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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)


sacristain d’une église de Galata, puis ermite de Katirli, aux environs de Nicomédie, qui attirait à lui la noblesse phanariote et le bas-peuple, se mit à tonner contre le baptême des Latins, appuyant ses critiques par des supercheries et des tours de prestidigitation, que les naïfs prenaient pour des miracles. Il roussit ainsi à provoquer une sourde’animosité, 1731, contre tout ce qui était plus ou moins latin ; le patriarche Cyrille V encouragea ces manifestations intempestives, au moins par son silence, lorsqu’il fut renversé du trône œcuménique, mai 1751. Son successeur, Païsios II, mieux inspiré, prescrivit une enquête canonique, qui se tourna naturellement contre le moine borné et fanatique, mais celui-ci, loin de se rendre, ameuta le peuple contre son chef hiérarchique et mena une vive campagne en faveur de Cyrille V. Pour éviter une émeute, le gouverneur turc s’empara d’Auxentios et, sous prétexte de l’envoyer conférer avec le sullan, il le fit rebaptiser de la tête aux pieds, comme un simple latin, en le jetant dans les eaux de la Marmara, 1752. La controverse pourtant ne se termina pas là et, peu après, 1756, Cwille V fit décréter la rebaptisation de tous les nonorthodoxes. C’est encore à cette décision que se réfèrent les Eglises orthodoxes, bien qu’il y ait, çà et là, de nombreuses exceptions à cette règle, particulièrement en Russie.

Du 19 décembre 1798, date du second patriarcat de Néophyte VII, au 20 mai 1901, date de la nomination de Joachim III, le patriarche actuel, c’est-à-dire pendant tout le xixe siècle environ, on ne compte pas moins de 35 élections patriarcales ; ce qui donne une moyenne générale de trois ans pour chaque patriarcat. Nous nous retrouvons en présence du phénomène que nous avons déjà constaté à plusieurs reprises. Si nous avons 35 patriarcats, nous n’avons en réalité que 26 patriarches, plusieurs ayant exercé la charge suprême par deux fois comme Callinique V, Grégoire VI, Anthime IV, Germain IV, Joachim II et Joachim III ; d’autres même par trois fois, comme Grégoire V et Anthime VI. Nous avons encore sous les yeux le joli paradoxe, par lequel Anthime IV succède à Anthime VI et Joachim 1Il redevient patriarche après.Joachim IV. Nous faisons encore nue constatation intéressante, c’est que, sur 35 patriarcats, sept seulement se terminent par la mort du titulaire, Grégoire V en 1821, Eu ène Il en 1822, Anthime V en 1812, Mélèce III en 1845, Gi i main IV en 1853, Joachim II en 1878 et bens V en 1891 ; le reste n’est que dépositions ou démissions plus ou moins volontaires. Encore y aurait-il lieu de faire remarquer que la mort de deux de ces patriarches n’a pas été naturelle, Grégoire V ayant été pendu par les Turcs en 1821, et Denys V ayant succombé au poison que lui versèrent ses compatriotes en 1891. * iu comprend que, devant une pareille

jinbe de patriarches et devant une anarchie devenue le premier principe de gouvernement, des parmi lesquels figure Joachim III,

lancent les propositions les plus étranges, comme celles de décréter que la dignité patriarcale est une dignité a vie ou bien que chaque patriarche restera sur son

pendant un temps déterminé. Echos d’Orient, joillel 1906, t. viii, p. 245.

Ie premier patriarche qui ouvrit le xixe siècle,

ihyte VII (1798-1801, fut très cupide, ce qui lui

valut par deux fois d’être déposé et envoyé’bu mont

Atlios. Loi ir aux affaires en IT’.'H ; j| lit

ter qu’un patriarche détrôné ou démissionnaire n’aurait pin le droit de séjourner dans l’archet de Constantinople ; mesure qui i été renouvelée depuis et qu’on - h 1 1 encon d< not jour, Au -i. à fleure, -ie. toelle, trois ex-patriarches œcuméniques, Néophyte III. Anthime ll et Constantin V. les trois prédécesseur ! Immédiat lim III, se reposent, suivant l’es

icrée, aux Iles des Princes, qui appar tiennent au diocèse de Chaleédoine. Callinique V (18011806 et 1808-1809), homme simple et sans instruction, semble avoir possédé quelques qualités morales, en particulier un certain désintéressement qui ne fleurit guère dans la charge occupée par lui. Ainsi, il contribua de ses propres deniers à la construction de la Grande Ecole de Constantinople et s’entremit, par diverses lettres et encycliques, pour obtenir des subventions de la part des fidèles ; il s’occupa aussi avec assez de zèle du bon ordre à rétablir au patriarcat, surtout de la stricte observance des règles canoniques. Grégoire V, le martyr de l’indépendance grecque, monta trois fois sur le trône œcuménique, qu’il occupa de 1797 à 1798, de 1806 à 1808 et de 1818 à 1821. On s’accorde à lui reconnaître de brillantes qualités de l’esprit et du cœur. Dès son premier avènement, il songea à établir une imprimerie au patriarcat, à réformer le haut comme le bas clergé, non moins que la gent monastique. De là, des lettres et des exhortations fréquentes touchant l’observance des règlements ecclésiastiques, le bon ordre dans les églises, les monastères et les écoles, l’ordination des prêtres et le sacre des évéques à l’à :  ; e canonique, la résidence à observer par les métropolites, l’économie à pratiquer dans les monastères, etc. Ces sages conseils, appuyés de mesures énergiques, firent réléguer Grégoire V au mont Athos comme « homme intraitable et incapable de maintenir le peuple dans la soumission » . Huit ans après, en 1806, il reprenait possession de son siège ; son second patriarcat qui dura deux ans ne fut que la continuation du premier. Il insista sur les dispositions qu’il avait déjà prises, surtout sur celles qui concernaient le haut clergé, et interdit désormais le sacre d’évêques qui ne seraient pas pourvus d’une éparchie déterminée. Tout en se relâchant quelque peu de sa raideur première, il n’usait que d’une condescendance relative envers les abus qui rongeaient le patriarcat et portait toujours sur lui la clef de la cellule athonite, où il avait passé le temps de son bannissement. Des qu’on le sollicitait de commettre une injustice ou de la maintenir, il se contentait de montrer la clef de sa cellule et, comme on le savait prêt à y revenir, ce geste énergique mettait fin à toutes les instances. Volontaire et politique, il prit pari à la défense de Constantinople contre la flotte anglaise en 1807 et s’attira ainsi les faveurs de la cour ; l’année d’après, il tombait avec le sultan Sélim et se retirait au mont Athos. En 1818, il redevenait une troisième fois patriarche. Son court passage aux affaires fut marqué par des innovations utiles : protestations contre l’enseignement dans les (’coles de la philosophie moderne, surtout allemande, au préjudice de la langue grecque ; institution d’une caisse de miséricorde en laveur des malades et des indigents grecs, à laquelle concoururent aussi les évéques, les phanariotes et les commerçants ; établissement d’un prédicateur attitré dans l’Église phanariote, etc. Son zèle réformateur ne se fut sans doute pas arrêté là, si l’insurrection grecque, qui éclata subitement en 1821, ne l’avait mis en fâcheuse posture. Pour enrayer le mouvement révolutionnaire, dont ils supposaient le patriarche complice, sinon instigateur, les Turcs pendirent Grégoire V et massacrèrent plusieurs membres du clergé. De nombreux documents Boni là pour attester que, si l’exécution était Impolitique, elle n’en était pas moin l’excommunication solennelle

qu’il avait lancée contre les rebell lire V pac tisait avec eux secrètement et soutenait les chefs de lie t. une nationale de son propre argent, Les patri hellènes ne se do reste, m

de sa (Inutile conduite et tous l’ont regardé et h’i dent encore comme le premier martyr de l’indépendance nationale.

l.e troisième patriarcal de Grégoire V avait été prédc celui de Jérémis IV (1809-181 :  ! /, homme igno-