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COXSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)

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étant restée impuissante, en décembre 1228, Jean Vatatzès promulgua une bulle d’or à ce sujet. L’acte impérial fil, quelques mois après, en septembre 1229, l’objet d’une délibération du saint-synode, réuni sous la présidence de Germain Il et qui édicta des peines spirituelles contre les contrevenants. Il faut croire que les censures ecclésiastiques ne réussirent guère mieux que les lois civiles, puisque Andronic II Paléologue fui contraint de revenir à la charge dans une ordonnance de 1312. Voir J. Nicole, Bref inédit de Germain 11, patriarche de Conslantinople, dans la Revue des études grecques, 1894, t. vii, p. 08-80.

Le nwnachisme.

En sortant des luttes iconoclastes,

813, le monachisme se hâte de reileurir sur le sol de l’empire. Constanlinople se couvre de couvents : couvents d’hommes et de femmes, où se coudoient tous les rangs de la société et qui, trop souvent, servent d’asile à toutes les infortunes. Si l’on voulait tenter l’énuméralion des monastères que renfermait la capitale, c’est par centaines qu’il les faudrait citer, tant la vie des anges sourit aux cœurs jeunes et aux cœurs qu’ont vieillis très vite les affections du monde. Chaque ville de province rivalise avec la capitale et, bien plus qu’autrefois le royaume franc ou la verte Érin, du ix° au XVe siècle, l’empire byzantin offre l’aspect d’une vaste Thébaïde. En dehors de la capitale, il se forme des groupements monastiques, qui surpassent bientôt en célébrité les vieilles solitudes d’Egypte et de Palestine. Sans parler de l’Italie méridionale, dont il a été dit un mot, col. 1365, comment ne pas rappeler les célèbres couvents du mont Ossa, des Météores, de la Phocide et du Péloponèse ? Et le mont Olympe de Bithynie, aux environs de Brousse, de Nicôe et de Kio, voit les centres religieux s’ériger en nombre prodigieux. Du vin 8 au XIVe siècle, où l’invasion turque réduit les quelques moines survivants à une existence des plus misérables, ce petit coin de terre qui comprend une longueur maxima de cent kilomètres sur une largeur de vingt tout au plus, devient l’endroit préféré des religieux, une vraie oasis monastique. Bien qu’un travail d’ensemble n’ait jamais été fait, mes notes me permettent d’affirmer que la région du mont Olympe comprenait au moins cent monastères. Et ces couvents, fort populeux d’habitude, abritaient nombre de saints et d’écrivains ecclésiastiques. Plusieurs patriarches byzantins y avaient passé les meilleures années de leur existence, beaucoup d’officiers, de fonctionnaires, de philosophes, d’auteurs de toutes sortes, s’y reliraient dans leur vieillesse, sous le coup d’une disgrâce ou de chagrins domestiques. Lorsque cette partie du domaine monastique, littéraire et théologique sera mieux connue, on sera surpris des trésors de science et de sainteté que recela si longtemps le mont Olympe.

On peut consulter sur les couvents du mont Olympe le solide précis du P. Van den Gheyn, Acta sanctorum, t. il novembris, p. 323-325 ; les articles du P. Hergès, Saint Jean le 7’héologue de Pélécète, et Le monastère des Agaures, dans les Éclws d’Orient, t. i, p. 274-280 ; t. ii, p. 230-238 ; Les monastères de Bithynie, ilédicius, dans Bessarione, 1899, t. v, p. 9-21. Voir aussi du P. Petit, Vie et office de Michel Maléinos, Paris, 1903 ; Vie et office de saint Euthyme le Jeune, Paris, 1904, fasc. 4 et 5 de la Bibliothèque hagiographique orientale, de L. Clugnet, Épitaphe d’un archimandrite du mont Olympe, dans les Échos d’Orient, t. IV, p. 357-359.

La presqu’île de l’Athos, qui avait déjà fourni un refuge à de nombreuses vocations monastiques, voit, à partir du x c siècle, les monastères proprement dits s’élever et la vie cénobitique l’emporter sur le laisseraller des origines. Saint Athanase fonde en 963 la Grande Laurc ou Lavra, et son amitié avec les empereurs Nicéphore Phocas et Tzimiscès lui permet de faire triompher ses idées et son genre de vie. Depuis lors, d’autres fondations suivent comme par enchantement,

les vocations affluent et la sainte montagne se transforme eu paradis terrestre des moines. Les couvents connus du mont Athos, du x c au xiiie siècle, dépassent la centaine, bien que la plupart, détruits par les invasions sarrasines, franques et catalanes, ne se soient pas relevés de leurs ruines. C’est aussi depuis ce moment que la sainte montagne joue un rôle prépondérant dans l’histoire religieuse de Byzance et, au xive siècle, la q relie hésychaste, soulevée par elle, domine toute autre préoccupation. N’oublions pas un centre religieux des plus actifs, encore assez mal connu, bien que les documents le concernant abondent, le mont Latros, le classique Latmos, dans la province d’Asie, tout près de Milet. Là encore, les monastères se comptent par dizaines, à partir du Xe siècle ; c’est de ce groupe que sort, au XIe siècle, le célèbre réformateur gyrovague, saint Christodule, le fondateur de Patmos en 1088. Et comment ne pas mentionner le mont Ganos et le mont Galésios, qui jouissaient d’une organisation religieuse, identique à celle de l’Athos ; le rnont Saint-Auxence, tout près de Chalcédoine ; les iles de l’archipel et celles du golfe de Nicomédie, toutes peuplées de moines ; la région de Trébizonde et celle de Césarée de Cappadoce, avec ses laures pittoresques creusées aux lianes des rochers. Devant une pareille invasion monastique, exemptée d’impôt et le percevant pour son propre compte sur maint territoire de l’empire, alors que les Arabes et les Turcs multipliaient leurs assauts à l’est et au midi, les Slaves et les Francs au nord et à l’ouest, et que les couvents enlevaient à l’empire ses soldats et ses terres, des basileis prirent des mesures énergiques contre ce fléau. Nicéphore Phocas (963-969), un philomonaque pourtant, défendit, par une de ses Novelles, la construction de nouveaux monastères, et, par l’autre, il interdit aux églises l’acquisition de nouveaux immeubles. En agissant ainsi, il allait contre l’esprit religieux de son empire, et ses lois, mal appliquées par Tzimiscès, furent formellement abolies par Basile II, le 4 avril 988. Bepuis lors, c’est une série ininterrompue de lois impériales, qui restreignent ou agrandissent les droits des propriétés monastiques. Isaac Coninène (1057-1059) enlève aux couvents tous les biens qui ne sont pas absolument nécessaires à leur entretien et les fait distribuer aux monastères les plus pauvres. Cette loi ne put recevoir sa pleine exécution. Dès le début de son règne (10811118), Alexis Comnène ravit aux églises et aux monastères leurs biens, leurs trésors et leurs ornements, mais il ne tarde pas à publier un chrysobulle qui désavoue sa conduite antérieure, tandis que lui-même paye par annuités l’équivalent des sommes enlevées. Manuel Comnène (1143-1181) va plus loin encore, et il ordonne que les biens qui composent le domaine des églises et des monastères fassent à perpétuité partie de ce domaine, quand bien même ils n’auraient aucun titre ou que leurs titres seraient incomplets et inexacts. Des chrysobulles du même empereur confèrent à des monastères des privilèges de diverse nature. Et pourtant, les moines sont plus misérables que jamais, par suite de la concession à titre de bénéfice, qui a été faite de leurs biens à de grands personnages laïques. Le charisticariat sévit en Orient comme la commende dans le monde franc, et les moines, réduits à l’indigence, fuient leurs monastères pour s’organiser en bandes pillardes et terroriser les populations. Peu à peu, ces abus disparaissent, mais pour donner naissance à d’autres, qui ont bientôt annihilé toute réforme monastique.

Ce serait une erreur de croire qu’en Orient, au moins dans le monde grec, il y ait jamais eu une congrégation religieuse ; cette conception occidentale y est tout à fait inconnue. Chaque couvent est indépendant de son voisin, et lorsque plusieurs ont le même fondateur, leur union ne va guère au delà de la vie de ce dernier. De même, en dépit de l’opinion dominante en Occi-