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CLÉMENT L’ÉCOSSAIS — CLÉMENTINS (APOCRYPHES)

Une telle conduite et de tels enseignements consignaient un danger pour la foi et pour les mœurs. Saint Boniface essaya par la parole de le réduire au silence et # d’en débarrasser la Gaule chrétienne. Ne pouvant y parvenir, il soumitsoncas à l’assemblée des évoques. De même qu’il avait fait condamner Adalbert au concile de Soissons de 744, il fît condamner Clément au concile germanique de 745, convoqué par Carloman et présidé par lui comme légat du pape. P. L., t. lxxxix, col. 829-830 ; Ilardouin, t. iii, p. 1933. Notification de cette condamnation avec pièces à l’appui fut envoyée à Rome, et le pape Zacharie réunit cette même année un concile au Latran, qui ratifia la condamnation de cet hérétique scandaleux. P. L., ibid., col. 831-837 ; Hardouin, ibid., p. 1935-1913. Cf. S. Zacharie, Epist., ix, x, P. L., t. lxxxix, col. 939, 942. Depuis lors on n’entendit plus parler de Clément ; on ignore comment il acheva sa vie. En tout cas, son influence fut définitivement ruinée, et saint Boniface put poursuivre sa féconde mission.

Smith et Wace, Dictionary of Christian biography, Londres, 1877, t. i, p. 533 ; Kirchenlexikon, Fribourg-en-Brisgau, 1884, t. iii, p. 517 ; Hardnuin, Act. conc, t. iii, p. 1933 sq. ; P. L., t. lxxxix, col. 751-753, 829-837.

G. Bareille.


CLÉMENTIEVSKY Irénée, théologien russe, évêque de Tver en 1792, et archevêque de Pskov en 1798, mort en 1818. Il a publié plusieurs commentaires de livres des saintes Écritures, et deux traités théologiques : 1° Le triomphe de notre foi sur les infidèles et les esprits forts (Torjestvo nachea viery nad nevieruiuchtchimi i volnodumtzami), Saint-Pétersbourg, 1794 ; 2° La mort, le jugement, l’enfer et le ciel, Saint-Pétersbourg, 1795.

Philarète, Aperçu sur la littérature ecclésiastique russe, Saint-Pétersbourg, 1884, p. 422.

A. Palmieri.


CLÉMENTINS (APOCRYPHES). Nous traiterons sous ce titre des ouvrages apocryphes attribués à saint Clément de Rome et non compris dans l’article Canons des apôtres, à savoir : I. Les Homélies clémentines, les Récognitions et les abrégés grecs, syriaque et arabes des Homélies ou des Récognitions. II. L’ouvrage conservé en arabe et en éthiopien, intitulé parfois « l’apocalypse de Pierre » et le plus souvent « Clément » . III. Les lettres aux vierges, les lettres décrétâtes et deux apocryphes éthiopiens peu connus de moindre importance.

I. Homélies, Récognitions et leurs abrégés. — L’histoire de saint Clément de Borne, de « ses pensées durant sa jeunesse » , de sa conversion par saint Pierre, de ses voyages à la suite de saint Pierre et de ses « reconnaissances » successives avec les divers membres de sa famille a eu, depuis le n° siècle, de nombreuses éditions, les unes « revues et augmentées » , les autres « revues et abrégées » , dont il ne nous reste pas moins de sept types différents et qui constituent ce qu’on appelle maintenant « les Clémentines » . Les voyages de m. i Clément a la suite de saint Pierre formaient en effet un cadre lies souple dans lequel il était facile d’introduire des instructions aux chrétiens, des apologies de certaines vertus ou de certains dogmes du christianisme, des polémiques contre les gnosliques et les païens. Un certain nombre d’éditions sont perdues et ne nous sont connues que par quelques citations ; mais les Bept qui nous restent encore semblent toutes dériver d’une édition primitive augmentée, diminuée ou du moins orientée suivant le but poursuivi par chaque éditeur. L’un nous donne un résumé de l’histoire sainte depuis la création, Recogn., i, 22, 20-72, une théorie de la Trinité, iii, 2-11, et une longue réfutation de rologic, ix, 2, I2-2Η ; x, 7-12 ; un autre se préoccupe surtout de rapprocher le christianisme du judaïsme Boni., il, 19 ; iv, 7, 13, 22 ; v, 20-28 ; viii, 0-7 ; xx, 22, et

imagine ou reproduit, pour défendre la notion de Dieu fournie par la Bible, diverses théories hasardées comme celle des passages inexacts introduits dans la Bible par le Malin, Hom., il, 38-m, 5 ; celle du vrai prophète, critérium unique de certitude, Hom., I, 18-11, 12 ; iii, 11-14 ; xi, 19, et de la création par couples, le mal précédant le bien, le mauvais prophète précédant le bon. Hom., il, 15-17 ; iii, 10, 21-27, 59. Cette théorie doit prouver que Simon le Magicien est le mauvais prophète par ce seul fait qu’il a précédé saint Pierre à Césarée. Signalons encore une dissertation contre les idoles, Hun)., iv, 8-vi, 25, et une théorie sur le pouvoir des démons et la cause des maladies. Hom., ix, 8-22. Mais la plupart des éditeurs ont surtout écourté le récit pour le ramener à l’histoire de Clément, histoire prolongée par beaucoup jusqu’à son martyre. Tels sont les abrégés syriaque, grecs et arabes. Il nous reste à faire connaître plus en détail chacun de ces textes et leurs particularités, à mettre leur importance en relief et à résumer les théories littéraires auxquelles ils ont prêté.

I. analyse.

Homélies.

Le recueil tel qu’on le

possède maintenant commence par une lettre d’envoi de saint Pierre à saint Jacques, P. G., t. ii, col. 25-28 ; et une recommandation (ôiaixaprupca) de saint Jacques à ceux qui reçoivent « ces livres » . Ces deux pièces semblent se rapportera des « livres » perdus et non aux « homélies » suivantes. Vient ensuite une lettre de saint Clément à saint Jacques et vingt homélies ou plutôt vingt récits. La lettre de saint Clément fait partie du tout, car elle est jointe à la suite dans les deux mss. qui nous restent des homélies, elle commence la i re homélie dont elle forme le premier paragraphe et elle nous donne le titre de l’écrit : KÀr^e-noç twv Illrpou È7r18r)p.tà)v y.7 ( puYu, àT(i>v êirrrou.^. En somme, les Homélies ne sont autre chose que la lettre de Clément.

La suite est formée de deux sujets enchevêtrés qui sont : l’histoire de Clément, de ses pensées, de sa conversion et de la conversion de sa famille et, en second lieu, les actes et les prédications de Pierre. Il y a intérêt pour la clarté à séparer ces deux sujets dans le résumé, d’autant que le premier est commun à tous les écrits qui nous préoccupent maintenant, tandis que le second a subi de grandes modifications au gré des éditeurs successifs, comme nous l’avons déjà esquissé.

1. Histoire de saint Clément.

Sous le règne de Tibère, un jeune Romain, nommé Clément, de la race de César, XII, 8, âgé de trente-deux ans, XII, 10, se pose les problèmes de la cause première, de la nature de l’âme et de la destinée humaine. Il ne trouve aucune réponse satisfaisante chez les philosophes et songe à se rendre en Egypte pour y évoquer les morts, quand il entend raconter que le Fils de Dieu est apparu en Judée et promet la vie éternelle à tous ceux qui voudront vivre conformément à la volonté de son Père. Clément se rend donc en Judée pour s’informer du Fils de Dieu. En passant à Alexandrie, il rencontre saint Barnabe qu’il retrouve un peu plus tard près de Pierre à Césarée de Slralon. Saint Pierre lui promet les biens éternels, lui demande de l’accompagner dans ses voyages afin de profiter ainsi des discours de vérité qu’il va prononcer dans chaque ville jusqu’à Rome, I, 1-16. On arrive enfin à Antarados où Clément narre à saint Pierre sa triste histoire : Sa mère, Matliclia, raconta un jour qu’un songe l’obligeait à quitter Rome avec ses deux fils jumeaux Faustinus et Faustinianus, si elle ne voulait les voir mourir de cruelle maladie ; son père, Eauslus, les envoya à Athènes où ils n’arrivèrent pas ; il se mit donc à leur recherche et disparut à son tour ; Clément avait alors douze ans, xii, 1-10.

Dès le lendemain, Pierre et ses compagnons passent dans l’Ile d’Arados pour voir deux troncs de vigne d’une prodigieuse grosseur et un oui rage de Phidias, et saint Pierre demande à une mendiante pourquoi elle un