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CLÉMENTINS (APOCRYPHES)

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Dieu et à la nature de l’âme, xvi, 16 ; à la dépendance de la nouvelle loi vis-à-vis de l’ancienne (passages judéo-chrétiens), II, -19 ; IV, 7, 13, 22, 24 ; v, 26-28 ; VIII, 7, 22 ; xi, 35 ; xx, 22 ; à l’enfer où les Aines des pécheurs seraient entièrement anéanties, iii, 6, et à la possibilité de suppléer le baptême, xiii, 20. Enfin les démons ont pouvoir sur les hommes qui mangent avec eux ou qui se soumettent une fois à eux, vii, 3 ; viii, 20 ; ix, 15, 23 ; cf. xx, 16-17 ; la vraie religion les met en fuite, ix, 8-1 1 ; le mal se rattache à la perversité des premiers hommes et aux anges déchus, viii, 11-20. A côté de ces théories qui justifient amplement le jugement sévère de Cotelier se trouvent aussi de nombreux passages irréprochables contre l’incrédulité, ni, 31 ; le polythéisme et les idoles, iv-vi ; x, 7-l8 ; sur les œuvres de Dieu, iii, 32-36 ; l’immortalité de l’âme, iii, 37 ; xv, 1-2 ; la foi et les œuvres, viii, 5 ; la grandeur et les devoirs de l’homme, x, 3-6 ; xi, 22-2 !  ; le baptême, xi, 25-27 ; la pureté, xi, 28-33 ; la philanthropie, la charité et le portrait du juste, XII, 25-33 ; xv, 5-9 ; la providence, xv, 3-4, et l’origine du mal, xix-xx, 9. Il règne d’ailleurs par tout l’ouvrage un naturel et une simplicité joints à une élévation constante de la pensée qui charment le lecteur et l’amènent à être indulgent pour les taches d’un si ancien écrit.

Récognitions.

Les Récognitions sont de beaucoup

supérieures aux Homélies pour l’éloquence et la rigueur déployées dans les discussions, la cohérence et le fini des détails et l’orthodoxie des théories. Ici, sans aucun llottement de la pensée, le vrai prophète est le Christ éternel, i, 43, 63, 69 ; v, 10 ; cf. viii, 37 ; il est supérieur à Moïse, i, 59 ; il est le Fils de Dieu et le commencement de tout, I, 45 ; il est le Dieu des princes et le juge de tous, ii, 42 ; il apparut à Abraham et à Moïse, i, 33, 34. La théorie des fausses péricopes n’a pas place dans cette rédaction. Les textes qui nous paraissent contraires sont en réalité concordants, mais nous ne les comprenons pas, il, 34 ; « c’est en étudiant la loi sans maîtres et en s’érigeant en docteurs que l’on est conduit à proférer des absurdités contre Dieu, » il, 55 ; x, 42. La doctrine des syzygies (Rulin traduit paria) est conservée, m, 59, 61, mais l’auteur en tire peu de conséquences et ne la rappelle pas à tout propos comme l’auteur des Homélies. C’est à la nature de ses prodiges que l’on reconnaît le véritable envoyé de Dieu. Lui seul opère des prodiges utiles au salut des hommes ou qui leur confèrent du bien, iii, 60. L’auteur attache le plus grand prix à la méthode. Simon demande : « Puisque Dieu a tout fait, d’où vient le mal ? » et Pierre lui répond : « Cette manière d’interroger n’est pas d’un adversaire, mais d’un élève. Si donc tu veux apprendre, avoue-le, et je t’enseignerai d’abord comment tu dois apprendre, puis, lorsque tu auras appris à écouler, je commencerai à l’instruire. » Lorsque Simon a accepté d’être instruit, Pierre ajoute : « Si tu veux l’instruire, apprends d’abord que tu as interrogé de manière bien malhabile, car tu dis : Puisque Dieu a tout fait, d’où vient le mal’.' mais avant cette question il y avait (à faire) trois sortes d’interrogations : 1° le mal existe-t-il ? 2° qu’est-ce que le mal ? : i" pour qui et d’où ? » iii, 15-16. Toute la discussion avec Simon est régie par la même rigueur scolastique.

Le problème de l’origine du mal qui fait déjà l’objet du Livre, des lois des pays de Bardesane, voir t. ii, col. 395, préoccupe beaucoup notre auteur, car il y revient encore plus tard, iv, 8-24. Il n’y a pas lieu d’accuser la providence qui avait créé l’hoie avec un esprit pur et un

corps à l’abri des maladies et de la vieillesse. L’oisiveté a conduit l’homme à des pensées impies, à nier la providence et la nécessité « le la vertu, puisqu’il se trouvait bienheureux sans avoir rien fait pour cela. Dieu dut donc introduire dans le monde 1rs labeurs, les afflictions et la nécessité du travail, afin d’amener les hommes qui avaient abandonné Dieu dans la prospérité, à le recher cher dans l’adversité. Vint le déluge pour purifier la terre, mais bien des hommes inventèrent de fausses religions pour y trouver un prétexte à des festins et à des débauches, et Dieu dut envoyer ses apôtres au monde pour faire connaître le vrai culte de Dieu révélé aux patriarches et conservé par eux. Ceux qui ne les écouteront pas seront soumis dès cette vie à divers démons et à diverses maladies, puis après leur mort, leur âme sera suppliciée éternellement (in perpetuum), car Dien n’est pas seulement bon, mais il est encore juste et il ne le serait plus s’il ne rendait pas à chacun selon ses œuvres, iv, 8-14. Rien n’est mal en substance, on ne peut donc pas accuser le créateur des substances, mais seulement notre libre arbitre, IV, 23-24. Les 1. V et VI sont consacrés à la réfutation d’objections contre la providence et contre le gouvernement divin. L’auteur revient encore sur le même sujet dans le 1. VIII : « On demande si le monde a été fait ou non ; s’il n’a pas étéfait, il sera cet (être) inné d’où tout dérive. S’il a été fait, on divisera encore cette question en deux : A-t-il été fait de lui-même ou par un autre ? S’il a été fait de lui-même, la providence est exclue sans aucun doute. Si la providence n’est pas admise, c’est en vain que l’âme est excitée à la vertu ; c’est en vain que la justice est observée, puisqu’il n’y aurait personne qui récompenserait le juste selon ses mérites ; l’âme même ne semblera pas immortelle si la dispensation d’aucune providence ne la reçoit après la mort du corps, » viii, 10. Les chapitres suivants xx-xxxiii, où l’auteur établit l’existence de la providence d’après les harmonies de la nature et du corps humain, peuvent être rapprochés, sans désavantage, des Études de la nature de Rernardin de Saint-Pierre. La réfutation de l’astrologie qui occupe le 1. IX et une partie du 1. X est aussi fort bien conduite et était d’un intérêt capital pour les chrétiens des premiers siècles qui vivaient en Orient parmi les adorateurs des astres.

/II. THÉORIES LITTÉRAIIiES RELATIVES AUX CLÉMEN-TINES. — Nous résumons rapidement les travaux plus anciens, cf. Realeneyclopàdie, 3e édit., t. iv, p. 176-179, pour développer seulement les derniers travaux de Waitz et de A. Harnack. Baur et son école, 1835 sq., ont cherché dans les Clémentines le christianisme primitif très apparenté encore au judaïsme, et opposés tous deux au paganisme ; l’ouvrage aurait été écrit dans la communauté romaine et serait une preuve que le judaïsme y dominait. Schliemann (1844) écrivit contre Baur un ouvrage savant et bien ordonné dans lequel il s’efforça de démontrer que les Récognitions dépendaient des Homélies. Schwegler (1846) adopta aussi cette thèse tout en conservant les idées a priori de Raur. Jusqu’ici on n’avait pas cherché à retrouver sous les Clémentines un ou plusieurs ouvrages disparus. Ililgenfeld le premier (1848), après avoir supposé que les Homélies dépendaient des Récognitions, leur donna pour source un Kr^’j-fU-a llfxpou, ancien écrit d’origine romaine et de caractère judaïque écrit peu après la destruction de Jérusalem, compilé dans les trois premiers livres des Récognitions ri que l’on peut reconstruire d’après son analyse donnée, Recog., ni, 75. Ililgenfeld échafaude ensuite toute une série de revisions et de remaniements à parlir des temps apostoliques pour aboutir aux Homélies à Rome, sous le pontificat d’Anieet (151-161). Simon est un personnage fictif, c’est en réalité saint Paul qui est visé sous ses traits. Notons aus>ilét que, d’après M. A. Harnack, S regarder Simon comme un personnage fictif fut une grande erreur de la critique. » Dogmengesvhichte, 3- édit., t. i. p. 2 :  ;  ;  !, note I. M. Ii. l’blhorn (1854) défendit la priorité des Homélies, mais reconnut qu’en certains points, les Récognitions semblaient pourtant être antérieures. Il fut donc conduit aussi à un écrit fondamental remanié dans les Homélios ; l’auteur des Récognitions avait simultanément les Homélies et l’écrit