tant de bonne volonté, Cyrus obtint en récompense le siège patriarcal d’Alexandrie, que l’empereur lui fit offrir, après la mort de Georges II, entre les mois de mai et d’août de l’année 631, d’après A. von Gutschmid, Kleine Schriften. Leipzig, 1890, t. ii, p. 178, à l’automne de la même année, d’après A. Butler, The arab conquest of Egypt, Oxford, 1902, p. 176. Il arriva en Egypte avec les pouvoirs d’augustalis ou de vice-roi, et rien que le bruit de sa venue mit en fuite le patriarche copte Benjamin, qui quitta Alexandrie. Réunissant entre ses mains les deux pouvoirs, spirituel et temporel, Cyrus, le terrible Mukaukas (Le Caucasien), comme l’appellent les indigènes, avait pour programme déterminé d’opérer l’union de l’Église copte ou mieux des diverses Eglises coptes avec l’Église byzantine officielle. Il s’y employa de son mieux, ne reculant pas devant la persécution, mais ses cruautés, loin de ramener les dissidents, eurent pour résultat de les préparer contre la domination byzantine et de les préparer à l’occupation arabe. Cependant, avec sa formule ambiguë monothélite, Cyrus obtint un petit succès. Le 3 juin 633, il réconciliait avec l’Église grecque la secte des théodosiens, fraction importante du parti monophysite d’Egypte. La lettre et le document d’union en 9 articles, souscrit par les théodosiens et qu’il envoya à Sergius après la cérémonie, Mansi, t. xi, col. 561-568, montrent bien qui c’est la doctrine catho-